UTOPIA

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Aloisius est plus vif que je le pensais. Il semble comprendre l’idée dans son ensemble. Pas stupide et plutôt agréable à regarder. Si je n’arrive pas à rectifier l’espace-temps, je devrais bien trouver à m’occuper. Au nom de Q, non !

- D’où viens-tu, me demande-t-il soudain, me sortant de ma profonde et inutile réflexion.

- De très loin.

- Loin comment ? Du quart Nord, des Dunes de Sang, de la Zone 707 ?

- C’est quoi la Zone 707 ?

Dans mon monde, c’était une base où je me fournissait en technologie Alien !

- C’est l’enfer sur Terre. C’est brumeux et sombre, plus rien n’y pousse. Les gens y sont cannibales, pour la plupart.

- J’ai une tête de cannibale ? J’ai déjà du mal à bouffer du lézard grillé. L’odeur de la viande cramée, me file la gerbe.

- Non. Mais tu es brutale et radicale dans tes réactions.

- Doux rêveur ! C’est parce que j’ai buté les deux gars sur notre chemin ? C’était eux ou nous !

- En dehors de la Zone 707 on évite de tuer. On capture. Un esclave c’est mieux qu’un mort.

- Bah, au pire on devenait esclave, au mieux… j’ai un doute sur le mieux…Tu te vois maître d’esclaves ?

- Non.

- Esclave, alors ?

- Non plus.

- Alors il restait quoi ? Ne réfléchis pas trop. Question rhétorique.

- J’essaie de rester humain dans un monde où ce ne semble plus possible. Oui, je suis un rêveur. Mais de quel droit me juges-tu ? Au nom de la survie, tu crois pouvoir te comporter comme un animal ? Libre à toi.

Je ne réponds pas. Comment répondre à ça ? Dans un monde déchu, me voilà témoin de la plus belle expression de l’humanité, qui soit ! Un homme qui, dans l'horreur, a pu garder son intégrité et survivre. Capable du pire comme du meilleur, cette espèce mérite sa chance, en fin de compte.

Le lendemain, nous avons repris la route pour l’Acropole 16. C’est finalement plus proche que je le croyais. Devant nous se dessine un énorme bloc de béton et de barbelés. On se croirait face à un camps de concentration. De chaque côté du gros portail métallique se dressent deux tourelles abritant un garde armé, prêt à nous canarder. Je corrige : on est à Guantanamo Bay.

- C’est pour quoi ? Nous crie l’un d’eux.

- J’ai entendu dire que vous étiez équipés en technologies diverses. Nous pourrions servir de main d’œuvre en échange du gîte et du couvert.

- De main d’œuvre ? On en a assez. Mais on a besoin de génitrices, vous êtes viable ?

J’ai un brusque mouvement de recul. Monde de tarés. Revoilà la crasse humaine. Je veux bien croire qu’il faut repeupler le monde, mais reconstruisez, d’abord ! L’instinct de conservation chez l’Homme est fabuleux. Mais on n’est pas des chiens !

Les gardes arment leur fusil. Aloisius prend l’initiative de me passer la main autour de la taille.

- Elle est viable.

Non mais sérieux ?!

- Où est la progéniture ? Lance le gars dans la tourelle à notre droite.

- Morte, j’assène sur un ton froid. Ils commencent à me gonfler.

- C’est pour cela que nous vous demandons asile, finit Aloisius, me serrant plus fort contre lui.

Inconfortable situation. Ils nous laissent, enfin, entrer et nous guident vers une tente minuscule avec pour seul mobilier un immense lit recouvert d’une fine peau de vache en guise de couverture. Je vois le tableau d’ici : poule pondeuse, un œuf, deux œufs… I’m not a fucking chicken !

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