Partie 4 : Fin du voyage

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àa plate-forme les avait emmené sur une terrasse où s'élevaient deux imposants monolithes cristallins. La lumière bleutée qui en émanait éclairait l'enceinte, dévoilant d'autres gardiens protecteurs inactifs alignés en plusieurs rangées.

Abasourdis, figés, Démétria et Remak restèrent sans voix.

C'était un endroit inconnu, sombre et ancien. Cette nécropole souterraine n'était rien d'autre qu'une prison appartenant à une autre époque.

L'air était anormalement froid. Démétria trembla tandis que Remak resta impassible.

Depuis l'enceinte, ils voyaient un gouffre sans fond surplombé par un pont en pierre. Autour d'eux, les parois rocheuses de la caverne regorgeaient de divers monuments funéraires, chacun reliés par des escaliers délabrés. Au centre, un bâtiment plus imposant se distinguait des autres. La ziggourat possédait plusieurs étages et était entourée de six monolithes. Un temple avait été construit au sommet.

Passer par le pont était dangereux. Le cultiste devait l'avoir piégé. Ils devaient trouver un autre moyen d'atteindre la ziggourat.

Démétria obliqua vers l'est et Remak la suivit. Elle passa dans un rayon de lumière qui fit étinceler ses yeux et son marteau. Chacun de ses pas étaient sûrs et précis. Remak dut s'arrêter plusieurs fois lorsqu'elle bifurqua sur des trajectoires imprévisibles avant de repartir dans sa direction d'origine.

Ils contournèrent le bord d'une falaise, puis traversèrent un mausolée en ruine. Après quelques minutes, leur destination apparut devant leurs yeux. L'édifice était constitué de deux terrasses avec des remparts crénelés qui attestaient de son importance. Jadis, cet endroit avait été un grand monument religieux.

Soudain, de colossales vagues s'enroulant dans un immense tourbillon d'énergie sortirent du temple et percutèrent le plafond. La caverne trépidait, mais aucun des paladins ne vacilla une seconde.

Le rituel avait débuté.

— Par la Lumière, qu'il soit damné ! hurla Démétria.

Ils foncèrent vers le sommet. Si le cultiste s'emparait de la puissance de cet endroit, plus rien, ni personne ne pourrait l'arrêter. Une nouvelle catastrophe frapperait la région et peut-être le pays entier cette fois-ci.

Une faible lueur reluisait sur les colonnes soutenant la coupole de l'entrée, dont les vitraux représentaient une scène mettant en avant la déesse de la Lumière. Étrangement, tout était calme et intact à l'intérieur. Comme si le temps s'était arrêté.

Pourquoi cet endroit était-il abandonné ? Démétria refusait de croire que la Matriarche ignorait son existence. Elle devait avoir ses raisons de le lui avoir caché. Peut-être que son heure était tout simplement passée et qu'elle souhaitait qu'on oublie ces vestiges.

Au fur et à mesure qu'elle avançait, un sentiment de malaise l'envahit. Le temple lui-même n'évoquait rien alors que son arme rayonnait comme un soleil. C'était inhabituel.

Démétria se figea.

— J'ai vu quelque chose.

— Qu'est-ce que vous avez-vu ?

Elle balaya du regard la salle et brandit son marteau.

— Une ombre. Je crois.

— Un éthéré ?

— Non, je ne pense pas, répondit-elle avec aplomb. Restons prudents.

Ils continuèrent d'avancer jusqu'à ce que des cris indignés vinrent à leurs oreilles. Des revenants firent irruption en sortant d'une porte. Ils étaient différents de ceux qu'ils avaient combattu. De la chair en décomposition mélangée à de la magie noire leur donnait une apparence plus bestiale et musclée. Une lueur orange sortait de leurs orbites et à la place des mains, les os s'étaient allongés pour donner naissance à des excroissances aussi tranchantes que des lames.

— Par tout ce qui est saint ! Des vétalas !

Remak faisait tournoyer son fléau, se préparant à les recevoir. Le premier qui oserait s'approcher trop près... paix à son âme.

— On n'arrivera pas à temps, ils sont trop nombreux. Retenez-les Remak ! Je vais nous en débarrasser.

Démétria avala aussitôt un cachet de fénétyllium qu'elle avait préparée au préalable dans le creux de sa main.

— Qu'est-ce que vous faites ? Vous êtes folle ma parole !

— Je n'en mourrai pas.

Elle commença à préparer son sortilège et une aura blanche l'enveloppa.

