La vie de bureau

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Peu avant dix heures, j'arrive dans l'immeuble où se trouve le cabinet Cooper&Law. La réceptionniste qui s'appelle Sarah d'après son badge m'accueille avec un sourire. Une belle blonde aux yeux verts, un brin sophistiqué.

— Bonjour et bienvenue chez Cooper&Law en quoi puis-je vous aider ?

— Bonjour Sarah, Emmy Barton. Je suis la nouvelle collaboratrice de Maître Cooper..

— Oui, justement je dois vous remettre cette enveloppe, le badge pour entrer et sortir en dehors des heures de bureau.

Je récupère tout ce qu'elle pose sur le comptoir puis elle m'indique le quarante-deuxième étage, je me dépêche d'attraper l'ascenseur, j'en profite pour me regarder dans le miroir et vérifier mon maquillage. Je n'ai pas une tête trop moche, j'ai des légères cernes mais rien de bien méchant, ca aurait pu être pire que ça avec le voyage de nuit. Je range l'enveloppe et mon badge dans ma sacoche avant d'arriver à l'étage, une seconde femme chargée de l’accueil m'indique le bureau du grand manitou une fois qu'elle l'a prévenue. Je frappe à la porte du bureau qui est entrouverte.

— Bonjour Monsieur !

— Emmy. Entrez !

Je m'avance jusqu'à son bureau en souriant. La pièce est immense, c'est une belle décoration minimaliste.

— Derrière vous il y a un bureau, je vous ai fait une petite place pour trois mois ensuite vous aurez un bureau à vous. Ça sera mieux pour votre apprentissage. J'ai déposé quelques dossiers sur votre bureau avec un petit livret pour les nouvelles recrues, je vous conseille de le lire assez vite. Vous me traitez ses dossiers avec des arguments, c'est votre travail pour la journée. Demain nous irons au tribunal. Vous avez un agenda sur votre ordinateur il est mise à jour chaque matin, c'est toujours la première chose à vérifier. Vous prenez vos pauses comme ça vous chante, gardez juste votre téléphone avec vous en cas d'urgence. Vous avez un ordinateur portable avec un code d'accès avec tous les formulaires dont on se sert. Si vous avez une question n'hésitez pas. Au travail, jeune fille !

Je pose mes affaires et enlève mon manteau avant de m'asseoir à mon bureau. Ce dernier fait face au sien, je ne sais pas ce qu'il fait mais il a l'air concentré. J'ouvre l'ordinateur histoire de faire un rapide tour des formulaires et je me plonge dans le premier dossier. Il m'a confié des affaires relativement simples : une affaire de vol, d'agression sexuelle et de viol. Je commence par la plus petite histoire entre guillemet celle du vol. Il n'y a pas un bruit dans ce bureau à part de léger frottements de stylo sur le papier, ça permettez d'être très concentrée sur le travail.

Quelqu'un frappe alors a la porte, ce qui me surprend un peu.

— Pardon Monsieur, nous commandons chez le chinois. Est-ce que vous voulez commander quelques choses ?

— Non je vais sortir déjeuner Beverly, peut être que Mademoiselle Barton veut commander avec vous.

Je lève la tête quand j'entends parler de moi. Je ne suis pas très friande de cuisine chinoise. La demoiselle me regarde en souriant. En regardant l'heure je vois qu'il est déjà midi passé.

— Une autre fois, je ne suis pas amatrice de cuisine chinoise. Je vais aller explorer le quartier.

— Demain on commande chez l'italien si ca te dis.

— Parfait ! Répondis-je en souriant.

Je range mon bureau pour éviter que ca traîne, j'ai horreur du désordre. J'attrape mon sac à main et mon manteau. Andrew s'en va au même moment. Il ouvre la porte en grand pour me laisser passer. Une fois que nous sommes dans l'ascenseur tout les deux, je sors mon téléphone et cherche ce qu'il peut y avoir de bon comme petit restaurant grâce a une application de téléphone. Merci la technologie !

— Je serais vous je n'irais pas manger là !

Je sursaute en entendant sa voix près de moi, décidement aujourd'hui je ne fait que cela. Je le regarde.

— Pourquoi ?

— Vous risquez l'intoxication alimentaire.

— Vous avez une suggestion peut-être.

— Venez déjeuner avec moi, on fera passer ça en note de frais. Ca me changera de manger seul.

Je réfléchis en regardant son sourire charmeur, j’éteins mon téléphone avant de le glisser dans mon sac et d'accepter. Nous nous lâchons plus, après l'escapade au Texas, je déjeune avec lui. Adieu les bonnes résolutions.

— Mais pas de restaurant ultra-chic.

