Chapitre 18

10 minutes de lecture

24 avril, Amboy - Needles – Havasu Lake – Laughlin

L’itinéraire direct de Amboy à Laughlin était court, à peine plus de cent miles. Après avoir consulté la carte de la région, ils décidèrent de s’offrir un détour en redescendant le long du Colorado jusqu’au Lac Havasu. Le cours du Colorado est ponctué de nombreux barrages qui créent autant de grands lacs artificiels autour desquels sont aménagées de nombreuses cités de villégiature. La route depuis Amboy ne présentait pas beaucoup de particularités. Ils avaient dû rejoindre l’Interstate 40 assez rapidement, la route 66 se fusionnant avec l’autoroute pour franchir une petite chaîne montagneuse, avant de plonger vers la vallée du Colorado et la petite ville de Needles. Les deux hommes avaient atteint la limite est de la Californie. Sur l’autre rive, l’Arizona, un peu plus au nord le Nevada. Ils quittèrent l’Etat en franchissant la rivière avant de redescendre vers le sud et Lake Havasu City.

La petite agglomération constitue une sorte d’oasis au milieu du désert, bâtie de toutes pièces autour d’une île sur le lac formé à la suite de la construction du barrage Parker. La vie économique s’y concentre sur les activités de loisirs nautiques. De nombreux appontements et marinas s’étendent sur la rive et autour de l'ile.

À cette période de l’année, le climat était optimal, moins torride qu’au cœur de l’été, et le lac était couvert d’une multitude d’embarcations. Un bon nombre d’entre elles n’avaient aucune prétention esthétique, simples pontons flottant sur deux cylindres, où des groupes assez bruyants buvaient, pêchaient ou plongeaient. Il y avait beaucoup de jeunes mais aussi des personnes nettement plus âgées, retraités venus passer la fin de l’hiver au soleil.

Ange et Philippe n’étant attirés ni par les uns ni par les autres jetèrent leur dévolu sur un grand saloon ouvert sur la rue principale. L’établissement était organisé autour d’un immense bar de bois sombre, le long duquel étaient disposés de hauts tabourets. Un impressionnant nombre de pompes à bières était disposé en plusieurs postes. Plusieurs grands écrans de télévision diffusaient des retransmissions sportives. À cette heure, le bar était inoccupé et un seul employé assurait le service. Après avoir commandé deux bières, ils entendirent une voix haut perchée les interpeler.

Hey Frenchies !

Ils se retournèrent pour découvrir trois femmes assises à une table un peu en retrait.

— Voulez-vous venir boire avec nous ?

L’invitation était aimable, il aurait été discourtois de refuser. Les hommes tirèrent deux chaises et les femmes leur firent une place à table. La plus jeune devait avoir une quarantaine d’année, cheveux blonds platine à amples boucles, sûrement très travaillées. Les deux autres approchaient sans doute la soixantaine, tout aussi apprêtées que leur amie.

Les questions ne tardèrent pas à fuser.

Where are you from ?

— Et vous allez jusqu’où ?

— Etes-vous célibataires ?

En moins de dix minutes, les deux amis savaient que leurs maris étaient partis pour une partie de pêche sur le lac et ne rentreraient pas avant la fin de la journée, ils connaissaient le nombre et les prénoms de leurs enfants, ils savaient aussi que les hommes étaient associés dans une entreprise de construction du Montana et qu’ils passaient tous les ans une semaine de vacances dans la région. Quand ils n’étaient pas sur l’eau, ils parcouraient les pistes de désert dans l’arrière-pays avec leurs gros trucks.

Elles auraient voulu tout savoir de leurs vies, de leurs métiers, de leurs femmes.

L’une d’elle, la plus jeune et la plus audacieuse, demanda s'ils avaient eu des aventures avec des femmes américaines depuis leur arrivée.

Philippe leur narra le dîner chez Musso & Franck, mais omit de mentionner la soirée chez Sam.

— C’est dommage qu’elles aient trop bu. Nous, on vient juste de commencer.

— On a une grande villa sur la colline, avec une piscine…

Les compères se regardèrent avec un sourire complice puis s’excusèrent aussi diplomatiquement que possible avant de prendre le large.

— La classe à la française mon vieux.

— Ne t’emballe pas l’aristo, c’est juste que tu parles mieux anglais que moi.

— Bon allez, il est temps de rejoindre le Nevada.

Ils retournèrent vers le nord, passant à nouveau par Needles mais ensuite continuèrent sur la rive gauche du Colorado, du côté Arizona. Le pont suivant était juste au niveau de Laughlin, 40 miles plus au nord. En arrivant par la rive opposée, la ville présentait une image assez peu flatteuse, une succession de casinos aux décors plus kitch les uns que les autres, flanqués chacun d’une tour de béton abritant un hôtel offrant plusieurs centaines de chambres, le Las Vegas du pauvre.

