Chapitre 3 : Les juges

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Une fois réveillée, je constate que je ne sais pas où je suis. Normal, pour ça, il aurait déjà fallu que je réussisse à voir quelque chose dans cette obscurité. En me relevant lentement, je sens un tissu descendre sur mon ventre, ce qui m'indique que l'on m'a apporté une couverture. On m'a déposé dans un lit au matelas pas vraiment très confortable, je sens douloureusement les ressorts me rentrer dans le corps.

— Aïe !

Mon dos me fait souffrir, je me redresse doucement pour l'épargner. Le lit grince. Mes yeux essayent de s'habituer à l'obscurité quasi-totale puisque seul le bas de la porte laisse passer un semblant de lumière venant du couloir. En me dirigeant vers celle-ci, je me rends soudainement compte d'une chose, je n'ai plus mal, à part mon dos, bien sûr ! Mais plus mal pourquoi déjà ?

Les souvenirs me reviennent dans un flash qui m'éblouit. Barbie gothique, le métro, l'accident... et les voix. Oui, les voix ! Je n'ai pas pu ouvrir les yeux à ce moment-là, mais j'ai aperçu un brin de leur conversation. Je ne me souviens plus avec précision de leur conversation, mais je les ai entendus. Qui sont-ils ? Et surtout comment est-ce possible de survivre à un tel accident. Car si je suis sûre d'une quelque chose en ce moment, c'est que je suis bien vivante... À moins que je ne sois morte. Je me rappelle la vitesse avec laquelle le métro roulait et le fait qu’il continuait à accélérer. C'était purement impossible de survivre à ça.

Un bruit se fait entendre, quelqu'un arrive par ici et une ombre passe en dessous de la porte. Je fais un pas en arrière pour me plaquer contre le mur, le cœur battant. Quelqu'un va-t-il venir me chercher ? Pourquoi m'a-t-on amené ici ? Mais les pas s'éloignent et je soupir de soulagement, je n'ai pas remarqué avoir tenu ma respiration, le corps crispé.

Je n'ai pas le temps de me remette de mes émotions que d'autres bruits de pas résonnent dans le couloir, mais cette fois, l'ombre s'arrête devant ma porte. J'entends des bruits métalliques semblables à ceux d'un trousseau de clés qui tourne dans la serrure de ma porte. Des frissons me parcourent l'échine, je me plaque encore plus contre le mur, en m'approchant à petits pas de la porte. Je me prépare à l'assaut. Je ne vais pas rester là sans rien faire ! Je ne sais pas ce que je vais devoir déployer comme stratégies une fois cette porte franchie, mais tant pis, j'improviserai comme toujours ! Mes muscles se tendent, prêts à bondir. La porte s'ouvrit doucement, mais s'immobilise aussitôt, ne laissant qu'une petite ouverture, impossible pour moi de m'attaquer à mon ravisseur.

Merde ! Il a anticipé mon attaque !

— À ta place, je ne tenterai rien sous peine de te retrouver humiliée ! me prévient une voix grave alors qu'une lumière aveuglante remplit subitement ma cellule quand la porte s'ouvrit pour de bon, ce qui me force à protéger mes yeux de mes bras, trop habitués à la pénombre.

Je ne vois presque plus rien ! L'homme rentre mais reste planté devant la sortie, occupant toute la place de sa carrure imposante. Pas le choix, va falloir forcer le passage.

Dans les cas désespérés, mesures désespérées.

Et c'est ainsi que je me suis retrouvé à me lancer tête baissée vers ce colosse qui n'a pas vraiment beaucoup de mal à me maîtriser. Dès le début je savais que je ne faisais pas le poids, pourtant, il fallait que je tente quelque chose !

Me plaquant tête contre le sol, il me dit :

— Je t'avais prévenu ! déclare-t-il d'une voix lasse comme s'il avait l'habitude de voir ce scénario se dérouler encore et encore.

Mais je m'en fiche pas mal de sa lassitude, tout ce que je veux, c'est de sortir d'ici coûte que coûte. Le colosse a cependant raison pour une chose, dans cette posture, je me sens humiliée ! Depuis que j'ai appris à maîtriser différentes techniques de combat, je n'ai plus trouvé beaucoup d'adversaires à ma taille.