Remak grogna, il n'avait aucune idée de ce qu'elle préparait. Tout ce qu'il pouvait faire était de croire en elle et de gagner du temps.

Les créatures des enfers combattaient avec rage. Il fut surpris de leur intelligence au combat et de leurs techniques. Impossible d'utiliser la magie. Les vétalas ne lui laissaient pas le temps. Un seul moment d'inattention pouvait lui être fatal.

Son fléau s'abattait sur ses ennemis, néanmoins, il éprouvait des difficultés à bloquer tous leurs coups. Il sentait la puissance de leur coups ricocher sur son armure. Sans elle, ils l'auraient déjà tué.

Un vétala se faufila, profitant d'une ouverture. Le paladin pivota et le plaqua au sol si violemment que les dalles se fendirent. Un autre lui sauta dessus et planta ses excroissances dans son bouclier. Les pointes osseuses l'avaient transpercé et le mort-vivant se retrouva coincé. Remak en profita pour l'éliminer d'un coup de fléau dans la mâchoire, envoyant la tête dans les airs.

— Démétria dépêchez-vous ! Je ne tiendrai plus longtemps !

— Presque... Encore un peu de ... temps.

Remak fut submergé. Il tomba à terre et les vétalas se précipitèrent sur la paladine qui était la réelle menace. S'ils avaient été à la surface, il aurait pu faire tomber la foudre sur ses ennemis et gagner plus de temps.

L'aura qui enveloppait Démétria s'intensifia. Elle brillait d'un feu sacré, purificateur. Elle ouvrit les yeux et une vague d'énergie blanche déferla dans l'antichambre, enflammant tous les revenants qui hurlèrent avant de tomber en cendres.

Remak n'en croyait pas ses yeux. En un instant, elle venait d'éliminer tous les morts-vivants. Ce n'était pas un sort qu'un paladin utilisait. À sa connaissance, seuls les archontes, des prêtres de castes supérieures, possédaient des sortilèges aussi destructeurs. Elle combattait comme un paladin, mais faisait usage d'une magie différente.

Qui était-elle vraiment ?

À bout de souffle, Démétria posa un genou à terre. Des gouttes de sueur perlaient sur sa tempe. Elle avala un autre comprimé.

— Je n'en mourrai pas, répéta-t-elle au paladin avant qu'il ne fasse une remarque.

Une puissante secousse fit trembler tout le temple. Ils déboulèrent dans la salle centrale, là où le cultiste se tenait debout face à un autel canalisant le flux des âmes.

Jendrick gémissait depuis une prison d'os. Il les suppliait de le sauver, mais les paladins l'ignorèrent. Stopper le sorcier noir était leur priorité.

Le cultiste dirigea ses mains vers le bassin d'énergie. Il y puisa longuement. Une puissance si belle et abjecte à la fois l'envahissait.

— Vous arrivez trop tard. Adieu, paladins.

Et il leva ses mains.

Avant que le torrent magique ne s'abatte sur eux, Remak infusa son bouclier de magie créant une seconde protection. Une irrépressible fureur le frappa de plein fouet et l'envoya valser. Un trou s'était formé dans le sol. Les pierres avaient fondu sous le choc.

Le sorcier se tourna vers la paladine qui lui fonçait dessus.

— C'est inutile ! Le rituel ne peut être interrompu !

Il lança d'autres vagues meurtrières, mais aucunes ne touchèrent sa cible. Elle l'agaça. Il devait trouver un moyen de la neutraliser.

Ses mains gesticulèrent, laissant échapper un filet de magie noire. Le sol vibra. De longs os pointus sortirent d'une flaque sombre sous les pieds de Démétria. Elle les esquiva de justesse, mais un rayon magique la heurta avec une telle violence, qu'elle fut propulsée contre la cage de Jendrick.

Démétria ne se releva pas.

Le sorcier sourit, frissonnant de plaisir.

— Enfin... la véritable puissance...

Une puissance incommensurable l'animait. Les possibilités devenaient illimités. Tant qu'il siphonnait le bassin son pouvoir grandissait. Et il y en avait en abondance. C'était un océan infini d'âmes.

Il réussit là où tant d'autres avaient échoué des années auparavant. Ouvrir la Porte Noire était à sa portée. Les paladins envoyés par la Matriarche avaient été balayés. Plus rien ne pouvait l'arrêter et un nouveau culte verrait le jour.

Un réel sentiment d'horreur envahit Remak.

