Chapitre 30 : Conférence

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19 septembre 2115, 10:00

Spatioport de Loyva

« Capitaine ? Approchez je vous prie, nous allons bientôt décoller !

-J'arrive général. Federico ? Appelez le commandant et rejoignez nous immédiatement ! Alors Hanrel ? Comment va se dérouler cette journée ?

-Nous partons dans dix minutes, direction le système Zavodar. C'est le foyer du peuple Zévosky. Vous en avez peut-être entendu parler, ce sont les aliens aux modifications corporelles.

-Ah oui, les cyborgs. Le Grand Kanonmar nous en avait touché deux mots. Mais pourquoi allons-nous chez eux ? Nous ne les avons jamais rencontrés pourtant.

-La communauté Galactique n'a pas de siège permanent ou de planète capitale. A chaque conférence inter-systèmes, c'est un monde du Foyer qui est choisi en tirant au sort, afin que chacun d'entre eux puisse abriter ce genre d'événement. Cela fait un petit moment qu'il ne s'est rien passé sur la planète, alors ce sera un grand moment pour eux.

-A quand remonte la dernière réunion de ce genre ?

-Il y a... Je ne sais plus, autour d'une dizaine d'années je dirais. C'était la dernière réunion concernant la piraterie galactique, et elle s'est conclue par une décision qui renvoyait chacun à ses problèmes. Bref, ca n'a rien aidé. Mais il est l'heure, suivez moi. Je vais vous présenter au sénateur. »

Le commandant et le lieutenant arrivèrent au même moment, et les quatre militaires entrèrent dans la navette. Ils furent guidés jusque dans un salon de réception, où plusieurs Martiens étaient à table, tous en train de discuter avec intérêt.

« Vous avez devant vous la fine fleur de la diplomatie Martienne. Ces gens composent l'équipe du sénateur Prell, assis au bout de la table. C'est avec lui que vous prendrez la parole devant la Communauté. »

Ledit sénateur tourna à ce moment-même la tête vers les nouveaux arrivants et cessa de parler. Il se leva, attirant l'attention de tous et lança :

« Bonjour à vous ! Je suis et nous sommes très heureux de vous recevoir.

-Et nous sommes ravis de nous trouver en votre présence.

-Si vous saviez comme nous attendions cela.

-Nous ?

-Oui, les membres de mon équipe. Et la diplomatie Kolbarba également. Il n'y a que eux et nous qui sommes au courant de ce qui va se passer aujourd'hui.

-Les autres systèmes sont convoqués sans savoir pourquoi ?

-Oui. C'est un petit peu ce qui fait le charme de ces réunions, on ne sait jamais trop pourquoi on y va. C'est la surprise ! Bon, parfois elles peuvent être mauvaises. Mais là, nous atteignons du jamais vu ! On peut s'attendre à une ruée de questionnements, d'interrogations. Vous allez susciter un joli bouleversement, c'est moi qui vous le dis. Mais ne parlons pas debout, venez vous asseoir près de moi, je vous ai gardé spécialement ces places.

-Merci beaucoup, sénateur. Quel est le programme alors ?

-Nous mettrons environ deux heures pour arriver sur Zavodar, puisque nous sommes parmi les systèmes les plus éloignés. Le Système Solaire, comme vous l'appelez, fait partie de la Frontière Connue Explorée.

-La quoi ? Je n'en ai jamais entendu parler.

-Pourtant, le Grand Kanonmar m'a assuré qu'il vous avait parlé de la galaxie.

-Ah, oui. Mais si mes souvenirs sont bons, il n'avait pas été très loin. Nous ne comprenions même pas ce qu'il se passait et nous venions d'arriver.

-Effectivement. S'il n'a parlé que du Foyer, c'est un peu restreint. Vous permettez que je continue son explication ?

-Bien sûr. Autant savoir où nous sommes.

-Parfait. Il vous a donc parlé du Noyau et du Foyer, et sûrement de leurs planètes. Au-delà se situe les Mondes Centraux. Je ne vais pas tous vous les détailler, mais on peut citer Palamiss, où l'ingéniosité spatiale n'a pas de rival et où l'on trouve les meilleurs pilotes. Vilton également, où vivent les Zarouskavas, considéré comme le peuple le plus en retard de la galaxie. Ils refusent de prendre des vaisseaux pour assister aux sommets inter-systèmes, et ils seront de fait absents aujourd'hui.

-L'ambassadeur Martien qui est mort nous en avait touché deux mots. Ils se déplacent à dos d'animaux et ne possèdent pas de technologies, c'est bien cela ?

