Tablette Hielmis

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Le feu crépitant réchauffait la pièce gelée par l’ambiance de la rencontre. Après avoir cité son nom et les raisons de sa présence, chacun prit un siège vacant. Pendant qu’il s’asseyait, Guidomex tenta de fixer ses yeux sur l’une des nombreuses choses jonchant l’endroit. Partout il voyait des lames, des nekarabs, des masses et des habits de cuirs rustiques ou des couvertures de fourrure éparpillés çà et là.

Puis il trébucha sur une caisse de vivre en se dirigeant vers une chaise.

« C’est vous qui appelez à l’aide ? demanda Guidomex en ignorant avoir failli tomber.

— Notre long combat contre la Komunozhra a affaibli l’ensemble de nos batens. Les deux plus puissants, les Esperiés et les Avianiés, sont maintenant dispersés. Leur bat et chef n’est plus, expliqua Liegor en s’enfonçant dans le fauteuil sur lequel il était assis. Saleté d’Exetras avec leur hahud !

— Quels sont les batens restants ?

— Les Aspariés et le regroupement des cinq batens mineurs des Astioriesas. Il subsiste également quelques autres batens mineurs dont le mien. Donc plus grand monde en fait.

— Vous êtes pourtant toujours là ? demanda Hellie.

— C’est bien vrai ça ! répondit Liegor en lui adressant un sourire. Je t’aime bien toi ! Mais maintenant que les tueurs d’Exetras Primes sont là, nous avons une chance de rendre à la Komunozhra les pertes qu’elle nous a infligées !

— Nous ne sommes pas au complet, répondit Guidomex en tentant de dissimuler une moue.

— L’Exetra Prime rebelle hein ? Où est-il ?

— Nous ne savons même pas s’il est encore vivant.

— Bah on fera avec vous alors ! Et puis s’il est vraiment si puissant, il nous rejoindra ! proclama Liegor en se levant. Dragor, sonne le rassemblement car nous partons pour Hielmis ! C’est là-bas que nous jouerons l’avenir d’Omiard ! »

L’omiardié s’élança hors de la pièce pour exécuter les ordres de Liegor. Tous les autres le précédèrent et rapidement, la petite place auparavant calme du village frissonnait à l’idée de la bataille. Parfois grands, parfois petits mais toujours trapus et la peau aussi pâle que la neige, les omiardiés se préparaient en affutant leur lames et en brossant leur habits de cuir.

Guidomex les compta : A peine trente. Il lança un regard à ses trois compagnons, cherchant à déceler si la bataille à venir était vraiment leur choix. Mais les regards ternes qu’il décela reflétaient le désespoir d’Haria, Sirux et Hellie. Etaient-ils venus chercher la fin ici ?

Ils avaient tant perdu.

Un long moment s’écoula avant que Liegor ne prennent la tête de la procession qui se forma pour sortir de Glamis. Pendant le trajet, Guidomex s’évertua à répondre aux questions de l’omiardié : l’Harzerezh, leur organisation, leurs opérations et leur victoire.

Il se prêta au jeu et lui raconta tout.

« Je ne m’intéresse pas vraiment aux causes de tout ça. Ces entités, l’Exetranen, les axiomes et la Komunozhra. La seule chose qui importe, c’est que nous devons nous défendre et casser des crânes pour ça! s’exclama Liegor à la fin du récit. »

L’eraié laissa un sourire se dessiner sur son visage. La bonne humeur mêlée à l’impulsivité de leur hôte l’aidait à surmonter les morsures du froid et la longue marche enneigée vers Hielmis.

Ca et son histoire contée par Liegor.

Siège du clan des Esperiés, fondé par son premier bat Adragor l’edroch vaillant, cette cité fut créée à la fin de sa vie. Avant son édification, les Esperiés étaient des omiardiés nomades sans baten haïs par les autres. Ce fut Adragor, après une campagne guerrière destructrice, qui les fédéra en un clan gigantesque, le plus puissant de tous.

Tandis que Liegor déblatérait sur la grandeur perdue des Esperiés, les premiers bâtiments de Hielmis apparurent.

« Qu’est-ce qu’on fait maintenant ?

— On charge par l’entrée principale ! Les trois Exetras Primes ont été vu rodant ici.

— On ne peut pas… s’étonna Guidomex.

— Allez, on y va ! coupa Liegor, dont les paroles furent suivies par des hurlements guerrier. »

Et tout le monde chargea.

A la recherche de ses trois compagnons, Guidomex retint ses pas. Tout à coups, parmi la cohue d’omiardiés courant pour pénétrer dans Hielmis, il les aperçus. Devant ses yeux inquiets mais résignés, il vit le désespoir prendre le pas sur la raison.

Sans d’autres choix que la fuite, il précéda la charge.

Après être entré en trombe, au premier croisement de chemin, cinq exetras firent face à trente eraiés armés et prêts au combat. Avec sa grande hallebarde forgée par l’ancestral métal omiardié, Liegor occis le premier d’entre eux, puis laissa les autres à ses guerriers qui en redemandaient. Sans prêter attention à la neige qui s’imbibait de sang, le cortège continua sa marche, croisant quelques patrouilles d’exetras rapidement éliminées.

Toujours en retrait, Guidomex parcourait les reste des ternes petites maisons espacées les unes des autres et disposées sans réel harmonie le long de la route. Aucune végétation ni statue ou monument ne venait agrémenter la plus grande cité d’Omiard. Seules les habitations et les estemms improvisées la composaient.

Et comme seuls habitants, des cadavres en décomposition produisaient la rance odeur que ses narines humaient depuis leur entrée. Partout dans la cité, la neige était recouverte d’eraiés vaincus, de rivières carmines et de bâtiment brulés ou détruits.

