Pourquoi les claviers numériques des téléphones et des ordinateurs sont différents

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Il y a 60 ans

Pourquoi les claviers numériques des téléphones et des ordinateurs sont différents

Quand les ingénieurs ne se rencontrent pas


Nous utilisons nos téléphones et nos ordinateurs si machinalement que c’est à peine si on se rend compte des différences. Pourtant, sur un téléphone, le clavier est numéroté sur trois rangs, avec 1, 2, 3 en première ligne, alors que le pavé numérique sur le clavier d’un ordinateur ou d’une calculette, porte 7, 8, 9 sur la première ligne. Avec dans les deux configurations toujours le zéro sur la ligne la plus basse. Sur votre smartphone, vous avez ainsi au moins trois claviers différents qui s’affichent selon l’application dans laquelle vous êtes : téléphone pour appeler, informatique pour la calculatrice, ligne de chiffres pour la frappe de texte… Auxquels il faudrait ajouter les rouleaux pour indiquer les dates ou les heures.

Pour comprendre cette différence, il faut remonter aux deux approches à la source de ces trois présentations.

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Le téléphone, avec les premiers centraux électromécaniques en 1913, évoluait vers le cadran rotatif. Souvenir du temps où les centraux téléphoniques étaient désignés par leur nom, puis par leurs trois premières lettres, à chaque chiffre du cadran furent associées trois lettres (sauf pour le 1, sans aucune lettre, et pour le 9, assortie de quatre lettres : W, X, Y, Z). Au début des années 1960, avec le début du passage à l’électronique, la nécessité d’un clavier à touche pour les téléphones apparait. Les laboratoires d’American Telephon and Telegram, les Bell Labs, travaillent sur la meilleure ergonomie : facilité de frappe et évitement d’erreurs. Ils proposent le pavé numérique sur trois rangs. Naturellement, pour conserver les lettres, on mit le pavé numérique dans l’ordre de l’alphabet, et donc en commençant par le 1, 2, 3 sur la première ligne. Le premier téléphone à touches sort le 18 novembre 1963. Sur les premiers téléphones portables, ne disposant que d’un clavier numérique, la présence des lettres associées aux chiffres a servi pour les premiers SMS et autres textes : il fallait frapper deux fois le chiffre 2 pour obtenir un b, trois fois pour un c, etc. Ce fut une des premières raison du langage SMS.

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Pour les claviers numériques, il faut remonter à ceux des premières caisses enregistreuses ou des machines à calculer mécaniques. Chaque constructeur avait imaginé une solution originale : en roue, une ligne pour les cinq chiffres pairs et une autre pour les impairs, deux lignes avec les chiffres en séquence…, sans doute pour tenir compte de leurs contraintes techniques. Beaucoup, cependant, avaient un clavier numérique avec trois lignes de chiffres et commençant par 7, 8, 9. Ce sont les mêmes fabricants qui ont proposé les machines à calculer, puis les machines mécanographiques et enfin les ordinateurs, d’où une filiation évidente.

Au début des années 1960, quand les claviers sont apparus sur les premiers terminaux de commande des systèmes d’exploitation des ordinateurs, les fabricants se sont inspirés des claviers alphanumériques qu’ils connaissaient, ceux des téléscripteurs et des machines à écrire. Ces dernières avaient déjà une longue histoire et une déclinaison par pays existait : QWERTY anglais versus AZERTY français, par exemple. Ces appellations sont simplement l’ordre des touches de la première ligne. La disposition des lettres sur le clavier était conçue pour éloigner les lettres les plus fréquemment contiguës dans les mots afin d’éviter le bourrage des tiges lors de la frappe. Les chiffres étaient sur la première ligne du clavier, dans leur ordre naturel.

Sur ces premiers terminaux de saisie, dans certains cas, un pavé numérique était ajouté, repris simplement des machines à calculer.

À la fin des années 1970 apparaissent les micro-ordinateurs, les personnal computers, les PC. Le premier, celui d’IBM, disposait d’un clavier de 88 touches. Très rapidement, à partir de 1984, une norme internationale pour les claviers d’ordinateurs est mise en place, la norme ISO 9995, avec 102 touches et surtout la répartition en zones : touches de fonction, chiffres et lettres accentuées, ponctuations, numériques et arithmétiques, informatiques. Le pavé numérique est demeuré tel qu’à son apparition.

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Les deux technologies ne se sont donc jamais rencontrées : apparemment, les ingénieurs du téléphone n’ont jamais échangé avec ceux de l’informatique ou inversement, d’où cette diversité à laquelle nous ne prêtons plus attention. Changer les choses aujourd’hui semble impossible, ou secondaire.

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