Chapitre 13

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Malia marchait avec raideur. Elle ne pouvait plus ignorer la douleur maintenant que l'adrénaline s'était dissipée. Les garçons la regardèrent avec inquiétude.

— Je vais bien, affirma-t-elle en serrant les dents et en bougeant aussi normalement que possible.

Tous dubitatifs, ils lui lancèrent un regard lourd de sens.

— Je vous emmerde.

Axel regarda sa montre.

— On a encore un peu de temps avant le repas. Je vous propose de faire un débriefe dans notre chambre d'ici une demi-heure.

— J'ai grandement besoin d'un bain chaud !

— Tu as surtout besoin de soins, dit Raphaël.

— Je vous ai dit que j'allais bien.

— Je m'occupe de soigner la brute, affirma Axel.

— La brute, elle t'emmerde.

— Je croyais que tu ne savais pas guérir ?

— Ce n'est pas mon point fort, nuança-t-il, mais je peux soigner quelques trucs. Et de toute façon, Malia n'a plus une goutte de magie, elle va avoir besoin de quelqu'un pour la formule.

Soupirant de fatigue, elle tendit la main dans sa direction, se sentant incapable de retourner à sa chambre à pied. Il lui attrapa le bras, et l'instant d'après, ils se trouvaient dans la chambre de l'adolescente.

— Relève ton t-shirt, demanda-t-il.

— Je te demande pardon ? s'étonna-t-elle.

— J'ai besoin de voir les dégâts si je veux les soigner, perverse, accusa-t-il. Si je voulais te voir nue, ce serait déjà fait.

Elle allait répliquer par une remarque désobligeante, mais il continua avant qu'elle en ait eu le temps.

— La projection n'a pas été très indulgente avec toi, surtout quand elle t'a frappé dans le ventre. Relève ton t-shirt, répéta-t-il. Ne m'oblige pas à te l'enlever de force.

Elle marmonna un « On se demande de qui c'est la faute... » avant de retirer son t-shirt et le balancer d'un côté de la chambre.

— Tu n'étais pas obligée de l'enlever, dit-il en détournant le regard, comme soudain fasciné par le décor de la pièce.

— Pas besoin de jouer les mecs galants, tu sais. Je suis sure que ce n'est pas la première que tu vois.

Elle se serait frappée elle-même : depuis quand elle lui tendait des perches pour qu'il se vante ?

Cependant, contre toute attente, il éluda la question, s'approchant d'elle pour regarder l'énorme bleu qu'elle avait au niveau de ses côtes. Axel était-il gêné de la voir sans son haut ? Elle portait toujours son soutien-gorge pourtant.

— Ce n'est pas la première poitrine que tu vois, n'est-ce pas ? insista-t-elle, plus surprise qu'autre chose.

— Bien sûr que non, contra-t-il.

— Les maillots de bain, ça ne compte pas.

Il se mordit la lèvre avec agacement, mais resta silencieux. Malia haussa un sourcil amusé. Axel, aussi hautain et populaire qu'il fût, était-il possible qu'il ne soit jamais sorti avec une fille ?

— Tu es gay ? demanda-t-elle avec curiosité.

— Non, répondit-il, gêné, mais amusé.

Elle lui jeta un regard insistant, attendant qu'il s'ouvre un peu plus. Mal à l'aise, il finit par craquer :

— Je n'ai juste jamais... voilà quoi. Je me sens jugé, dit-il avec un rire sans joie.

— Certainement pas, je ne me permettrais jamais de juger quelqu'un pour ça. Mais ça en dit beaucoup sur toi.

À aucun moment au cours de la conversation il ne l'avait regardé dans les yeux. Il regardait ses blessures une à une, semblant estimer l'étendue des dégâts.

Malia s'attendait à ce qu'il lui demande ce qu'elle entendait par là, mais il se contenta de lui demander :

— Et toi ?

L'image que Malia avait d'Axel changeait de jour en jour. Il n'était pas l'adolescent hautain et détaché qu'il montrait aux autres. Peut-être n'était-ce qu'un rôle, une carapace.

Elle voulait dissiper son malaise, aussi, elle répondit sur le ton de l'humour :

— Est-ce que j'ai déjà vu une poitrine ?

Un petit sourire amusé étira légèrement ses lèvres, et il haussa un sourcil faussement agacé. Il croisa son regard une seconde avant de reporter son attention sur sa blessure. Il murmura la formule de guérison, et les bleus de Malia disparurent. Elle soupira de soulagement lorsque la fraicheur de sa magie se rependît en elle pour en chasser la douleur. Seule la blessure sur ses côtes demeura, tout juste diminuée.

