Coquin, on disait ?

C’est le courant d’air qui m’a fait lever le nez, puis un sourcil… ‘J’ai tout bien fermé, pourtant. Bizarre’, ai-je pensé.

En poussant un long soupir, j’ai repoussé la couette, posé 'Kafka sur le Rivage' sur le second oreiller, et je me suis décidé à chercher l’origine du vent frais qui a envahi l’appartement.

La température semblait baisser au fur et à mesure que je remontais le couloir, jusqu’au salon, où la porte-fenêtre battait doucement sous la brise.

- Chat-Mallow, c’est toi qui… ?’’ ai-je grogné en refermant le huis, avant de réaliser que cette stupide bestiole était déjà infoutue d’ouvrir l’armoire où je range ses croquettes, alors un battant auquel je dois moi-même appliquer les deux mains… ‘’Bah !’’

J’ai retrouvé la chambre plongée dans l’obscurité. ‘Etrange aussi, ça. Mais bon, il est tard, dodo !’ ai-je pensé, en sautant sur le lit et en tirant le duvet sur moi.

Après quelques secondes seulement, j’ai entendu un grognement à ma droite, pour y voir se redresser une silhouette aux longues oreilles et au museau proéminent, qui a sauté sur moi pour se positionner de part et d’autre de mes cuisses, avant de poser une truffe froide dans mon cou, à renfort de reniflements saccadés et… d’imposer un contact raide sur mon bas-ventre.

Avant que j’aie pu réagir, il a redressé son torse et a tourné la tête dans toutes les directions, en flairant bruyamment l’air, a sauté du lit et s’est engouffré dans le couloir. J’ai entendu quelques feulements, puis plus rien.

‘Woputain, il a bouffé le chat’ ai-je pensé, avant de me jeter sous le matelas.

Des pas se sont rapprochés de la chambre, et d’où j’étais, j’ai vu des mollets couverts de poils sombres… au-dessus de pieds nus, terriblement humains.

- Non, Jonah’’ ai-je grogné en sortant de ma cachette. ‘’Et les papattes poilues, elles sont où ? Tu te mets dans l’histoire à fond ou pas du tout !’’

- Roooh ! Excuse-moi d’avoir flingué d’un infime détail ton jeu de rôle à la con’’

- Venant du mec qui va à une convention furry demain, c’est l’hôpital qui se fout de la charité, là ! J’étais trop dans le trip où tu allais me déchiqueter la carotide’’

- Te déchirer la… ? Tu as des fantasmes très bizarres, et pour que moi, je dise ça… Mais ce n’est pas exactement la partie de ton corps que je pensais dévorer, tu vois ?’’

- Oooh ! Grand loup, fais de moi ce que tu veux, même si je ne dois pas voir le lever du soleil’’ ai-je déclamé, ridiculement théâtral, une main sur les yeux, et l’autre tendue devant moi.

- Ça, t’façon, ce sera grasse mat’ pour toi, pendant que je ferai la file à l’entrée du palais des congrès… dans ce costume qui graaatteuh ! Attends, je le vire, ça va pas le faire ! Mais je garde la tête, si tu veux.

- Maieuuuh ! Et les bisous ?’’

- Juste, très juste…’’