Les Ténèbres du Passé

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La route serait longue jusqu’à Olendhia, appelée parfois et à juste titre « La Terre des Eaux ». La monture et son cavalier filaient vers le nord dans un galop du diable. Une tache informe qui filait droit sur l’horizon dans sa course folle. A un age aussi avancé que celui du mage, il aurait dû se trouver dans sa chaumière, à faire bouillir du thé, en fumant sa pipe, le nez plongé dans ses livres. Mais il n’en était rien. Il avait quitté le Cercle des Mehnirs, au petit matin, pour entreprendre son périple. Il était sûr à présent, il n’était pas fou, et il avait bien vu ce qu’il avait vu. Cela faisait quelques nuits déja qu’il scrutaient les étoiles, comme il en avait l’habitude. Il y lisait l’avenir, et il faut bien dire que ces dernières années (des centaines à vrai dire), elles ne racontaient rien de palpitant, et c’était tant mieux. C’était en somme, un gage de paix. Il continuait néanmoins de les consulter, par acquis de conscience, même si, ce faisant, il avait l’impression de lire un journal sans nouvelles, et sans faits-divers.

Ces derniers jours, cependant, quelque chose avait changé dans la voute celeste. Au départ, il ne voulai pas y croire, pensant que le passé le hantait peut etre inconsciemment. Et puis, il dût se rendre à l’évidence... Gorthol. Il n’était pas mort. C’éait impossible ! Et pourtant... Les étoiles ne lui avaient jamais menti. Voila pourquoi il s’était empressé de seller son cheval, d’enfiler sa cape, d’y fourer sa pipe, avant de fermer la porte de sa charmante chaumière.

Gorthol était vivant. Par tous les diables, comment avait il survécu ? On l’avait entérré dans les Montagnes de l’Oubli à sa mort... Loin du reste du monde, dans l’espoir d’en éloigner le souvenir. Des centaines de questions étaient restées sans réponse dans la tête du mage, mais il n’y avait pas de temps à perdre. Il ne pouvait pas se permettre de songer plus longtemps à y tenter d’y répondre, il devait rassembler... Rassembler les meilleurs talents, ou du moins les plus prometteurs de tous l’Alendhil, et en faire une armée, prête à combattre et à défaire le mage noir, une fois de plus. Une fois pour toute. Gorthol avait, en des temps immémoriaux, fait partie dela guilde des mages. Il était un des semblables de Noldor, au Cercle des Menhirs. Mais, l’accroissement de son pouvoir l’avait rendu fou et avide de l’exercer pour soumettre Alendhil tout entière. Il avait levé une armée, formée de créatures qu’il avait lui même crée. Des monstres, sanguinaires et sans libre-arbitre, ralliés à sa cause, qui tuaient hommes, femmes et enfants, elfes et fées, nains, géants et lutins, sans oublier les mages, qui refusaient d’user de leurs pouvoirs pour alimenter son despotisme. Des jours sans soleil avaient succédés des nuits sans lune, et tout n’était que peur, larmes et desespoir. La resistance s’était faite attendre, tant elle était désorganisée. Les peuples d’Alendhil n’avaient jamais eu à se meler les uns aux autres avant cette terrible épreuve, et Gorthol le savait. La méconnaissance les uns des autres, la peur aussi, les avaient divisés au lieu de les rassembler dans la lutte. C’est ce que Noldor voulait éviter coûte que coûte cette fois-ci. S’ils devaient combattre, ils seraient prêts.

C’est en ressassant son inquiétude, mais aussi sa determination que Noldor chevaucha pendant deux jours et une nuit à travers la lande. Au petit matin du deuxième jour, il atteignit la rivière Swanil et ses rapides. Il était exténué, mais soulagé d’être parvenu à destination, aussi rapidement qu’il l’esperait. Il chercha des yeux un endroit, le long de la rivière, où le courant serait moins fort, pour qu’il puisse faire traverser Sindharrin. Il y avait bien un endroit où les eaux étaient moins profondes, mais c’était risqué, le cheval et le cavalier étaient épuisés. Le vieil homme regarda l’étalon noir, qui renaclait bruyamment. Il sembla que l’animal avait compris la question silencieuse de son maître. Noldor lui flatta l’encolure, et ils avancèrent vers la rive. Le mage ferma alors les yeux, pour se concentrer sur l’eau de la rivière et murmura des paroles ancestrales, en vieux dialecte elfique. Il tendit la paume de sa main vers l’amont. Le débit de l’eau se fit moins intense. Iils pûrent traverser sans encombre, penetrant ainsi le Royaume d’Olendhia. Il fallait trouver les fées. Et si les elfes étaient maîtres dans l’art de se dissimuler, les fées n’étaient pas en reste...

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