— Promis, aller venez ! Je vous emmène dans un endroit sympa.

Je le suis jusqu’à sa voiture, Mike est un peu surpris de me voir. Moi-même je me surprends à l'avoir suivi pour un déjeuner, on dira que c'est un déjeuner de travail. Andrew parle avec Mike dehors avant de rentrer dans la berline aux vitres teintées. Nous partons à l'aventure dans la grosse pomme, je fais attention à ce que ma jambe ne touche pas la sienne autant éviter les contacts physique si je le peux.

Après quelques minutes nous arrivons devant un restaurant qui n'a pas énormément de charme de prime à bord mais je lui fait confiance s'il m'y emmène c'est qu'il a de bonne raison. L'intérieur est entre le rouge, le blanc et le bois clair. Ça fait petit restaurant de quartier, j'ignore si nous sommes encore dans le quartier de Manhattan.

— Bonjour Monsieur Cooper ! Mademoiselle. dit le serveur en nous accueillant avec un large sourire, limite un peu faux-cul.

Andrew demande une table pour deux. Il nous installe dans un coin au calme, il est presque treize heures, nous sommes a priori parmi les derniers clients du service de midi. Je consulte la carte, c'est des plats typiquement américains : burgers, poulets frits, grillades, divers bagels et salades...

— Ca vous plaît comme endroit ?

— C'est sympa. Vous venez souvent ?

— Au moins une fois par semaine, le patron est un ancien client, il a ouvert le restaurant avec l'argent qu'il a gagné au procès. Ça marche plutôt bien.

Je commande un filet de poulet grillet au citron avec une salade et une poignée de frites, Andrew commande deux steaks grillés avec des frites. On voit qui fait plus attention à sa ligne que l'autre, mais il est incroyablement mince en même temps. Soit il est à fond dans le sport, soit il a un bon métabolisme.

— Nous n'avons pas encore eu le temps d'en parler, pourquoi avez-vous choisi le métier d'avocate ?

— Les tueurs en série. Depuis que je suis gamine il m'obsède, je ne sais pas trop pourquoi exactement, pour leur psychologie je crois. Je me demande ce qui peut les pousser à faire ça, je me dis que je pourrais avoir des réponses quand j'aurais acquis les compétentes pour les défendre.

— Vous auriez pu lire des bouquins sur le sujet.

— Oui mais c'est beaucoup moins palpitant que d'avoir à les défendre et de parler avec eux.

— C'est un point de vue. C'est généralement des cinglés, y a rien à tirer d'eux.

Andrew hausse les sourcils pendant que le serveur apporte nos plats. Je me tais et découpe ma viande blanche, je m’empêche de lui planter ma fourchette entre les deux yeux. Je préfère me taire plutôt que de dire quelque chose qu'il prendrait mal. Chacun ses passe-temps !

— Et vous pourquoi vous êtes devenu avocat ? Ce n'est pas juste pour l'amour du droit comme vous racontez à longueur de temps dans les journaux.

— C'était soit avocat, soit médecin comme mon père. Mes parents ne m'ont pas laissé beaucoup de choix. Pas de place pour autre chose.

— Moi j'ai eu cette chance d'avoir eu le choix de faire ce que je voulais. Et si vous aviez pu choisir ?

— Garagiste. Dit-il en riant. J'adore avoir les mains dans les moteurs, d'être plein de cambouis et d'avoir de l'essence en guise de parfum.

C'est clair il y avait un fossé entre les deux métiers, le seul point commun que je voyais c'était que les gens avaient toujours besoin d'eux. Avait-il ce besoin en lui de toujours rendre service aux gens ?

— Alors qu'est ce qu'il y a de prévu comme travail cette après-midi ?

— Moi j'ai un rendez-vous à l'extérieur mais j'aimerais que vous me rédigiez une plaidoirie sur le dossier Taylor. Juste les grands axes.

— D'accord pas de problème.

Hou-là, mon premier vrai test je n'ai pas intérêt à me rater la-dessus. Il va peut-être vouloir s'en servir à la fin du procès, même si c'est sûr qu'il n'a pas besoin moi pour faire sa plaidoirie. Je sais déjà comment je vais mettre le jury de notre côté en cherchant le côté émotion, cela ne sera pas bien difficile.

— Si vous avez besoin de quelque chose ma secrétaire sera contente de vous aider. Mais attention je vous préviens. Elle est très curieuse avec les nouveaux collaborateurs.