Il se releva. Son corps était engourdi. Il vit Démétria allongée dans une mare de sang. Ensemble ils avaient affronté des revenants, une chauve-souris géante et des vétalas.

Il allait affronter ce puissant sorcier. Sans ses frères paladins. Sans Démétria.

Seul.

D'un geste absent, le cultiste invoqua deux vétalas. Impassiblement, il les regarda foncer vers le paladin qui les vainquit après un combat fastidieux.

Épuisé, au bout de ses forces, Remak se tenait debout, inébranlable.

— Tu n'abandonneras jamais, n'est-ce pas ? Les paladins sont si têtus. Est-ce si compliqué d'admettre ta défaite ? Regarde autour de toi, imbécile ! Je contrôle les morts et mes pouvoirs dépassent tout ce que tu peux imaginer !

— La Lumière est avec moi. Tant que je tiendrai debout, je ne serai pas vaincu, sorcier !

— La Lumière... Les paladins n'ont que ça à la bouche. C'est ce que je déteste chez vous. Votre vision du monde est tellement étroite. À la moindre contrariété, vous criez à l'hérésie. Vous passez votre temps à chasser ceux en désaccord avec votre religion xénophobe. Le monde ne vous appartient pas. Mais laisse moi te dire ceci, paladin : toi et moi, nous ne sommes pas si différents que ça. Nous ne sommes que des pions sur un immense échiquier. Qui sommes-nous pour juger ce qui est bon ou mauvais ? Seuls les dieux sont en mesure de le dire. Mais tu es trop stupide pour le comprendre, la Lumière t'aveugle paladin.

— Tu ne cherches qu'à répandre la mort et la désolation autour de toi. Des gens innocents sont morts, et tu n'as pas eu la moindre hésitation à sacrifier tes compagnons pour survivre. Tout ce que tu fais est contre nature, répugnant.

Le sorcier leva un sourcil.

— Leur sacrifice était nécessaire pour l'accomplissement de notre mission. Je ne vois pas où est le problème. Quel est encore votre dicton déjà... Ah oui... Un sacrifice pour le bien commun. N'est-ce pas ce que ta Matriarche fait de manière récurrente ? Combien de villages et villes a-t-elle fait brûler ? Combien de gens ont péri ? Peux-tu me le dire paladin ?

— Les choix de sa Sainteté sont justes. Elle ne tue jamais par plaisir, ni par caprice. Elle ne pense qu'au bien de notre peuple. Ne te compare pas à elle, tu n'es qu'une abomination des enfers.

Le cultiste s'esclaffa.

— Pourtant, elle a massacré des innocents et les a asservis afin d'étendre son emprise sur le continent.

Remak s'efforçait de rester calme. Il détestait qu'on parle en mal de la Matriarche.

— Mais je la comprends. Elle a beaucoup d'ambition, et moi aussi. Mes objectifs sont les mêmes. En ouvrant la Porte Noire, je pourrai la renverser et je deviendrai le nouveau maître du continent !

C'en était de trop. Remak en avait plus qu'assez d'entendre ces stupidités. Il bondit en avant sans prévenir. En quelques enjambées, il abolit la distance, mais un tourbillon de magie impie l'arrêta dans son élan. Une gigantesque main noire se matérialisa, agrippant le paladin. Elle affirma son étreinte et le souleva.

Le sorcier soupira.

— Résiste si tu veux, paladin. Cela ne change rien. Après tout, j'ai déjà gagné.

Le cultiste fit volte-face lorsqu'un puissant grondement retentit, suivi d'un flash. Il eut juste le temps de se téléporter plus loin, avant que le marteau fendant l'air ne s'abatte sur lui.

— Toi ! Comment est-ce possible ? Tu devrais être morte !

Démétria brandissait son arme. Son regard était livide, sans émotion. Une partie de son armure en maille avait fondu, dévoilant le haut de sa poitrine ensanglantée.

Remak reconnut un tatouage ressemblant étrangement à leur emblème. Mais différent. Celui-ci représentait un trident dans un soleil. C'était la marque de grâce de la Matriarche. Ses pêchés avaient été pardonné, en échange elle lui devait une servitude absolue et éternelle.

Ce n'était pas vraiment une paladine, mais une immortelle. Une élite.

Démétria frappa le sol avec son marteau. Les dalles se brisèrent et quelques cailloux roulèrent jusqu'au sorcier. L'arme étincela d'une flamme sacrée, intense et pure.

