Chapitre 20

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La vie au sein d’un vaisseau était une vie de voyages et d’explorations, rien de ce que Xaer aurait cru pouvoir vivre un jour. Il se surprenait pourtant à aimer cette vie. Il aimait observer à travers les hublots et voir à chaque fois des paysages différents. C’était parfois le noir le plus profond, mais la moindre variation devenait une évidence et parfois, il pouvait voir les contours d’une planète ou d’une lune ou deux dansant autour. Le vaisseau l’avait déjà conduit devant des paysages somptueux qui l’avaient laissé sans voix et son compagnon l’avait retrouvé perdu dans ses contemplations un certain nombre de fois. Ce jour-là, le paysage était sommes toute banal, même s’il prit le temps de l’apprécier, il pouvait voir au loin une planète qu’ils étaient en train de contourner assez largement.

Quelques étages plus bas, les stocks avaient énormément évolués. Ils n’avaient pratiquement plus rien de Liis dans le vaisseau et bientôt, il faudrait organiser un voyage vers cette contrée qu’il ne connaissait toujours pas. Kalaas’ynsguris n’avait pas prévu de retourner réellement dans son monde. Il était trop curieux et trop bien par ici. Il avait donc décidé de simplement ramener les marchandises variées qu’il avait accumulée et de récupérer une nouvelle cargaison. Ça devrait être suffisant… même s’il savait pertinemment que Xaer était un peu déçu de ça, il aurait aimé voir sa planète d’origine, son monde, sa culture et son peuple. Cependant le jeune Oom n’avait connu que la couveuse jusque là alors tout était forcément nouveau à ses yeux. Là-bas ou ailleurs, il trouverait de quoi s’émerveiller.

En marchant à travers les couloirs, Xaer se surprit à les admirer eux aussi. Oh, ils pulsaient toujours de luxure, mais il avait obtenu la possibilité de faire pousser une grande variété de plantes en s’assurant simplement au préalable que son compagnon en apprécie l’odeur et qu’elles puissent réellement s’épanouir dans le climat proposé par le vaisseau. A présent, les murs nus pouvaient être agrémentés d’appliques contenant un peu de terre et des plantes variées. Il marcha ainsi jusqu’à la zone principale, ses cheveux étaient encore humides du bain qu’il venait de prendre. Pour activer les équipements, il suffisait de dégager la bonne odeur et le plus simple pour un non Liis était encore de penser fortement à une situation pour provoquer une émotion… et à travers elle, une odeur. Parfois, ça lui demandait bien du temps, mais ce n’était pas toujours le cas. Ce système était un véritable casse-tête pour lui.

En arrivant dans la pièce principale, Xaer ne put s’empêcher de sourire à la vue de son compagnon penché sur la table qu’il était en train d’installer. Les plantes étaient de partout autour de lui et leurs couleurs vives faisaient paraître sa peau d’autant plus claire, bien qu’ils aient trouvé comment la faire délicatement rougir sous les baisers. Il se mit à penser à tout ce qu’il avait envie de lui faire et le regard du Liis se posa sur lui en sentant les variations dans son odeur. Ils aimaient coucher ensemble et ils ne s’en privaient pas, seulement, avant ça, Xaer voulait manger. Il avait faim.

- Qu’est-ce que tu nous as préparé de bon ? demanda-t-il.
- Ton plat préféré...

Xaer ne put s’empêcher de sourire, ce n’était presque rien, à peine une série de fruits et de légumes coupés mais il adorait tellement ça qu’il aurait pu s’en nourrir pendant des semaines. En sautillant presque, il s’installa devant la table et dévoila le plat en souriant. Il les servit et très vite, termina son bol pourtant conséquent. C’était là, alors que le petit Oom avait encore la bouche encore pleine de sucre que cela arriva. Le Liis posa les yeux sur son compagnon et il sut. Il n’en dit néanmoins pas un mot, terminant le repas comme si de rien n’était. Au contraire, il admira ce moment de pure banalité. Ils mangeaient ensembles, Xaer faisait la conversation en lui parlant des noms qu’il avait osé donner aux plantes. Il les offrait une particule pour chaque bourgeon et bientôt, ils auraient tous des noms aussi imprononçables les uns que les autres.

- Alors dis-moi, jaune ou bleu ?
- Quoi ?
- J’étais sûr que tu n’écoutais pas ! Sur le mur de la chambre, je vais installer un tableau. Tu préfères qu’il soit plutôt jaune ou bleu ?

L’Art, la nouvelle lubie de Xaer avec les plantes. Le Liis cligna des yeux dans un geste incontrôlé, une rareté que son compagnon sut apprécier et qui lui arracha un petit rire alors qu’il se pressa contre lui pour lui embrasser le bout du nez puis les paupières. En réponse, le Liis prononça froidement sans la moindre variation dans la voix :

- Je t’aime.

Xaer se figea. C’était la première fois que Kalaas’ynsguris lui faisait une telle déclaration. Il l’observa, troublé et l’embrassa passionnément. A quel moment se retrouva-t-il couché sur le lit dans leur chambre ? Il n’en eut pas la moindre idée, mais bientôt, il était là, alanguis, recouvert de baisés, totalement nu, le corps frémissant.

