Chapitre 6

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Le lendemain matin, des coups résonnèrent sur la porte de la chambre de Malia, la réveillant. Elle ne voulait pas se lever, trop à l'aise dans son lit. Aussi, elle ignora le visiteur. Il finirait bien par se lasser et la laisse se rendormir.

— Malia ! appela Axel, agacé.

Il frappa une seconde fois, et après une bonne minute de silence, Malia se pensa enfin libre de retourner au pays des songes.

— Malia ! s'impatienta-t-il. Debout ! Tu vas rater le petit déjeuner !

Elle maugréa dans son oreiller.

— Malia !

— J'ai pas faim ! Laisse-moi dormir.

Mais c'était sans compter sur l'incivilité du visiteur. Axel pénétra dans la pièce et arracha la couverture du lit. Malia se redressa, outrée par un tel comportement. Elle avait froid maintenant ! Elle fusilla l’intrus du regard.

— Ma couverture ! menaça-t-elle.

— C'est l'heure d'aller manger.

— Je t'ai dit que je n'avais pas faim ! Je préfère dormir !

Malia se jeta sur lui d'un coup, tentant de récupérer son précieux bien, mais il se téléporta de l'autre côté de la pièce.

— Axel ! hurla-t-elle.

— Dans 30 minutes, on va reprendre votre entrainement. Tu auras besoin de force, et hors de question qu'on s'arrête en plein milieu pour que madame aille manger. Donc tu vas bouger ton cul et t'habiller avant que je ne m'énerve.

C'est à ce moment-là que Malia se souvint qu'elle était encore en pyjama. Elle baissa les yeux vers sa tenue et constata avec regret qu'elle ne dissimulait pas grand-chose. Ce qui l'énerva encore plus.

— Je reviens dans cinq minutes. Si tu n'es pas changée d'ici là, je t'amène dans cette tenue, menaça-t-il avec sérieux.

Il balança la couverture à la figure de l'adolescente et quitta la pièce.

— Connard ! cria-t-elle, dans le vide.

Elle considéra un instant l'idée de créer une formule pour le torturer, mais elle avait trop froid pour réfléchir. Elle ne pourrait plus se rendormir maintenant... Alors elle commença à s'habiller à contrecœur, pestant contre le blond.

C'est à ce moment qu'elle remarqua qu'Axel ne lui avait apporté presque que des robes.

— Je suis censée m’entrainer en robe ? maugréa-t-elle.

Elle décida de demander à Raphaël cette fois. Au moins, lui avait l'air capable de connecter deux neurones.

Axel franchit la porte, sans avoir préalablement frappé pour se signaler, alors que Malia se débattait pour fermer sa robe. Quelle idée stupide de mettre la fermeture dans le dos !

— Besoin d'aide ? demanda Axel, amusé.

— Non ! refusa catégoriquement l'adolescente.

Sans l'écouter, il se glissa dans son dos. Elle tenta de s'extraire à cette situation gênante en faisant un pas en avant, mais il l'attrapa par les hanches pour la garder à porter. Il remonta ensuite la fermeture éclair, et alors que Malia s'apprêtait à lui hurler dessus, il les téléporta dans le réfectoire.

Il lui lança un sourire insolent, s'asseyant à côté de son frère. Shane la regarda en fronçant les sourcils lorsqu'elle s’installa à ses côtés.

— Quoi ? demanda-t-elle, sur la défensive.

— Tu aurais pu te coiffer, se moqua-t-il gentiment.

Elle lui lança un regard assassin, mais passa quand même sa main dans ses cheveux, tentant d'améliorer le tout.

— Au cas où ce ne serait pas clair, je suis ici contre ma volonté. J'ai sauvé les pots cassés en m'habillant déjà.

— Moi j'aimais bien ton pyjama, commenta Axel.

C'en était trop pour Malia. Non seulement il la réveillait, mais en plus il se moquait d'elle ! Elle serra la mâchoire, et alors qu'elle s'apprêtait à lui sauter dessus, elle fut envahie d'une sensation de froid. Elle comprit tout de suite que c'était le flux de la magie qui la traversait, mais elle ne le contrôla pas pour autant. La tartine que s’apprêtait à manger l'adolescent s'enflamma soudainement. Axel lâcha vivement la tartine, se brulant les doigts au passage. Shane renversa la carafe d'eau dessus, inondant la table au passage.

