Le tournesol insomniaque.

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SCÈNE 1

Entre deux mondes, sur un fond noir : entre un clocher luxueux avec un observateur en son sein et l'intérieur d'une pièce pleine de paperasse où une secrétaire s'ennuyait. Nope Surlarout se balance sur une chaise sous un néon jaune, la main tendue vers une climatisation bruyante. Un homme brûlé dépose une pile de dossiers sur son bureau et ressort.

Lorsque les yeux du major Col se préoccupent du monde, ils voient des serpents parmi d'autres serpents.
Nope Surlarout, quant-à-elle, voit ceux qui brillent distribuer leur lumière aux gens qui n'ont pas le temps de s'en soucier.

Le major susdit a le regard au loin et s'adresse, comme le plus souvent, à quelqu'un dans l'ombre :
" Être animé par un objectif nourri de vengeance et d'amour, sacrée sainte mère des dieux damnés, que j'aime la vie. "
La jeune fille au cœur de cette histoire s'imagine cela et pense à haute voix : " Les liens, ces maillons que l'on ressent ; des chaînes que l'on veut serrer, qui retiennent des choses, des souvenirs et des vérités différents, chaque extrémités parfois aux deux pôles de la planète mais reliées par cette chaîne infinie du destin, les liens réchauffent le cœur même s'ils sont insaisissables.
Major Col présente ce mystère à son majordome : " Sur une voix de solitaire où même les conseils deviennent des embûches, les engrenages sont peu nombreux, des pièces éloignées qui vont dans la même direction prennent-elles un risque en se rejoignant ?

Le reste des détails de cette histoire est dans les mains de celle qui voulait la conter. Une histoire sensationnelle qui ne part de rien, il nous faut des témoins et des protagonistes. D'ailleurs, ces derniers sont un peu suspects à vrai dire.
Je peux être assez bonne actrice et vous les présentez avec réalisme. Le premier par exemple, il serait très lunatique, parlerait peut-être même un peu tout seul. Habillée en tailleur et elle dirait lentement : " Hum... "

SCÈNE 2

Sur un toit au petit matin, une villa luxueuse dans les arbres.

" Je crois en la matière au-delà de la matière. Plus je sais de choses, plus je m'extasie de l'ordinaire. Par exemple j'ai appris qu'il fallait être humble et ne pas prendre l'autre pour un imbécile. Comme ça, je fais des rencontres et mon quotidien est plein de rebondissement. Je peux alors imaginer ma vie comme une métaphore de la réalité, comme les œuvres imprégnées d'une âme artiste. Je suis, de l'encre. Non ! Effacez ça, je suis de la peinture. Je m'appelle Jkpa et dans un film d'horreur, je serai probablement la première à mourir, bonjour...

Bonjour, bienvenue et enchanté. Je suis un maillon invisible, une ombre dissimulée dans la noirceur de ce monde. J'ai commencé en bas de l'échelle, travaillé plus que je ne pouvais et ainsi, j'ai pu avoir la chance d'être formé par les meilleurs. Je suis le bras droit de la vraie royauté. Je suis sûr de moi, aux portes de demain. Je m'appelle Théo Machiavelli, majordome de la maison Col et en quelque sorte, je voulais être le héros de cette histoire. Pour l'instant, j'ai l'honneur de vous présenter le leader que je sers...

Pas le temps, je veux l'océan. Il est midi, on a faim. À quinze heure, les actions de NGBMCBANK chuteront, les sociétés qui sous traitent me seront revendus, mes soldats entreront en action, tout remontera et sera revendu avant qu'on ne découvre le pot aux roses, accompagné de la corne d'abondance de chèque en blanc."
" Libérez-moi, je vous en supplie.
Ah oui... monsieur le requin De votre aristocratie dit, votre propriétaire important, je l'avais oublié.
- Vous voyez monsieur si vous m'aviez cédé le contrat... Ce n'est pas correct de monopoliser le monde de la nuit de la sorte.
- Et vous, à quel moment comptez-vous vous arrêter ?
- ... Lorsque j'aurai assez pour pouvoir le protéger.
- L'immobilier, les rues piétonnes, vous êtes trop jeunes pour nager dans ces eaux. "
La fin d'une vie dans un claquement de doigt, c'est effrayant, même pour un révolutionnaire. Comment ceux qui sont liés à ce chef de guerre et qui ne l'ont jamais croisé, réagissent-ils à ce genre de circonstance ? Se demandait-on, en rentrant vers le salon, avec le majordome Théo Machiavelli.

SCÈNE 3

En direction de la ville, une de celles qui ont leur âme semblable à aucune autre.

