LXXIX.

2 minutes de lecture

321.

Cette nuit, j'ai une crise d'empathie.
Aiguë.
C'est d'un pénible.
Concrètement, cela se manifeste par une perception exacerbée de tous les éléments extérieurs, bruits, sentiments, énergies.
Cette nuit, il y a du bruit dans mon immeuble, plus de bruit que d'habitude, portes qui claquent, voix, bruissements de meubles.
Des bruits qui, pour certains, j'imagine pour celles et ceux qui ne prennent pas la peine de réagir, sont anodins, mais pour moi, c'est une torture.
Une porte qui claque, ce n'est pas qu'une porte qui claque, c'est une porte qui claque en moi, résonne en moi, j'en sens les vibrations physiquement.
Les voix lointaines sont comme des voix qui me parlent sans arrêt à l'oreille.
Les crissements de meubles sont comme des coups de poignards.
Et ce sentiment diffus que quelque chose se trame, quelque chose de négatif bien sûr, dans cette agitation de personnes incapables de rester tranquilles cinq minutes, même, surtout, entre une heure et cinq heures du matin.
Je comprends pourquoi la police ne se déplace jamais dans mon quartier lorsqu'on les appelle - alors que c'est justement là qu'il vaudrait mieux, pour le bien public, qu'elle se déplace.
C'est chelou, cette histoire.
Alors, oui, quand je lis de belles phrases comme quoi nous portons le monde en nous, c'est sympa comme concept, enfin c'est surtout sympa lorsqu'on n'est pas concerné-e- par le problème.
J'apprends peu à peu à me détacher justement de ce monde, à m'en protéger, tout en conservant l'empathie pour des situations choisies, conscientes et positives, j'ai mes techniques maintenant.
Sauf que cette nuit, cela ne marche pas.

Du coup, et là je m'adresse à celles et ceux qui prônent l'empathie comme un idéal, s'ils-elles souhaitent que je leur en vende une portion, cela sera avec plaisir.


322.

J'ai longtemps crû que pour avoir la paix
Il fallait tout abandonner
Dire oui, accepter

Or, non, pour avoir la paix
Il faut un combat mener
Se disposer à se protéger
Contre l'ennemi et le danger
Derrière la forteresse de l'immensité

L'ennemi et le danger sont à l'intérieur
Symbolisés par nos choix les plus destructeurs
Ceux qu'on accepte par obligation
Pour vivre une vie, sa vie, par procuration

Le vrai pouvoir de décision
Une vraie émancipation
Saint-Georges tuant le dragon
A chaque instant, le choix libérateur
De notre âme en apesanteur
Entre le pire et le meilleur.

La paix a un prix
C'est celui de la vie
Que l'on se choisit.



323.

Si chacun-e trouvait SA voie, l'activité qui le fait vibrer et qui lui fait oublier que le temps passe, si chacun-e trouvait la voie où le talent de la personne s'exprimerait, alors il n'y aurait plus de délinquance.



324.

En français, le mot « voix » sert autant à l'organe phonique qu'à la « voix » où on exprime un choix électoral.

C'est vrai qu'en France, ceux qui gagnent sont souvent ceux qui gueulent le plus fort.

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