Il y eut un blanc quelques secondes, pendant lequel tout le monde se tourna vers Malia. Elle grimaça un sourire, pas vraiment désolée.

— Ça y est ! Tes pouvoirs commencent à se manifester ! s'extasia Shane.

— S'ils pouvaient ne pas me prendre pour cible... se plaignit la victime, regardant ses doigts endoloris.

— Tu ne peux pas te guérir ? demanda Shane.

— La magie médicinale n'est pas mon fort. Je connais une formule mais je ne veux pas consommer ma magie pour si peu. Je vais en avoir besoin !

— Mais du coup : mon pouvoir c'est de manipuler le feu ? Genre la pyrokinésie ?

— La meuf se croit dans Charmed... se moqua Shane. Les sorciers n'ont pas de pouvoirs individuels.

« Et comment il sait ça au juste ? » s’agaça Malia en pensée. Elle lui tira la langue en signe de représailles.

— De toute façon, si je maitrisais vraiment le feu, ce n'est pas la tartine qui aurait brulé...

Ils rirent. Shane tenta de changer l'humeur de son amie en lui tendant une assiette de crêpes. L'adolescente n'était pas du matin mais de la bonne nourriture réussissait toujours à la mettre de bonne humeur ! Elle plissa les yeux pour la forme, mais bavait intérieurement. La nourriture était beaucoup trop bonne ici !

— Merci, dit-elle avec mauvaise foi, en prenant l'assiette.

— Cette fille a une relation avec la nourriture qui dépasse l'entendement, se moqua Raphaël.

— Et sinon, rétorqua-t-elle pour changer de sujet, c'est possible d'avoir des vêtements adaptés ? Je n'ai presque que des robes !

Axel faillit rétorquer quelque chose, et son air moqueur n'augurait rien de bon pour l'égo de la concernée. Elle le fit taire d'un regard, mais il garda son sourire taquin.

— Des robes ? s'étonna Raphaël.

Il jeta un œil accusateur à son frère.

— Les filles portent des robes, non ?

Les trois regards accusateurs qui se posèrent sur lui l'agacèrent, et il leva les yeux au ciel.

— OK. J'ai rien dit...

— Je t'amènerai quelques tenues plus adaptées, informa Raphaël. Je ferais un saut avant l'entrainement de ce matin.

— Merci Raph. Toi, t'es un gars bien.

***

— Comme le disait Shane ce matin, les sorciers n'ont pas de « pouvoirs personnels » à proprement parler. Nous avons tous une réserve de magie plus ou moins conséquente. Celle-ci se consomme à mesure que nous lançons des sorts.

— C'est comme une barre de mana dans les jeux vidéos, traduit Shane.

— Oui et non, sourit Raphaël. Il faut voir la magie comme quelque chose d’intangible que tu peux modifier pour lui donner la forme que tu souhaites, dans la limite de tes affinités. C'est en modifiant l'essence même de la magie qu'on crée un sort. Mais les sorciers ne sont pas capables de faire tout ce qu'ils souhaitent : ils sont limités par leurs affinités.

Malia le regarda comme s'il venait de lui parler dans une autre langue, ce qui le fit rire.

— C'est comme un peintre ! imagea Shane. Tu peux peindre autant que tu veux, jusqu'à ce que tu n'aies plus de peinture. Et la qualité du résultat dépend de ton talent pour dessiner !

— Oh ! J'ai compris !

— On n'est vraiment pas aidé... se moqua Axel, récoltant un regard assassin.

— Quand tu as brulé le pain tout à l'heure, continua Raphaël, c'est ta volonté qui a modifié l'essence même de la magie, et l'a transformé en flamme. Tu me suis ?

— Oui !

— Modifier l'essence de la magie est quelque chose de très instinctif, ça ne s'apprend pas vraiment. Axel disait ce matin qu'il n'était pas doué pour les sorts de soin. Ça signifie qu'il n'a pas d'affinité particulière avec ce type de sorts. Par contre, il maitrise la téléportation. En fait, c'est propre à chacun...

