Chat-iment

2 minutes de lecture

La reine-sorcière, marathe de Blanche-Neige ?

Le grand méchant loup, tyran des trois petits cochons ?

Barbe bleue ?

Des enfants de chœur comparé au plus diabolique vilain de tous nos contes de fées.

Le chat botté.

Ce maléfique matou a soudoyé un roi, transformé le fils d’un meunier en un imaginaire marquis de Carabas, assassiné un ogre, volé l’ensemble des biens de sa victime et arrangé le mariage entre son maître et la fille du roi.

Et tout ça dans quel but ? Vivre aux frais de la princesse.

Le chat botté s’était assuré une place au soleil avec poisson raffiné, litière parfumée, herbe à chat illimitée.

Après toutes ces félines entourloupes, le raminagrobis s’était juré de devenir minet de bonnes manières. Il aspirait à la tranquillité du corps et de l’esprit. Étalé sur le canapé, le gros sac ronronnant alternait roupillons et caresses sur son épaisse brioche abdominale.

Une vie de greffier peinard.

Mais les contes de fées sont les seules histoires qui se finissent bien.

Un matin, le marquis de Carabas amena son compagnon à quatre pattes en virée. Il prétexta l’acquisition d’un fantastique fauteuil pour les délicates fesses poilues de son ami le minou.

Mais en vérité, ils se rendaient chez le médecin des animaux.

Arrivé à destination, le félin rouquin fut installé sur une froide table de torture. « Tout va bien mon grand, ça ne va pas durer longtemps » lui murmurait le marquis d’une voix mielleuse. Le ventripotent vétérinaire s’approcha du mini matou, un énorme casse-noisette entre ses grosses mains velues. C’est lorsque le professionnel soupesa sincèrement une sensible partie de son anatomie que le chat compris : Le pauvre animal allait devenir un chat castrat.

Castratrophe !

Une horrible vision s’esquissa dans son esprit. Un mâle émasculé, impuissant, bedonnant, amorphe, qui miaulait tel un chétif chaton encore nourri aux mamelles de maman.

Plutôt sacrifier ses neuf vies qu’une telle déchéance !

Guidé par la force du désespoir, le petit grizzly griffa gravement le diabolique vétérinaire qui lâcha son emprise sur les rigolotes roupettes.

L’homme hurla. Le chat détala. Il sauta par la fenêtre ouverte. Le marquis de Carabas, dont les informations sensorielles n’avaient pas encore atteint la périphérie de l’encéphale, fut beaucoup trop lent pour attraper le fauve fuyant. Accoudés à la fenêtre, le noble seigneur et le grognant vétérinaire ne purent qu’apercevoir les brunes burettes ballottantes s’éloigner.

Seul, dans une poubelle en pleine nuit, le chat botté songeait.

— Le mordre jusqu’au sang ? Faire la grosse commission dans sa soupe ? Arracher ses bourses avec mes crocs ?

Il hésitait sur la forme, mais pas sur le fond.

Les yeux brillants de malice, le félin échafauda le plus machiavélique des plans.

Bientôt, son châtiment s’acharnera.

Mais pas tout de suite, pas maintenant, toute entreprise doit être examinée.

La vengeance est un chat qui se prend froid.

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