AVERTISSEMENT / PROLOGUE / CHAPITRE 1

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AVERTISSEMENT

Un certain nombre de personnages, faits et lieux qui sont évoqués dans ce récit, se réfèrent à des réalités historiques communément reconnues.

Un certain nombre, seulement.

Pour le reste, il s’agit d’éléments tirés de faits relatés dans le « Grimagine », un épais manuscrit empreint d’une certaine magie dont les textes remontent jusqu’en des temps très anciens.

Cet ouvrage intemporel n’est cependant pas reconnu par les historiens, ni par la communauté scientifique, ni par hasard.

Il est donc vivement déconseillé d’utiliser le présent livre comme document de référence dans le cadre de travaux ou d’études en Histoire.

Cela dit, si vous souhaitez aborder les choses d’un point de vue alternatif...

« Tout ce que l’on peut dire au présent a certainement été dit au passé et même dans un passé antérieur »

Hans Olo

(Entre deux galaxies, BY + 1)

PROLOGUE

– Va dire à Chlodweg que ses sbires m’ont piqué un vase auquel je tiens.

– Oh, Rémi ! Pourquoi risquer de se faire estropier pour un vase ?

– Discute pas…

– Il serait peut-être plus prudent, d’abord, d’en faire des Chrétiens…

– Convertir les Francs, coûte que coûte, telle est ma devise !... Mais le moment n’est pas encore venu.

– Pourquoi pas ?…

– Je ne sais pas... Dieu ne m’a pas encore parlé... Bon allez, en attendant, va me réclamer cet objet.

– Il ressemble à quoi ?

– Il a une forme de vase haut, en métal, avec trois clous dedans.

– Ça vaut beaucoup ?

– Pas un clou.

I

« Ce n’est pas en donnant de la biquette à un agneau que l’on fait du Mouton-Rotschild ! »

(A. Joux)

L’Ill était une fois sur la route reliant Rome à Aix, quelque part dans la plaine du Rhin. La rivière est toujours là d’ailleurs. À cette époque régnait Charles dit « Le Magne » car il était toujours pressé. Ce monarque avait (comme de nombreux autres) un goût prononcé pour l’équitation : on le trouvait souvent à cheval sur son bourrin, sur les principes ou encore sur des courtisanes attirées par sa position et séduites par celles qu’il pratiquait.

Or, Charles rencontrait des difficultés avec les Saxons qui, vus sous certains Angles, peuplaient déjà l’Ile de Bretagne depuis bien 3 siècles, y rendant la situation plus pop qu’au temps des Celtes. Sur le continent, en revanche, ils persistaient à fausser les plans de son règne franc, notamment en venant l’enquiquiner sur ses terres palatines (c’est-à-dire débarrassées de l’influence romaine).

Revenant à cet effet du sud-ouest en quatrième vitesse sur son destrier blanc sale – sans Roland qu’il avait laissé à Roncevaux (essoufflé par son cor) – Charles s’arrêta au lieu-dit « Mulinhuson » pour se reposer et faire le plein. Le plein d’avoine pour son cheval et le plein de blé pour lui car les taxes avaient déjà été inventées. En même temps, son estomac criait famine et son taux d’hormones crevait le plafond, alors...!

Descendu à l’auberge, il dut cependant se rendre à l’évidence qu’en ce territoire jadis alémanique où bon nombre d’autochtones conservateurs persistaient à garder leur langue tout en bavardant, la communication s’avèrerait difficile en francique officiel. Quant au latin, par ici à la campagne, il y avait de quoi le perdre. Finalement, en joignant le geste à la parole, il se fit comprendre : le pouce renversé vers la bouche, une tape sur le ventre, une autre sur le derrière de la fille de l’aubergiste en lui glissant une pièce d’or taxée en chemin et hop, le tour fut joué !

Mais, me direz-vous, il n’était quand même pas venu seul dans ce coin perdu !? Presque ! Ses troupes avaient pris un raccourci au nord, tandis que lui et quelques potes faisaient un crochet par ici.

Parmi eux se trouvaient Jonas, roi d’Eckohn, Sire Othello d’Upastis et son fidèle Pépin Accraché. Il aimait bien ce dernier, prénommé comme son père mais moins ambitieux que lui, ce qui l’arrangeait. Il envisageait même de donner ce prénom à l’un de ses prochains fils avec Hildegarde, « celle que j’garde » s’était-il dit en repensant, ému, à la jeune femme.

Car il faut savoir que Charles se magnait tant, qu’il en était déjà à sa troisième épouse à l’âge d’environ 36 ans ! Ce qu’il ignorait à l’époque – et que les historiens ont établi depuis – était qu’il aurait jusqu’à 9 compagnes (officielles, s’entend) et complèterait l’arbre avec 19 enfants (officiels, s’entend) en tout !

Mais est-on bien certain que tous portaient ses gênes ? En effet, lorsqu’il partait en campagne, il n’emmenait pas ses compagnes – hormis sa bien-aimée Hildegarde, au début. Il était à la fois humain et inévitable qu’elles succombassent au plaisir de lever le vassal (jetable, de préférence, pour qu’en cas de pépin, le fruit de la passion pût s’accrocher naturellement à l’arbre familial).

Donc, en cet an de garce 778 qui avait vu mourir Roland et naître son fils Ludwig (futur Louis 1er, tête d’une série dont le 16ème la perdra), Charles était en train de faire ripaille dans cette maison qui, semble-t-il, inspira les armoiries de la futur cité : l’Auberge Rouge du Moulin (ou l’Auberge du Moulin Rouge, les avis divergent mais ce n’est peut-être qu’une question d’activité selon l’époque).

Il y était venu incognito, voulant d’une part éviter les paparazzi envoyés par les Lombards dont il venait de virer le roi pour prendre sa place et, d’autre part, les conflits dus aux velléités indépendantistes d’Alamans locaux résistant encore et toujours à l’envahisseur : ils avaient leurs marques dans la région et refusaient qu’on leur imposât les Francs.