Ici ils ne trouveraient que la mort et c’est ce que ce cortège était venu chercher.

Soudain, Liegor leva le bras brandissant sa hallebarde pour stopper l’avancé. Au loin, ses yeux fixèrent une silhouette, petite et robuste, qui les avait également repérés. Elle les regardait sans bouger et sans mot dire.

« Paiana, grommela Liegor et pointant son arme vers elle.

— Cette brute de Liegor. Tu es venu mettre fin à ton vain combat ? »

Serrant fortement son arme, Liegor manifesta sa colère par un grognement rauque et une ruée vers elle. Plus alerte que lui, Guidomex le stoppa en attrapant son bras.

« Elle est seule ! lui rétorqua Liegor.

— Regarde, répondit calmement Guidomex en tendant le doigt derrière l’omiardié.»

Suivant la direction pointée par l’eraié, ses yeux se posèrent sur deux autres silhouettes, l’une avec une lame fixée sur son bâton d’acier et l’autre vêtue de sa tunique d’adorateur d’Eratos.

« Dilius et Relemos. »

Puis une armée émergea des ruines de Hielmis pour se rassembler autour des Exetras Primes. Un sourire narquois lui déformant le visage, Relemos fixa Liegor avec amusement pour le provoquer. Puis son regard se posa sur Guidomex.

« L’Harzerezh, ici ? Mais sans lui, vous n’êtes rien.

— L’affront à la Komunozhra doit être réparé ! ajouta Dilius en serrant sa lame tremblante d’excitation. »

L’instant d’après, ce dernier sauta sur Guidomex qui, surprit par l’élan, recula en dégainant ses driaxes. Le voyant aux prises avec Dilius, Haria se précipita pour l’aider. Derrière eux, Paiana engagea Liegor et Hellie qui s’étaient rassemblés pour faire front.

A l’écart, Relemos murmura ses appels, imaginant le brulant Héphaïstos et l’électrique Jovis apparaitre pour l’assister.

Un gigantesque brasier de feu disloqua le sol, suivi d’un imposant éclair déchirant le ciel en deux d’un son sec et cristallin. Dans l’incandescent brasier formé par Relemos, une créature à la musculature saillante apparue, déformée par la chaleur de l’enfer créé. Surmontée par une tête laissant penser à un ligariek à la crinière fournie et aux yeux rouges sang, le corps se composait de quatre puissantes pattes aux griffes acérées, d’un buste imposant au poil de velours auburn et d’une queue reptilienne.

Dans le ciel, du puissant éclair reliant l’azur à la terre, un oiseau vert émeraude entourés de foudre azurée se forma. L’oiseau chatoyant déploya ses grandes ailes aux plumes fournies pour se suspendre dans les airs, prêt à fondre sur ses proies.

L’instant d’après, les deux bêtes attaquèrent, appuyés par les exetras dont le mouvement d’assaut déferla sur les omiardiés et aliardiés acculés.

Rapidement, les attaques des chimères touchèrent leurs premières victimes, chacune d’entre elle fauchant plusieurs vies. Aux prises avec Paiana et sa grande épée, Liegor ne put qu’assister au massacre débutant. Soudain, l’arme de son ennemi s’approcha dangereusement de son cou et seule l’impuissance allait être sa parade. Résignés à subir la décapitation, ses yeux se fermèrent lorsqu’un craquement les rouvrit.

Hellie venait de dévier l’assaut avec une hahud défensive.

Derrière eux, Dilius frappait les driaxes de Guidomex avec sa grande lame d’amatia. L’allonge de cette dernière empêchait l’eraié d’approcher. En soutient, Haria usa de ses hahuds pour renforcer et aider son compagnon. Mais leurs effets n’étant pas suffisant, elle s’élança tête baissée sur l’Exetra Prime.

Soudain, Jovis se posa devant Sirux, resté en retrait, laissant ses éclairs frapper son corps. Choqué par le flux, il concentra les muscles de ses jambes pour rester debout. Puis, voyant l’oiseau rassembler de nouvelles décharges, il s’élança.

Désespéré.

Soudain, une petite sphère azurée décapita l’oiseau en explosant dans un son qui lui déchira les tympans. Stoppant sa course suicidaire, Sirux fixa son regard incrédule sur la chimère se désagrégeant en poussières azurées. Puis ses yeux décelèrent une furtive silhouette s’élancer sur Paiana pour bloquer l’attaque mortelle vers Hellie.

Dans une danse gracieuse et élégante, elle repoussa l’attaque pour ensuite l’obliger à reculer par ses assauts rapides et précis.

Décontenancé, Sirux balaya son regard pour voir Haria relevée par une nouvelle silhouette. L’instant d’après, quatre bêtes de glace se matérialisèrent derrière elle dans un son cristallin. Deux d’entre elles fondirent sur Héphaïstos pour lui immobiliser les pattes avant, tandis que les deux autres lui happèrent les membres restants.

« Sirux! cria la silhouette. »

La voix sortit l’eraié de sa torpeur qui se précipita sur la chimère immobilisée. Dans une dernière volonté de défense, Héphaïstos rassembla des braises crépitantes autour de sa gueule pour les projeter. Mais tandis qu’elles fonçaient sur lui, Sirux lança sa masse enveloppé de Via pour contrer dans une explosion de flammes.

Puis il saisit les deux lames matérialisées par la silhouette, traversa la fumée du feu mourant et sauta sur la tête d’Héphaïstos. Au contact de la bête, les deux armes sectionnèrent sa tête de ligariek, la projetant au loin dans une nuée de paillettes azurées.

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