Le sorcier se préparait à attaquer. Il fut surpris quand elle la lança dans le tourbillon d'énergie qui se désintégra lors de l'impact.

Les flux magiques tournoyèrent et bouillonnèrent furieusement. Des éclairs percutèrent les murs du temple. Tout s'effondrait. Les âmes en peine furent libérées de leurs prisons et déferlèrent.

L'équilibre était rompu.

— Non ! Mais qu'as-tu fait ? Tu as tout gâché ! hurla le cultiste fou de rage.

Le sol se désagrégeait. Les murs s'effritèrent et des blocs de pierres lévitèrent autour d'eux. Ils assistaient à la destruction de la nécropole.

Jendrick s'était caché derrière une colonne. Libéré de sa prison lorsque Démétria l'avait percutée il avait pu s'en extraire. Il l'avait fouillée à la recherche du joyau pendant que les deux hommes discutaient. Depuis cet instant, il attendait le bon moment pour fuir. Personne ne faisait attention à lui. Et tant mieux, ainsi il pourrait s'échapper sans qu'on le voit.

Il longea le restant des murs en chancelant, sautant d'une plate-forme à une autre jusqu'à atteindre la sortie de la salle. Un dernier regard en arrière. Ils l'avaient complètement oublié. Parfait. Il s'en alla avant que cet endroit ne devienne sa tombe.

Le sortilège du sorcier se dématérialisa libérant Remak de son étreinte. Tout s'écroulait et pourtant, il restait étrangement calme. La Lumière le protégeait.

— Vous sembliez être en difficulté Remak, dit Démétria.

— J'avais la situation en main, répondit-il avec un ton ironique.

Démétria avala les derniers cachets de fénétyllium sous les yeux médusés de son compagnon.

— La fin justifie les moyens. Je vais avoir besoin de protection.

Il hocha la tête, conscient qu'elle pouvait y laisser la vie. La situation était critique. Les âmes avaient peut-être été relâchée, mais d'autres paladins s'en occuperaient en temps voulu. Seule la défaite du cultiste comptait.

— Je ne vous le pardonnerai pas, paladins ! Lorsque je vous aurai tué, je me ferai un collier avec vos tripes en guise de trophée !

D'un geste brusque, il invoqua d'autres vétalas formant un rempart impénétrable devant lui, tandis qu'il concentrait une puissante magie obscure dans ses mains.

Démétria fit de même. Une aura blanche s'intensifia autour d'elle pendant que Remak se jetait dans la mêlée.

Les flammes blanches répondirent aux énergies impies.

Le temple se mit à trembler et la caverne s'écroula.

* * * * *

Jendrick marchait paisiblement dans les rues du village. C'était un bourg caché dans les forêts du sud. Les gens riches et les marchands s'y rendaient pour participer à des enchères où des objets rares étaient mis en vente.

Seule, une milice était présente pour empêcher les troubles. Il n'y avait qu'une seule règle à respecter : se conduire comme des gens civilisés. Pour le reste, tout était permis tant qu'on ne se faisait pas surprendre.

Sous la pluie, les lumières brillaient dans la pénombre du soir. L'activité du village ne cessait jamais. Les rues étaient toujours remplies de monde, que ce soit de jour ou de nuit.

Quelques mois auparavant, Jendrick avait réussi à mettre la main sur un joyau. Mais pas n'importe lequel. C'était une pierre sacrée, rare, rayonnante de magie, convoitée par la noblesse pour ses pouvoirs.

Après avoir fui la nécropole, il avait vécu plusieurs mois dans une ferme où il avait trouvé refuge. En échange d'un toit temporaire, il avait promis à ses hôtes de se rendre utile dans les tâches quotidiennes, pour les aider dans leur dur labeur.

Par précaution, il avait fait profil bas durant tout ce temps. Le temple s'était écroulé, quand il était sorti de cet enfer. Les deux paladins devaient être morts, mais d'autres seraient venus mener des investigations. Et il valait mieux pour lui être loin de tout ça.

Il s'était laissé pousser la barbe et portait des vêtements modestes. Il avait même changé de nom pour ne pas être reconnu. Azun était sa nouvelle identité. Il n'avait plus rien à voir avec un marchand. Du moins en apparence.

Il tourna au coin de rue et arriva à sa destination : une grande maison. Bien qu'elle soit simple en apparence, à l'intérieur se trouvait l'hôtel de vente. Mais il n'y allait pas pour participer à une vente.