La fréquentation de l’auberge, ce soir-là, incita le tenancier – un homme avisé – à envoyer son fiston quérir dans le voisinage des femmes intéressée par de l’argent de corsage. Elle ne se firent pas prier en apprenant que Hansegonde, la grande soeur du gamin, avait déjà été gratifiée d’espèces sonnantes : il y a avait là quelques bourses intéressantes à exploiter.

L’aubergiste fit pisser le tonneau de piquette – qui ne valait pas un Edelzwicker premier prix de supermarché actuel mais suffisamment gouleyante pour l’époque – et ménagea ainsi une ambiance propice à ses affaires où se déliaient les langues. Et les bourses.

Charles et ses compagnons eurent tôt fait d’entamer une joute de gobelets à qui roulerait le dernier sous la table. Jonas, au physique imposant mais à l’esprit fragile, fut le premier à s’écrouler sous les rires de ses camarades de beuverie et à la grande déception de la gironde assise sur ses genoux qui trouvait ce blondinet plaisant, le supposait vigoureux du ventre et plein aux as à en juger par les bagues qu’il portait. Othello le suivit un quart d’heure après et, contrairement à toute attente, Pépin résista fort longtemps aux goulées vineuses... Mais ce fut Charles qui remporta la victoire. En tant que roi, c’était la moindre des choses se dit Pépin avant de s’écrouler sur la table.

Un énergumène dans l’assistance apostropha Charles tel un compère :

– Toi, à la chevelure aplatie comme si tu avais porté une couronne, serais-tu vraiment le roi de la descente ? Oseras-tu te mesurer à moi, pour voir !

– C’est que j’ai déjà de l’avance avec ce que j’ai bu ! rétorqua Charles, après un instant d’hésitation où il avait cru être reconnu.

– T’es malin comme un seigneur ! J’ai observé ton jeu : une fois sur deux, tu as renversé ta coupe sous la table !

L’homme au teint basané s’approcha de la table en prenant un tabouret et se présenta :

– Mon nom est Nabil de Médois.

– Tu es un Sarasin !? s’écria Charles en bondissant sur ses pieds, son épée à la main.

– Pas du tout, messire ! Je ne mange pas de ce pain là et je ne partage pas ma galette avec les Armoricains… ! rétorqua l’autre en gardant son calme et la main sur son glaive.

– Serais-tu passé chez les Ibères, ces derniers temps ? demanda encore Charles avec méfiance.

– Je passe mes hivers chez moi, à Reims... Mais toi, tu m’as l’air enrhumé...

Charles ne releva pas cette dernière remarque mais nota les origines de Nabil :

– Tu es de Reims, Médois ?

– Pardieu ! tonna l’homme de sa voix caverneuse. Bien sûr ! Et notre vigne vaut largement celle d’ici ! termina-t-il en indiquant du pouce les collines qu’on pouvait apercevoir par la fenêtre.

– Je te crois volontiers et je comprends maintenant ton insistance à vouloir trinquer ! Tu dois être un fieffé buveur ! lança Charles en se rasseyant dans un éclat de rire et sur son tabouret.

– Alors buvons ! s’exclama Nabil.

Or, Charles aimait bien garder le contrôle de lui-même et redoutait la cuite. Il argumenta, habile :

– Oh ! Mais c’est qu’il se fait tard ! Le soleil se couche déjà ! J’ai un cheval à prendre, moi, et je suis loin de chez moi !

– Tu es homme à te tirer plus vite que ton ombre, je vois, rugit l’autre sur un ton familier, néanmoins très en avance sur son époque. Tu es prêt à fuir devant l’épreuve ! Je parie que tu as hâte de trousser la donzelle ! provoqua-t-il encore, non sans arrière-pensée.

– Tu commences à me gonfler comme quelqu’un à qui on souffle dans le corps ! s’énerva Charles. Soit ! Buvons, mais prestement !... Et quel est l’enjeu ?

– L’enjeu ?

– Ben oui, quoi, qu’y a-t-il à gagner ?

– Que proposes-tu comme lot ?

– Mon tour de manège avec la fille de l’aubergiste, j’ai déjà payé l’entrée... Et toi ?

– Ça ! dit l’homme, avec un petit air énigmatique.

Il plongea la main dans son sac en peau de… d’animal, peu importe… pour en sortir une coupe de métal ouvragée qu’il posa sur la table en regardant Charles.

– Ça ? demanda ce dernier en fronçant les sourcils.

– Ça ! confirma Nabil.

– Bof ! Si tu veux... Mais j’ai la même à la maison, déclara Charles tandis que l’aubergiste remplit les gobelets.

– La même ? Tu es sûr ? s’étonna Nabil.

– Attends ! Je ne suis pas encore sénile, je sais ce que je dis !

– Et tu habites où ?

– À Aix.

– Ah ? Dans le sud…!

– Non, vers le nord, à Oche, si tu préfères...

– Mais Auch, c’est dans le sud-ouest !

– J’ai dit « Oche » ! Je parle francique, non ?

– Ah ! Oche ! Mais c’est chez le roi Charles, ça !

– Aubergiste ! Des coupes plus grandes ! Et remplis-les ! commanda Charles qui nourrissait l’espoir d’embrumer le cerveau de ce curieux au plus vite.

– Et comment se porte-t-il, l’espiègle ?

– Qui ?

– Le roi, voyons !

– Il est encore dans le sud-ouest, je crois...

– À Auch ?

– Peut-être... Mais toi, dis-moi, tu n’es pas vraiment de Reims avec un prénom pareil !

– Mes grands parents maternels sont venus de l’Empire d’Orient.

– Pourquoi sont-ils venus en Occident ?

– Ils ont été désorientés.

Les deux hommes s’enfilèrent ainsi de nombreuses rasades tout en devisant tandis que les autres clients les imitaient dans une ambiance toujours plus animée, taquinant la compagnie féminine ou disparaissant dans les foins de l’écurie voisine afin d’approfondir certaines connaissances.

Ce fut Charles qui finalement l’emporta ; Nabil, ayant résisté longtemps, jeta le torchon avant de s’affaler à son tour dans une mangeoire paillée.

