Chapitre 2 

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Elle avait dormi le ventre vide. Sophie réussi à rattraper son Food truck la veille mais se rendit compte qu'elle n'avait plus son porte-monnaie. Elle l'avait cherché partout, dans ses poches, dans son sac, et avait même songé à retourner à la fac pour voir si elle ne l'avait pas laissé là-bas. Seulement elle avait abandonné l'idée lorsqu'elle avait vue l'heure sur son téléphone. Il était bien trop tard. Dépité, elle n'avait même pas essayé de supplier le cuisinier pour qu'il lui offre un repas gratuit et c'était contenter de rentrer chez elle, le ventre criant famine. Le lendemain elle fut réveillée par la sonnette de son appartement, vue la façon dont celle si tintait en continu elle n'eut aucun doute sur l'identité de son visiteur.

– J'espère que ta faim, S'exclama Laura-Jin en tenant deux sac rempli de barquettes.

Elle aurait pu l'épouser. En découvrant la belle elfes dans l'encadrement de sa porte avec de la nourriture plein les main, Sophie était sûre que si un jour elle devait changer de bord, son amie en serait la cause. Les yeux et l'estomac larmoyant elle la prise dans ses bras avant de la débarrasser d'un des sacs. Puis elles allèrent s'installer dans la salle à manger près d'une fenêtre que Laura Jin ouvrit avant de s'asseoir

– Tu as l'air d'être en forme en tout cas. Plaisanta l'elfe en sortant un paquet de cigarettes de sa poche.

– Je n'ai pas mangé depuis hier midi

– Et on peut savoir pourquoi ? Ne me dit pas que tu t'es mis au régime ou un truc dans le genre.

– Non loin de là, la rassura t'elle en sortant la dernière barquette du plastique. J'ai simplement eu une journée éreintante hier, t'a pas idée.

Lorsqu'elle ouvrit la première barquette, ses narines fut immédiatement submergée par l'odeur de friture des youtiaos. Ne pouvant plus se contrôler elle prit une énorme bouchée des beignets encore chaud et en savoura le gout à la frontière du sucré salé. Puis elle s'attaqua au second plat qui n'était d'autre que des galettes au œufs, rien de mieux pour un plat de consistance.

– Donc, s'impatienta l'elfe après avoir allumé sa cigarette, tu comptes approfondir ou on y passe la journée ?

– Oh et bien j'ai une promotion, enfin je crois. En fait je ne sais pas si ce n'est pas plus un test qu'une...

– Attend tu es en train de me dire que An Wu l'ogresse t'a offert une augmentation ?

– C'est ce que je te dis, je ne sais pas si s'en ai une, la façon dont elle me l'a annoncé était bizarre. J'avais l'impression qu'on me refilait une patate pourrie.

Sophie saisie une fourchette, car après un an sur le sol chinois elle ne savait toujours pas magner des baguettes, et lui raconta tout en détail. Du début de l'entretien jusqu'à la fin en omettant surtout pas le détail des médicaments qu'elle n'avait jusqu'à lors jamais vue.

– Elle m'a paru si faible à ce moment-là. Sa main tremblait lorsqu'elle porta les gélules à sa bouche.

– C'était qu'elle genre de médicaments ?

– Aucune idée, je n'ai pas eu le temps de voir l'étiquette mais sa ma vraiment mise mal à l'aise. D'autant plus que c'est une louve, elle ne devrait pas avoir de problème de santé.

– C'est vrai qu'elle devrait vivre sa meilleure vie là, sans pleine lune ni besoin d'enfanter.

La jeune femme acquiesça en enfourchant une partie de ses galettes. Chez les métamorphe et particulièrement chez les lycans, les effets de la pleine lune s'atténuaient avec l'âge. Plusieurs études avaient montré que c'était du a la capacité du corps à réagir au rayon lunaire. Chez les louves femelles après la ménopause venait donc cette insensibilité. En gros c'était comme si la déesse de la lune délivrait ses plus vieux sujets afin qu'ils puissent passer leur dernier quart de siècle en paix.

– Et du coup juste après elle t'a proposé d'exercer plus de responsabilités ?

– Le terme « imposé » serait plus adéquat, crois-moi elle m'a bien fait comprendre que je n'avais pas le choix.

– Bon en soit ce n'est pas une mauvaise chose. Relativisa Laura Jin. Tu gravis les échelons ce n'est pas si mal.

– Certes mais, je ne veux pas faire ma fine bouche mais moi je n'avais rien demandé. Le poste que j'avais me convenait parfaitement. J'étais tranquille derrière ma paillasse à jouer avec mes petits brins d'ADN et maintenant je vais devoir tenir des conférences, m'occuper de groupe de TD...

– Nous y voilà, ton vrai problème à savoir ta timidité maladive.

Sophie s'offusquât, confirmant alors le fait que son amie avait vu juste.

– T'a peur de prendre la parole en public. Continua l'elfe en écrasant son mégot dans un cendrier.

