Jacynthe H.

J'ai rencontré Jacynthe à une soirée dans l'appartement des parents des jumeaux Montjùic au cours de l'hiver 2015. Sa faible confiance en elle, sa beauté et son imperfection m'ont charmée rapidement. Elle m'a aussi vite proposé un café - je ne lui en ai pas tenu rigueur, j'étais aussi seule qu'elle à l'époque. C'est comme cela qu'elle est entrée dans ma vie, si simplement.

Lorsque je dis "entrée dans ma vie" ce n'est pas se voir de temps en temps, même une fois par semaine. C'est s'envoyer des SMS tous les jours, s'appeler tous les 2 jours et savoir ce que l'autre avait mangé au déjeuner et au petit-déjeuner.

Jacynthe est une fille d'une beauté arrondie, peu empathique et cynique. Elle peut avoir un rire franc et long sur une histoire très sérieuse de cadavre. Mais Jacynthe est indispensable, elle est nécessaire parce que sans elle, il n'y aurait pas de filles douces. Sans elle toutes les filles seraient douces et tous les clichés seraient vrais.

Jacynthe c'est une fille très intelligente qui ne donne jamais son avis, qui ne dit pas ce qu'elle pense pour ne pas que l'on sache quel est son prochain mouvement, pour ne surtout pas qu'on puisse lire en elle. Que quelqu’un d'autre sache ce qu'elle pense est sa hantise. Jacynthe a toujours un coup d'avance.

Avec Jacynthe, nous partageons quelque chose. Ou plutôt quelqu'un. Cela a toujours été dit, depuis le début nous en avions plaisanté. A cette fameuse soirée de février 2015.

Meme si nous le savions, cela a longtemps été tu, a longtemps flotté comme un sujet que l'on ne devait pas aborder. Pourtant elle l'abordait de temps en temps, lorsqu'elle le dominait et qu'elle était sûre de sa vétusté.

Cette personne, c'était Alexandre.

Nous partagions une histoire avec Alexandre. Elle de deux ans, moi de deux mois. Elle était l'ancienne femme de sa vie, j'étais une fille qu'il "voyait à un moment".

Nous en parlions peu, ce fut un bref sujet de compétition, mais très vite, nous le dépassâmes. Probablement au grand regret d'Alexandre, s'il l'avait su.

Très vite, les compétitions furent plus rudes. Plus subtiles, elles résidaient dans des choses plus importantes. Les études, les amis de l'autre, la famille de l'autre, qui avait grossi ou maigri, qui avait rencontré quelqu'un d'important... Mais principalement les études. Après tout, nous sommes deux filles modernes.

Un jour, cette concurrence fut Stéphane, mon meilleur ami. Jacynthe lors d'une soirée chez lui, cru bon de me rabaisser systématiquement, intellectuellement, afin d'avoir la mainmise sur le rayonnement, le bon esprit de la soirée, pour paraître sur-évaluée. Je la laissais faire. Je l'observais, je finis par partir ainsi que l'ami de Stéphane qui s'était joint à nous. Nous avons laissé Stéphane et Jacynthe seuls.

Je ne pouvais m'empêcher d'appeler Stéphane le lendemain.

Selon lui, Jacynthe et lui ont discuté jusqu'à ce qu'elle pose sa tête sur ses genoux, sur le canapé, feignant la fatigue. Il a alors entrepris de lui faire son portrait psychologique.

Il la décrite en long et en large, Stéphane a pour habitude d'analyser les gens, vite et bien, et en détails. D'après lui tout correspondait. Le problème, c'est qu'il n'a jamais voulu me dire ce qu'il en était. Elle a acquiescé, il lui dit qu'elle cachait bien son jeu mais qu'il était habitué à ce genre de personnes.

Elle acquiesçait encore et toujours. Et moi je me demandais de quoi il retournait.

Elle lui a fait promettre de ne rien me dire.

Mais je devinais.

Je devinais qu'elle lui avais confessé sa nature peu empathique. Qu'elle lui avait dit des choses qu'elle ne se serait jamais permise de me dire, car je ne comprendrais pas, devait-elle penser. Je suis trop empathique, je ressens trop pour les gens. Beaucoup trop.

Les semaines passèrent et je connaissais son secret. Je résistais à l'envie de lui en parler.

Finalement, je décidai que l'amitié était possible entre deux personnes trop différentes.

Je décidai d'accepter ces différences difficiles et d'aller au-delà d'un clivage dont elle n'était pas responsable.

Finalement, je me laissais aller au cynisme.

Puis, après près d'un an et demi d'une amitié presque fraternelle, et apres l'épisode isode de Stephane et ma volonte de reprendre des liens avec elle, un second épisode s'est produit. Quatre ou cinq mois après.

J'ai connu un immense échec et ma première réaction fut de lui cacher. Puis elle le découvrit et ne tenta pas davantage de me contacter, de me consoler.

Nous ne sommes plus parlées pendant environ 3 mois. C'était largement à mon initiative. Elle commençait à me vider, émotionnellement. A abuser de mon empathie. Ses défauts débordaient et s'accumulaient dans nos interactions.

C'est la que j'ai décidé appelé Stéphane. Sa stratégie était sans appel.

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JacyntheChapitre2 messages | 6 ans

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