Nope Surlarout, on me disait toujours qu'avec un nom aussi bizarre je ne pourrai pas avoir de vie normale. Ce n'était pas l'objectif, mais pour moi cet instinct c'est terminé en besoin. Alors des fois je me plains et plus j'agace, plus je me sens écouté. Mais c'est mon péché mignon, n'en dites rien à personne. Assez parlé de moi. Puisque toi, grande puissance qui m'écoutes, tu ne peux me répondre, je vais te parle de ma famille, avant de te narrer l'aventure qu'ils sont les seuls à avoir entendu.

Chez les Surlarout la petite sœur, le bébé, avait pour trait de personnalité de soulager son tempérament gastrique d'une manière si olfactivement hors du commun, qu'on voyait souvent Gropapa et bélmaman dehors, s'affairer à regarder le journal, ou à étendre le linge, pendant au moins une dizaine de minutes. Gropapa était sceptique, Bélmaman animiste, humaniste, socialiste, anarchiste et experte de l'huile. Gropapa, lui disait toujours... Mouais. Bélmaman est allée à l'école Domur et on habite à Domur. C'est perdu, on n'est pas sur Google Earth. Il y a Papy Samy Junior, il disait que Bélmaman était une Sibylle des odeurs. Ensuite il repartait sur ses rails dans son train personnel. Son frère étant né prématurément, ils se disputaient pour savoir s'il y avait une vraie différence qui définissait l'ainé. L'argument était le plus souvent repris par qui voulait l'avantage, lors d'un débat. Un autre détail sur ce vieux frère : Papy Johnny Junior, assortissait sa coiffure avec ses vêtements quotidiennement.
Toujours en mouvement, le plus petit homme de la famille, Stéphane, gigote bien trop pour un humain normal et tout ce qu'il regarde est incroyable, parce que c'est lui qui le voit. Quand on est enfant, on s'étonne bien plus de l'ordinaire. Il ne faut pas enfermer l'enfant.

Dans son quotidien, Nope était essentiellement fatiguée. Son travail consistait à trier et faire des transitions de mails pour une association d'art importante de sa ville et une clientèle comme un hôpital, une banque, ou des privés. Beaucoup de mails, elle est un rouage ; un tout petit rouage. Jusqu'au jour où elle s'endort sur son clavier et qu'il ne lui reste qu'un mail solitaire, pour tenir compagnie à son réveil rouge.
Un clic malencontreux sur un fichier partagé qui ne regarde nullement son poste. De partout, sur des lignes de noms, elle vient de risquer sa carrière en ouvrant ce fichier. On veut blanchir de l'argent, c'est sûr et certain, en vue de la façon dont elle se saisit le visage, c'est de la grande magouille. Ça vient de trop haut pour qu'elle se permette de ne pas le retransmettre. C'est son seul travail et ce n'est qu'une intuition. Trop de stress, elle veut se porter malade. Un coup d'œil à ce maudit mail et elle éteint, pour qu'aucun curieux ne remarque son erreur.
Elle doit l'effacer, elle doute, elle rallume son pc. Des mouvements de pieds, des grattements de tête, des regards vers sa porte qui ne s'ouvrira pas et vers ces grandes puissances qui l'observent. Elle doit trouver un coupable et maintenant que c'est fait, elle peut se permettre de fouiller. Trouver pourquoi ces noms doivent voir ces chiffres faramineux et pourquoi, ces autres noms vont perdre tout autant. N'importe quelle personne honnête aurait tenté quelque chose. Les plus opportunistes auraient glissé leur nom dans le mail avant de le retourner à la banque. L'inquiétude a laissé place à la volonté, l'anxiété à la motivation. La brume, la flemme de retirer ses lunettes, c'est ce néon qui est responsable de son teint. Cette lumière jaune frustrante, c'est ce pourquoi elle se sert de sa main comme une barrière. C'était elle le soleil, la tête dans les nuages. La tête tellement en l'air, qu'elle laissa son l'écran allumer, quand elle s'en retourna dans la tanière de Gropapa.
Elle dut attendre pour rentrer à cause du bébé. Le petit train de luxe de papy Samy Junior traversa la rue pour passer leur petit portail en roue médiéval. Le vieillard interpella la jeune fille pour lui donner le sourire avant qu'elle ne leur explique son absence d'une semaine et le trou dans le toit.

Les Surlarout l'interrogeront en refusant de lui donner les marmites et les plats sans qu'elle échange des réponses. Une histoire de mail, il eut fallu qu'elle entre dans une véritable improvisation scénique pour la rendre intéressante.

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