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Sa tante devine immédiatement.

— Tu y es allé ! Mais tu n’as pas franchi le pas…

Après une restauration bienvenue, elle lui propose ses soins. Allongé sur le ventre, c’est la première fois que Gaspard montre ses fesses à une femme, même âgée. Sa gêne disparait vite dans la douceur des mains qui massent les plaies de son dos et de ses jambes, retirant délicatement les échardes encore plantées dans son derme.

C’est dans une demi-somnolence qu’il entend une incroyable histoire.

— Il ne faut pas croire que les femmes sont stupides et soumises. Tu sais, j’étais une adolescente rebelle et, à cette époque, le Djerbremam était une chose importante, dont personne ne parlait, alors que les jeunes garçons ne parlaient que de ça, rêvant de devenir des hommes par ce moyen. J’avais une grande amie, Jenna. Nous nous étions promis de faire comme ces fiérots qui voulaient montrer leur courage. Bien sûr, impossible pour une fille d’avoir la moindre information sur le sujet. Depuis longtemps, j’avais un amoureux, Anis. Il était fou de moi, sans oser le montrer. Il était gentil, mais cela ne m’intéressait pas. Je lui ai promis de devenir sa femme, s’il me donnait le secret de Djerbremam. Pour l’avoir, il fallait y aller ! On le donnait après une petite cérémonie secrète et le jeune était obligé ensuite de monter. Anis était un garçon doux qui ne rêvait que de sa future famille et de sa future femme. Il l’a fait pour moi. Juste avant de partir, il m’a donné le secret. Il savait qu’il ne reviendrait pas. Au dernier moment, je lui ai dit que ce n’était pas la peine qu’il y aille. Je serai quand même sa femme. Pour toujours. Il ne pouvait plus reculer. C’est la dernière fois que je l’ai vu et la dernière fois que j’ai embrassé un homme.

— Il était mort pour moi, pour me donner le secret. J’étais obligée à mon tour d’y aller. Jenna savait tout et elle a voulu m’accompagner. Elle était plus que ma sœur.

— Maintenant, tu connais la difficulté pour arriver là-haut. Nous y sommes parvenues et je peux te dire que ce fut le plus beau moment de ma vie, surtout de le partager avec Jenna. Nous sommes restées longtemps à nous tenir la main et à nous regarder. Le secret disait le bon trou. En redescendant, on devait dire avec exactitude celui qu'on avait choisi, car, de temps en temps, il changeait. Nous savions que nous risquions de rester dans le cirque, car devant nous, à l’endroit indiqué, nous voyions deux trous au lieu d’un seul. Nous nous sommes promis une assistance éternelle avant de plonger le bras. Jenna a pris celui de droite, de son côté, moi l’autre. Cela aurait pu être l’inverse. Nous avons plongé le bras en même temps, nous tenant toujours par la main, ressentant le tressaillement de l’autre au moment de la piqure.

— Puis, plus rien. Quand je suis revenue à moi, Jenna était déjà froide et les vautours tournaient déjà en rond autour de nous.

— Je me suis enfuie. Les effets de la piqure sont fantastiques, mais ils ne m’ont jamais guéri de ma double peine.

Notre escapade avait été tenue secrète et personne ne sut ce que Jenna était devenue.

Gaspard s’est endormi avant d’avoir entendu la fin.

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