Le Liis prit le temps nécessaire pour le préparer correctement. Il le massa, le lécha, l’embrassa, joua avec son corps pour en détendre chaque fibre jusqu’à ce que le garçon soit totalement relâché. Là, il lui mordilla l’oreille tout en soufflant de nouveau « je t’aime » alors qu’il s’enfonçait en lui en une seule et unique poussée. Xaer remua sous lui en lâchant des gémissements de surprise. Son mâle était dur comme la pierre et dès la première poussée, le petit renflement formant une épine s’était enfoncé dans l’ouverture de sa matrice, la forçant. Il avait l’habitude, mais ce n’était pas sans douleur. Dans un grand mouvement de rein, Kalaas’ynsguris sortit presque entièrement avant de se réenfoncer, grattant le pourtour de son anus, passant l’anneau de chair et tiraillant la totalité de sa paroi avant de retourner dans sa matrice avec force, lui arrachant un bruit, entre l’extase et le pleur.

- Je t’aime. Répéta-t-il tout en réintérant l’opération.

Xaer ouvrait de grands yeux choqués en se trémoussant pour obtenir plus. Le geste continua avec une régularité terrible et une force surprenante jusqu’à ce que le jeune Oom parvint à lui répondre entre deux halètements :

- Aussi… je t’aime aussi.

Ce n’était presque rien, juste un chuchotement dévoré par les cris de plaisirs mais à ce moment-là, ses reins s’agitèrent furieusement et le mâle se planta dans la matrice déjà malmenée. Le choc produit fit jouir Xaer dont le cœur battait à présent la chamade. Il se blottit un peu plus contre son compagnon, respirant allégrement son parfum. Il ne serait jamais aussi sensible que lui aux odeurs pour des raisons anatomiques, mais il avait appris quelques détails et il aimait se perdre dans ce sens qu’il apprenait à découvrir. Cependant, cette odeur qui l’assaillit le surprit. Elle était plus forte, plus épicée qu’en temps normal. Il remua un peu pour accéder à son cou afin d’humer cette partie délicate qui renfermait un peu plus de saveur encore, mais une main ferme se plaça sur sa hanche pour l’immobiliser et ce fut à cet instant-là seulement que Xaer s’en rendit compte. Si Kalaas’ynsguris ne bougeait plus du tout, c’était parce qu’il était en train de jouir, planté aussi loin que possible dans sa matrice.

C’était la première fois de sa vie que le Liis venait et assailli par les sensations, il avait fermé les yeux. Xaer le caressa en douceur, l’accompagnant dans ce moment si particulier. Sa matrice s’alourdit lentement et ce qu’il avait d’abord ignoré, ne le remarquant même pas devient de plus en plus difficile à éclipser. C’était une très grande quantité de liquide qui était injecté de force dans son ventre. Lorsqu’il arriva au bout de ses capacités, Xaer remua sous l’inconfort, mais il fut de nouveau maintenu.

- Encore un peu… Je n’ai pas fini…

Il accepta tout en poussant de petit cri choqué alors que l’inflation se poursuivait. Sa matrice continuait à se remplir et le liquide poussait sur les parois pour les écarter encore davantage. Son ventre se tendait douloureusement prenant un arrondi qu’il n’avait jamais connu. Il connaissait la théorie, il savait intellectuellement qu’en fonction des espèces, la matrice était plus ou moins remplie et que certaines espèces produisaient ensuite un liquide visant à sceller la matrice, il fallait donc attendre la fin du processus… Mais la douleur se faisait de plus en plus importante alors il se remit à remuer tout en laissant échapper quelques sanglots. Kalaas’ynsguris ouvrit les yeux. La jouissance était toujours là, ses bourses se contractaient en rythme et son cœur battait la chamade, mais rien de tout cela n’était perceptible sur son visage. Là, froidement, il observa son compagnon qu’il maintenait toujours fermement en place.

- Xaer ?

Le petit Oom observait, choqué, son ventre entre eux deux, mais il parvint à redresser le visage pour regarder ce mâle qui l’aimait et qui l’avait épinglé au lit pour le remplir jusqu’à raz-bord.

- Est-ce que tu désires faire un enfant avec moi ? Si tu ne le veux pas, je peux me retirer. Ca ne changera rien entre nous, je t’aime.

Même dans ce moment de plaisir intense, le Liis semblait parfaitement froid. De l’extérieur, en observant simplement son visage personne n’aurait pu deviner ce qu’il était en train de vivre. Mais Xaer perçut le doute, l’attente, l’envie, la peur également. Une myriade d’émotions bien cachées derrière un masque qui ne se retirerait sans doute jamais.

- Ah… Reste… Je… Ah. Oohhh.. Je veux… notre enfant.