Voyant qu'il la perdait de nouveau, il vint au but. Elle n'avait pas besoin de passer des heures à écouter : il lui fallait le vivre pour le comprendre.

— On peut affirmer que tu as une affinité avec la chaleur, et probablement le feu, qui sont très liés.

— On peut avoir combien d'affinités ? interrogea Shane.

— C'est difficile à dire, avoua-t-il au haussant les épaules. Certains en ont énormément...

— Comme moi ! se vanta Axel avec un sourire suffisant.

— D'autres en ont très peu, pas plus d'une ou deux. Le meilleur moyen de les connaitre, c'est d'essayer. Normalement... une grosse partie de ce processus se fait pendant l'enfance. Même s'il est possible de découvrir de nouvelles affinités à l'âge adulte.

— Comment ils font ceux qui n'ont pas d'affinité ? Ou qui ont une faible réserve d'énergie ?

— Ils utilisent la magie associée...

— Mais c'est un chapitre qu'on n’abordera pas maintenant ! s'impatienta Axel.

Shane eut l'air déçu. Il voulait tant en savoir plus ! Rien de surprenant venant de lui.

— On va changer de méthode pour aujourd'hui, proposa Raphaël. Comme la magie de Malia a déjà commencé à se manifester, je vais l'aider à recommencer. Axel et Shane, vous allez continuer l'exercice d'hier. Essayez aussi une magie plus... psychique que physique. Peut-être que ça marchera mieux.

— Évitez d'inonder la salle, traduit Malia.

— On fait des binômes ? demanda Shane, déçu.

— Ne t'en fais pas, nous nous retrouverons toujours ! répliqua Malia sur un ton dramatique digne d'une pièce de théâtre.

— Disons que... Axel est plus doué pour la violence et l'instinct tandis que la concentration et l'apprentissage sont plutôt mes qualités.

Pendant un instant, Malia crut qu'Axel allait protester, mais il se contenta de hausser les épaules en approuvant.

Les garçons allèrent se positionner au milieu de la salle, tandis qu'eux se posèrent dans un coin.

— Comme nous savons que tu as au moins une affinité, c'est celle-là qu'on va essayer de développer aujourd'hui. Tu découvriras tes autres affinités avec le temps.

— Ça marche !

— Si mes hypothèses sont exactes, tu devrais être capable de lancer une boule de feu ou d'augmenter la température de quelque chose.

— Ou de quelqu'un.

Il continua sans relever, mais un petit sourire étira ses lèvres, prouvant qu'il avait compris le sous-entendu. Il déposa une assiette entre eux.

— Mais on va commencer simplement : tu vas essayer de reproduire le sort de ce matin et créer une flamme.

— J'ai toujours rêvé de jouer avec le feu !

Malia se concentra sur l'assiette, visualisant la flamme qui pourrait jaillir de son centre.

— J'y arrive pas, capitula-t-elle au bout de deux minutes.

— Malia... réprimanda le sorcier avec une voix de papa.

— Bon d'accord, j'essaie encore... bouda-t-elle.

— Concentre-toi sur les sensations que tu as senties la première fois. Essaie de revivre ce moment.

Malia repensa à la douce fraicheur qui avait envahi son corps. Elle ferma les yeux et tenta de retrouver cette sensation, partant à la recherche de la magie en elle. Lorsqu'elle la trouva, elle usa de toute sa concentration pour la canaliser. « Modifier la magie pour en faire du feu », pensa-t-elle, et une image se forma dans sa tête. Elle tenta de modifier la magie, comme si elle la dessinait par-dessus l'image. Lorsqu'elle rouvrit les yeux, le feu prit vie.

Enfin... une flammèche de la taille d'une allumette. Qui s'éteignit après cinq secondes.

— C'est tout ? rétorqua Malia, déçue. Je ne suis pas capable de faire mieux que ça ?

— Patience !

— Désolée, ce mot ne fait pas partie de mon vocabulaire.

Il rit.

— Recommence, sourit-il avec encouragement.

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