Chapitre 16 : Préparatifs

9 minutes de lecture

30 août 2115, 10:00

Loyva

Quartier général de l'Armée

Cela faisait maintenant une semaine d'écoulée depuis l'assaut des forces gouvernementales et deux semaines depuis le début du siège. Les soldats étaient à bout de nerfs et il n'y avait que le général Hanrel pour conserver son calme dans cette situation. Son attitude encourageait les hommes à soutenir encore le siège. Quelques tentatives d'incursion avaient été menées par les machines ennemies, mais ce n'était que de petits assauts la nuit, afin de troubler le QG et maintenir une pression constante sur les défenseurs. De plus en plus de troupes se massaient autour du quartier, et on évaluait à un bon millier le nombre de machines de combat, d'agents de police et de gardes royaux. Pour le chef des militaires, la situation était catastrophique. A n'importe quel moment, l'assaut pouvait être lancé et cette fois, réussir en arrêtant l'intégralité des rebelles qui n'étaient pas assez nombreux pour tenir une seconde fois. Tout le monde le savait, y compris dans les rangs du gouvernement, et l'ordre ne devait pas tarder à être donné. Malgré tout, on avait replacé une quantité importante de mines, on avait de nouveau érigé des barricades et on confectionnait des grenades artisanales, leur efficacité ayant été prouvée. Cela permettait également aux hommes de se rassurer. Mais tout le monde ne comptait pas rester axé sur une ligne défensive pure. Le lieutenant Federico se décida enfin à parler de son plan au général :

« Monsieur. Cela fait une semaine que mon capitaine et votre commandant sont prisonniers du gouvernement. Nous ne pouvons pas les laisser dans ce pétrin sans réagir.

- Que voulez-vous dire, lieutenant ? Je sais bien que nous ne pouvons pas les laisser comme cela, mais nous ne pouvons pas non plus faire quoi que ce soit.

-Je suis convaincue que si. Je vous propose de sortir d'ici et d'aller les libérer : cela portera un coup au moral ennemi et ne fera qu'encourager nos hommes. Qui sait, nous pourrions même faire céder le Conseil lorsqu'il verra que nous pouvons agir contre eux malgré leurs tentatives de nous faire taire.

-L'idée est bien évidemment très séduisante. Le problème est que je la trouve impossible à réaliser. Comment pourrions-nous porter ce fameux coup.

-Mais si nous pouvions sortir ? Si nous pouvions passer leur ligne d'encerclement ?

-Vous avez une idée ?

-Et bien, pas vraiment. A part sortir par les portes et se faire arrêter sur le champ... Ou le toit ! Mais non, à moins de savoir voler.

-Et bien, moi, j'ai une idée. Il s'agit presque de voler. Suivez-moi. »

Hanrel l'emmena dans une pièce directement reliée à la salle principale et actionna un petit levier qui était au mur. Une porte dérobée se dévoila et laissa apparaître un ascenseur. Ils descendirent à l'étage inférieur et il la mena dans une sorte de cave remplie d'objets et d'équipements variés. Il débusqua une vieille caisse, presque rouillée et pleine de poussière. Il l'ouvrit, et la Terrienne aperçu comme deux tremplins dedans.

« Qu'est ce que c'est ?

-Des dispositifs de sauts calculés. On règle la trajectoire, la force du vent s'il y en a, le poids de la personne ici, sur cette console. Puis on appuie du pied sur le bouton, on compte jusqu'à trois et on est propulsé dans les airs pour arriver là où on a programmé l'atterrissage.

-Mais c'est parfait ! Pourquoi n'est ce pas employé ?

-Parce que... Pour ne pas vous mentir, ils n'ont jamais été validés officiellement. Selon les tests de sécurité, si vous sautez avec ça, vous vous écraserez et vous finirez en morceaux.

-Alors pourquoi m'en parler ?

-Parce que je vous l'ai dit, j'ai peut-être une idée. Mais c'est assez... étrange, et très risqué.

-Exactement ce qui me plaît. Expliquez-moi !

-Le délégué de l'Intérieur possède un petit lac privé derrière sa résidence, dans ses jardins. Je me disais qu'avec un peu de chance, nous pourrions régler les dispositifs pour nous envoler dans sa direction. 

-Ils vont probablement nous repérer.