-C'est exactement cela. Le point positif est qu'il y règne un calme fou. L'un des airs les plus purs que l'on puisse trouver. Rien à voir avec Zavodar, où nous nous rendons. Vous serez frappés par l'environnement : il n'y en a pas. Que des villes, des usines et des laboratoires. Mais ne vous inquiétez pas. La conférence aura lieu dans le Palais du souverain, et tout le monde y sera bien reçu.

-Et après les Mondes Centraux ? Est-ce qu'il y a encore quelque chose ?

-Mais bien sûr ! Il y a la Limite. Disons que ce sont les dernières zones réellement civilisées et surtout intégrées à la Communauté Galactique. Leurs représentants seront également présents, mais je vous en parlerai en temps voulu. Et enfin, vient la Frontière Connue Explorée. C'est la partie la plus intéressante. Vous avez donc notre Système Solaire, qui comprend deux peuples particuliers. Le vôtre et le mien. Le vôtre, parce qu'il a eu une évolution totalement différente des autres systèmes et que nous avons décidé par le passé de vous isoler. Le mien, parce qu'il a l'air d'être comme le vôtre, mais ayant réussi à s'inscrire dans cette évolution galactique. Nous sommes le peuple intégré à la Communauté qui en est le plus éloigné, ce qui est notable.

-Donc cette Frontière se compose de notre Système Solaire ?

-Pas seulement, pas seulement ! Avez-vous déjà entendu parler du Conseil Supérieur ? »

Federico et Zalos, se souvenant des propos du souverain de Kolbarba, hochèrent la tête en signe d'approbation. Le sénateur continua donc car Tenson n'était pas au fait :

« Il est composé de trois peuples entourés de mystère : les Brotoshirs, les Valdumas et les Grixanos. Chacun de ces peuples résident sur une planète différente du Foyer. Nous savons qu'elles existent et qu'elles se situent dans cette zone de la galaxie, mais personne ne s'est jamais rendu dessus. D'ailleurs, on ne croise jamais des représentants de ces peuples. Pas même un vaisseau. On croirait qu'ils se téléportent sur une planète dès qu'ils en ont envie ! Personnellement, je n'en ai jamais vu, c'est quelque chose d'extrêmement rare. Ceux qui ont la chance de les apercevoir une fois dans leur vie emportent ce souvenir bouleversant dans la tombe.

-Donc ils ne seront pas là ?

-Absolument pas. Mais je suis certain qu'ils seront au courant de tout.

-D'autres systèmes ?

-Pas particulièrement. Oh, pour l'anecdote, je peux vous signaler un trou noir dans la Limite, mais c'est tout. Et la Nébuleuse d'Ortyga également, que nous avons traversée pour nous rendre sur Zavodar, pendant que nous parlions.

-Et bien. Cela fait beaucoup en un repas.

-Je peux comprendre. Si vous ne retenez pas tout, ne vous en faites pas, ce n'est pas très grave.

-Mais dites-moi ?

-Oui capitaine ?

-Auriez-vous des renseignements sur la situation de la galaxie ?

-Comment cela ?

-Je ne sais pas. Guerres, tensions, crises diplomatiques ?

-Oh, sur ce plan là. Des guerres, il n'y en a que contre les pirates. En revanche, les tensions et les crises diplomatiques... Les Catysmopes d'Orthor et les Wygozs de Dabrop ne cessent de trouver des prétextes pour mettre en tort l'autre. Mais cela ne dégénère jamais jusqu'à la guerre.

-Encore les Catysmopes ?

-Il faut bien reconnaître que ce sont les plus turbulents de la galaxie. »

Continuant à parler et à manger, les Terriens et les Martiens passaient le temps du voyage. A la fin de la deuxième heure, comme l'avait dit le sénateur, le vaisseau arriva dans l'atmosphère de Zavodar. Et effectivement, la planète n'avait pas un air très réjouissant. D'épaisses fumées brunes ou noires s'élevaient dans le ciel, les cités industrielles s'étendaient à perte de vue, des foules de gens parcouraient les rues d'un air pressé. Lorsque la navette se posa et que les occupants mirent le nez dehors, une affreuse odeur de pollution s'empara tout de suite d'eux.

« Pitié, on se croirait sur Terre... » Glissa Federico.

Suivant le sénateur Prell, la délégation Martienne et les militaires traversèrent en grande hâte l'aire d'atterrissage et arrivèrent dans les couloirs du Palais. L'intérieur était bien plus agréable : l'architecture semblait légère, l'air était filtré et une douce musique se faisait entendre.

« Un extrait de la culture Zévosky ?