À une époque, je cherchai souvent la merde pour pouvoir acquérir le plus d'expérience possible en matière de combat, il faut dire que cette histoire d'autodéfense et de vengeance m'a vraiment tenu à cœur, voir même monté à la tête. Mais maintenant, peu importe ma souplesse et mon expérience, le colosse paraît posséder ces deux atouts depuis longtemps, sans compter la force musculaire qui est clairement de son côté. Il finit par me relâcher sans délicatesse.

— Bien, maintenant debout ! On n'a pas de temps à perdre, la séance doit commencer bientôt, on ne fait pas attendre les juges ! me dit-il en me lançant quelque chose à la figure. Habille-toi vite, on part. Et laisse tes affaires ici, crois-moi, tu n'en auras plus besoin...

Sur ce, il referme la porte sans plus d’explications, ne me laissant pas le temps de protester. Trop de questions tourbillonnent dans ma tête alors que des étoiles dansent devant moi. Mes yeux n'ont pas eu le temps de s'habituer à la pénombre et maintenant, on me demande de m'habiller dans le noir ?! Et puis quoi encore.

— Fais vite, je te donne deux minutes avant d'entrer et t'habiller moi-même ! Je te préviens, je n'aurais aucun scrupule à le faire, ricane le colosse de l'autre côté de la porte tout en frappant contre celle-ci pour me hâter à m'habiller.

Je n'aime pas faire ça, mais j'obéis et me change dans ce qui me semble être un pantalon en toile et un t-shirt large et simple. J'attache mon pantalon grâce à une petite cordelette pour éviter qu'il ne tombe puisqu'il était beaucoup trop grand pour moi. Ensuite, je fouille dans ma veste et prends mon téléphone que je cache immédiatement dans mon soutien-gorge. Téléphone qui miraculeusement a tenu au choc, vive les coques, ainsi qu'un petit couteau suisse que j'attache à ma ceinture. On ne sait jamais quand ça s’avèrerait utile.

— Trois. Deux. Un. Je rentre ! m’avertit le colosse depuis le couloir.

La grande porte s'ouvre avec fracas, le bonhomme au crâne rasé se poste à côté de l'entrée et tend la main en m'invitant à sortir de ma cellule. Dans le couloir, deux personnes m'attendent, un grand blond à la même corpulence que celle de mon colosse, ainsi qu'une femme bien en chaire qui semble ennuyée par la situation et n'attend plus qu'une chose, en finir. Un détail étrange attire mon attention, ils sont tous les trois habillés d'une sorte de robe brune, comme celle des moines.

— Avance ! m'ordonne la femme comme si elle parlait à un chien.

Je serre les dents et lui lance un regard noir qu'elle me rend tout aussi bien.

— Qui êtes-vous ? demandé-je sur la défensive. Et c’est une blague !?

Je les regarde de bas en haut, ils sont franchement ridicules dans cet accoutrement. Le regard du grand blond à côté de la femme est empli d'une compassion qui me fait grimacer.

Garde ta pitié, je n'en ai pas besoin !

Mais le colosse chauve de tout à l'heure intervient avant qu'on ne me réponde :

— Demande aux juges, ils sont là pour ça, maintenant avance !

— Non !

— Comment cela "non" ?!

— T'as bien compris, je ne suis pas un jouet que vous pouvez balader comme vous voulez, je ne bougerai pas d'ici avant que quelqu'un ne m'explique ce qu'il se passe et pourquoi on m'a enlevé ?

Les deux acolytes qui sont restés en dehors ne notre échange me regardent interloqués.

— Je ne suis pas dans un hôpital, j'étais enfermé dans une cellule, pas très confortable d'ailleurs. J'en déduis que j'ai été enlevée et puisque vous refusez de répondre à mes questions...

Je n'ai pas le temps de terminer mon argumentation que l'on m'interrompt.

— Les juges t'expliqueront alors..., commence la femme comme pour me presser à avancer, avant que je ne l'interrompe à mon tour.

— Et c'est qui ces "juges" à la fin ! m'emportai-je. C'est une blague ou quoi ?! Ce n'est pas drôle, allez chercher une autre victime, car je ne marche pas !