De retour parmi les survivants, Jonas, Othello et Pépin, saisirent chacun la taille d’une autochtone puis accompagnèrent Charles, titubant, tenant d’une main celle d’Hansegonde et de l’autre la coupe de Nabil, vers une couche plus confortable, à l’étage, où le roi eut droit aux faveurs de la jeune femme.

Lorsqu’à l’aube le coq coqueriqua, le soleil brillant darda ses rayons à travers le taffetas troué qui masquait les ouvertures, jetant un éclairage pudique sur la compagnie endormie.

Charles, debout le premier, écarta l’un de ces rideaux pour soulager sa vessie, apportant d’un jet depuis l’étage sa royale et néanmoins piètre contribution au débit de l’Ill.

Plus en aval, quelques hommes faisaient leurs ablutions matinales tandis que des femmes lavaient le linge sale en famille. La faune également vaquait à ses occupations quotidiennes : un héron, petit pas tapon, avançait sur ses échasses vers le poisson convoité qu’on voyait aussi, nullement troublé par le pépiement des canetons en file indienne derrière leur mère – à laquelle un défaut de pigmentation qui lui faisait les pattes jaunes avait valu le surnom de « cane aux palmes d’or ». Un mâle manquait aujourd’hui au groupe, ravi par une flèche en plein coeur qu’avait tirée par amour de la bonne chère un habile chasseur (Nabil d’ailleurs) qui ne pouvait se passer de son canard du matin, garanti sans coquille. Une fois l’animal débarrassé de la pointe mortelle, il fut confié à la femme de l’aubergiste pour qu’elle le rôtît.

Lorsque Charles descendit, un parfum de viande grillée lui fit tourner la tête en direction de l’âtre où un enfant actionnait lentement la broche sur laquelle suait le volatile léché par les flammes.

Il s’en approcha, l’oeil pétillant, et tendit la main avec la ferme intention d’en arracher un morceau de peau croustillante, sans rien demander à personne (vieille habitude de monarque).

Son geste fut brutalement interrompu par une vive douleur dans le dos.

– Tu as gagné ma coupe, certes, mais pas ma volaille ! dit posément Nabil en appuyant son épée sur la 29ème vertèbre du pique-assiette.

– Ah ? C’est toi, Débil !

– Nabil !

– Ah, oui ! Ma gueule de bois a fait fourcher ma langue…

– Tu as aussi la langue de bois, me semble-t-il.

– Forcément, l’une ne va pas sans l’autre !

– Et ta tête, elle est aussi en...

– Je te conseille de le laisser en paix, l’interrompit une voix doublée d’une pointe dans son dos.

– Si j’appuie bien fort, il pourra effectivement ramper ! rétorqua Nabil qui finit par remettre son arme dans le foureau.

Charles, de ce fait libéré, fit tout de même la remarque à son brave compagnon :

– Tu as des liaisons dangereuses, Pépin, mais je dois reconnaître que ta lame de fond était la bienvenue !

– J’aurais pu lui fendre et lui transpercer le cul ! s’amusa Pépin.

– Par ma mère cela fut déjà fait ! manifesta l’intéressé.

– Ainsi, ce canard est tien ? s’enquit Charles.

– Aux dernières nouvelles, oui...! Je l’ai tiré d’un trait ce matin affirma Nabil, brandissant son arc.

– Et tu ne veux pas tirer un trait sur ton festin, n’est-ce pas ?

– Tu parles, Charles ! (On peut supposer que voilà l’origine d’une expression qui fut encore utilisée au XXème siècle). Mais je suis prêt à partager avec vous ! ajouta-t-il.

– C’est généreux de ta part mais, avec mes compagnons, nous sommes quatre, et ton volatile ne me semble pas suffisant à satisfaire notre appétit !

– Voilà de quoi rassasier tout le monde ! s’exclamèrent deux voix enthousiastes derrière leur dos.

Othello et Jonas entraient, tous deux le bras tendu et le poing fermé au bout duquel pendait une paire de poissons.

– Tous frais, de beaux rougets de l’Ill que nous venons de pêcher ! expliqua fièrement le roi d’Eckohn.

– Vous êtes de Massalia ou vous me prenez pour Jésus, rigola bruyamment Charles, ce n’est pas avec cette petite friture sur vos lignes que vous ferez entendre raison à nos estomacs !

– Et c’est pas des rougets, ça, c’est des truites ! fit remarquer Hansegonde venue prendre les bêtes des mains des deux hommes pour s’occuper de leur préparation.

– As-tu vraiment si faim, grand r... Charles ? demanda Pépin à deux doigts de trahir l’anonymat de son souverain.

Nabil ne manqua pas de relever :

– Serais-tu Charles... le Grand ?

– Tu veux dire, le fils du troubadour Michel Le Grand ? Que nenni !... Mais toi, où te rends-tu et que viens-tu faire par ici ? demanda Charles pour détourner la conversation.

– Je me rends à Aix.

– Dans le sud ?

– Dans le nord, à Oche, si tu préfères !... Comme toi…

– Venant de Reims, ton parcours me semble être un détour !

– Je viens de Rome.

– Ah ? Effectivement, tous les chemins y mènent…

– J’ai préféré passer par la Burgondie, la route est plus aisée que par les montagnes où paissent les vaches violettes…

– Mais pourquoi traverser le Rhin tumultueux par ici ? Tu aurais pu cheminer de l’autre côté des monts de Bel !

– Les montagnes où, selon la légende, on fabrique du « caseus de formage » à partir du lait de vaches rouges, les vaches du diable ? s’enquit Nabil en haussant un sourcil interrogateur.

– Mais non !... De l’autre côté de ces monts-là ! expliqua Charles en pointant les crêtes ballonnées qui bordent la plaine rhénane.

– En fait, je suis venu rendre visite à Hilde… argua Nabil.

– Hilde ? Est-ce ta bien aimée ?

– Non…

– Qui est-elle ? Que fait-elle ?

– Devine.

– Je n’aime pas jouer aux devinettes !

– Oh, elle n’est plus si jeune !

– Peu m’importe son âge ! Je veux savoir ce qu’elle a de particulier… !

– Elle devine !