Les revenus étaient assurés par le jeu et les prestations hôtelières étaient particulièrement bon marché. Philippe en avait profité et avait réservé une suite de luxe au Golden Nugget. Après le motel de Amboy, un peu de confort pour une soirée et une nuit ne serait pas de trop.

Ni Ange, ni Philippe n’étaient réellement attirés par les jeux de casino mais la curiosité les poussa dès qu’ils furent installés, douchés et vêtus de propre à descendre dans la grande salle pour se faire une idée de l’ambiance. Aucun des deux n’aurait imaginé ce qu’ils avaient sous les yeux, pas même Philippe qui, durant son séjour aux USA, n’avait jamais éprouvé l’envie d’aller jusqu’à Las Vegas.

Une salle aussi vaste qu’un terrain de football, entièrement remplie de machines à sous variées, de tables de roulette, de dés ou de poker électronique. Derrière la plupart des machines des joueurs et joueuses, certains très âgés, en fauteuils roulants, appuyant comme des zombies sur les touches des automates. Un brouhaha assourdissant rendait toute conversation impossible, ponctué du bruit des pièces qui tombent et les sirènes des jackpots. Et pour couronner le tout, le Nevada étant un état particulièrement permissif, un halo de fumée que les extracteurs éliminaient avec peine. Tout autour de l’espace, bars et restaurants proposaient toutes sortes de cuisines, hamburgers, texmex, asiatique, végan et même gastronomique. Pour tous les goûts et tous les budgets.

Ange avait remarqué des panneaux annonçant les artistes en résidence. Il repéra la zone dans laquelle se trouvait l’espace dédié aux spectacles de début de soirée et y amena son ami.

— Commençons par boire un verre en écoutant un peu de musique. On verra plus tard ce qu’on fait de notre soirée.

Le groupe qui se produisait proposait un répertoire typiquement country. Le chanteur essayait de se donner un look « Elvis » avec une tenue de cuir blanc, rehaussée de strass et de franges sous les manches. Il était plutôt agréable à écouter. La tentation du jeu était partout présente, même à cet endroit, des écrans étaient intégrés dans les tables. Les amis burent un whisky le temps de trois ou quatre morceaux avant de se mettre en quête d’un endroit où dîner. Ils sortirent sur l’esplanade entre le casino et la rivière. Vue de près, les décors faisaient encore plus faux et grossiers. Même le steamer dont la grande roue tournait à vide ne faisait pas illusion. Ils comprirent rapidement que tout était concentré à l’intérieur et replongèrent dans l’enfer du jeu.

Comme ils repassaient à proximité de la réception, ils remarquèrent un groupe de jeunes femmes qui se répartissaient sur les nombreux guichets d’accueil. Elles ne portaient pas la tenue des gamblers mais un style plus business woman. Philippe, habitué à ce genre d’assemblée, reconnut rapidement le logo d’un grand laboratoire sur le badge qu’elles portaient toutes autour du cou.

— Voilà qui est plus intéressant, glissa-t-il à l’oreille de Ange.

— Tu as raison, je suis sûr qu’on va les retrouver tout à l’heure au night-club, quand les mamies seront couchées. En attendant, je te rappelle que j’ai faim.

— Ok, pas de hamburgers, je sais. On va essayer un autre film. Bubba Gump Shrimp Co, ça te va ?

Après le dîner, un autre groupe avait pris place sur scène et proposait une musique plus rock, reprenant des succès des années 70 et 80. Ange prit le risque de s’aventurer seul au bar pour commander des bières. A son retour, Philippe avait engagé la conversation avec deux jeunes femmes venues s’installer à la table voisine. Elles portaient toujours leur badge autour du cou. Voyant que leur table était vide, Ange proposa de leur commander à boire. Elles demandèrent toutes les deux du vin blanc. Les quatre eurent vite fait de faire table commune.

Philippe expliqua pour son ami :

— Ces charmantes personnes travaillent toutes les deux pour un laboratoire de cosmétique japonais qui lance une nouvelle ligne de produit sur le marché américain. Toute l’équipe de vente est réunie ici pour un séminaire de motivation.

— Nous avons eu des conférences toute la journée, on a besoin de décompresser un peu.

Il leur fallut une fois de plus expliquer leur voyage, leur origine et leurs occupations, mais il n’y eut pas cette fois de questions sur leur situation familiale.

— Ce qui se passe à Laughlin reste à Laughlin, commenta l’une des jeunes commerciales.

Le groupe avait fini de jouer, laissant un blanc en attendant qu’un autre prenne le relais. Les deux filles étaient toutes deux de nouvelles embauchées et ne se connaissaient pas avant de se retrouver ici. L’une était blonde, son badge portait en gros caractères Cindy, elle était plutôt petite, un peu timide. Sa collègue s’appelait Linda. Elle avait les cheveux presque noirs, de style sino-américain. Comme la musique tardait à reprendre, Linda suggéra d’aller voir s’il y avait plus d’animation au night-club.