— Ça suffit ! cri Crâne-rasé qui sort de la cellule.

Il avait apparemment inspecté celle-ci pour je ne sais quelle raison. Voir que tout était en ordre, je suppose. En s'approchant de moi, il m'attrape par le poignet et me tire après lui dans le couloir.

— Toi, tu nous suis sans broncher, ne nous fais pas perdre notre temps ! s'énerve-t-il.

Je le laisse me tirer pendant presque deux mètres jusqu’à arriver à un croisement avant d'arracher violemment mon poignet à sa prise. Surpris, il ne réagit pas assez vite pour éviter mon coup de genou dans les parties intimes et mon coup de poing sur le nez qu'il s'écroule au sol dans un grognement de douleur. Je m'enfuis dans un autre couloir au hasard sans jeter un regard en arrière pour voir si le blond et la femme se précipitent sur le blessé à terre ou à ma poursuite. Je cours aussi vite que mes jambes me le permettent, mais dans un tournant, je percute violemment quelqu'un et tombe sur les fesses. Pas le temps de me relever que déjà l'inconnu aux vêtements de moine se jette sur moi en essayant de me maîtriser. Je me débats comme une furie, encore un petit effort ! Mais mes espoirs s'envolent lorsque j'aperçois trois silhouettes apparaitre dans mon champ de vision.

— Vous avez perdu quelque chose ? articule difficilement le poids lourd qui m'écrase toujours en essayant de me tenir immobile. Venez vite, je ne pourrai pas la retenir encore longtemps...

Mais il ne peut finir sa phrase car je lui mords le bras aussi fort que je le peux. Son hurlement se répercute sur tous les murs. Il me tire les cheveux pour m’arracher à son bras.

— Attachez-la ! ordonne la femme furieusement à ses deux acolytes.

Les traits de Crâne-rasé sont tirés par la douleur et la colère, il tient son nez ensanglanté dans une main et me lance un regard noir tout en s’approchant de moi. Ses traits sont crispés, je vois bien qu’il se retient de m'étrangler. Pour autant, il fait ce qu’on lui a ordonné et s’empresse de me passer des menottes, sans ma coopération, bien sûr. Je ne suis pas un fichu criminel ! Alors que je le leur fait remarquer, ils éclatent de rire.

— Comporte-toi convenablement et on y fera peut-être attention..., dit la femme d'un air hautain et la voix grinçante. Maintenant reste tranquille ou sinon tu vas te blesser toute seule !

Sur ce, le blond vient aider le colosse pour me relever puisque je ne cesse de me débattre et me pousse dans la direction convenue. Crâne-rasé me maintient correctement les mains derrière mon dos, chose inutile, puisqu'elles sont déjà attachées et qu'elles me font suffisamment mal comme ça. Les deux autres restés en arrière me forcent à avancer, alors que celui qui m'a intercepté dans ma tentative de fuite repend sa patrouille en se massant le bras meurtri. Ils m'ont à l'œil désormais. Moi à l’avant avec la femme qui me maintiens fermement et derrière nous, les deux hommes, prêts à se sauter dessus si nécessaire. C'est avec cette formation que nous montons trois étages en passant par un énorme escalier en marbre. Une statue grecque nous attend en haut des marches, surplombant de toute sa hauteur l’immense salle que nous venons de traverser. Les étages supérieurs sont différents de celui dans lequel se situe ma cellule. Ce sont de longs couloirs en marbre gris et blanc avec d'énormes portes en bois massifs. Le plafond est extrêmement haut, comme dans les vieilles constructions de grande ampleur.

Le couloir que nous sommes en train de traverser est vide, on dirait qu'il n'y a pas âme qui vive.

S'arrêtant devant la cinquième porte à gauche, le colosse détache un énorme trousseau de clés de sa ceinture et entreprend de l'ouvrir alors que ses deux acolytes continuent de me surveiller. Il me lance un regard lourd de sens, son nez à cesser de saigner, mais le sang séché s'est étalé sur son menton. Je lui ai visiblement vraiment cassé le nez...

— Euh... Qu'est-ce qu'on fait ici, plus exactement ? demandé-je alors que je reprends petit à petit mon assurance habituelle.