– Avec toi, tout le monde doit deviner ! Tu es mystérieux, Nabil, s’énerva Charles, circonspect, en posant prudemment sa main sur le manche d’un poignard habilement caché sous sa tunique.

– Elle est devine… Femme devin, si tu comprends mieux !

– Ah, bon ? Là, je te suis.

– Tu vas également chez Hilde ?

– Non. Pas prévu… Mais c’est une idée…. Cela dit, prends garde ! Si elle est accoquinée avec le diable, il peut t’en coûter ! Et elle risque de finir dans les flammes ; la tendance actuelle est à la conversion et les hommes de Dieu font leur loi !

– Des contes pour les simples. Je ne crains rien.

– Tu me sembles plein d’assurance !

– Je suis à la guilde M.A.C.I.F.

– C’est à dire ?

L’homme se pencha vers Charles comme pour donner plus d’importance à ses propos :

– Les Maîtres en Arts du Combat et Indépendants de Foi.

– Oh ? Je ne connaissais pas !

– Tu es où, toi ?

Charles hésita un instant. Il commençait à trouver Nabil habile. Mais après tout, que lui en coûtait-il ? Il n’avait rien à craindre, finalement, il était roi, pas fainéant, et fort de surcroît !

– Je suis au F.L.N. lança-t-il.

– Un franc de lignée noble ! Oho ! Serais-tu un Mérovingien ?

– Non. Notre famille a plutôt eu quelques Pépins....

– Je ne connais qu’un seul Charles dont l’arbre porte des Pépins, c’est...

– Chut ! intima le roi à voix basse. Je suis ici incognito...

– Pourquoi ?

– Les Alamans, les taxes, les autographes... Je veux avoir un peu la paix et prendre du bon temps avant d’aller corriger les Saxons !

– Eh bien, je te propose mes services !

– Toi ? Pour quoi faire ?

– Je suis plus habile à la plume qu’à l’épée, mais je suis saxophone, ça peut servir !

– Oui... Bon... Bah, je ne sais pas...

– Et je t’admire ! Tu as su réunir les territoires et les peuples francs... Et mon petit doigt me dit que tu n’as pas fini...

– Tu mens !

– Quoi ?

– Hier soir, lorsque tu tenais ton gobelet, j’ai pu voir qu’il te manquait le petit doigt !

– Celui de la main droite, oui, mais ma gauche est complète ! argumenta Nabil en montrant sa main pour le prouver.

– Tout de même ! Un doigt ne parle pas ! Me prends-tu pour un niais ?

– Ne t’offusque pas ! C’est une expression de famille... En réalité, je tiens ces prédictions de Hilde... expliqua Nabil.

– Que t’a-t-elle dit sur moi ?

– Que tu construiras un temple à Oche pour le dieu des Chrétiens et que tu deviendras empereur !

– Oho ! Mais d’où tient-elle ces informations ?

– Elle est devine, rappelle-toi !

– Bon ! Ça ne va pas.

– Quoi ?

– Devine !

– Je dois deviner quoi ?

– Voilà ! Tu vois, ça ne va pas ! insista Charles.

– Je ne te suis pas...

– Tu as pourtant déclaré vouloir me servir, non ?

– Bien sûr ! Mais pour la devinette... s’énerva cette fois Nabil en se retenant néanmoins car il avait affaire au roi.

– La devineresse !

– Hein ?

– Il ne faut plus dire « la devine » mais « la devineresse » ! On dira dorénavant ainsi, pour éviter les malentendus !

– Eh bien ! Tu te mets à réformer la langue franque !

– Mieux ! Je compte m’atteler à la réforme de l’enseignement !

– C’est un travail, sinon de titan, au moins de mammouth ! s’exclama Nabil d’un air enjoué. Les enfants se souviendront de toi et les trouvères du futur te chanteront !

– Je pensais confier la tâche au clergé... Mais cela t’intéresserait-il ?

– Oh, non ! Nabil ne fait pas le moine !

– Peu importe, j’ai d’abord des Saxons à mater... Mais revenons à cette devineresse... Hilde... Pourquoi t’a-t-elle parlé de moi ?

– Je le lui ai demandé !

– Pour quelles raisons ?

– Eh bien, comme je voulais me mettre au service du roi, il m’intéressait de savoir sous quels auspices cela se passerait !

– Tu es décidément malin ! Alors essayons ! Je te propose de faire route avec moi jusqu’à Oche. Mais auparavant, je veux aller voir Hilde. Guide-moi jusqu’à sa demeure.

– Si cela te convient, après le repas, lorsque nous reprendrons le chemin vers le nord, nous ferons un crochet par le Mont-Aux-Vignes qui se trouve de l’autre côté de la rivière, plus en aval...

– Tu as encore soif ?! s’exclama Charles en riant.

– Non, voyons ! C’est près de là-bas, près du trou de la chatte qu’elle habite.

– Le « trou de la chatte » ?

– Une petite grotte percée dans la terre où, dit-on, vit une très vieille chatte sauvage qui ne se laisse approcher que par Hilde et dont elle serait l’inspiratrice...

– Tu piques ma curiosité au vif ! avoua Charles en se lissant la barbe.

Car il possédait effectivement une belle barbe comme l’en attestent maintes gravures le représentant – ce qui indique qu’il était donc fréquemment en déplacement. Trop occupé à chevaucher du nord au sud, d’est en ouest – et inversement – pour maintenir la cohésion de son royaume, les pauses rasage se faisaient en effet rares. Par ailleurs, il n’emportait pas de rasoir électrique, appareil inutile à une époque où les prises de courant n’existaient pas. Il avait bien essayé le rasoir jetable mais cette expérience avait failli lui coûter la vie : il s’était servi de son glaive dans la perspective d’un rendez-vous galant ; une fois l’ouvrage terminé, par distraction, il s’en était débarrassé en le jetant dans l’étang qui lui avait servi de miroir. Or, un peu plus tard, il se retrouva aux prises avec le sarrasin. Un champ de sarrasin. Il l’avait piétiné en coursant la fille du paysan tel un fougueux damoiseau sentant bon l’après chèvre comme disaient les Angles. Le père furibard était accouru, le fléau à la main, prêt à inventer le nunchaku. Et à s’en servir. Lui, peu rompu au bâton (hormis dans les conversations) et n’ayant plus de quoi se défendre, avait tout bonnement pris ses jambes à son cou après les avoir ôtées de celui de la demoiselle. C’est vraisemblablement à cette occasion qu’on le surnomma le « magne » en s’esbaudissant dans les chaumières à l’évocation des faits.

