Chapitre 9

7 minutes de lecture

12 août 2020

Je n’ai pas réussi à m’endormir après toutes ces révélations. Je ne parvenais pas à le croire. Tout me semblait invraisemblable, irréel. La pauvre Adélie avait dû tomber dans le coma après l’accident. C’est sans doute pour ça qu’elle était restée sans connaissance. Rien avoir avec l’idée d’une possession. Heureusement que les technique de médecine ont évolué. Sinon on en serait encore à pratiquer des saignées pour soigner le malaise.

Dire que son père à étudier son sang… Hector était un fou, et il a rendu sa femme complétement folle. Brenda a perdu peu à peu la tête. Voir sa fille dans cet état a vraiment dû être insupportable. Elle a préféré croire les explications bancale de son mari. Dans tout le carnet, à partir du moment où elle a su la vérité, il n’y avait plus que des pages et des pages d’une seule phrase.

Ma fille est morte, ce n’est pas ma fille. Ma fille est morte, ce n’est pas ma fille. Ma fille est morte, ce n’est pas ma fille. MA FILLE EST MORTE, CE N’EST PAS MA FILLE. MA FILLE EST MORTE, CE N’EST PAS MA FILLE.

Les mots devenaient de plus en plus gros au fur et à mesure des pages. Les lettres en venaient à se chevaucher. À la fin du carnet, les lettres n’étaient plus lisibles. Il n’y avait plus que des symbole incompréhensibles. Brenda avait finalement par perdre la raison.

Dans toute cette affaire, c’est Adélie qui a le plus souffert. Son père l’a torturé pendant -pour ce que je sais- un an. Mais j’imagine qu’il lui a fait du mal pendant beaucoup plus de temps. Ça n’a pas dû être compliqué pour lui de cacher Adélie dans la cave. C’était lui qui avait entreprit la construction de la maison, l’année où Adélie est censée être morte. Si je me souviens bien, Hector avait acheté la propriété avant. Il avait sans doute conduit sa fille là-bas et l’avait ensuite entravé.

C’était une famille de fou. En tout cas, les parents l’étaient. Je me suis demandé si Charlotte et Germaine étaient au courant. Mais je ne pense pas que ça soit le cas. Brenda l’a appris totalement par hasard. Les fillettes ne devaient être tenu dans l’ignorance. Je n’arrive toujours pas à croire que l’on peut faire ça à sa propre fille. Et surtout, comment on peut se détourner de son enfant comme Breda l’a fait. Certes, il y a des circonstances atténuantes dans son cas. Mais ça ne change rien aux faits.

Je vais essayer de dormir. Il me reste des carnets à lire. Peut-être que Brenda s’est reprise en main, ou alors Hector a pris conscience de sa folie. Cette histoire n’est pas encore finie.

*

Ma sœur est allée chez une amie à elle pour la journée. Je me suis donc retrouvé seul. Avant, j’en aurais profité pour mettre de la musique à fond et mater des films. Mais à l’heure actuelles, je veux juste comprendre. Un changement d’attitude radical ! J’avais donc pris un autre carnet. Comme ils sont datés, je n’ai pas de mal à les lire dans le bon ordre. En plus de ça, Adélie les avait ordonnés par ordre chronologique. Lorsque je m’en étais aperçu, j’en avais été très troublé. Enfin, je ne suis plus à un phénomène étrange près…

Déjà, rien qu’en prenant le nouveau carnet dans mes mains, j’ai vu qu’il y avait quelque chose de différent. Tandis que ceux d’avant avaient une reluire en cuir noir, avec au centre un disque doré, celui que je tenais avait simplement une bande de cuir usé sur le côté. Aucun motif n’ornait la couverture. Il était d’une couleur grise uniforme. Quand je l’ai ouvert, j’ai également pu remarquer que ce n’était pas la même écriture.

Je m’étais habitué à l’écriture élégante de Brenda. Elle faisait de belle boucle à la plume et écrivait droit, même s’il n’y avait pas de ligne. Il n’y avait pas souvent des tâches d’encre sur le papier. Elle maîtrisait réellement l’encrier. Ici, l’écriture était plus ronde, plus simple et légèrement penchée. Des bavures et autres traces décoraient la page. J’avais déjà vu cette écriture quelque part. J’ai dû me creuser la tête pur me souvenir du contexte où j’avais pu la lire.

La planche ! C’était la même écriture que sur la planche pourrie, vers la tombe d’Adélie. Je serrais bien aller vérifier mais Julie m’avait mis en garde sur ce que j’encourrais. Mieux valait ne pas courir le risque. Je m’étais demandé s’il venait d’une autre époque. Peut-être qu’il était plus récent, qu’il venait d’un temps entre Brenda et moi. Je n’ai pas tardé à le savoir.

Le carnet appartenait à Charlotte. Elle avait remarqué que sa mère était étrange depuis quelques mois. S’inquiétant pour elle, elle avait fouillé dans sa chambre et était tombé sur les carnet de Brenda. Voilà ce qui était marqué.