-Non, seulement un diplomate Kolbarba qui s'ennuie. »

Le groupe rejoignit la salle de réunion qui lui était attribuée et s'installa autour de la table, en forme de U.

« Je vais vous expliquer. Dans environ trente minutes, le mur qui est en face de moi va s'ouvrir, et le sol de la salle va s'avancer. Nous serons à l'intérieur d'un grand hémicycle où chaque délégation possède sa salle. Lorsque la procédure sera finie, toutes les tables comme les nôtres formeront un arc de cercle autour d'une table centrale où seront les présidents de séance.

-C'est particulier.

-Ca ne sert pas à grand-chose, mais il paraît que le rendu est plutôt bien.

-Pourquoi pas. Devons nous rester ici les trente minutes ou pouvons-nous sortir un peu ?

-Non, vous pouvez sortir un peu. De toute façon, nous devons parler de choses purement diplomatiques, qui ne vous intéresseront pas, alors allez y. La seule chose que je vous demande, c'est d'être de retour à l'heure.

-Cela va de soi. Merci beaucoup.

-Ah et ne vous éloignez pas, cela vous évitera de vous perdre ! »

Les quatre sortirent donc et marchèrent tranquillement le long du couloir, Hanrel et Tenson devant et Zalos et Federico derrière. Le commandant et le lieutenant rejoignirent le premier balcon trouvé et s'y accoudèrent. Lorsque l'anglais le remarqua, il plaisanta :

« Et bien, on dirait que nous sommes de trop.

-Allons, capitaine. Ne les privons pas de leur temps libre, ils en ont si peu.

-Vous êtes plus ouvert que moi sur ce sujet.

-Vous allez peut-être me trouver ridicule, mais j'ai parfois l'impression de faire attention à mes officiers comme s'il s'agissait de mes enfants.

-De vos ? Vous voulez dire que les Martiens peuvent avoir des enfants ? Maintenant que j'y pense, l'amiral Nox avait mentionné que Zalos était votre neveu. Je ne m'étais pas posé de question car je partais du principe que cela devait signifier autre chose.

-Nous en avons : quand deux Martiens décident de s'unir, ils peuvent ensuite choisir un enfant parmi les autres. Celui-ci change alors de nom et reçoit un nom composé des deux noms de ses parents.

-Attendez, attendez. Deux Martiens s'unissent, soit. Ils choisissent ensuite leur enfant ? Ils l'adoptent donc ?

-Peut-être. Chez nous, on dit simplement qu'il est choisi.

-Et cette histoire de nom ?

-Comment vous l'illustrer... Ah mais si, rien de plus simple. Moi-même, mon nom est Hanrel. Mes deux parents se nommaient Hanzo et Relya. En combinant ces deux noms, j'aurai pu tout aussi bien m'appeler Zolya. Mais le sort en a décidé autrement.

-Comment cela se fait-il que ce soit ainsi ?

-C'est une façon de célébrer l'union des deux Martiens à travers leur enfant. Cela permet également de montrer qu'il possède une part de chacun.

-Pas exactement. Les enfants Martiens ne sont pas tellement des enfants, et la famille se définit par simple choix. Sur Terre, on peut réellement dire que les enfants possèdent une part de leurs parents.

-Ne comparez pas nos deux façons de faire, enfin. Elles n'ont rien à voir.

-Comment le savez-vous ?

-Je vous rappelle que la grande majorité des espèces de la galaxie possèdent ce binôme de mâles et de femelles.

-Homme et femme. Et ce n'est pas qu'une question de binôme.

-Vous m'avez compris. Cela est certes étranger aux Martiens, mais personne d'autre dans la galaxie ne s'en étonnera. Cette différence m'a perturbé et mon peuple également pour la simple raison que vous paraissez être comme nous. Aucun Martien ne s'effraie à la vue d'une femelle Catysmope ou Kolbarba par exemple.

-Je vois. Mais bon, ils se sont habitués non ?

-Oh que oui. Votre lieutenant est connue partout dans Loyva, maintenant. En bien, je vous rassure. Les gens s'amusent de cet incident du bar.

-Maintenant que vous le dites, je me surprends parfois à penser comme un père. Mais pas comme vous.

-Vous n'approuvez pas leur rapprochement, n'est ce pas ?

-J'ai peur que cela compromette des missions, particulièrement la nôtre.

-Et comment avance-t-elle ?

-Apparemment bien. Nous savons que nous pouvons vivre sur Mars. Mais vous êtes là, et c'est votre planète. Je ne vois pas vraiment comment faire.