                     *

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Après avoir fini d'écrire ma plaidoirie sur l'affaire Taylor, ce qui m'a pris environ une heure. J'inspecte, enfin c'est un grand mot, le bureau d'Andrew. C'est une grande pièce exposée coté sud, j'espère qu'il y a la climatisation dans ce bureau sinon l'été ca risque d'être étouffant. Il y a un grand tableau sur le mur faisant face à sa table de travail, c'est le portrait d'une femme brune très belle et très jeune aussi, elle peut avoir une vingtaine d'année.

Je sors du bureau pour voir où je peux trouver un café. Pas de machine dans le couloir, je vais au bureau Beverly en souriant.

— Pardon. Où puis-je trouver un café ici ? Faut-il descendre dans la rue ?

— Ho non je ne te conseille pas d'essayer le marchand ambulant en bas l'immeuble sauf si tu veux attraper un trou à l'estomac avec son café dégueux. Attends une seconde... je te montre la cuisine.

Elle finit de taper une phrase sur son ordinateur avant de se lever. Son tailleur crème lui va à ravir, elle a une silhouette parfaite, je n'avais pas fait attention toute à l'heure. Elle sait s'habiller, c'est pas comme moi. Nous longeons le couloir qui borde des bureaux avec des murs en verre, ces bureaux là sont plus moderne. Celui d'Andrew à un côté plus ancien, plus noble avec le bois. Elle me fait rentrer dans une pièce, ou il y a des tables, de l’électro-ménager flambant neuf.

— La règle c'est celui qui fini le café en refait. Il y a aussi du thé. Tu peux ramener ce que tu veux, mais marque ton nom dessus si tu ne veux pas que tout le monde se servent dedans. Et si tu veux apporter un plat pour le midi, tu peux te servir du réfrigérateur.

— Génial, merci. Dis-je, en me servant un café avec du sucre, j'adore qu'elle me tutoie comme ça naturellement. J'adore ta tenue. J'aimerais avoir autant de goût.

— Je t'emmène faire les boutiques ce week-end si tu veux. J'adore faire du shopping.

— J'aimerais mais mon compte en banque attend la fin du mois.

— Demande une avance, je peux te remplir un formulaire et l'envoyer à la compta. C'est courant avec les jeunes collaborateurs qui sortent de l'école.

— D'accord, au pire je ne perds rien à essayer. Merci pour ton aide.

— Par contre tu paieras le déjeuner samedi. Dit-elle en riant.

— Pas de soucis, vu que tu me fais économiser le coût d'un expert en relooking.

Je reprends le chemin du bureau avec Beverly. Elle connaît tout le monde alors elle me dit de me méfier de Jack Davenport, que c'est un avocat prêt à tout pour réussir quitte à écraser les autres. Et aussi que l’assistante juridique, Tracy Whitman est prête à aider n'importe qui, même à travailler le nuit contre du chocolat. J'enregistre toutes les informations qu’elle me donne, ça peut toujours servir.

Quand j'arrive dans le bureau avec mon café, Andrew est à sa table de travail. Il lit mon travail, je crois. Je retourne à mon bureau sans le déranger. J'ouvre un programme sur l'ordinateur qui permet de comptabiliser les heures de travail de façon informatique pour la comptabilité du cabinet, c'est plus simple à gérer sûrement.

— Vous m'avez l'air doué, Maître Barton. Je vais vous lancer dans le grand bain directement. Vous m’assisterez pendant le procès Taylor, mais vous ferez le plaidoyer. Vous vous en sentez capable ?

— ... Oui Monsieur, bien sur pas de problème. Répondis-je, avec une seconde d'hésitation.

— Alors c'est parfait, vous avez le week-end pour vous y préparer. Et vendredi prochain, il y a une soirée ici en votre honneur donc vous avez rendez-vous avec un couturier tendance dans une heure pour vous proposer des robes et l'ajuster. Vous choisirez celle qui vous plaît et le cabinet paiera la note. Nous offrons à tous les nouveaux collaborateurs une tenue de soirée, vous allez vite recevoir des sollicitations d'ici quelques semaines. Si vous voulez, je pourrais vous conseiller en la matière, je suis aussi là pour vous aidez à vous monter un réseau professionnel solide.

J'essayais d'enregistrer le flot d'information qu'il débitait. Il ne parlait pas énormément mais quand il était lancé, plus rien ne pouvez l’arrêter.

— Merci pour la tenue et pour les conseils, Je prends. Je veux devenir vous donc j'ai besoin que vous m'appreniez tous.

Il me regarda dans les yeux en souriant.

— Vous savez ça c'est impossible, à la limite vous serez mon égal mais pas au-dessus de moi.

— On ne sait jamais tout peux arriver dans la vie.

— En attendant de devenir mon ombre, vous pouvez y aller, voilà l'adresse. A demain matin. Sept heures.

