Chapitre 16 : le meilleur choix.

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- Chuck, bonjour ! Je t’en prie, assied-toi, l’invitais-je lorsqu’il ouvrit légèrement la porte pour signaler sa présence.

Il s’exécuta, soulevant la chaise pour que les pieds ne grincent pas contre le sol et s’assit tout en douceur. Le dos droit, les jambes croisées, un doigt déposé sur sa tempe qu’il glissa ensuite le long de sa mâchoire : je connaissais chacune de ses habitudes. Elles m’indiquaient son état d’esprit. Ici, je le sentais ouvert à la discussion malgré la présence d’une légère nervosité. Plus de deux mois s’étaient écoulés depuis notre dernière séance, il fallait prendre le temps de s’apprivoiser à nouveau.

Chuck n’avait jamais été mon élève le plus facile, si pas le plus complexe de tous les étudiants que j’avais reçus dans mon bureau. Et parmi les sept familles, même Blear Makes m’avait ouvert son cœur. Lui, restait toujours calme, charmant, fier, sophistiqué… Il y avait tant de mots pour le décrire que je ne savais lequel choisir, si bien le mot perfection.

Je l’avais vu agacé, découvert protecteur et apprécié passionnel, mais je ne lui connus pas la rage. De marbre, il écoutait attentivement chacun de mes mots, même s’ils ne les appréciaient pas, pour me répondre correctement et avec respect. Je ne serais dire s’il était réellement né avec ce caractère où s’il s’agissait d’une protection, tellement ce rôle lui sied.

Contrairement au reste de ses amis et aux autres Richess, il était le seul à accepter sa situation. Devenir l’homme le plus puissant du pays, hériter des responsabilités lié au business de son père, épouser une femme qu’il n’aimerait peut-être jamais, rien n’arrivait à lui retirer cet air raisonnable de son visage au teint de porcelaine.

- Tu as passé de bonne vacances ? J’ai eu écho de tes nombreuses destinations, je dois avouer que je ne peux pas croire que tu sois retourné en Espagne.

- Ça ne se voit pas, n’est-ce pas ? Vous savez la peau blanche est synonyme de noblesse, je pense que garder cette teinte fait preuve de bon sens.

- J’ai également entendu que vous étiez parti avec ta compagne ?

- Venez-en donc aux faits, dit-il simplement alors qu’il s’amusait a aligné par ordre de taille croissante les crayons déposer sur le bureau. Vous pouvez me poser toutes les questions que vous souhaitez, nous somme là pour ça, ajouta-t-il en me lançant un regard perçant.

- Tu aimes toujours autant mettre les pieds dans le plat…

- À quoi bon tourner autour du pot ? Je vous écoute, insista-t-il d’un ton autoritaire.

- Je savais que les journaux annonceraient ta compagne au cours des vacances d’été, mais j’avoue avoir trouvé la nouvelle rapide. Comment vis-tu cette nouvelle relation ? Est-ce que l’entente est possible ?

- Eh bien, je viens de dire qu’il n’y avait pas d’intérêt à tourner autour du pot. Avec trois prétendantes le choix a été vite fait, expliqua-t-il les mains déposées sur son genou surélevé, dans une pointe d’ironie.

- Deux, sans la fille des Meverald, rectifiais-je.

Faire partie des sept familles avaient de nombreux avantages, mais dans le cas de Chuck, son grade réduisait le choix de ses prétendantes. Ses parents avaient sélectionné avec soin les filles qu’ils rencontreraient, dont la jeune fille qu’il avait laissé à Elliot. Bien élevées, sublimes, premières de classes et surtout enfants susceptibles de déboucher sur un partenariat intéressant. C’est à cette sauce qu’ils les avaient choisie.

- Tu ne regrettes pas de ne pas avoir choisi Alice ?

- Pas le moins du monde, ils forment un beau couple avec Elliot. Nous n’aurions pas été si heureux et j’aurais été cruel d’empêcher cette union. J’avoue avoir eu un peu pitié de lui, rit-il. Il ne trouvait personne et Alice semblait être la meilleure personne pour accompagner ce grand fou.

- Je pense que tu es simplement un trop bon ami, hochais-je frénétiquement de la tête en l’entendant. Tu aurais pu saisir ce bonheur, mais tu l’as donné en priorité à ton ami… N’est-ce pas difficile de toujours passer en dernier ? Regardes où tu en es maintenant.

- Insinuez-vous que ma compagne est déplaisante ? Ce n’est pas professionnel de votre part.

