A – Le captémo

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Vous n’auriez pas de captémo, on dit que vous vous l’êtes arraché à l’âge de douze ans et que depuis vous n’auriez pas accepté d’en faire remettre un. Comment pourriez-vous entretenir des relations normales sans captémo ? Je suis à vos côtés et je vous perçois bien, émotivement parlant. Alors, quelle est la part de vérité, là-dedans ?


— J’avais treize ans. Je l’ai arraché quand j’avais treize ans, parce que j’avais tenté par tous les autres moyens de convaincre mes parents qu’il fallait me l’ôter. Mon père, surtout, refusait, disait qu’il fallait que je le garde, que c’était pour mon bien. Qu’avec le temps, j’allais gérer les sensations parasites que je disais ressentir. Il a vraiment eu du mal à comprendre que le captémo me bouffait la vie. Pour lui, c’est un accessoire indispensable au bien-être ; on lui ôterait, ce serait comme le rendre aveugle. Quant à ma mère, je soupçonne les mages d’avoir fait pression pour qu’elle ne cède pas. Toujours est-il que j’ai attendu un jour où mes parents s’étaient éloignés de Becell pour arracher le captémo. J’avais subtilisé un scalpel et un flacon de nanorobs cicatrisants. Je me suis dit qu’il ne fallait pas tergiverser, que la douleur me ferait peut-être reculer, alors j’ai découpé assez large, en un seul tour de main. Le laser a tranché comme dans du beurre. De l’autre main j’ai tiré sur le cône de chair et j’ai ressenti une douleur qui m’a coupé le souffle. J’ai eu le temps de verser le flacon sur la plaie et je ne me souviens pas de la suite. Ti est allé chercher du secours — et heureusement ! car je me suis mis à perdre du sang en abondance. J’avais tout retiré, le captémo et son socle. Je me suis réveillé à l’infirmerie. Mes parents ont été rappelés d’urgence et ils étaient catastrophés. J’ai refusé une chirurgie réparatrice, j’avais trop peur qu’ils tentent de me réimplanter un captémo. Depuis mon nombril n’est pas beau à voir… Ça fait un sujet de conversation lors de rapports intimes ;)

Voilà. Je confirme que je n’ai pas de captémo. J’ai appris à gérer les émotions autrement. Le captémo créait des interférences avec mon propre système d’émission et de réception des émotions. Vous savez, je crois que nous sommes tous naturellement des captémos. Qu’il suffirait d’apprendre à régenter les émotions, celles qui nous parviennent et celles qu’on émet, pour remplacer à terme les captémos. En réalité, leur seul rôle additionnel est d’amplifier les ondes émotionnelles. Ma mutation est un amplificateur d’ondes, principalement en réception. Par contre, j’ai dû travailler un peu pour l’émission, et, comme vous pouvez le constater, elle est devenue relativement efficace dans un rayon de quelques mètres. La différence avec vous, ou tout autre Derisien, est je n’émets pas sur le réseau ; je n’en vois pas l’utilité.

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