Bien entendu, lors de ses pauses, il se la laissait volontiers tailler afin de maintenir sa vigueur (pour les lecteurs distraits, je précise que nous en sommes revenus à sa barbe). Cette barbe qui, après quelques jours de pousse, révélait de belles mèches franchement rousses, n’a laissé aucune trace dans les annales mais fut source de maintes disputes royales. Carloman, son frère, y voyant en substance quelque chose de peu franc dans l’ascendance, ne manquait pas l’occasion de le provoquer suggérant qu’au partage il faudrait évoquer sans doute la question de légitimité et que Bertrade leur mère – en l’absence de Pépin – avait dû fauter en prenant son pied. Peut-être est-ce là l’origine du surnom donné à la dame et non pas les dimensions de ses petons.

La mort de Carloman, sept ans auparavant, avait mis fin à cette guéguerre fratricide et Charles en avait profité pour récupérer les terres de son frère après avoir laissé ses neveux et sa belle-soeur – qui se plaignait de lombalgies – aller se faire voir chez les Lombards.

En début d’après-midi, les cinq compères chevauchèrent pépère vers le repaire de Hilde.

Dans la contrée, la rivière s’effilochait en de nombreux bras qu’ils n’eurent aucune peine à franchir en cette saison peu arrosée. Leurs cris et le bruit des sabots soulevant des gerbes d’eau effarouchaient hérons et canards qui prenaient leur envol dans un vrombissement d’air tandis qu’un castor courait se blottir dans sa tanière de branchages et que des loutres plongeaient de la berge.

Les prés bordant le cours d’eau laissaient éclater les couleurs des fleurs sauvages, ce dont ces hommes se foutaient royalement car ils restaient encore un peu barbares, et ce paysage bucolique les émouvait moins que s’ils avaient bu ou des coliques. Ils marquèrent une pause avant de grimper sur la colline pour s’enfoncer dans les bois de sapins et, quoi qu’ils fissent à l’orée, leurs orifices cois les soulagèrent avant de reprendre le sentier.

Certes, ces descriptions ne font pas avancer l’histoire, mais elles permettent de mieux baigner dans l’ambiance rustique d’une époque où tout était si bio...

Moins d’une demi-heure plus tard, ils approchèrent de leur destination. Nabil leva la main en signe d’arrêt puis, se penchant vers Charles, pointa au loin :

– Tu vois, là-bas en haut, à cent pas ?

– Cette chose noire sur la branche ?

– La chatte de Hilde...

– Mais je ne vois pas Hilde ! fit remarquer Pépin derrière eux.

– Elle ne grimpe pas sur les arbres, mon puceau, rétorqua Othello en riant.

– Oh, non ! Que ne penses-tu là ? Je ne le suis plus depuis hier !

– Tu veux dire qu’imbibé comme tu l’étais, tu as encore pu venir à bout de la gueuse ?

Tous éclatèrent de rire, leurs exclamations faisant fuir le félin.

– Maintenant Hilde va savoir qu’elle aura de la visite, commenta Nabil.

– Sa chatte, c’est son troisième oeil, fit remarquer Jonas.

– Possible, mais si vous y voyez quelque chose de spirituel, compagnons, je crois que vous vous y mettez le doigt ! conclut Charles en talonnant son destrier pour reprendre la route.

Le sentier qui serpentait sous les pins finit par mourir dans une clairière moussue formant une cuvette bordée de fougères. Sur l’un des flancs, entre les racines apparentes des arbres, quelques trous de tailles différentes témoignaient de la présence – au moins par le passé – de renards qui avaient dû creuser leurs terriers avant de les abandonner au profit, semblait-il, de la chatte de Hilde.

Cette dernière habitait une cabane – non, une maison, tout de même, car le toit de branchages reposait sur des murs en pierre – bâtie juste à côté. Des orties qui bordaient la demeure, une partie avait été fraîchement récoltée pour la soupe. Accroché à une branche basse de hêtre, un lièvre dépecé augurait d’un prochain civet... ou quelque autre plat de l’époque.

Hilde se tenait sur le pas de la porte, regardant d’un oeil les cavaliers garer leur monture en nouant les rênes autour de troncs d’arbres.

Charles s’approcha.

– Tu ne vois que d’un oeil ?

– Forcément, l’autre est fermé !

– Que t’est-il arrivé ?

– Approchez, je vais vous le dire.

Charles s’avança.

– Encore un peu... Voilà, repris Hilde en ouvrant le deuxième oeil. J’étais éblouie par le soleil. Là, c’est mieux, vous me faites de l’ombre.

– Dans ce cas, tu vois maintenant qui je suis ?

– Bien sûr, je suis voyante !

– Alors ?

– Charles !

– C’est vague ! Charles quoi ? Martel ? Quint ? VIII ? X ?

– Pourquoi pas Aznavour, tant que tu y es ?

– Aznavour, c’est pas un numéro.

– Je sais, ça m’est venu comme ça... C’est lié à mes visions...

– Justement, à ce propos, que sais-tu de moi... de mon avenir... ?

– Le Magne, Je préfère en parler entre quat’ –z- yeux...

– Je vais demander à deux de mes compagnons de nous regarder...

– Non, justement !

– Mais...

– Nos quat’-z-yeux à nous, le coupa-t-elle. Viens...

– Tu tutoies ton roi ? s’exclama Jonas.

– Tutoie mon quoi ? Tutoie mon tout, mon roi... Je connais la chanson !... Et Charles aussi, je le connais, comme si je l’avais fait ! rétorqua Hilde avec insolence.

– Tout va bien, compagnons ! Faites une pause le temps que j’aille m’entretenir avec Hilde, commanda Charles.

Puis il reprit à l’attention de Hilde :

– Ici, les murs ont des oreilles...