- Nous savons tout deux que son caractère est compliqué, sa réputation la précède, tu sais.

En effet, Pris Dechâteau se voulait fille de duc et duchesse, appartenant donc au côté noble de ce pays plutôt qu’à son économie. La jeune fille était inscrite à Saint-Clair, par principe de fréquenter la meilleure école dont elle pouvait disposer, mais elle ne venait pratiquement jamais en cours. Son parcours scolaire était construit d’ordonnance sans fin et de sa présence aux examens. Elle refusait de se mêler aux cochons et les couinements qu’on lui rendait lorsqu’elle osait se montrer la confortait dans ses dires. Il s’agissait d’une des filles les plus influentes et les plus belles avec Marry et Blear. Les confrontations entre boucles d’or et la jeune marquise s’annonçait toujours violente et ce, avant même Chuck. Puisque Marry adorait être le centre de l’attention, elle ne supportait pas les apparitions de Pris qui lui volait tout ce qu’on lui accordait le restant de l’année.

Malgré ses absences, elle maintenait son niveau avec les cours particuliers à la maison. Les Dechâteau lui avait toujours demandé d’exceller en lui promettant une vie future de qualité. Ils lui avaient promis richesse, bijoux, petit four et dessert à foison. Maison de luxe, travail et destination de rêve. Elle fut bercée dans cette atmosphère et ne voulait en sortir pour rien au monde. Jeune marquise, ce titre lui valu la rencontre avec le prince et lui était même promise, jusqu’à ce qu’il s’aperçoive de son caractère. Derrière la façade, il y avait une fille, certes magnifique, mais envieuse et colérique. Une boule de nerfs, prête à exploser au moindre refus et qui se complaisait dans caprices et puérilité. S’il n’y avait que ce côté enfantin, il aurait été facile de la contenter, mais elle était aussi un vrai stratège. Lorsqu’elle perdit la chance de devenir princesse, son regard se pencha sur l’excellence de la famille Ibiss. Ceux-ci qui l’avaient toujours considéré comme une potentielle future femme pour leurs fils, l’accueillit à bras ouverts. Monsieur Ibiss l'inspecta sous toutes ses coutures lors de leurs entretiens en tête en tête. Et bien qu'il vit son vrai visage d'enfant gâtée, il la considéra comme parfaite pour élever son futur petit-fils, l’union de leurs familles étant plus importante que le reste. Il espérait obtenir un deuxième Chuck, mais il ne pouvait rêver que de ce miracle.

Vint finalement le temps des rencontres dans la grande résidence des Ibiss.

***

Je nouais mon polo noir en cachemire sur mes épaules, par-dessus la chemise blanche que ma mère avait choisi avec soin. Ma garde-robe en était rempli, mais elle avait craqué sur celle-ci pour l’occasion. J’ajustais ensuite à nouveaux mes cheveux dans le miroir à moulure, enroulant un bout de mèche autour de mon index. Cette couleur mauve disparaitrait-elle avec la naissance de mon enfant ? Il aurait été dommage de perdre un tel héritage, j’espérais autant le transmettre que tous les bons côtés de nos valeurs familiales. C’est ce qui me rapprochait le plus de mes parents, je voulais que ma chaire obtienne tout de notre puissance. Et j’avais foi en cette possibilité.

J’enclenchais la poignée du grand salon où Pris Dechâteau m’attendait. Je serais seul face à cette personne qui partagerait les grandes lignes de ma vie. Il s’agissait là de ma seule condition pour la rencontrer. Quitte à l’accepter comme future femme autant préserver une certaine intimité.

Nerveux ? Pas le moins du monde, mon éducation m’avait appris à ne jamais douter de moi-même. J’étais beau, fortuné et j’avais tous les cartes en mains. Fièrement, je m’engageais dans la pièce pour tomber sur une fine silhouette vêtu d’un ensemble vichy sur lequel ondulait une magnifique chevelure noire de jet. Elle ressemblait à une petite chatte vicieuse, observant avec soin les verres de cristal sur l’une de nos plus belle pièces de marbre. Ses doigts parcouraient la matière, la caressait habilement pendant qu’elle se tourna pour me toiser de ses yeux prunes. La lumière s'y reflétait, jetant d'étranges reflets violets dans ceux-ci. Tandis qu’elle déposait notre bien pour frotter ses mains recouvertes de jolis gants blancs, j’appréciais sa taille parfaite. Si nous avions une fille, elle serait magnifique.

