Tablette Purgatoré

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La pénombre enveloppait les rues et seules les nombreuses rondes d’exetras brisaient la quiétude des lamisiés endormis. Le groupe d’Ashron avançait prudemment, scrutant chaque recoin et progressant à pas prudents. Mais rapidement, les krié eraiés s’associèrent face à quelques exetras surpris de croiser le fer durant cette douce hweld’acec.

Armée de sa pesante double lame, la fusée de cuivre usée par le temps, Adony privilégiait la puissance à la célérité. L’hahud lui étant impossible, seule l’acier de son arme blessait ses ennemis.

En marge des chocs métalliques, Mayelle usait de sa lance hahudique, sculptée dans un ancien bois udranié et terminée par un minerai des excavations d’Alaris. Ses geysers de feux, ses pics glacés, ses sphères aqueuses et ses murs de terre touchaient de multiples cibles sur de larges zones.

Rapidement, l’apalez d’Eragor était en vue. Cette grande et haute maison, aux dépendances accolées de chaque côté, s’élevait du sol sur trié niveaux avec une tour surplombante tel un beffroi surveillant l’endroit.

Vallia sortit les plans et désigna leur point d’entrée. Pour l’atteindre, il fallait franchir le muret d’une des dépendances, pour ensuite escalader dié étages jusqu’à la fenêtre qu’ils convoitaient. Arrivée aux abords, un rapide coup de coude en brisa la vitre, et tous entrèrent dans l’apalez.

« Maintenant, le Purgatoré, il se trouve dié étages plus bas, expliqua Vallia.

— Pourquoi nous avoir fait monter pour redescendre ? demanda Ashron interloqué d’avoir escaladé pour rien.

— C’était le meilleur moyen d’entrer discrètement, lui répondit-elle agacée. Les fenêtres du bas sont toutes protégées par des barreaux. »

Les krié harzerezhiés progressèrent dans le couloir en mezzanine de l’étage, leur sens en éveil et leur démarche la plus souple possible. Le calme ajouté à la pénombre gênait leur progression. Aucun bruit ne venait couvrir leur pas et la moindre lueur les localiserait.

Tout à coup, l’obscurité disparut pour laisser place à une éblouissante luminosité. Plusieurs exetras faisaient face au groupe, armées et prêt à en découdre. L’étroitesse du couloir rendait le compte des ennemis imprécis.

« Comment? s’exclama Adony. Nous avons pourtant été discrets !

— Ils savaient? s’interrogea Mayelle.

— Pas le temps pour les questions ! rétorqua Vallia en dégainant ses deux courtes lames »

Ashron emboita le pas à l’eraiéé pour s’élancer contre leurs adversaires, suivis par Adony et Mayelle, dont les yeux trahissaient l’inquiétude qui lui tracassait l’esprit.

De l’autre côté de l’apalez, dans l’une des dépendances, Guidomex, Haria et Sirux avaient entamé leur tâche. Promptement, toute la partie ora du bâtiment avait été infestée de pièges éruptifs, capables de la réduire en débris cendrés d’une seule volonté.

« Tu ne trouves pas bizarre qu’il n’y ait personne ? fit remarquer Sirux à Guidomex.

— C’est étrange.

— A quoi vous attendiez-vous en emmenant l’Exetra Prima avec nous ? s’énerva Haria.

— Nous avons déjà eu cette discussion et elle est close. »

Une virulente dispute entre Haria et Guidomex avait émaillé le trajet. L’argument du sauvetage de ce dernier par Ashron assura un peu de répit jusqu’au prochain débat. Mais la défiance restait tenace, dié heoles et l’Exetranen ayant laissée des traces.

« Nous avons notre tâche à accomplir, restons concentrés, leur dit Sirux pour couper court à leur échange. »

Continuant à poser leurs explosifs, le groupe progressa vers une grande salle spacieuse et bordée de tables richement décorées. L’endroit était embelli de tableaux d’artistes aliardiés avec un cristallin luminaire suspendu en son centre.

« Traître à la Komunozhra ! s’écria une voix sur leur gauche. »

Pétrifié, Guidomex dirigea péniblement son regard vers la source de l’invective. Au loin se dressait l’Exetra Prime d’Altran, Eragor. Un nouveau bras, mélange de chair et de métal ensanglanté, brandissait sa grande lame plate et métallique. Autour d’eux, les exetras apparaissaient pour les encercler.