– Mieux vaut faire une petite promenade, proposa Hilde en ajoutant : mais pas dans les fourrés !

– Je n’y comptais pas.

– Qui sait ? Tu as la réputation d’être homme prompt à faire allonger les damoiselles dans les prés au prétexte de leur faire compter les fleurettes ! (Notons au passage que là est peut-être l’origine de l’expression « conter fleurette », passée par l’entremise des Normands dans la langue Anglaise pour donner « flirt »)

– Je ne peux pas te donner tort mais j’ai pour l’heure d’autres centres d’intérêt.

– Sache quand mēme, à ce propos, que ta nuit avec Hansegonde risque d’avoir des effets dans neuf mois...

– Oh !? Elle trouvera bien un père au bébé, si nécessaire...

– Un enfant royal et même plus... que tu négliges !

– Moi-même, je dois avoir des frères et soeurs que je ne connais pas... Mais... qu’entends-tu exactement par « et plus » ?

– Asseyons-nous ici, je vais te raconter, dit Hilde en indiquant une grosse pierre aplatie reposant dans les feuilles mortes, d’où l’on apercevait les prés et les champs en contrebas, autour du petit bourg.

– Curieuse forme que ce roc ! On dirait qu’un visage tirant la langue y a été taillé, s’étonna Charles en considérant la surface de la roche

– On dit qu’elle date d’avant les Celtes... Je l’appelle Klapperstei. Je viens habituellement m’asseoir en ce lieu pour faire mes révélations.

– Tu as intérêt qu’elles soient vraies, sinon je t’enchaînerai à cette pierre ! prévint le Magne.

Etrangement, quelques siècles plus tard on entretint dans ce bourg, devenu Mulhausen, une coutume très misogyne assez proche du châtiment promis par Charles.

Tous deux s’assirent sur l’ovale gréseux, Hilde choisissant l’emplacement de la langue, et restèrent un instant cois pour admirer la vue dégagée – néanmoins indiscrète – sur la vie en contrebas. Charles, soudain se mit à sourire et commenta :

– C’est la saison des amours ! Regarde : ici, un mouton à la laine fraîche prend une brebis galeuse, et là, ces deux jeunes tourtereaux en levrette...

– C’est le berger alaman avec la petite cochonne d’Inde, la fille du tisserand. Je prédis un bel avenir au textile et aux Indiennes dans la région, annonça Hilde, le regard fixe.

– Pourquoi une cochonne ? Cela m’a l’air plaisant, ce qu’elle fait... et de son âge...!

– Car elle a 19 ans.

– D’après toi, toutes les filles de 19 ans sont des cochonnes ?

– Cette année, oui.

– Et l’année dernière ?

– Des chiennes !

– Tu es étrange...

– Ce n’est pas ce que tu crois. C’est l’animal correspondant à leur année de naissance selon la coutume de son pays.

– À chaque année correspond un animal ? Alors, pour moi, lequel est-ce ?

– Si on convient que tu as 36 ans, tu es un cheval.

– Oh !? Noble animal s’il en est ! Cela me plait ! s’exclama le roi pas peu fier.

– Mais, dis-moi, cette petite d’Inde, comment a-t-elle pu échouer ici ?

– Les suites d’une galère...

– Elles ne naviguent pas sur les fleuves !

– C’est une expression, je ne veux pas te mener en bateau !

– Tu navigues aussi ?

– Non... Ne cherche pas à comprendre, c’est une façon de parler en rapport avec mes visions...

– Justement, cela vient fort à propos. Je suis ici pour t’entendre conter de tes songes. Surtout à mon sujet. Parle ! ordonna Charles en se tournant vers Hilde.

– Voici : depuis que je loge en ces lieux, j’ai d’étranges visions durant la nuit...

– Serais-tu nyctalope ?

– Non...

– Narcophage ?

– Non...

– Noctambule ? Somnambule ?...

– Mais non ! Cesse donc de m’interrompre sinon on n’y arrivera jamais ! s’impatienta Hilde.

Puis elle reprit :

– En fait, j’ai la vision de choses qui se passent dans une douzaine de siècles, dans l’avenir...

– 12 siècles ! Tu es sûre ?

– Oui... Même un peu plus.

– Comment peux-tu être si précise ?

– « Ils » disent la date...

– Qui ça, « ils » ?

– À la radio.

– La radio ? C’est quoi, ça ?

– Je ne sais pas vraiment... Un endroit où des gens parlent et chantent...

– Et tu entends leur langue ?

– Les premières fois, non. Petit à petit, par je ne sais quel enchantement, j’ai commencé à comprendre...

– La puissance divine !

– Bah ! Tu y crois ?

– N...oui ! Souviens-toi de Clovis !

– Le roi des Francs, pas Cornillac ?...

– Evidemment ! Chlodweg ! Il a gagné contre...

– Chut ! Ici, il a laissé de mauvais souvenirs !...

– Et alors, c’est le royaume des Francs maintenant ! Je disais qu’il a vaincu les Alamans grâce à Dieu, voilà pourquoi il s’est fait baptiser par Rémi ! Et ses descendants aussi !

– Oui, bof...

– Si, si ! J’insiste !

– Bon d’accord, admit Hilde, prudente.

Elle savait qu’il était préférable de ne pas se mettre le roi sur le dos. Au sens figuré comme au sens propre d’ailleurs ; avec toutes ces affaires dans lesquelles il trempait... En plus il était, ici, un puissant. Au sens figuré. Voire, qui sait, au sens propre aussi. Non, ce serait contradictoire... Passons.

– Alors, Hilde ! Poursuis !

Elle prit un air grave comme un accent :

– Avant tout, encore une chose, je dois te parler de ta coupe...

– Quoi, ma coupe ? J’ai toujours la même tignasse !

– Celle accrochée à ta selle.

– Mes poils du cul ? s’étonna encore Charles dans un langage familier néanmoins normal à une époque où les rois ne se la pétaient pas encore.

– La coupe à boire, en fer, que tu as attachée à ton cheval, voyons !

– Ah !... Alors ?

– D’où la tiens-tu ?

– Une joute avec Nabil...