- J’espère que tu apprécies la décoration, entamais-je dans un de mes plus beaux sourires. Souhaiterais-tu, quelque chose à boire ? Oui, je me permets de te tutoyer, nous serions mariés prochainement, autant briser la glace directement, ajoutais-je en découvrant ses fins sourcils se rapprocher dangereusement, pendant que je me dirigeais vers le bar.

- Ce que tu as de meilleur. Je suis disposée pour le tutoiement, acquiesça-t-elle en prenant place dans un de nos nombreux fauteuils en cuir blanc. J’espère qu’il est fort, fit-elle alors quand je lui tendis un fond d’armagnac.

- Une femme corsée ? ris-je en la voyant remonter son petit nez lorsqu’elle se délecta du breuvage.

- Je n’irais pas par quatre chemins, nous savons tout deux pourquoi nous allons nous marier. J’ai manqué l’occasion de devenir princesse, un grade qui s’établit bien plus haut que le tiens, et je me contente du plus puissant Richess. J’avoue ne pas être déçu jusqu’à maintenant, sauf par quelques écarts. Marry franchement, gloussa-t-elle après un soupir. Quelle faute de goût, mais je te pardonne car tu as bien meilleure devant toi. Mais je tiens à dire, pas de sexe ! Je ne suis pas une catin de sa sorte. Si elle s’est donné dès le premier soir, tu peux rêver pour que ce soit mon cas !

- Bien, nous planterons donc des choux sous notre appui de fenêtre pour avoir un bébé ? ricanais-je en portant le verre de whisky à mes lèvres. Tu sais que mes parents seront impatients que leur précieux héritier soit dans ton ventre, si c’est la douleur qui te fait peur, je dois dire que je suis plutôt doué.

- Bien sûr que non, rougit-elle presque. Et je le sais, mais ce bébé est presque d’ordre administratif, je ne veux pas que tu me touches outre sa conception. Je ne suis pas comme ton ex, à écarter les jambes pour s’engouffrer dans la luxure !

Une vague d’intérêt me parcourut et un léger rire m'échappa. Je me levais pour m’asseoir à ses côtés où elle se guinda, mal à l’aise de la proximité que je lui offrais. Manque de confiance en soi, une femme qui joue sur les apparences, sur ses gardes et qui appuie sur mes points faibles pour tenter de prendre le dessus. J’héritais d’un joli lot de colère, envieuse et jalouse de celle à qui appartenait réellement mon cœur.

- Tu l’as dit, nous ne sommes que des partenaires de business. Et je sais qu’en m’épousant tu souhaites accéder au luxe, au confort, au prestige, tout ce dont une femme de ta personne peut rêver. Et tu l’obtiendras car je te traiterais avec respect, mais je peux aussi t’apporter le goût de la luxure. Tu n’es pas la première vierge dont je m’occupe, lui soufflais-je. Et je serrais te convaincre de concevoir notre enfant, peut-être pas dans l’amour, mais au moins dans le plaisir. Alors Mademoiselle Ibiss, est-ce que vous accepteriez de m’en dire un peu plus sur vous ? ricanais-je ensuite en lui affichant un grand sourire.

- Charmant, grogna-t-elle en déviant le regard.

***

Chuck portait un air énigmatique sur le visage, je n’osais tenter de plonger dans ses pensées, de peur de découvrir ce que son esprit complexe manigançait. J’avais du mal à le comprendre. Alors qu’il avait la facilité, le pouvoir de prendre tout ce qu’il voulait, à part Marry Stein, il avait fait un choix difficile. Pour le bien-être de ses parents, il acceptait une jeune fille telle que Pris. Je la connaissais immature, envieuse, matérialiste, alors que la prétendante qui lui restait se voulait douce et obligeante. Pourquoi ne pas avoir exigé cette dernière, même si les Ibiss avaient clairement une préférence pour la marquise. À cette question, il me sortit une réponse qui lui semblait être des plus logiques.

- Madame, dans tous les cas j’aurais dû vivre avec quelqu’un que je n’aimerais jamais autant que Marry. Même si je suis Chuck Ibiss, avec une femme conciliante, j’ai bien peur de tomber dans l’ennui. Je préfère nettement une femme compliquée, qui à de l’ambition et qui sait ce qu’elle veut, même si elle à un caractère de chien. Ce n’est pas d’une servante dont j’ai besoin et au moins ici, j’ai de quoi ne pas m’ennuyer, rétorqua-t-il d’un franc sourire, toujours une main déposée sur son genou surélevé.

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