-Voyez-vous, cette pièce regorge d'outils et de matériels qui ont pour la plupart été conçus et proposés par moi. Mais tous ceux là ont été rejeté. Lorsque je réfléchissais à ces pirates, il m'est venu l'idée de diversion. Nous avons ici des mannequins en parachute qui produisent autant de lumière et de son que des soldats ouvrant le feu. Je vous propose de tous les jeter en même temps que nous afin d'être cachés dans la masse. Les parachutes nous permettront d'atterrir dans la résidence en les décrochant à la dernière minute.

-Dans son lac privé ?

-Et pourquoi pas ?

-Cette fois, c'est moi qui doute. Comment voulez vous que ces petits engins nous envoient jusque là ?

-Ce n'est pas loin, c'est même à côté. On accède à sa résidence par la même place que notre Quartier Général, les bâtiments sont mitoyens. Il faudra simplement passer par-dessus pour arriver correctement à notre point d'arrivée.

-Puis nager jusqu'à la rive et trouver où aller en ville.

-Pas en ville. Les prisons sont aux sous-sols de la résidence, c'est bien pour cela que nous devons nous y rendre.

-Cela facilite la chose. Ou pas ! Cela signifie que la garde doit-être extrêmement présente et sur le qui-vive. C'est énormément risqué.

-Cela vous ferait-il reculer ?

-Bien au contraire. Mais nous devons trouver le moyen de les éviter pour nous infiltrer dans les bâtiments, puis trouver nos compagnons, et enfin en ressortir.

-Ce sont eux qui nous éviterons : les mannequins de diversion vont faire un tel grabuge qu'ils penseront à une contre attaque de notre part. Pour rejoindre Zalos et Tenson, je saurais nous guider. N'oubliez pas que je suis le chef de l'Armée, ce n'est pas la première fois que je me rendrais chez le Ministre. Pour ressortir, c'est un peu plus particulier. En effet, il faudra utiliser les passages secrets qu'il y a en quantité. Nous devrons nous rendre chez mon ami l'amiral Nox, il pourrait nous être d'un précieux secours.

-Mais. Vous aviez donc pensé à tout ?

-J'avais déjà ma petite idée d'action, mais je ne pensais pas que quelqu'un était assez fou pour m'accompagner là dedans. Mes commandants sont valeureux mais pas téméraires à ce point.

-Nous y allons à deux alors ?

-Nous pourrions envoyer des renforts avec les mêmes dispositifs, mais une fois que nous arriverons, le lac deviendra trop dangereux pour renvoyer d'autres personnes. Jusqu'à ce que nous trouvions nos amis, ce sera vous et moi.

-A vos ordres mon général. Je suppose que nous attendons la nuit ?

-Mieux vaut oui. En attendant, allons expliquer cela aux commandants.

*

30 août 2115, 15:00

Campement Terrien

Exactement comme la semaine précédente, un véhicule de diplomates Martiens arrivaient vers la base. Il s'arrêta comme toujours et les deux ambassadeurs, encore différents, revinrent à la charge de l'entrée pour obtenir l'autorisation de rencontrer les supérieurs terriens. Et cette fois, ils purent obtenir gain de cause. Le colonel Taizhong et l'ingénieur-chef Ravishna les rejoignirent à la barrière et commencèrent à engager la conversation :

« N'avez vous pas compris Messieurs ? Nous n'accepterons aucun dialogue tant que nos officiers ne seront pas rentrés ici. Alors pourquoi revenez-vous ?

-Justement monsieur. Nous avons des nouvelles très importantes à ce sujet, et nous avons pour mission de vous les communiquer.

-Alors je vous écoute. J'ose espérer que vous allez m'annoncer leur retour très prochain.

-Pas exactement. Le capitaine Tenson s'est bien acquitté de la mission que nous lui avions confiée.

-Et bien voilà, il peut revenir désormais.

-Mais il n'a communiqué aucune de ses actions à notre Conseil, et a influencé notre chef de l'Armée, qui a développé une conscience séditieuse. La trahison fait rage au sein de notre armée à cause de ces deux personnages. Nous avons tenté de mettre fin à cette rébellion, et dans l'assaut mené, nous avons pu appréhender le capitaine Tenson.

-Appréhender ? Bon, et bien oubliez cela, et ramenez le ici. Nous le réprimanderons comme il se doit.

-Pas pour le moment. Il doit encore nous dire ce qu'il sait sur ce mouvement dangereux, puis il sera livré à notre justice. Mais ne vous en faites pas, il est fort probable que la peine sera le renvoi parmi les siens, ce qui correspond finalement à ce que vous voulez.

