Pendant les deux heures qui suivirent, les deux frères créèrent toutes les situations les plus incongrues auxquels ils pouvaient penser. Un coup, Malia était poursuivie par deux chiens enragés. Un autre, c'était Shane qui se retrouvait pendu par les pieds. Lorsqu'ils inondèrent complètement la pièce et qu'ils manquèrent tous de se noyer, Axel décida qu'il était temps de s'arrêter.

— Je n'en peu plus, soupira-t-il avec fatigue.

— Un manque de force ou de volonté ? se moqua Malia.

Elle était trop crevée pour maintenir sa langue dans sa poche.

— Ça ne sert à rien...

— Ça, on a remarqué, marmonna-t-elle avec agacement.

— Et de toute façon, je n'ai presque plus de magie, finit-il en lui lançant un regard noir, sans répondre à sa pique pour autant.

— Il faut peut-être un peu de temps pour que votre corps assimile la magie. Il n'a pas pu l'utiliser depuis des années !

Malia commençait à en avoir marre de ses excuses. Elle s’apprêtait à prendre la parole lorsque Shane la devança :

— Je donnerais n'importe quoi pour une douche !

Ils étaient trempés. La salle aussi était dans un état lamentable. Ils se mirent à rire nerveusement.

— Doit-on ranger et nettoyer avant de partir ? demanda Shane.

— Non. Les salles d'entrainement reprennent la forme initiale après chaque utilisation.

Malia n'avait pas fini d'être fascinée par la magie. Il y avait tant de nouvelles possibilités qui s'offraient à eux ! Enfin, s'ils arrivaient à utiliser leur magie un jour...

— Axel, tu veux bien t'occuper d'installer Malia s'il te plait ? Je me charge de Shane.

— L'installer ? répéta celui-ci sans comprendre.

— Lui trouver une chambre, lui montrer les douches... et lui trouver des habits.

Axel soupira, résigné, mais accepta. Il leva le bras pour saisir le coude de l'adolescente, mais celle-ci l'esquiva rapidement. Il la regarda avec surprise. 

— Même pas en rêve !

— C'est quoi ton problème ?

— On pourrait y aller à pied plutôt qu'en se téléportant ?

— On va mettre deux heures !

— Tu exagères à peine, se moqua son frère avant de se téléporter avec Shane.

Malia râla intérieurement de se retrouver avec ce frère-là. Il lui tendit la main avec un sourire forcé :

— S'il te plait ?

— Et merde, abdiqua-t-elle en la saisissant.

L'instant d'après, ils se retrouvaient dans le hall où ils s'étaient rencontrés plus tôt dans la journée. La vue de Malia se brouilla quelques secondes, mais elle n'avait pas la nausée cette fois. Un bon point.

Axel jeta un œil à une grande affiche sur laquelle se trouvait une liste de noms attribués à des numéros. Certaines cases étaient vides.

— Touche le numéro 14, indiqua-t-il.

Malia posa un doigt sur la case correspondante et son nom apparut.

— « Malia Vianes », lut-il avec curiosité.

— T'as un problème avec mon nom ?

— Non. Mais toi par contre tu as un problème de gestion de la colère.

Elle lui fit un sourire ironique.

— Ta chambre n'est pas très loin, affirma-t-il en se dirigeant vers le couloir à droite du comptoir.

— Yes ! On n'y va pas en se téléportant !

Axel pouffa. Il était donc capable de sourire.

Ils traversèrent un couloir, suivant les numéros accrochés aux portes. Ils croisèrent plusieurs élèves, mais aucun ne sembla vraiment surpris de les voir trempés.

Arrivant au numéro 14, ils s'arrêtèrent. Axel la laissa passer devant, lui faisant signe d'ouvrir la porte.

— Tu ne peux pas l'ouvrir toi-même ? demanda-t-elle. Ou je dois m'attendre à une blague de type bizutage ?

— Il n'y a que ta magie qui puisse l'ouvrir.

Malia posa sa main sur la poignée et ouvrit la porte, comme si elle n'avait jamais été fermée. Elle regarda le sorcier avec doute. Il ignora sa question latente et pénétra à l'intérieur.

— Ici, c'est donc ta chambre désormais. Retiens bien son emplacement, il est facile de se perdre dans l'école.

— Je n'ai aucun sens de l’orientation, se plaignit-elle. Et en plus, on n'a fait que se téléporter depuis le début.

Il soupira et fouilla dans ses poches. Il en sortit une pièce, la contempla quelques secondes en silence, puis haussa les épaules.

— « Merci de me montrer le chemin, que je me repose jusqu'au matin », récita-t-il vers la pièce.

La pièce s'illumina, et un faisceau lumineux se créa entre lui et la porte d'entrée.

— Retiens cette formule, et utilise-là sur n'importe quel objet. Ça devrait te ramener ici !

Il lui tendit l'objet qu'elle saisit avec délicatesse.

— Un GPS magique, trop stylé !

— Un GPS ? répéta-t-il sans comprendre.

— Un objet moldu, fais pas attention.

— C'est quoi moldu ?

Malia le regarda comme s'il était l'homme le plus idiot de la planète. Le mec était un sorcier et ne connaissait pas Harry Potter. Le comble ! Elle soupira.

— Laisse tomber.

— Non, dis-moi !

— « Moldu », c'est le terme qui désigne les humains, ceux qui ne possèdent pas de magie, dans Harry Potter.

— Ah... dit-il avec un ton dédaigneux. Harry Potter, c'est un ramassis de conneries. Personne n'utilise de baguette ! C'est ridicule et contraignant. Et pourquoi réciter des formules en latin ? C'est quand même se compliquer la vie.