-Je pense que la question se posera lorsque vous vous présenterez à la Communauté. Tout le monde, ou presque, a voulu vous mettre à l'abri. Alors aujourd'hui, je pense que vous bénéficierez de la sympathie de la plupart des systèmes. Nous trouverons un moyen, Tenson.

-Je l'espère. Bon, ce n'est pas tout, mais l'heure avance. Et je préfère être en avance qu'en retard.

-Vous avez raison. Retournons à la salle de réunion. Zalos et Federico nous rejoindront. »

Les deux hommes continuèrent donc le tour du bâtiment pour rejoindre la salle en question. Les deux autres officiers n'étaient pas encore arrivés. Et pour cause, ils étaient toujours au balcon, en train d'échanger.

« Comment crois-tu que les autres peuples vont réagir ? Je n'arrive pas à croire que nous soyons à une assemblée générale de différentes planètes. Quand je pense que nous avons quitté la Terre pour un tas de cailloux.

-Doucement, Carmen. C'est de ma planète que tu parles. » répondit-il en s'amusant.

« C'est vrai, pardonne moi. Nous n'avons pas encore pu vous remercier réellement pour votre accueil. En réalité, nous vous avons causé bien du tracas. Beaucoup de gens à notre campement ne peuvent pas encore comprendre tout ce que vous avez fait pour nous. »

Tandis qu'ils palabraient, plusieurs individus s'approchèrent dans leur dos. Arrivés à quelques mètres et bloquant l'issue du balcon, ils toisèrent les deux officiers qui n'étaient plus sur leurs gardes.

« Touchez vos armes et vous êtes morts ! »

Le commandant Zalos se retourna et plissa les yeux, réfléchissant à réagir. Le lieutenant Federico en revanche, fronça les sourcils et laissa éclater sa lassitude.

« Ah non, pas encore ! Je suis désolée, mais je suis à bout. »

Les agresseurs se regardèrent interloqués, puis lancèrent un regard à Zalos, qui haussa les épaules en la regardant.

« C'est trop ! J'arrive sur Mars, je suis faite prisonnière par des Martiens. On me libère, je suis faite prisonnière par des pirates. Plus tard, je finis enfermée dans un Palais Kolbarba. Ne le prends pas mal Lakko, heureusement que tu étais là. Je rejoins enfin ma base, je suis faite prisonnière par les miens. Et maintenant que j'arrive sur cette fichue nouvelle planète, je vais encore être prisonnière ? Messieurs, je vous dis non. Il faut savoir s'arrêter et rester raisonnable non ?

-Les mains sur la tête ! Discutez pas !

-Carmen, mieux vaut obtempérer.

-Tu parles d'un métier. »

Au lieu de mettre les mains sur la tête, elle les plaça sur ses côtes, l'air excédé. Zalos tenta de comprendre la situation :

«  Qui êtes vous messieurs ?

-Et vous ?

-Non vous d'abord.

-C'est qui qui tient les armes ? Réponds !

-Et qui est-ce qui a posé la question en premier ? C'est vrai ça, elle a raison. Quelle façon de se comporter !

-Mais...

-Il n'y a pas de mais. Quand on importune des gens en pleine conversation, on ne les pointe pas avec ses armes comme cela : on a la bienséance de se présenter. »

Perturbés, deux des hommes baissèrent un peu leurs armes et l'un d'entre eux s'ouvrit au dialogue. Les autres s'écartèrent pour continuer à sécuriser le couloir.

« Moi j'suis Glas, et lui c'est Pali. On est de la Lune Pourpre.

-La Lune Pourpre ? Enfin, que voulez-vous qu'on comprenne avec cela. Décrivez vos activités, vos passe-temps...

-Ah bah, pour résumer, on est des pirates.

-Des pirates dans un bâtiment royal qui abrite une conférence galactique ?

-Ouais mais c'est pour ça qu'on est là, justement. Le chef a dit que...

-La ferme, Glas ! Tu vois pas qu'c'est des militaires ?

-Mais et alors ? On les a au bout de nos flingues, ils font un pas de travers et on les descend !

-C'est pas une raison pour tout balancer ! Imagines que le chef l'apprenne, hein ? T'y penses à ça ? J'ai pas envie de finir en repas pour ses bestioles moi.

-Messieurs ? »

Les deux hommes se retournèrent de nouveau vers les officiers, qui avaient eu le temps de sortir discrètement leurs propres armes. Les pirates eurent à peine le temps d'avoir le réflexe de relever les leurs qu'ils étaient criblés de rayons paralysants.

« En fait, nous aurions peut-être dû les interroger plus que cela avant.