Deux jours plus tôt, Azun avait présenté le joyau au commissaire-priseur pour estimer sa valeur. L'homme connaissait une personne de la haute noblesse qui serait désireuse de l'acquérir. Une certaine Madame Ethary, une collectionneuse de pierres précieuses qui dépenserait une fortune pour un bijou pareil. Pour l'obtenir, elle le couvrirait d'or. Assez pour vivre dans le luxe jusqu'à la fin de ses jours.

Oh, comme il avait hâte de commencer sa nouvelle vie.

Il arriva à l'entrée et leva la main vers le heurtoir. Il empoigna le métal froid et le laissa retomber contre la porte.

Une petite trappe s'ouvrit.

— Oui ? demanda l'homme de l'autre côté.

— Je suis Monsieur Azun, j'ai un entretien avec Madame Ethary.

Il montra la lettre de confirmation reçue plus tôt.

— Un instant s'il vous plaît.

L'homme referma la trappe et ouvrit la porte, l'invitant à entrer.

L'intérieur de la maison était luxueux. Tout était en marbre blanc, les murs comme les meubles. Un lustre de cristal éclairait le hall d'entrée, tandis que les lampadaires formant un arc illuminaient les couloirs.

Il suivit le domestique qui le guida jusqu'à l'étage. Au fond du corridor, deux gardes étaient habillés en rouge. On aurait dit des soldats. Leur corps était protégé par une impressionnante armure en argent, recouvrant leurs points vitaux. Leurs lances forgées en acier se croisèrent, empêchant quiconque de passer la porte qu'ils avaient la tâche de protéger.

Le commissaire-priseur ne lui avait pas menti. Seul un noble de la haute société pouvait se permettre d'avoir des gardes aussi bien équipés.

— Madame Ethary vous attend derrière cette porte.

Et sur ces mots, il le quitta.

On le laissa entrer. Deux lampadaires illuminaient à peine l'entrée de la pièce. À travers l'obscurité, il distingua une silhouette féminine assise dans un siège à l'autre bout d'une grande table en marbre. Aux côtés de la femme se tenaient deux autres soldats. Elle l'attendait.

— Dame Ethary ? Bonsoir, je suis Azun. Comme convenu je vous apporte la pierre sacrée.

— Montrez-la-moi, répondit-elle fermement.

Un des hommes lui prit le petit coffret en bois, qu'il gardait sous le bras, et le déposa devant sa maîtresse.

La femme l'entrouvrit. Une lueur blanche vint refléter sur ses habits luxueux en cuir.

— Parfait. C'est bien ce que je recherchais, dit-elle en refermant le couvercle.

Au terme d'un cours silence, Azun s'impatienta. Il était venu ici pour un échange. Alors il réclama son dû.

— Vous m'en voyez navré de vous le demander, mais où est ma récompense ?

D'un geste lent, la noble leva la main montrant dans le coin de la pièce un gros coffre en bois, déposé contre le mur.

Il se précipita vers son trésor, les yeux remplis d'étoiles. Tous ses fantasmes allaient devenir réalité ! Ses mains tremblaient d'excitation. Il l'ouvrit et à sa grande surprise, le fond était vide. Azun resta figé un moment, s'assurant de ne pas rêver. Était-ce une blague ?

Il se retourna furieux.

— Qu'est-ce que ça veut dire ? Vous essayez de m'arnaquer ? Rendez-moi la pierre ou j'irai vous dénoncer !

Un silence pesant s'installa. La femme ne broncha pas.

Azun se redressa et s'efforça de garder son calme.

— Bien, dit-il aussi doucement que possible. Si vous pensez vous en sortir aussi facilement parce que vous êtes une n...

Impossible d'ouvrir la porte. Elle était verrouillée. Un mauvais pressentiment et de la confusion l'envahissaient.

— Saviez-vous que le village était géré par la Matriarche, demanda-t-elle d'un ton léger. Bien sûr que non. Comment pourriez-vous le savoir ? Dans le cas contraire vous ne seriez pas venu ce soir.

Elle se leva de son fauteuil et contourna la table. Quelque chose de lourd grinçait derrière ses pas.

— Sa Sainteté sera soulagée de retrouver son joyau, ainsi l'ordre pourra être restauré dans le nord. Quant à moi, une dernière tâche m'incombe...

La moitié du visage de la femme passa dans un rayon de lumière. Il reconnut ces yeux argentés. Son cœur fit un bond dans sa poitrine.

— ... vous rappeler que personne n'échappe au courroux divin.

Les lumières s'éteignirent.

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