— Je te l’avais bien dit, déclara Ange en français, à l’oreille de son ami. On suit ?

— Jusque-là on ne s’est pas engagés.

Le club se situait au sous-sol de l’hôtel. A l’entrée, Philippe glissa à l’oreille de Cindy :

— Vous pouvez peut-être enlever vos badges.

Ils n’eurent pas de difficultés à se faire admettre à l’intérieur. La salle n’était pas très grande, et encore assez peu fréquentée. Ils trouvèrent un box dans un coin un peu éloigné des enceintes. La musique était entrainante, de style plutôt latino-américain. Cette fois ce fut Philippe qui passa commande d’une bouteille de champagne pour toute la table. Linda manifesta sa joie comme un enfant à Noël.

Cindy ayant collé son épaule contre celle de Philippe, Ange offrit son attention à son amie. Après avoir bu la première moitié de sa flute, elle l’entraina sur la piste de danse. Elle commença par suivre le rythme en se déhanchant puis très vite, la jeune femme vint se coller à lui comme une chatte, caressant son torse sans aucune retenue. Ange posa ses mains sur ses hanches et la maintint ainsi contre lui, lui permettant de prendre conscience de l’effet induit en ondulant lui aussi.

Quand il jeta un coup d’œil à la table, il vit que Cindy s’était étendue sur les genoux de Philippe et lui faisait des yeux doux tandis que ce dernier lui caressait doucement la poitrine.

Comme Ange et Linda revenaient vers la table, Philippe lui dit :

— Cindy nous propose d’aller boire un verre dans leur chambre. Ce n’est pas raisonnable du tout mais j’ai envie d’accepter.

— 10 dollars pour voir.

— Suivi.

Dans l’ascenseur, un couple de personnes âgées, monté juste avant eux, les regarda avec un air réprobateur. Heureusement, ils étaient logés au sixième étage et dès que les portes se furent refermées, Cindy embrassant fougueusement le médecin. Leur étreinte se poursuivit jusqu’au vingtième où l’ascenseur les déposa. Cindy courait presque, entrainant Philippe à sa suite. Linda et Ange suivaient à quelques pas. Dès qu’elle eut franchi la porte, Cindy se débarrassa de son caraco, dévoilant une petite poitrine, deux jolis seins pointus. Elle se jeta sur l’un des grands lits, allongée sur le dos, laissant sa jupe courte remonter pour dévoiler un string minuscule.

Malgré ses protestations, Philippe prit le temps d’enlever sa veste avant de la rejoindre.

Ange et Linda les regardèrent quelques instants avant de passer aux choses plus sérieuses. Ange était resté dos au mur tandis que Linda entreprenait de déboucler la ceinture de son jean. Elle eut plus de mal avec les boutons serrés et Ange dut l’assister. Elle fit glisser le pantalon jusqu’aux chevilles, mais les bottes l’empêchèrent d’aller plus loin. Peu importe, le boxer suivit le même chemin et la jeune femme put profiter de l’organe fièrement dressé.

Sur le lit, Philippe s’activait auprès de sa charmante complice. Sa main droite caressait ses seins tandis que la gauche faisait glisser la jupe sur les hanches menues. La jeune femme se contorsionna pour accéder à la table de nuit et en sortit un préservatif emballé qu’elle tendit à son amant. Celui-ci comprit le message et se dévêtit rapidement pendant que la petite se caressait en le regardant.

Fuck me now !

De l’autre côté, pendant ce temps, Ange bataillait avec les boutons du chemisier de Linda, avant de descendre le zip de son pantalon. Il fit glisser d’un même mouvement pantalon et culotte, découvrant une toison noire et bouclée dans laquelle il se perdit rapidement. Sentant la jeune femme prête à le recevoir, il se coiffa lui-même du capuchon protecteur, poussant doucement sa conquête sur le second lit avant de la pénétrer sans difficulté. Les deux couples jouirent pratiquement en même temps.

Cindy se laissa aller sur son lit, recherchant plus de caresses de son bel amant. Linda vint la rejoindre et les deux filles s’embrassèrent tendrement pour le plus grand plaisir des garçons.

Ange fit alors une razzia dans le minibar, récupérant les mignonettes d’alcool et une bouteille d’eau gazeuse. Les quatre complices se répartirent whisky, vodka et gin. Après cela, les coquines déclarèrent qu’elles n’en avaient pas assez et voulurent échanger les partenaires

Les deux motards durent se faire violence pour abandonner les deux nymphettes qui jouaient maintenant entre elles.

Il était encore bien tard lorsqu’ils regagnèrent leur chambre, et se laissèrent tomber sur leurs lits, épuisés.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Eros Walker ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0