A toi Fleur du Nord
A toi Fleur du Nord
Après un hiver bien maussade, voici venus les orages. Il ne se passe nul jour qui ne voie son cortège de nuages gris, ses grondements célestes, ses furies méridiennes et, le soir arrivé, l’horizon criblé d’éclairs, des roulements de galets à l’infini, des crépitements sur les feuilles pareils à des percussions de tambour. Quelle joie alors de se réfugier sous le toit protecteur, de regarder, au travers des vitres, les ruisseaux de gouttes faire leurs étonnantes symphonies. Connais-tu un sentiment plus profond, plus ancré en l’âme que celui de l’abri faisant face au péril ? Sans doute une résurgence archaïque des chasseurs-cueilleurs qui trouvaient dans la grotte une parade contre la peur. Oui, nous venons de là, de ces primitives concrétions de pierre et de chair qui ne savaient du monde, le plus souvent, que son faciès hermétique et ses fulgurantes vengeances, ses assauts vipérins. Encore en nous la persistance de ces soudains raz-de-marée qui ne connaissent d’accalmie qu’à gagner un lieu de repos. Ils sont la forme symbolique d’un intérieur que toujours nous sentons menacé. Le nôtre, bien évidemment, dont le dénuement est l’aspect le plus habituel qu’il revêt. Il est condition de notre bonheur, lequel ne fait jamais fond que sur un marigot de stupeur primitive.
Annotations
Versions