La danseuse : Dégoût

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ÉPISODE 5 : De fragiles connections.

La danseuse : Dégoût

   Plan large sur la scène. Arabelle, ou Bella, est adossée à la balustrade qui court le long du garde fou, dos à la mer, légèrement à droite dans le champ. Au centre, le banc, vide. Elle le scrute avec dépit, amère et blessée. Le regard abattu, le teint blafard, elle semble sous le choc. Elle sait que son mari est la cause de ses maux, mais elle ne sait toujours pas où elle est.

   C'est alors que sur la gauche du champ arrive lentement une femme. Elle s'installe sur le banc, dos à la caméra, regardant la mer. Nous avançons alors lentement, resserrant le plan, forçant Bella à s'installer près de cette femme. D'abord, elles restent muettes. Notre caméra contourne le banc pour se positionner à côté d'Arabelle, masquant toujours le visage de cette mystérieuse femme qui entame la conversation :

   –  Ça y est. C'est fait. À nouveau. Je me suis noyée dans le Nil. Et c'était beau.

   –  Pardonnez-moi, on se connaît.

   –  Tu n'as pas besoin de savoir qui je suis. En revanche, tu as besoin d'écouter.

   –  Je ne saisis pas.

   –  Je me suis noyée dans le Nil, pour la troisième fois.

   –  Je vois. Vous êtes perdue ? Je peux faire quelque chose pour vous ?

   –  Sais-tu au moins où tu es, Bella ?

   Cette femme qui de prime abord semblait complètement désorientée semble en savoir bien plus que Bella sur la situation. Elle s'incline pour que nous puissions découvrir son visage à l'écran.

   –  Je me présente, je m'appelle Geneviève Rides, mais tu peux m'appeler Mamy-G.

   –  Enchantée, Arabelle, mais vous le savez, je suppose.

   –  En effet. Tu sais, je n'en suis pas à ma première visite ici.

   –  Où sommes-nous ?

   –  J'aime appeler cet endroit la matrice. La première fois que je suis venue, j'ai mis du temps à comprendre. C'était pourtant si simple. Ici se croisent les âmes perdues.

   –  Je ne comprends pas.

   –  Se noyer dans le Nil, c'est une métaphore. Cela signifie avoir une mort heureuse.

   –  Vous êtes morte trois fois ?

   Soudain, Arabelle s'interrompt. Puis elle reprend, paniquée :

   –  Je suis morte ? C'est ça ?

   –  Ho non ! Non, tu ne l'es pas. Tout du moins, pas encore. Ça ne saurait tarder, mais tu es la seule à pouvoir le choisir.

   Au même moment, la petite fille à l'imperméable jaune passe devant les deux femmes. Elle se tourne vers Bella en lui tendant un polaroid. Notre caméra se positionne comme le regard de Bella. Nous fixons alors cette photographie. Elle montre une chambre d'hôpital. Notre caméra, comme son regard, plonge alors dans cette photo. Un montage millimétré permettra de faire passer l'objectif à l'intérieur de cette photographie pour se retrouver dans cette chambre, parmi les visiteurs qui veillent cette patiente dans le coma ; elle n'est autre que Bella.

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