Journal,


J’ai lu les journaux de maman. Ma pauvre sœur est enfermée en bas, dans la cave. Ça fait déjà un mois que maman sait qu’elle y est. Mais elle ne fait rien. En plus papa l’a mise là-bas il y a déjà plus d’un an. Je dois l’aider. Elle n’est pas morte, c’est injuste de dire qu’elle est possédée. C’est ma sœur…


Papa ferme toujours la porte coulissante. Il est impossible de descendre. Je veux l’aider, je veux la revoir pour lui faire un câlin… Elle me manque… Et je ne veux plus que papa lui fasse du mal…

Ces mots ont été écrit par une enfant de neuf ans. Ça m’a fait un coup au moral de me dire qu’Adélie était prisonnière depuis ses huit ans. C’est le même âge que Julie… Rien que ce constat m’a fait un choc.

Charlotte s’exprime vraiment bien. Comparé aux jeunes d’aujourd’hui, elle a un vocabulaire distingué et une syntaxe très développé. Même moi, je ne m’exprime pas toujours aussi bien ! Elle raconte qu’elle a essayé de descendre à la cave mais que la porte n’était jamais ouverte. Mais elle ne s’est pas démoralisée pour autant. Tous les jours, pendant plusieurs semaine, elle allait vérifier si elle pouvait descendre. Mais c’était toujours un échec. Jusqu’à ce jour.

Journal,


J’ai pu parler avec ma sœur ! Elle m’a répondu ! Elle est vivante ! Je vais expliquer ce qu’il s’est passé.


Germaine est parti se promener à vélo. Maman lui avait interdit. Elle est revenue en pleurs car elle s’était faite mal à la jambe. Mes parents l’ont amenée à l’hôpital le plus vite possible. Maman ne voulait pas que papa s’occupe d’elle. Moi je suis resté parce que je faisais semblant de dormir. Je m’étais couchée dans mon lit quand j’ai entendu qu’ils allaient s’en aller.


Dès que mes parents sont partis, je suis allée voir la porte qui mène à la cave. Elle n’était pas verrouillée ! Papa était sans doute trop inquiet pour Germaine. Il avait oublié de la fermer ! J’ai dévalé les marches en criant le nom de ma sœur. J’avais peur du noir. Heureusement, une bougie éclairait un bureau, juste à côté d’une porte.


« Adélie ? Adélie ? avais-je crié.


- Qui est là ? m’avait répondu une voix venant de derrière la porte.


- Adélie ? C’est Charlotte ! Je vais te sortir de là ! »


Je m’étais jetée sur la porte mais elle était fermée. J’avais peur de ne pas arriver à l’ouvrir. Ma sœur a commencé à pleurer. Ça m’a rendue triste…


« Papa a fermé la porte. Il ne voulait plus que je m’enfuis.


- Ne t’en fait pas, je trouverais un moyen de te libérer.


- Tu ne peux pas.


- Ne dis pas n‘importe quoi ! Je veux te revoir… »


Les larmes tombaient toute seule de mes yeux. Elle ne pouvait pas abandonner…


« Papa veut continuer ses expériences et maman ne veut plus entendre parler de moi… Je resterai là toute ma vie. Mais ce n’est pas grave. Je m’y suis habituée. J’ai compris que je ne peux plus vivre dans le monde d’en haut. De toute façon, même si la porte était ouverte, tu ne pourrais rien faire. Tu ignores où sont les clés de mes chaînes.


- Mais alors… Je peux faire quoi pour t’aider ? Je veux t’aider…


- Papa ferme la porte de la cave ou celle d’en haut. Mais il préfère fermer en haut. Avant j’arrivais à sortir pour prendre des souvenirs de mon ancienne vie… Mais maintenant je suis enchaînée.


- Comment je ferrais pour revenir te voir alors ?

- Il y a des souterrains sous la maison. J’ai entendu papa en parler une fois. Je n’ai jamais réussi à m’enfuir par là car papa venait toujours avant. Ils mènent dans le domaine, enfin je suppose. L’entrée est sur le quatrième carreau en partant du tableau. Tu pourras passer par là et venir jouer avec moi. Ça me ferait très plaisir… Viens quand papa est absent. Je t’attendrais.


- D’accord. Je vais faire comme ça. Je t’aime Adélie. Je reviens vite et, promis, je trouverais un moyen de te délivrer.


- Je t’aime aussi Charlotte. »


J’avais fait un câlin à travers la porte. Au lieu de remonter, je suis allée dans le couloir. Le tableau dont elle m’a parlé est une ancienne peinture. J’ai compté les carreaux jusqu’au quatrième. Il était de côté. Je l’ai soulevé et j’ai distingué un tunnel.


Il était assez grand. Les parois ne me collaient pas. J’avais peur du noir mais je prenais mon courage dans mon amour pour ma sœur. Aussi noir qu’il pouvait être, ce tunnel ne le serait jamais autant que la cave. Je suis arrivée à quelques pas de la maison. A côté du gros tilleul. Je suis vite rentrée pour refermer la porte coulissante. J’irais voir ma sœur demain. Elle me manque déjà…

Charlotte me rappelle ma propre sœur. Elle aussi ferait tout pour moi. Malheureusement, j’ai dû arrêter ma lecture car Julie est venue me sauter dessus. Elle venait de rentrer de chez son ami. Ce soir, nous allons chez ma tante. Je ne vais pas pouvoir continuer. Tant pis, je le ferais demain.

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