-Je ne sais pas si on a vraiment le temps. Il faut alerter le sénateur, et en vitesse. »

Sans prendre le temps de cacher les corps, ils sprintèrent jusqu'à la salle de la délégation Martienne. Quelques pirates s'interposèrent, surpris de faire face à de la résistance, mais tombaient inertes en quelques secondes. Le duo se heurta à Tenson, qui allait les chercher, inquiet de l'heure qu'il était.

« Mon capitaine ! Nous avons un sérieux problème !

-Qu'entendez vous par là ? »

Mais la sonnerie de début de séance débuta et résonna dans tout le bâtiment. Les portes se verrouillaient automatiquement, les écrans de communication s'éteignaient et le mur commençait à s'ouvrir. Le sénateur se tourna vers les Terriens qui arrivaient in extremis et leur dit :

« Préparez-vous ! Vous allez bientôt révéler votre présence à tout le monde.

-Sénateur, c'est impossible !

-Comment ?

-Il y a un problème, nous venons d'abattre deux pirates !

-Pardon ? Des pirates ? Ici ? Mais que racontez-vous ? »

Pendant que les militaires résumaient la situation, tous les murs s'ouvraient et toutes les salles s'avançaient dans l'hémicycle. Tous étaient silencieux, sauf la délégation Martienne, qui s'affolait des nouvelles apportées. L'ambassadeur Prell comprenait le danger. Le président de séance, un Zavodar, se leva et prit la parole :

« La séance ne pourra débuter que lorsque le calme et le silence absolu seront fait dans cet endroit. »

Tenson, craignant d'anticiper la situation, leva comme par expérience les yeux au ciel et vit le plafond.

« Evidemment... »

Soudainement, une grande explosion fracassa le sommet de l'assemblée, et des débris commencèrent à tomber. Puis, de multiples autres explosions éclatèrent partout dans la pièce et dans le bâtiment, couvrant les cris tous plus nombreux et stridents les uns des autres. Le feu commençait à prendre, tandis que d'autres débris s'effondraient un peu partout. Toutes les portes étaient encore verrouillées, alors que la fumée se propageait. Ceux qui n'avaient pas péri à cause des explosions ou du feu et qui avaient réussi à ne pas finir écrasés, tentaient de s'entraider et de se relever. Sur la droite de la délégation Martienne se trouvait la délégation Kolbarba. Federico et Zalos sautèrent de leur plateforme pour rejoindre l'autre et trouvèrent le souverain, le flanc droit tout saignant, en train de mourir dans les bras du chambellan effondré.

« Terrienne, approchez.. Voyez-vous ? Pas de votre faute, mais cela va continuer... Soyez du bon côté... »

Ne sachant quoi répondre, le lieutenant garda le silence et agrippa la main au roi, qui finissait de succomber. Il rendit le dernier souffle, et un trait de lumière passa par le trou dans le plafond. Une sorte de plateforme individuelle descendait, projecteurs braqués sur les différentes ambassades. Une voix sinistre s'éleva alors parmi l'assemblée en ruines.

« Mon nom est Gothan ! Je suis la paix par le chaos. Je suis l'émancipateur, celui qui ouvre la voie. Vous avez depuis des siècles rejeté mon peuple. Mais aujourd'hui, il est temps qu'il prenne la parole. Je suis la voix de mon peuple et il vivra, tant que je me soucierais de lui ! Vous n'avez que trop abusé de votre pouvoir, de votre avance technologique. Moi, Gothan, chef incontesté et incontestable de la Lune Pourpre, j'apporte enfin la liberté à mon peuple. Je lui apporte le droit de vivre que vous avez et que vous lui avez refusé. Je suis le libérateur, je suis leur héros. Je suis Terrien ! »

Ces derniers mots résonnèrent auprès de tous, mais beaucoup plus auprès de Tenson et Federico. Un autre Terrien, sur Zavodar ? Avec cette puissance, qui venait d'attaquer un sommet inter-systèmes ? L'homme, qui de loin paraissait en effet être un Terrien, en tout cas un humain, répéta encore une fois : « Je suis Gothan ! Je suis Terrien ! » Puis s'en alla de la même façon qu'il était venu. Les portes émirent un petit son qui signalait qu'elles étaient déverrouillées. Tout le monde se précipita dehors, emportant les blessés. Mais ce n'était pas fini. Devant chaque porte, un groupe de pirates armés attendait que tous les diplomates restants sortent. Devant celle des Martiens, un chef de groupe pointa les deux Terriens de son arme :

« Vous deux. Suivez-moi. »

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