Pourquoi le diamètre d’un cd-rom mesure 12 cm

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Il y a 40 ans

Pourquoi le diamètre d’un cd-rom mesure 12 cm

Comment raconter une histoire a posteriori

Chaque jour ou presque, nous manipulons un DVD (sigle de l’anglais Digital Versatile Disc, disque numérique polyvalent). Apparu en 1995, il a repris la taille de son prédécesseur, le disque compact (CD, Compact Disk ou cédérom). C’est ce dernier qui nous intéresse, car il est le marqueur du passage de l’analogique au numérique. De plus, la raison de ses caractéristiques techniques a donné lieu à une belle histoire, fabriquée a posteriori.

Avant le cédérom, pour écouter de la musique enregistrée, il y avait eu le disque en celluloïd, disques de 12 pouces, introduit par Gramophone en 1903, offrant trois minutes et demie d’enregistrement. En 1948, Columbia lance le disque microsillon en vinyle qui tourne à 33 ou 45 tours par minute, détrônant l’ancêtre à 78 tours par minute. La bande magnétique, sous sa forme grand-publique, la cassette audio, la K7 pour les initiés d’alors, date de 1963. En quelques années, le cédérom a rangé ces supports au rayon des vestiges archéologiques.

L’apparition du cédérom a été rendue possible par les travaux de Claude Shannon, fondateur principal de la Théorie de l’information, avec le théorème de l’échantillonnage, dans les années 1960. Ou, comment en prenant quelques mesures de temps en temps sur un signal ondulatoire, il est possible de le coder sous forme numérique (suite de 0 et de 1), puis le restituer sous une forme perceptible par nos sens. Cela permettra la numérisation du son, puis des images, véritable révolution technologique. Nos autres sens, n’utilisant pas une onde comme support, sont infiniment plus difficiles à numériser.

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Le cédérom est issu d’un partenariat entre les sociétés Philips et Sony de 1979 à 1982, date du premier lancement commercial. Elles avaient entrepris des recherches chacune de leur côté et voulaient industrialiser l’invention de James Russel, qui avait obtenu un brevet de disque numérique dès 1966.

L’histoire officielle, sur le site de Philips, dit que la durée d’enregistrement du cédérom a été imposée par Beethoven. En effet, l’épouse du vice-président de Sony, Norio Ohga, souhaitait qu’un seul cédérom puisse porter l’intégralité de son œuvre préférée, la Neuvième Symphonie de Beethoven. Il fallait trois faces de 33 tours pour la restituer. La filiale musicale de Philips, Polygram, a alors indiqué que l’enregistrement par Herbert von Karajan durait 66 minutes. Le plus long enregistrement connu, de 74 minutes, était celui de Wilhelm Furtwängler en 1951. Ceci est donc devenu le temps de lecture maximum d’un cédérom et imposait un diamètre de 12 cm.

Cette explication a été élaborée à rebours et masque des préoccupations beaucoup plus matérielles et commerciales.

En effet, lors des premiers échanges entre les deux firmes, les ingénieurs n’étaient d’accord que sur un point, la durée qui devait être de soixante minutes. Ni le format d’encodage, ni le diamètre, ni la taille du trou central n’étaient partagés…

Chacune des entreprises avait déjà mis en place des chaines de production, Philips avec un diamètre de 11,5 cm et Sony avec un diamètre de 10 cm. Ni l’une ni l’autre ne voulait laisser un avantage à son partenaire. C’est au plus haut niveau que les dirigeants de ces entreprises décidèrent d’un diamètre n’avantageant ni l’un ni l’autre : arbitrairement 12 cm. Cet accord permit le lancement en avril 1982 par Philips du premier lecteur et du premier cédérom, suivi immédiatement par Sony.

Les équipes techniques prirent en compte cette décision et aboutirent à un cédérom de 74 minutes et 33 secondes. La Neuvième Symphonie pouvait tenir dessus ! Sauf que… les supports des masters d’enregistrement de cette époque, sur cassettes magnétiques, ne pouvaient pas dépasser 72 minutes, mais cela ne dura pas longtemps.

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La révolution numérique se poursuit encore et, après le remplacement des supports analogiques, les cédéroms et DVD, supports physiques, sont à leur tour victimes du progrès avec les données accessibles directement en ligne ou avec le stockage des données sur les gouttelettes des nuages de l’information, le fameux cloud. En même temps, le disque vinyle fait un retour en force !

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