Enterrement mafieux

de Image de profil de Mlle LauraMlle Laura

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 En cette froide journée d'hiver, la neige tombait continuellement. Le silence régnait à chaque recoin, parfois brisé par le battement d'ailes d'un oiseau passager ou le souffle gelé d'un passant pressé.

 Au coeur même de la ville, se tenait une place entourée de murs de pierre, où l'entrée de fer rouillée était ouverte, où le petit panneau de fer accroché à côté marquait "Cimetière". Au fond de l'endroit, parmi les tombes décorées de photos et de fleurs, un petit groupe se tenait là. Avec leurs vêtements blancs, ils se fondaient parfaitement dans le décor. Un trou assez grand pour accueillir un cercueil se trouvait au milieu et, parallèle à celui-ci, une petite estrade en bois avait été placée.

 Un homme au crâne dégarni et vêtu d'une soutane noire se plaça sur celle-ci. Il s'éclaircit légèrement la gorge, toussa quelques secondes, puis attendit d'avoir l'attention de toutes les personnes présentes pour commencer. Il fit un signe au deux hommes derrière lui, qui commencèrent à jouer du violon, couvrant les reniflements de chagrin que laissaient échapper deux jeunes femmes en retrait.

 La petite troupe tourna son regard vers les porteurs du cercueil qui arrivaient dans leur direction, marchant au rythme de la musique des violons. L'objet funéraire était décoré de détails dorés posés sur un blanc immaculé, comme les tenues des convives. Les quatre hommes vêtus de noirs s'arrêtèrent et déposèrent le cercueil près du trou.

"Laissez-moi sortir !" se fit entendre une voix, suivit d'un coup provenant de la boîte funériale. "Je vous en supplie, ne faîtes pas ça, pitié !"

 Les lamentations de la voix féminine continuait dans le vide, entrecoupés par de forts coups de l'intérieur. Elle hurlait. Elle hurlait à s'en déchirer les poumons, suppliant pour sa vie, mais ses cris disparaissaient avec le souffle du vent, et il lui paraissait que personne ne l'entendait.

"Commençons" annonça le prêtre, et tout le monde se tourna vers lui "La mort n'est pas une fin en soit, elle n'est que le début de quelque chose d'autre, de plus grand. Elle est le début d'une meilleure vie, d'une résurrection qui saura nous apporter la paix intérieure. La jeune femme dans ce cercueil le savait, et elle l'a accepté. Elle l'a accepté car elle savait qu'elle partait pour un monde meilleur. Alors soyons heureux pour elle. Pour elle, vivre et avancer nous ferons. Et nous la remémorerons comme l'être exceptionnel qu'elle était, comme la jeune fille qui nous faisait goûter les vents de la liberté, comme le Soleil qui nous réchauffait dans les moments les plus glaciaux, comme l'épaule qui nous laissait pleurer, comme la paume qui nous réconfortait, comme la douce voix qui nous berçait, comme l'esprit intrépide et sauvage qui nous faisait perdre nos sens, comme l'incroyable femme de caractère qui nous a aidés a forgé nos vies et nos idéaux. Et où qu'elle soit en ce moment, nous savons du plus profond de nos coeurs qu'elle continuera de veiller sur nous, comme elle l'a toujours fait. À notre fille, notre soeur, notre cousine, notre femme, notre amie adorée. Puisse-t-elle trouver le repos éternel."

 Les coups et cris n'avaient cessé durant le discours, et pourtant personne n'en avait fait cas, comme si la femme était déjà morte. Pour eux, c'était probablement le cas. Elle commença à faire monter ses hurlements d'une décibel et ses coups redoublèrent d'intensité lorsqu'elle sentit qu'on soulevait le cercueil pour le mettre dans le trou au sol.

 Un des hommes présents attrapa une pelle qui traînait non loin de là, et la tendit à une petite fille aux yeux rougis par les pleurs. Sa chevelure blonde était tressée élegamment et elle jouait avec le bout de sa natte, fixant de ses grands yeux bleus le cercueil posé dans le trou. Elle tourna finalement son regard vers l'objet que lui tendait son géniteur. Elle fixa celui-ci pendant de longues secondes, la gorge nouée.

"Tu vas la prendre cette putain de pelle, oui ou merde ?" s'impatienta l'homme, pressant la fillette d'un regard noir.

 La petite blonde attrapa l'objet d'une main fébrile, se plaça devant le grand trou qui contenait le cercueil, près d'une motte de terre.

"Tu sais déjà comment ça marche. Dépêche-toi, on a pas toute la journée" cracha l'homme d'un ton méprisant "Putain de gamine."

 La fillette prit une grande inspiration, sécha rapidement ses larmes et planta la pelle dans la butte de terre, avant de soulever l'objet et de verser le contenu dans le trou, recouvrant le cercueil blanc à l'intérieur. Elle répéta ce mouvement sept fois, avant d'attraper une rose rouge que lui tendait une de ses tantes.

"Puisses-tu trouver le repos éternel, pauvre âme égarée." dit-elle d'une voix chevronante, en laissant tomber la fleur couleur sang sur le cercueil sali de terre.

 Elle tendit la pelle à une femme, toujours d'une main tremblante, puis revint à sa place près de son géniteur. Elle regarda les personnes défiler, enterrant le cercueil où on pouvait toujours entendre les cris désespérés de la femme tout en y jettant une rose rouge.

 Une fois toutes les personnes présentes passées et le cercueil bien enterré, chacun prit sa propre route, pour rentrer à son domicile. Mais pas la fillette. Non, la fillette, elle, se tenait à quelque pas de la terre fraîchement mise, où un cercueil était enterré. Elle fixait l'endroit. Cette femme, à l'intérieur, était-elle déjà morte ? Avait-elle déjà rendu l'âme ?

 Une main fripée se posa sur sa tête, et elle releva ses yeux vers l'homme aux cheveux grisonnants et aux traits tirés.

"C'est normal, ma petite fille." Souffla-t-il d'une voix rauque. "Tu es peut-être choquée maintenant, mais tu t'y habitueras bien vite. On finit toujours par s'y habituer."

 Il tapota affectueusement la tête de la petite blonde puis s'éloigna, laissant celle-ci seule. Elle baissa le regard et vit une marque rouge tâcher le manteau blanc de la terre. Elle apporta son doigt face à son regard, et s'aperçut qu'elle saignait. La rose rouge l'avait piquée.

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Chapitre UniqueChapitre8 messages | 1 an

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