Hilde haussa les sourcils.

– Prends garde ! Il sait peut-être...

– Quoi ?

Elle marqua un silence puis annonça :

– C’est un morceau du vase de Soissons.

– Que dis-tu là ? s’exclama Charles abasourdi.

– Après avoir récupéré le vase cabossé auprès de Clovis, Rémi l’avait fait refondre pour en tirer 3 coupes. Selon la légende, chacune d’elle contient un clou... ayant servi à crucifier Jésus !

Charles laissa résonner ces derniers mots puis, après réflexion, reprit :

– À priori, il fut mal cloué puisqu’il s’est décroché !

– En tous cas, son histoire est bien utile au pouvoir, non ?

– Certes... Mais encore ?

– Il parait qu’en réunissant les 3 coupes avec leur clou, on devient… très puissant...

– Ah ? Intéressant ! Mais les nombreuses femmes que j’ai honorées pourraient témoigner qu’il ne m’est point besoin d’artifice…

– Charles !

– Je plaisantais…

Ils restèrent un instant silencieux, Charles évaluant la portée de ces révélations.

N’ayant pas que ça à faire (elle avait un civet à préparer), Hilde reprit :

– Bon, tu vas entendre ce que j’ai vu. Je vais entrer dans une transe...

– De la musique ?

– De spirite ! Sois attentif ! Tu seras surpris d’entendre des choses étranges et je parlerai avec des voix différentes mais ce qui te concerne, tu le distingueras, termina Hilde avant de fermer les yeux.

Elle demeura un instant calme puis, soudain, ses paupières s’ouvrirent, laissant apparaître des globes oculaires défleuris (dépourvus d’iris). La pupille, dans cet état, semblait avoir également disparu. Comme elle l’avait prédit, Charles fut surpris. C’est dire si elle était douée.

*

Nous voici maintenant arrivés à un moment interactif du récit que les habitués connaissent : vous avez la possibilité, soit de poursuivre la lecture normalement et prendre connaissance des visions de Hilde, ou bien de sauter le passage et reprendre au chapitre suivant, sans que vous y perdiez en compréhension de l’histoire... sauf si vous ne savez pas grand chose sur Charlemagne... et encore !

... Demain nous retrouverons Aude Van Delle pour « Rien n’est son pareil » avec un nouvel invité. En attendant et sans plus attendre, notre émission « Squizz Me » toujours présentée par Anselme Abel.

Applaudissements – Jingle – Pub – Jingle

Anselme Abel – Bonjour à tous ! Voici ‘Squizz me’ votre demi-heure quotidienne de culture générale…. 2 ans aujourd’hui, comme votre petit Aaron, n’est-ce pas, Maud ?

Maud Dhy – Exact, Anselme !

AM – Et, comme à l’accoutumée, nous recevons aujourd’hui deux candidats triés au sort pour des questions diverses et variées de la plus difficile à la plus con…

Applaudissements.

Alors voici tout d’abord : Tess Inglé. Bonjour Tess !

Tess Inglé – Bonjour Anselme.

AM – Vous venez de ?

TI – Kaysersberg, dans le Haut Rhin… Un beau petit village...

AM – Et je vois que votre Bas-Reins a aussi un beau petit visage, ha ha ha !...Voulez-vous dire un petit coucou ?

TI – Non.

AM – Alors… Vous êtes mariée…

TI – Non, divorcée.

AM – Ah ! Ma fiche est inexacte, alors...

TI – J’ai divorcé entre temps.

AM – Il ne sait pas ce qu’il perd ! Et vous avez donc 2 enfants...

TI – Non.

AM – Vous les avez perdus ?

TI – J’en ai eu un troisième !

AM – Si vite !?

TI – Mon ex-mari me l’avait fait avant de partir.

AM – Bon, il vous a laissé un souvenir, quoi… OK... Eh bien, passons à notre deuxième candidat : Caïn Soluble. Bonjour !

CS – Bonjour !

AM – Vous venez de Constance qui se trouve... ?

CS – Sur la carte...

AM – Exactement ! On se doutait que ce n’était pas le nom de votre mère ! Et qu’avez-vous à nous dire sur Constance ?

CS – C’est une belle petite ville au bord d’un grand lac que les Allemands nomment « Bodensee »...

AM – Car il faut préciser que Constance est en Allemagne, pien zur ! Ha ha ha !

CS – La ville est frontalière avec la Suisse et, si l’on fait le tour du lac, on passe aussi en Autriche. Et, sur la rive en face de Constance, se trouve Ludwigshafen, la célèbre ville ou est né le Zeppelin.

AM – Un fameux groupe des années 70 !

CS – Oui. Mais là, je parle du dirigeable qui a pris feu...

AM – Ah oui... Tandis que le groupe, lui, mettait plutôt le feu aux joints ! Ha ha ha!... Bon, sinon, vous êtes célibataire ?

CS – Oui...

AM – Ahaa ! Comme votre adversaire, Tess, semble aussi seule, il y a peut-être là, matière à former un nouveau couple !...

TI – Bon, je ne suis pas pressée. Et faut encore voir comment il baise...

CS – J’allais en dire autant !

AM – Voilà ! Déjà un point qui vous rapproche ! Bon, allez, passons au quiz !

Jingle – Pub – Jingle.

AM – Alors, comme vous le savez, dans la nouvelle formule de « Squizz Me », les questions sont basées sur un thème tiré au sort. Il s’agit aujourd’hui d’Histoire de France et, plus précisément, nous allons aborder le premier millénaire. Ça vous parle ?

TI – Bof...

CS – Pas plus que ça....

AM – Très bien ! Vous partez ainsi sur un pied d’égalité !... Alors, première question : un célèbre chef unifia les tribus Celtes établies sur notre territoire pour résister et lutter contre l’envahisseur. S’agissait-il de De Gaulle, d’Abraracoucix ou de Vercingétorix ?

TI – Vercingétorix !

AM – Braavoooo Tess ! Exact ! Vous n’êtes pas tombée dans le piège ! 1 point pour Tess... Deuxième question : après l’invasion romaine, ce fut le tour des peuples barbares venus de l’Est. S’agissait-il des Markks, des Heuraux, des Francs ?