Il haletait, sa respiration se coupait alors que tout son ventre se contractait à l’agonie, mais il parvient à rajouter « je le veux » avant de lâcher une série de petits cris. Il ne savait pas exactement ce qu’il était en train de se passer, mais la griffe plantée dans sa matrice avait débuté la dernière opération alors qu’il prononçait ses mots et une véritable expression passa sur le visage de son compagnon. Le choc. Comme s’il n’avait pas pensé qu’ils puissent réussir à aller jusque-là et en soit, c’était le cas. Déclencher une éjaculation demandait une parfaite entente entre les deux partenaires, il fallait s’approcher d’une symbiose quasi-parfaite… mais pour déclencher le scellement de la matrice, il fallait plus encore. Si les naissances étaient rares ce n’était pas seulement à cause du nombre dramatiquement faible de femelles dans leurs espèces ou parce qu’elles faisaient rarement plus de deux petits dans une vie entière. Non, le problème venait d’abord de la difficulté de déclencher ce processus. Il fallait un pic hormonal précis avec une envie réelle d’avoir un petit venant des deux partenaires. Il fallait un lien fort, presque magique. Il fallait se comprendre…

Dans le ventre de Xaer, la griffe commit le dernier des outrages en se retirant tout en suintant un liquide visqueux qui provoqua un véritable cri de douleur au petit Oom. Celui-ci s’accrocha désespérément à son partenaire et finit par enfoncer ses dents dans son épaule dans l’espoir de canaliser sa souffrance. Ça brulait. Ça brulait à l’intérieur. Son compagnon resta en lui, légèrement retiré, l’embrassant délicatement.

Lorsque finalement le Liis se retira, abandonnant l’antre malmené qu’il venait d’ensemencer, Xaer s’accrocha un peu à son cou et se mit à pleurer. Une partie de lui avait eu tellement mal et peur que c’étaient des larmes de soulagement et l’autre partie était occupée à pleurer de joie. Ils avaient réussi ! Après tout ce temps, ils avaient enfin réussi…

Kalaas’ynsguris garda son compagnon tout contre lui, le caressant délicatement pour délasser ses muscles contractés. Il n’avait pas encore osé poser les doigts sur le petit ventre enflé, mais il l’observait du coin de l’œil, secrètement émerveillé. Ils avaient réussi. Ils allaient avoir un enfant ensemble. Le Liis n’en revenait pas. Il se prit à repenser à la première fois où il l’avait vu dans cette horrible couveuse qui sentait si mauvais… Ca avait été dur de l’emmener et quand il était arrivé, son odeur s’était encore dégradée à cause de la peur bien-entendu, mais il connaissait ce type de processus. Le vaisseau allait absorber et retransmettre, il fallait qu’il agisse vite et il ne savait absolument pas comment le faire en douceur. L’acclimatation avait été sa seule solution, la seule voie possible, il l’avait su avant même d’entrée en contact avec les couveuses… mais ça avait était une horreur… Xaer réagissait très peu et très mal à la fois. Il avait fallu la faire durer pendant des journées entières. Il s’était haï pour ça. Pour avoir dû imposer cette épreuve à quelqu’un d’autre et pour ce qu’elle impliquait. Dans son monde, c’était l’une des pires choses que l’on pouvait faire subir à un autre. Alors il l’avait laissé seul, il l’avait respecté en ne s’approchant pas mais les différences culturelles étaient telles que ce qu’il faisait pour se faire pardonner, peut-être un jour, étaient pris pour des manquements de sa part.

Ca avait été une période terrible à plusieurs niveaux, mais ils avaient réussi à la passer. Ce n’était qu’une série d’épreuve parmi d’autres. Sans le savoir, son compagnon l’humiliait en se laissant marcher dessus par des inconnus. Il aurait dû se sentir fort, après tout, il était appareillé à un mâle de valeur, un Liis digne et puissant. A chaque fois que quelqu’un traitait mal son compagnon, il se sentait devenir fou de rage. L’impolitesse envers lui-même, il pouvait la mettre sur les différences culturelles ! Ces gens, tout ces gens ne savaient pas bouger ! Chacun de leurs mouvements étaient une insulte… Mais envers Xaer ? Ils pouvaient le respecter s’ils le voulaient. Ils connaissaient tous les Ooms et ils pouvaient faire le nécessaire. Ils n’en avaient juste pas envie.

Et puis de la plus simple des manières, Xaer avait commencé à lever les yeux et à se révéler. Il avait toujours fait preuve de courage, sinon il n’en serait pas arrivé là, mais ce que Kalaas’ynsguris découvrit, ce fut un mâle de valeur, intéressant, curieux, intelligent, intuitif aussi. Il avait très naturellement compris les passe-droits dont il bénéficiait. En tant que compagnon, il ne pouvait pas l’offenser, peu importe ce que racontait ses gestes, seule son odeur comptait réellement. Un privilège rare et important sans lequel ils n’auraient jamais pu cohabiter.

Comme pour le ramener à la réalité, Xaer attrapa sa main et la tira jusqu’à son ventre où elle se déposa avec délicatesse. Le renflement n’était que le signe de la réussite de coït et pas encore celle de la présence du petit, il faudrait attendre quelques jours pour cela, mais ça le fit frémir sous l’émotion. Xaer le vit, sourit et conclut :

- Je t’aime.

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