– Ce n'est pas de la peur, je n'aime pas ça c'est tout.

– Sophie, le nombre de fois où tu m'as demandé de commander à ta place au bar

– Oui, parce que les barmans t'aiment bien, à chaque fois on t'offre des verres gratuits.

– T'a failli te faire dessus en boîte parce que tu refusais de dire à une connasse de se pousser de l'entrée des toilettes.

– La connasse en question était une elfe et vous n'êtes pas connue pour votre amabilité.

– Un soir...

– Bon ok, stoppa la jeune femme avant d'expirer longuement. Peut-être que parfois j'angoisse un peu à l'idée de m'exprimer devant un auditoire.

– Tu es au courant que tu viens juste de reformuler ma phrase ? Se moqua Laura Jin.

– Ce n'est pas le propos. S'emporta-t-elle alors en enfonçant sa fourchette dans un youtiaos. Le fait est qu'on ne parle pas d'une personne isolée dans un bar ou en boite de nuit mais d'un amphi rempli d'étudiants bruyants et dissipés. Je ne vais jamais y arriver.

Sophie baissa la tête, voulant que son amie comprenne l'ampleur de ce qu'on lui demandait.

– Et moi je suis persuadé du contraire. Cette promotion, parce que oui s'en est une, est l'occasion pour toi de relever de nouveau défi, d'évoluer. Cela ne peut qu'être que bénéfique.

– Pour l'instant tout ce que je vois c'est la honte que je vais me prendre dans deux semaines devant toute une promotion.

– Deux semaines ? C'est large suffisant. S'exclamât l'elfe. On a le temps de faire de toi une vraie avocate.

– N'importe quoi...

– Je vais te coacher. Décida l'elfe en tapant une main sur la table. Tu as en face de toi une serveuse accomplie je te rappelle, aller au contact des gens et s'exprimer correctement font partie de mes principales compétences.

– Ainsi je vais donc devenir ton apprenti ? Fit-elle semblant de s'extasier.

– Exactement, tu recevras un enseignement dur mais complets afin de te préparer à l'épreuve qui t'attend.

Face à l'enthousiasme de son amie, Sophie ne pût que céder. La façon dont ses oreilles frétillaient lorsqu'elle était en joie était trop irrésistible. Et puis la connaissant c'est deux semaines avant la rentrée universitaire allez être amusantes et emplit de légèreté, tout ce dont elle avait besoin. Elles restèrent un long moment à discuter près de la fenêtre avant que Laura Jin ne montre des signes de fatigue. Avec toute ces bêtises Sophie avait complètement oublié que l'elfe avait travaillé pendant toute la nuit, et avait ainsi besoin de repos. Elle lui proposa donc de dormir dans sa chambre pendant que de son côté, elle irait s'occuper du problème de son porte-monnaie. Qui était toujours porté disparu et indispensable vu qu'il contenait toute sa vie.

Une fois s'être préparé, elle sortit de son appartement en prenant soin de ne pas claquer la porte. Laura Jin avait le sommeil léger et l'ouïe très fine, le moindre bruit aurait pu la réveiller. En descendant les escaliers de son immeuble, Sophie passa en revue un million de scénarios pouvant expliquer la disparition de son précieux objet. Elles n'en retenue que trois comme plausible. Soit elle l'avait oublié dans son nouveau bureau, ce qui l'obligerait à revenir à la fac un samedi après-midi. Soit elle l'avait fait tomber dans la rue et dans ce cas il valait mieux abandonner les recherches.

Soit elle l'avait égaré dans le métro ou sur les quais tandis qu'elle fuyait une situation des plus perturbante. Et dans ce cas, il ne lui restait plus qu'à se rendre au pôle des objets perdus et prier pour une bonne surprise.

Elle sentit ses joues se réchauffer à nouveau en se remémorant la raison de sa fuite. Cet homme si séduisant qui lui avait proposé son aide. C'était un vampire. Après avoir passé la nuit à analyser chaque détail de son apparence elle en était venue à cette conclusion. Sa peau était bien trop pâle et son corps, bien qu'envelopper d'un parfum viril et envoûtant, ne dégageait aucune chaleur. Il parlait parfaitement le mandarin et son visage avait des traits très clairement asiatique, c'était donc un natif et non un étranger comme elle. Il portait une carte magnétiser enroulée à son coup, ce qui indiquait qu'il avait un travail, sûrement en entreprise à en juger par son costume noir recouvert d'un long manteau de la même couleur.

Il était parfait, et elle ne le reverrait sûrement jamais. Beijing comptait plus de vingt et un million d'habitants, on était loin du petit village de campagne. Les chances qu'elle le croise une seconde fois était du même ordre que celle d'une collision entre la terre et Neptune. En sortant du bus, Sophie se persuada qu'il était mieux qu'elle l'oubli. Fantasmer sur un inconnu était enfantin et indigne d'elle, du moins c'était ce que Laura Jin lui aurait assuré si elle avait été au courant.