J’attrape mon manteau et mon sac avant de prendre le papier qu'il me tend. Je passe devant le bureau de Beverly en lui faisant signe. Elle m'arrête pour me faire signer le formulaire de la comptabilité pour mon avance sur salaire. Je pars pour mon rendez-vous, c'est quand même sympa de la part de la boite cette petite attention. J'ai hâte de voir les robes et de les essayer surtout.

J'arrive dans le show-room du créateur après avoir pris un taxi, la sonnette de la porte d'entrée prévient de ma présente. Je souris en voyant un grand blond entrer dans la pièce avec une veste noire recouverte de paillettes argent sur les épaules. La coupe de cheveux qui doit tenir avec une tonne de gel au moins.

— Bonjour, j'ai rendez-vous pour essayer des robes.

— Mademoiselle Barton. Dit-il en tournant autour de moi. Je suis Frédéric. Enlevez votre manteau.

Je pose mon sac sur la chaise avec mon manteau, il continue de m'examiner sous toutes les coutures. Je le regarde attentivement quand il est à porter de vue. Il frappe dans ses mains d'un seul coup ce qui me fait sursauter. Qu'est ce qu'il ont ces gns a vouloir faire peur aujourd'hui ? C'est une nouvelle mode ou quoi ?

— Bien, allez dans la pièce d'essayage à côté, enlever votre tailleur. On va essayer quelques modèles.

Je vais dans la pièce qu'il m'indique et me déshabille pour rester en sous-vêtements. Le couturier vient avec une robe noire longue, le haut est parsemé de petites perles brillantes.

— Soyons clair, je suis complètement gay. Dit-il en me regardant. Donc vous voulez bien enlever votre soutien-gorge pour que je puisse ajuster la robe au plus juste de votre poitrine.

Je l'enlève et me retrouve en culotte, je regrette ma vulgaire culotte en coton blanc et mon soutif blanc basique. Il va vraiment falloir que j'investisse dans de le lingerie plus feminine. Il m'aide à enfiler la robe, il ajuste la robe à ma potrine qui je l'avoue et j'en suis fière, elle est assez généreuse.

— Avec un léger racoucissement en bas pour ne pas trébucher. Pourrait-elle vous convenir ?

— Elle est vraiment magnifique, c'est un robe de princesse.

— J'en ai une autre bleu turquoise qui ferait ressortir votre magnifique silhouette. Un décolletée beaucoup plus sage mais avec dos nu, c'est plutôt sexy.

— On essaie et je choissirais après.

Il m'aide à enlever la robe et il va chercher la bleu, je l'enfile aussitôt. Le tissus est doux sur ma peau.

— C'est une robe en mousseline, c'est léger et fluide. commente-t-il en fermant la robe derrière ma nuque.

Je me tourne de profil pour essayer d'apprécier le côté dos nu du vêtement. J'aime comment elle tombe, et le mouvement du tissu légèrement froncé à la taille. Il resserre un peu à la taille avec des épingles. C'est un poil plus sexy, elle est très près du corps. Elle descend jusqu'au genoux

— Vous êtes magnifique, si je n'étais pas gay. Je vous ferais un rentre-dedans de dingue. Vous êtes célibataire ?

— Oui.

— Alors mon conseil c'est prenez la bleue. A votre âge, il faut tourner la tête des hommes et leur faire perdre la tête. Et même je la racourcirais un peu, avec des talons vous aurez des jambes magnifiques.

Je réfléchis une minute à ce qu'il dit, je dois choisir entre la sagesse et la folie. Je n'ai jamais été sage, j'ai toujours été dans les coups tordus.

— Je prends la bleue, sur vos conseils. je veux bien qu'elle soit plus courte, ca ne me gène pas.

— Je vous la fait livrer dans la semaine au bureau.

Frédéric m'aide à retirer la robe pour de pas l’abîmer avec les épingles qu'il a mis en place. Je remets mon soutien-gorge et mon tailleur.

— Vous êtes vraiment très jolie. Quand il vous faudra d'autres robes de soirée venez me voir.

— Heu... je ne crois pas avoir les moyens. répondis-je en riant.

— Vous êtes la meilleure publicité possible, à travers vous les gens pourrons voir mes créations. Réfléchissez à un partenariat, des tenues gratuites pour vous et de la pub gratuite pour moi.

— Je vais y penser. Merci encore pour votre aide Frédéric. A bientôt.

Je récupère ma veste et mon manteau sr la chaise. Je vérifie mon téléphone et j'ai un sms d'Andrew qui me dit qu'il espère que j'ai trouvé une tenu à mon goût. Je pense à ma robe, j'espère qu'elle plaira à Andrew... et aux autres.

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