Bed and Breakfast

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Ce texte a été inspiré par une photo de Will Mc Bride intitulée Nino in Casoli.

Pas facile de se retrouver dans ce dédale de ruelles, je me fie au GPS de mon smartphone. J'ai réservé un appartement sur Booking, c'est plutôt une chambre, c'était l'un des seuls logements libres qu'il restait. Il faudra partager la salle de bain avec le propriétaire, un amateur d'opéra qui accueille volontiers les mélomanes venant au festival. Cela me permettra de discuter avec lui des spectacles et de dépoussiérer mon italien.

Le quartier est crade, les murs des maisons s'effritent. Les photos paraissaient pourtant bien, avec Photoshop on fait des miracles. Je vérifie une nouvelle fois l'adresse. Encore 10 mètres, sauf si la réception des satellites GPS est mauvaise. À un croisement de deux ruelles, je tombe sur un jeune homme en train de se sécher avec une serviette, il doit revenir de la plage toute proche, au moins l'annonce disait vrai à ce sujet. Il enlève son slip de bain, j'ai le temps de voir sa bite avant qu'il ne la frotte.

— Bonjour, lui dis-je, je cherche la Vicolo del Cherubino 28. Vous savez si c'est loin d'ici ?

— Bonjour, oui, je sais, c'est tout près.

Le jeune homme finit de se sécher, pose son maillot de bain et sa serviette sur un bâton, à côté d'autres, puis m'invite à le suivre, je ne peux m'empêcher de mater ses fesses. Quelques mètres plus loin, il ouvre une porte pas fermée à clef.

— Nous sommes arrivés.

— Alors, c'est ici que j'ai ma chambre.

— Oui, c'est ici.

— C'est votre père qui a mis l'annonce ?

— Non, c'est moi, dit-il en riant. Je suis un grand garçon qui a quitté la mamma, c'est rare de nos jours en Italie. Entrez, et bienvenue.

Je suis surpris, je m'attendais à un monsieur âgé. Le jeune homme ne passe pas de caleçon. J'ai tout le loisir de contempler sa bite, de fort belle taille, il n'est pas rasé. Il sort une bouteille de prosecco du frigo et m'offre une flûte, il en prend aussi une.

— Santé ! Je m'appelle Nino, et vous, M. Dessous l'Église ? Sotto la chiesa, quel nom curieux.

— Cela désignait l'endroit où habitait ma famille il y a des siècles dans un petit village. Vous pouvez m'appeler par mon prénom, Jonathan.

— Vous venez au festival ?

— Oui. Vous êtes amateur d'opéra, d'après l'annonce ?

— Tout à fait, je joue même dans Guillaume Tell ce soir, comme figurant, dans le même costume d'Adam qu'en ce moment…

— Je ne m'imaginais pas les Suisses primitifs nus…

— C'est transposé à une autre époque, et le metteur en scène est gay. On murmure que c'est pour les castings qu'il met des hommes nus dans chacun de ses opéras, il a eu une centaine de candidats à examiner.

Nino m'indique où est ma chambre, elle est bien aménagée comme sur les photos. Des posters de chanteurs d'opéra jeunes et sexy ornent les murs.

— Tu peux te mettre à l'aise, me dit Nino. Tu trouveras les tarifs du spa sur la table. Ce serait sympa de ta part de réserver des massages, ce n'est vraiment pas cher pour un Suisse et je dois payer mes études musicales.

Je suis étonné, je dis bêtement :

— C'est toi qui les fais, ces massages ?

— Bien sûr ! Ne t'inquiète pas, si tu n'es pas gay, tu pourras garder ton slip et je pourrais arrêter avant la fin, mais ce serait dommage.

Je suis gay, le séjour s'annonce bien.

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