L’échine tremblante, Guidomex étudia leurs options. Leur simplicité se dessina rapidement dans son esprit: Fuir ou se rendre. « Que faire d’autre ? » pensa-t-il en cherchant à faire le bon choix. Mais le luxe de l’alternative n’était pas permis. Non sans regrets, il donna l’ordre à ses dié coéquipiers, qui déposèrent leurs armes dans un fracas métallique de défaite.

Les cadavres s’amoncelant derrière eux, Ashron, Vallia, Mayelle et Adony progressaient à chaque ennemi vaincu. Le dernier occis, l’ancien Exetra Prime su enfin leur nombre: xié. « Pas mal » pensa-t-il en laissant ses lames gelées se volatiliser en nuage de glace, rependant ainsi le sang accumulé au sol.

Sans perdre de temps, la démarche rapide et bien plus bruyante qu’avant, leurs pas les menèrent au sous-sol. Arpentant les murs défraichis des caves, Ashron reconnut la porte de leur destination et tous s’immobilisèrent devant. Vallia s’approcha, attrapa la poignée et entra, suivie par le reste du groupe.

À l’intérieur, un effluve de souffre caressa leur narine. Rien ne pouvait sortir de cette salle, pas même une particule d’air, preuve en était cette odeur. Au milieu se dressait une stèle noire, à peine perceptible à travers l’opacité de l’endroit. Ressemblant trait pour trait à celle de l’Alter, Ashron reconnut cette texture. Elle était identique à la pierre de Skyva sur l’île d’Ishria.

Tandis que l’eraié s’approchait du centre, un claquement de porte se fit entendre. L’instant d’après, la pénombre fut et leurs vision devenus inefficace.

« Qu’est-ce qu’il se passe ? demanda Mayelle, inquiète.

— Je ne sais pas, répondit Ashron.

— Salutation eraiés, entonna une voix électrique, dont l’écho résonna quelques instants. »

Malgré l’absence de visibilité et le sursaut provoqué par la voix, les krié compagnons balayèrent du regard la pièce, cherchant à déterminer sa provenance.

« Qui a parlé ? Qui êtes-vous ? demanda Mayelle, affolée.

— La voix doit provenir de la stèle, répondit Ashron. J’ai déjà fait ce genre d’expérience.

— Qu’importe qui je suis. Seule importe la raison de vote présence. Soumettez-vous à ma volonté en me donnant l’origine de votre vie, reprit la voix.

— L’origine de notre vie ?

— Astralians et abyssiens en équilibre parfait, votre sacrifice nous permettra de la collecter. »

— Sacrifice ? Mais qu’est-ce que ça veut dire ?

— Que vos esprits inférieurs s’apaisent de ces questions. Donnez-moi ce pour quoi vous êtes là ! Donnez-moi votre Via ! »

Tout à coup, une lueur brisa le noir abyssale baignant la pièce. La stèle luisait d’un éclat azuré qui, rapidement, enveloppa les krié eraiés pris au piège. Dans une sensation de confort, peu à peu la fatigue les gagna, rendant pénible la station debout. Des flammes bleues s’échappèrent d’eux pour se diriger vers la stèle, Ashron le voyait. Comme une réminiscence de son perpétuel cauchemar, cette scène le poussa à agir.

Malgré l’exponentielle augmentation de sa fatigue, l’ancien Exetra Prima progressa vers la stèle. L’entourant de ses mains, il concentra sa volonté pour contrer le siphon des heoles de vie de ses compagnons. L’instant d’après, il ne sentait et n’entendait plus rien, seul le cri de Skyva sembla atteindre se tympans.

Pouvant à nouveau bouger leurs jambes, les trié autres retrouvèrent leur force. Voyant Ashron les mains sur la stèle, Vallia s’approcha.

« Fuyez ! hurla-t-il, les yeux azurs luisant tournés vers elle.

Tout à coup, un cliquetis se fit entendre, puis la porte de la salle s’ouvrit.

« La porte est ouverte ! Viens Ashron ! hurla Vallia qui avait remarqué la disparition de ses pupilles.

— Partez !

— Pas sans toi ! »

Sans lui demander son avis, Adony saisit le bras de l’eraiéé pour l’entrainer hors de la salle. Se débattant de toutes ses forces, cette dernière le força à l’immobiliser pour la trainer, aidée de Mayelle. Seules ses yeux restèrent libres de leur mouvement et purent voir un sourire se dessiner sur les lèvres d’Ashron.

Puis la porte se referma.

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