— Tu vois très bien ce que je veux dire, reprit-il.

— Tu sais, tu peux le dire, ce n'est pas interdit ! Coucher, faire l'amour, bai...

— J'ai compris ! l'interrompit-il. Tu ne réponds pas à la question.

— Oui, j'ai déjà couché avec un garçon. Avec deux, en fait. Pas en même temps, précisa-t-elle dans un rire.

— Hm, répondit-il simplement.

Ce manque de réaction la troubla. Elle fronça les sourcils.

— J'étais jeune pour le premier, ça n'a pas duré entre nous. Je suis restée avec le deuxième pendant presque deux ans. Ça s'est terminé il y a plusieurs semaines.

— Ça n'allait plus ?

— On ne s'aimait plus depuis un moment... Aucun n'osait se séparer de l'autre de peur de lui faire du mal, mais on se blessait mutuellement en restant ensemble malgré tout. C'était dispute sur dispute à la fin.

— Il parait que les réconciliations sur l'oreiller sont les meilleures.

— C'est pas mal, confessa-t-elle en riant. Mais ce n'est pas suffisant. Le sexe ne fait pas tout.

Il resta silencieux, terminant de la soigner. Quel garçon plein de mystères.

— C'est bon, tu peux te rhabiller, dit-il.

— Je ne plaisantais pas pour le bain. Dis-moi qu'il y en a un quelque part ! supplia-t-elle.

Il rit.

— Pas à ma connaissance !

— Ma première action lorsque j'aurais buté le cul de ce sorcier, ce sera de rendre cette école un minimum accueillante.

Axel leva les yeux au ciel.

— Je te laisse aller prendre une douche dans ce cas. Tu nous rejoins dans la chambre.

— Oui chef !

Il eut un sourire prétentieux avant de se téléporter. Elle alla prendre une longue douche chaude avant de retourner dans sa chambre. Elle se laissa tomber sur son lit quelques minutes, fermant les yeux. Elle était claquée !

Elle repensa aux deux combats contre les projections, et se rendit compte à quel point elle avait aimé ça ! Dans le monde humain, elle avait toujours été bagarreuse, et elle s'était battue plusieurs fois. Mais la magie... elle avait encore du mal à réaliser que tout ceci était vrai.

Elle se redressa finalement, et rejoint la chambre des garçons. Ils discutèrent de tout et de rien pendant quelques minutes.

— Bon, si on en revient au sujet principal : qu'avez-vous appris de ces deux combats ? demanda Raphaël.

— Ne jamais laisser un sorcier terminer sa formule ! s'exclama Shane.

— C'est un bon début, rit l'adolescent.

— Toujours être concentré sur l'adversaire...

— Tu l'as appris à la dure celle-là, se moqua Shane, faisant rire tout le monde.

Malia tira la langue, ce à quoi il répondit avec un clin d'œil.

— Vous vous êtes plutôt bien débrouillés, félicita Axel. Je pensais que vous alliez abandonner contre le deuxième. Depuis quand tu es capable de créer des objets ?

— J'ai réussi à faire apparaitre une brosse la dernière fois, répondit Malia en haussant les épaules. Mais elle a disparu après utilisation. J'ai tenté ma chance.

— Tu n'avais pas réessayé depuis ? s'étonna Raphaël.

— Faut savoir vivre dangereusement !

Il y eut un blanc, puis Shane eut comme une illumination.

— Je me suis téléporté ! cria-t-il en levant les bras en l'air, faisant sursauter tout le monde. Par contre, je ne sais pas pourquoi je me suis téléporté dans les airs...

— C'est probablement que tu as une affinité moyenne avec cette magie.

— Une affinité moyenne ?

— Avoir une affinité signifie que vous pouvez utiliser un type de magie. Mais la puissance peut varier également. Par exemple, Axel a une affinité forte avec la téléportation : c'est très facile pour lui, il peut même téléporter plusieurs personnes. Tandis que moi, même si j'ai une bonne affinité, je ne peux téléporter qu'une personne en plus de moi-même. La distance à laquelle nous pouvons nous téléporter diffère également. Cela dit, Shane n'a pas vraiment contrôlé sa téléportation, il l'a davantage subit. Donc c'est difficile d'estimer sa maitrise de cette magie.

— Réessaie !

Shane se concentra et disparut. Malia sursauta, ce qui fit rire Axel. Elle lui fit un geste grossier avant que Shane ne réapparaisse de l'autre côté de la porte de la chambre. Ils se tournèrent tous dans sa direction.

— Je n'ai plus une goutte de magie, déplora-t-il. Mais c'était trop cool !

— Tu es allé jusqu'où ?

— Derrière la porte...

Ils rirent.

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