-Vous comptez juger un officier Terrien ? Vous plaisantez, j'espère ? Avons-nous fait une chose pareille ?

-Vous avez arrêté et interrogé un gouverneur Martien, et de façon outrancière. Il a bien voulu ne pas vous en tenir rigueur mais cela s'est su en haut lieu. »

Ravishna se tourna vers Taizhong, surpris.

« C'était Tenson, monsieur. Avec les lieutenants. Je leur ai demandé d'obtenir des renseignements le jour de l'assaut. »

Mais l'Indien n'eut aucune réaction sur cette remarque et continua de parler aux ambassadeurs.

« Je vous conseille fortement de relâcher nos deux officiers.

-Vos deux officiers ? Mais nous n'en avons qu'un seul, et nous ne savons pas qui est le second dont vous ne cessez de nous parler.

-Le lieutenant Federico ! Ce sont des Martiens qui l'ont enlevé, nos hommes peuvent en témoigner.

-Alors ce sont des pirates.

-Des pirates ?

-Nous avions quelques soucis de pirates, mais je vous ai bien dit que le capitaine Tenson avait rempli sa mission.

-C'était donc ça, la mission ?

-Oh mais attendez. Tout est logique. Si elle était prisonnière des pirates, les actions de votre capitaine ont du la libérer. Alors elle est avec les rebelles en ce moment ! Je vous rassure, dès que nous l'aurons arrêté et jugée, nous vous avertirons.

-Pardon ? »

Mais sans répéter ou accorder encore de l'importance aux Terriens, les deux ambassadeurs retournèrent avec hâte à leur véhicule, et repartirent d'où ils étaient venus avec rapidité. Les deux supérieurs se regardèrent et comprirent que leurs officiers étaient en fâcheuse posture. Ils se demandaient quoi faire lorsque des cris de joie retentirent dans le camp. Ils se dirigèrent vers les cris et aperçurent Abdelkrim et Henri, avec trois autres scientifiques, qui se félicitaient et laissaient éclater leur joie. Ils allèrent donc demander de quoi il retournait :

« Messieurs, nous y sommes. Nous avons réussi à détecter quelque chose. Regardez cet échantillon de roche et cette lampe. Lorsque j'approche la lampe de l'échantillon, elle se met à briller, et plus je l'approche, plus elle brille fort.

-Qu'est ce que cela signifie ?

-Cela signifie que nous avons découvert un minerai qui peut servir d'énergie. Il n'y a besoin que de forer à quelques mètres de profondeur : on pourrait presque en trouver en se penchant.

-Du minerai qui fournit de l'énergie ? C'est plus qu'une excellente nouvelle. Cette mission a enfin des résultats foncièrement positifs. Cela compense le comportement de ces fichus Martiens. Abdelkrim, nous sommes fiers de vous. Continuez vos travaux, et faites bien votre rapport concernant cette roche. Tirez en toutes les informations nécessaires. Colonel Taizhong, je vous suggère de vous mettre en communication avec la ministre de la recherche. Elle sera très heureuse d'apprendre cela. »

Taizhong se rendit immédiatement à la navette de communication, tandis que Ravishna allait trouver Buton.

« Capitaine. J'ai besoin que vous me trouviez un emplacement d'avant-poste. Lorsque Cook arrivera, le campement va encore s'agrandir. Alors il nous faudra des positions avancées pour reconnaître le terrain plus facilement et mieux sécuriser notre position.

-Bien sûr monsieur. Je suggère de commencer à sécuriser le Nord, vers la base Martienne. S'il y a un danger probable, c'est celui-là que nous devons envisager en premier.

-Vous avez tout à fait raison. Prenez quinze de vos hommes et trouvez-moi une bonne position. Vous placerez cette balise : elle fonctionne comme un radar et nous pourrons surveiller toute activité autour de la zone. Puis, le moment venu, lorsque les renforts arriveront, nous pourrons installer une position avancée. Au fur et à mesure, nous devrons avoir ce genre de points stratégiques partout autour de la base. Allez, prenez vos hommes et remplissez votre mission.

-A vos ordres monsieur ! »

Le temps de rassembler toute son équipe de mercenaires et de leur transmettre les instructions, Buton quitta le camp en fin d'après midi : le retour était prévu lorsque la nuit tomberait. Et puis, tous leurs mouvements étaient contrôlés par le poste d'observation, toujours présent au sommet de la montagne. 

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