Mes poignets me font un mal de chien, sans déconner, ces types m'ont menotté ! Ils décident de m'ignorer, ne trouvant sûrement pas intéressant de s'occuper de ma désorientation. C'est assurément une petite vengeance personnelle pour avoir essayé de m'enfuir et pour le nez aussi... Avant de pouvoir leur pose plus de questions, on me pousse à l'intérieur sans ménagement. La porte claque dans mon dos.

— Eh !

Je pivote vivement vers la portée, essaye de l'ouvrir, mais mes mains sont attachées dans mon dos, ce qui me force à me hisser sur les pointes des pieds pour m’aider de mes coudes. A mon grand malheur, elle est fermée à clef.

— EH !

J'essaye d'appeler quelqu'un, mais abandonne très vite en comprenant que personne ne viendra. Je soupire.

Alors que je découvre ma nouvelle "cellule", mes jambes se mettent à trembler. Je ressens un haut-le-cœur et je retiens mon souffle sans m'en rendre compte.

La pièce de mon cauchemar !

Les mêmes chaises blanches autour d'une table d'un blanc tout aussi immaculé. Les mêmes détails que lors de mes cauchemars me sautent aux yeux. Je constate avec horreur que je porte les mêmes vêtements et encore cette nausée qui me fait reculer jusqu'à m'adosser péniblement contre la porte.

Mon cœur se serre et je commence à pousser tout mon corps contre celle-ci pour essayer désespérément de fuir cette vision qui a terrorisé toutes mes nuits durant une semaine entière, mais elle reste fermée.

Collée contre la porte, je guette désespérément le moindre mouvement des murs. Aussi ridicule que cela puisse paraître, je continue d’avoir peur alors même que rien ne se passe. Si je détourne le regard, les murs avancerons, n’est-ce pas ? Je tente de me persuader du contraire, mais comment réussir à me convaincre que je suis en sécurité dans cet endroit inconnu et impersonnel ?

C’est stupide, rien ne bouge ! C’est stupide ! essayé-je de me rassurer tandis que les tremblements de mon corps s’estompent peu à peu.

Pourtant, les coïncidences sont trop fortes : les murs, les chaises, les vêtements... Ma tête appuyée contre la porte, j'essaye d'apaiser la course folle de mon cœur, tentant de me calmer en me focalisant sur ma respiration... Je suis complètement désemparée, je ne comprends pas ce qu'il m'arrive, où je me trouve et qui sont tous ces gens en robes de moine. Je ne suis sûre que d'une chose, on m'a enlevé. Ça doit être ça, sinon pourquoi m'avoir enfermé dans une cellule et attaché pour m'empêcher toute fuite.

Mais pourquoi ? Je ne suis pas quelqu'un d'important, tentent-ils d'avoir une rançon auprès de mes parents ? Ridicule ! Suis-je intervenu sans le savoir dans une mission d'un espion de la CIA et compromis la mission, on cherche à me punir ? Mes épaules s'affaissent.

Je perds les pédales, c'est officiel. C'est la seule explication plausible. Peut-être que je suis finalement dans un lit d'hôpital et je délire à cause de mon accident, même si je ne vois pas comment j'ai pu survivre ...

Je fais les cent pas dans la pièce et mes poignets me gratter tellement que cela en devient douloureux. Une autre peur fait monter la pression dans mes veines : et s’il s’agissait d’une organisation de trafiquant d’humains ?! Je ne peux absolument rester ici, qui sait ce qu’ils ont prévu pour moi. Pourtant quelque chose ne colle pas. Un regard vers la petite table me permet d'apercevoir une clef. C'est peut-être celle qui ouvre ses fichues menottes !

En m'approchant de la table, je me tourne en essayant de les attraper. Pas vraiment pratique puisqu'elle est au milieu de la table et que mes mains sont attachées dans mon dos, je dois m'asseoir sur la table pour pouvoir m'en emparer. Peut-importe de quoi il s’agit, je n’ai rien à faire ici ! Lorsqu'une voix résonne derrière la porte, je saute aussitôt sur mes pieds et fais quelques pas de côté pour m’approcher du mur derrière la porte.