TI – Des Francs :

AM – Tout juste, Tess ! Un deuxième point ! Alors, Cain, que se passe-t-il ?

CS – Je suis pas assez rapide. Je connaissais la réponse...

AM – Tout n’est pas perdu, nous en sommes seulement à la troisième question... que voici : un célèbre roi franc fracassa le crâne de l’un de ses guerriers qui manquait d’ouverture d’esprit en termes de partage...

CS – Clouvis !

AM – Il n’était pas quincaillier...

TI – Clovis !

AM – Exact, mais je n’ai pas encore posé la question qui est celle-ci : quel était l’objet du litige ?

CS – Une vasque de poissons ?

AM – Presque...

TI – Le vase de Soissons ?

AM – Exaaaact ! Et non la vase de Soissons comme j’ai entendu dans le public. Ils y aurait d’ailleurs pataugé avec toute la flotte qu’il y a par là-bas. Et si j’en crois Pierre Kub – notre savant maison – trois siècles plus tard, Pépin Accraché – un fidèle compagnon de Charlemagne, missionné par ce dernier pour aller y voir ce qui s’y passe – aurait dit : « Je me promènerai dans Soissons à rames, comme un haricot » Bon, allez, 3-0 pour Tess ! Question suivante… Caïn, il faudrait songer à marquer des points !... Voici la question 4 : les successeurs de Clovis n’eurent pas le même prestige que lui puisqu’ils pensaient plus à profiter de leur situation que de s’occuper des affaires du royaume – comme nos hommes politiques actuels, non ? – Comment les surnomma-t-on au naturel : les rois glandeurs, les rois fainéants, les rois de la sieste ?

CS – Les rois fainéants !

AM – Bravo Caïn ! Là, vous avez été réactif ! Et vous avez répondu juste ! Le score revient à 3 à 1, toujours pour Tess... Allez ! Question numéro 5 : en quelle année Charlemagne est-il devenu seul roi des Francs ?

TI – Ça, je sais, je l’ai retenu en classe car les chiffres correspondent à ceux des départements Alsaciens : 768 !

AM – Et vous, Caïn, que répondez-vous ?

CS – Aucune idée.

AM – Eh bien, ce n’est pas exact !

TI – Vous voulez dire que c’est faux ?

AM – C’est juste.

TI – Ah ! J’me disais aussi...

AM – Ne vous méprenez pas ! Je disais juste que c’est juste que c’est faux !

TI – Comment ça ?

AM – Vous n’avez pas fait gaffe ! J’ai dit « seul roi des Francs ». En 768, il partageait le trône avec son frère Carloman qui est mort en 771. Ce n’est qu’à partir de ce moment-là que Charlemagne trôna seul... Bon, allez, zéro point pour chacun... Et on se retrouve tout de suite sur Cerumen FM, après ça...

Applaudissements – Jingle – Pub – Jingle

MD – Et on se retrouve avec Anselme Abel dans ‘Squizz Me’, en compagnie de nos deux candidats, Tess et Caïn !

AM – Alors, nous en étions à la question numéro 6... Voyons ma tablette... Ah ! Elle ne fonctionne plus... Quelqu’un peut m’en passer une autre ?... Non ? Bon, alors, on fait quoi ?... Ah ! Vous m’avez imprimé ça... Formidable !... Le papier ! C’est quand même ce qui se fait de mieux, non ? Pas besoin de recharger, on peut l’emporter partout, s’il tombe, il ne se casse pas... Donc, voici la question : qui était Abul Abbas ?

TI – Le frère de Bart...?

AM – Bart Simpson ?

TI – Ben, non ! Bart Abas !

AM – Du cirque ?

TI – Ouououi...

AM – Je rappelle que les questions du jeu portent aujourd’hui sur l’histoire de France !

CS – Un terroriste, je dirais...

AM – Non, ça c’est Abou Nidal, voyons ! Bon, allez, réponses fausses pour tous les deux.... Question numéro 7 !

CS – Et alors, la bonne réponse pour Abul Abbas ?

AM – Un éléphant blanc offert à Charlemagne par le sultan de Bagdad !

CS – Évidemment, on aurait dû le savoir...

AM – Eh oui... Aujourd’hui, vous n’êtes pas forts, les candidats, hein ? Pas grave. Continuons ; question suivante... Facile, celle-ci...: en quelle année Charlemagne est-il devenu empereur ?

CS, TI – 800 !

AM – Bravo à tous les deux ! On en est donc à 4 points pour Tess et 2 pour Caïn... Attention, Caïn, si à la prochaine question vous ne prenez pas le point, ce sera Tess qui sera déclarée gagnante ! ... Alors... Qui a succédé à Charlemagne sur le trône ?

CS – Son fils !

TI – Louis !

AM – Vous dites ça au pif ?

TI, CS – Oui...

AM – Eh bien je dois vous dire que vous avez tous les deux raison...

CS – Yessss !

AM – Mais Tess a été plus précise ! Evidemment, que le successeur était un garçon, donc un fils, mais son nom, c’était Louis et il porta le numéro 1 de la série !

C’est donc Tess la gagnante de ce jour ! Elle viendra en finale, vendredi pour tenter de gagner le voyage pour deux

Applaudissements bien forts – .Jingle – Pub – Jingle

Et maintenant, la dernière minute en compagnie de notre Maître Kub maison ; c’est lui qui élabore les questions de notre jeu et qui sévit également le dimanche matin dans « Bruno Cuit Bruno Cru » ; il nous rejoint donc pour son « Dico du Kub ». Bonjour Pierre !

PK – Bonjour à tous !

AM – Quel est donc votre définition du jour ?

PK – Il s’agit aujourd’hui d’un proverbe qui s’adresse à nos amis du Canada, à propos du mot « PQ ». Ces deux lettres sont en fait les initiales et le sigle du Parti Québécois. Et donc, sans qu’il puisse y avoir d’idée politique sous-jacente, il existe un proverbe qui dit « Ce n’est pas parce qu’on adhère au PQ qu’on doit être pris pour une merde ».

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