Dans chaque station il y avait un bureau des objets perdus, l'endroit où tout ce qui était trouvé dans l'enceinte de la gare était déposée. Pour s'y rendre il fallait passer une porte électrique juste avant les bornes, celle-ci ouvrait sur un couloir assez large et peu éclairé. Elle s'avança dans l'allée d'un pas décidé mais avec une certaine sensation d'inconfort. Celui qu'une femme ressentait à l'idée de se retrouvait seul dans un endroit fermé et visiblement guère surveillé.

Elle fut partiellement rassurée lorsqu'elle entendit des voix au loin.

Un groupe de jeunes se tenait de chaque côté du couloir, ils n'avaient pas l'air méchant mais semblait se moquer de quelque chose ou de quelqu'un. Sophie compris de qui lorsqu'elle vit un homme d'une quarantaine d'années à genoux à quelques mètres, en train de ramasser les objets qu'on lui jeter à terre. Du soulagement elle passa à la stupéfaction, cette scène était inconvenante et hideuse, seulement elle pensa sur le moment que ça ne la concernait pas. Prenant une grande inspiration elle pressa le pas. Bientôt le groupe de lycéens se trouvèrent derrière elle et l'agent d'entretien juste à sa droite.

Elle s'apprêtait à le dépasser lui aussi lorsqu'elle vit un gobelet de café glacé atterrir tout droit sur sa tête. Le bruit du choc entre le crâne et le projectile était bien trop fort et eu l'effet d'un électrochoc pour la jeune femme. Tandis que l'homme massait machinalement l'endroit visé, elle s'accroupit et lui tandis un mouchoir. Il la remercia en abaissant la tête puis après avoir nettoyé les goutte de sang qui perlait sur son front, il se remit au travail. Répétant des gestes contrôlés et circulaire afin de nettoyer le liquide étendu sur le sol. C'était comme si l'humiliation qu'il était en train de subir ne l'atteignait pas.

– Vous devriez avoir honte. S'indigna-t-elle alors a l'intention du groupe.

– Ça va, on s'amusait juste madame. Rétorqua le jeune au café glacé dans un gloussement nerveux.

– Parce que tu trouves ça drôle ? Non j'ai une meilleure question, est ce que tes parents trouveraient ça drôle ?

A l'évocation de ces derniers, les lèvres de l'adolescent se serrèrent en même temps que ses points.

– En effets, c'est bien ce que je pensais. S'exclamât-elle en posant les mains sur ses cuisses. Bon voilà ce que je vous propose, ce monsieur et moi-même allons faire comme si cette scène n'avait jamais eu lieu. Nous allons oublier vos visages et vos nom inscrit soigneusement sur vos uniformes. Et de votre côté, vous allez rentrer chez vous et demander à vos parents de vous pardonner et de corriger votre comportement.

Les regards se mit à fuser dans le groupe, comme si la marche à suivre allez émerger de l'un d'entre eux. Puis le plus faible psychologiquement qui se trouvait d'ailleurs être l'adolescent au café glacé, pris son sac et le porta à son dos. Les autres suivirent alors instantanément. Tandis que leur silhouette disparaissait peu à peu, elle pouvait encore les entendre rouspéter et l'injurier. Sa lui était égal, tout ce qu'elle espérait c'est que cette confrontation aurait un effet bénéfique. Et que lorsqu'ils arriveront à l'université, si tenter qu'ils y arrivent, ils auront gagné en maturité.

– Je suis navré. Prononça-t-elle doucement a l'intention de l'agent d'entretien.

– Ne le soyez pas. L'homme ne daignait toujours pas lever la tête. Je vous remercie d'être intervenu.

– Je l'ai fait bien trop tard malheureusement. Voulais vous que je vous accompagne à l'hôpital ? Votre blessure a l'air d'être profonde.

– Non sa ira, je sans qu'elle commence déjà à cicatriser. Je ne vous dérangerais pas plus longtemps madame.

Elle avait plutôt l'impression que l'inverse se produisait. Son ton était reconnaissant mais brusque, il voulait clairement écourter cet échange.

– Très bien, je vous laisse travailler alors. Prenez soin de vous.

Puis elle se releva et le salua en abaissant le buste, il en fit de même et elle se remit en route. En s'éloignant elle songea à se retourner une dernière fois pour vérifier son état mais elle se ravisa. Parfois ne pas insistait était la meilleure chose à faire. Lorsqu'elle arriva enfin au pôle, elle eut un profond soupir en observant la queue. Vue la taille, elle ne serait pas de retour chez elle avant la nuit tombée. Elle s'apprêtait à se positionner dans la file, lorsqu'elle sentit son téléphone vibrer. Un message, provenant d'un numéro masqué.

« Madame Sophie Durant, un bien vous appartenant a été déposé dans notre commissariat. Veuillez vous présenter dans les plus brefs délais au poste de Xi Chang, troisième district.

Bien à vous. »

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