— C'est un livre ! Une histoire imaginaire ! Et je te signale que jusqu'à ce matin, je pensais que la magie était de la fiction. Alors pourquoi pas des baguettes ?

— Peu importe, coupa-t-il. Viens.

Il attrapa son bras, et alors qu'elle s'attendait à ce qu'il les téléporte encore, il la tira juste à sa suite, retournant dans le couloir. Après le troisième virage, Malia était perdue. Ils s'arrêtèrent devant deux grandes portes. 

— À gauche, ce sont les douches pour les garçons. À droite, pour les filles. Ne bouge pas je vais te chercher ce qu'il faut.

Sur ces mots, il disparut. Malia se demanda si elle serait capable de se téléporter, elle aussi. Elle se posa des centaines de questions en attendant qu'il revienne. Une fille passa devant elle, la regardant avec surprise. Alors qu'elle allait emprunter la porte des douches, elle s'arrêta et se tourna vers elle.

— Est-ce que tout va bien ? Tu as besoin de quelque chose ? demanda-t-elle.

— Heu... non c'est gentil, j'attends quelqu'un, répondis-je avec un sourire.

Elle la regarda avec un froncement de sourcils facile à comprendre.

— Non non ! Ce n'est pas... heu... ce que tu crois ! Je suis nouvelle, je viens à peine d'arriver. J'attends un autre élève, il est allé me chercher des habits et... d'autres trucs pour la douche.

— Je vois, dit-elle en riant. C'est rare que des élèves arrivent en milieu d'année. Tu étais dans une autre école ?

— Non, du tout... je viens juste de découvrir le monde de la magie, avoua-t-elle, un peu gênée.

— Oh...

Son regard disait clairement « c'est possible ça ? », mais elle ne commenta pas. Un bon point pour elle.

— Dans ce cas, je te souhaite la bienvenue ! Je suis Lexie.

— Malia, me présentais-je. Enchantée.

— De même. Allez, bon courage pour la suite. On se reverra, dit-elle avec un sourire. N'hésite pas si jamais tu as besoin de quoi que ce soit !

— Merci... bonne douche !

Elle rit en franchissant la porte. Axel revint quelques minutes après. Il tenait un sac plein, qu'il lui tendit.

— Tiens. Dans ce sac, tu as de quoi te laver et t'habiller pour ce soir. J'ai déposé le reste des affaires pour la semaine et de quoi dormir dans ta chambre. Une fois que tu es prête, tu peux y retourner, je viendrais te chercher.

— Heu... OK.

Sur ces mots, il disparut de nouveau. Malia parcouru le contenu du sac du regard. Elle haussa les épaules et pénétrait dans les douches des filles.

À l'intérieur, Malia reconnut une ambiance typique féminine : plusieurs filles prenaient leur douche, certaines se maquillaient (alors que la journée était presque finie !) et d'autres papotaient tranquillement en se préparant pour la soirée.

Elle marcha le long des cabines jusqu'à en trouver une libre. En pénétrant à l'intérieur, elle découvrait une douche classique... Quelle déception ! Elle accrocha ses affaires en hauteur avant de se jeter sous l'eau chaude. Elle profita de ce moment de repos bien mérité. Quelle journée...

Elle s'emmitoufla ensuite dans l'épaisse serviette, puis sortit les habits du sac. Une robe, avec des sous-vêtements assortis. Une pensée dérangeante lui vint en tête : avait-il choisi lui-même ? Comment connaissait-il sa taille ? Elle choisit de taire ces questions, préférant ignorer les réponses, mais priant juste pour que ce soit la magie qui ait choisi, et non l'adolescent. 

Elle enfila à contrecœur la robe, préférant un bon vieux jean, et remarqua que finalement, elle lui allait plutôt bien. Elle rangea ses affaires de toilettes ainsi que ses anciens habits en boule dans le sac et sortit de la cabine. Devant le miroir, je tentais de démêler mes cheveux, mais Axel ne lui ayant pas apporté de brosse...

Lorsqu'elle jugea avoir une tête potable, elle décida de retourner dans sa chambre. Mais c'était sans compter sur sa mémoire de poisson rouge. Non seulement elle ne se souvenait plus du chemin, mais en plus, elle avait oublié la formule. Elle tenta quelque chose de ressemblant, mais rien ne marcha. Elle soupira bruyamment, et tenta de retrouver son chemin avec les numéros affichés sur les chambres.

Elle réussit à retrouver le chemin, et pénétra dans sa chambre avec soulagement. Axel attendait-là, visiblement agacé. Ses cheveux étaient encore humides et il s'était changé. 

— C'est pas trop tôt ! remarqua-t-il.

— Une vraie star se fait toujours attendre, répondit-elle avec malice.

Il prit une longue inspiration, ce qui amusa l'adolescente. Il ne répondit pas et se contenta de lui tendre la main.

— Tout le monde se téléporte ici ? demanda-t-elle en fronçant les sourcils.

— Tout le monde ne sait pas le faire sans formule ou potion. Mais sinon c'est assez fréquent. On a quelques couloirs sans fin. Pour en sortir, il faut connaitre les bonnes formules. Se téléporter est beaucoup plus rapide.

— Je ne suis pas capable de me téléporter aujourd'hui. Si tu ne veux pas m'avoir sur le dos toute la semaine, tu devrais peut-être m'apprendre à me déplacer sans toi.

— On fera ça demain.

Sur ces mots, il lui attrapa le bras de force et les téléporta. Ils atterrirent dans une immense salle qui ressemblait beaucoup à la Grande Salle de Poudlard. Étonnamment, Malia n'eut presque aucun effet de la téléportation, à peine un léger vertige. Elle s’enthousiasma de commencer à la supporter ! Miracle !