— Éloïse, éloigne-toi de la porte, je vais l'ouvrir, me dit une voix tremblante, typique des personnes vraiment très âgées.

La porte s'ouvre sur un vieillard en robe blanche. Les innombrables rides de son visage ne font qu'ajouter de la douceur à ses yeux d'un bleu extrêmement clairs délavés par les années. Je suis surprise par une telle apparition.

— Bonjour petite, tu m'as l'air bien pâle... Je t'en prie, prends place, tu dois être fatiguée, s'inquiète le nouveau venu avec une bienveillance évidente.

Je m'immobilise, déboussolée. Comment connaît-il mon nom ? Je serre plus fort la clé dans ma main. Le vieil homme s'assoit dans l'une des chaises comme pour me montrer l'exemple et me regarde longtemps, un peu triste.

— Si jeune et pourtant..., murmure-t-il avant de s'interrompre. Mais même si la vie est parfois injuste, on ne peut pas aller contre le cours du destin.

Après s'être frotté légèrement le nez, il reprit d'une voix plus claire.

— Petite, crois-tu au destin ?

Je le regard dans les yeux, l'incompréhension doit se lire dans les miens, car il reprit d'une voix douce qui se veut rassurante.

— Reste forte mon enfant, nous ne te ferons aucun mal, ce n'est pas notre intention...nous ... Nous ne faisons que notre travail vois-tu ? Mais je t'en prie, prends place à mes côtés, il ne va pas tarder à arriver, nous avons eu comme un imprévu et puis avec ses changements de locaux, dit-il avec un sourire fatigué.

Malgré tous ses efforts, je reste tendue. Je ne ferais confiance à aucun mot qui sortira de sa bouche, je m’en fais la promesse. Cette situation est bien trop anormale.

— Qui ? demandé-je perplexe. Et puis comment connaissez-vous mon nom ? Je ne sais pas qui vous êtes et pourquoi je suis là.

— Oh, mais ne t'en fais pas, il ne tardera pas à arriver et il se présentera. Mais en ce qui me concerne, je m'en excuse petite Éloïse. J'ai été impolie, impardonnable même. Je me nomme Patrick et pour répondre à ta deuxième question, nous possédons un dossier sur chaque individu, tu n'y échappes pas à la règle.

Un blanc s'installe entre nous, la gêne s'ajoute à mon air perdu, le malaise est de plus en plus présent, c'est pourquoi je tente de combler le vide. Qu’est-ce qu’il veut dire à la fin.

— Non, je n'y crois pas... , dis-je doucement après ce qu'il me semble être une éternité, mes yeux toujours fixé aux siens.

— Pardon ? demande-t-il doucement.

— Au destin, je n'y crois pas...

Un air compatissant se dessine sur le visage du vieil homme.

Mais bon sang ! Je ne suis pas si pitoyable que ça ! Et puis c’est quoi son problème !

— Ne crois-tu pas que chacun d'entre nous a une destinée, un but précis de son existence ? Ne crois-tu pas en une histoire spéciale pour chacun ? Pour toi ?

Je ricane.

— Vous écrivez un Disney ? Je préfère tout simplement décider de mon avenir et ne laisser personne le contrôler pour moi! fini-je par cracher avec amertume avant de m'interrompre brusquement.

Je suis choquée, j’aurais presque pu me confier à lui si la conversation était partie sur ce terrain encore plus lontemps. Il me semble être une personne de confiance avec son visage ridé et son regard remplis de bonté. Mais qu'est-ce qu'il me prend ? Bon sang, il est loin d’être une personne sans importance ! Tout à coup, ses yeux d’un bleu délavé se mettent à briller d’une lueur d’intelligence avant de reprendre leur éclat initial.

Un frisson me parcourt l’échine, j'éloigne ma chaise de la sienne et décide de rester muette après avoir clarifié une dernière chose, les mains toujours attachées dans le dos.

— Lorsqu'il viendra, vous m'expliquerez ce que je fais ici ?

— Oui, finit-il par dire calmement après avoir hoché la tête.

Un sourire bienveillant soulève autant le coin de ses lèvres qu’il ne réveille tout son visage, me faisant douter de ce que j’avais vu quelques instants auparavant.

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