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Une femme lève timidement le doigt. Elle est très belle, semble jeune, elle est surtout magnifiquement habillée. Vous devinez sans peine que ce doit être une personne d'importance à Narnia. Et, comme si elle avait lu dans vos pensées :

-Je suis la princesse SORILA, l'enfant unique du couple royal, et, bien sûr, la future reine de Narnia. Je suis follement amoureuse du duc de Lewis. Il m'aime beaucoup, lui aussi, je pense que nous nous marierons un jour ou l'autre. J'aime le voir participer, comme spectatrice, à des tournois à cheval... Mais le problème est le suivant : son autre passion est le jeu d'échecs. C'est un adversaire redoutable, alors que (j'ai honte de le dire), c'est tout juste si je connais les règles de ce jeu. Auriez-vous la patience de me faire faire des progrès ?

-Essayons une partie maintenant, ô princesse. Patron, auriez-vous un échiquier disponible ?

-Vous avez de la chance, M'sieur-Dame. Il est complet, c'est un honneur pour moi de vous le prêter.

Elle place correctement les pièces blanches et noires. La dame sur sa couleur, les petits pions devant. Les blancs ont l'avantage du premier coup. Jusqu'ici tout va bien ; mais, avant le dixième coup, la voici qui recule un de ses petits pions !

-Aïe, aïe, aïe, ô princesse. Le petit pion est la seule pièce qui ne peut pas reculer (avant sa promotion). Connaissez-vous la promotion du petit pion ?

-Non.

-Les règles du petit, du grand roque ?

-Non.

-La prise en passant ?

-Non.

-Les cas de nullité ?

-De nulli-quoi ?

-De nullité, d'égalité, si vous préférez. Il y a en a six : par accord mutuel, par défaut de matériel, par PAT, par la règle des cinquante coups, par répétition de coups, et par échec perpétuel, qui n'est rien d'autre qu'un cas forcé de répétition de coups. Savez-vous mater avec un roi et une dame seuls, ou bien par exemple avec un roi et une tour seuls ?

-Vous me parlez chinois, là, cher Elbrelax.

-Eh bien, il y a du boulot, je pense. Mais, ô princesse, votre front brille d'intelligence, et surtout, vous avez envie d'apprendre, ce qui est essentiel. Je suis persuadé qu'en deux ou trois semaines de cours intensifs, vous pourrez me battre moi, ou tout au moins, vous en connaîtrez assez pour passer de bons moments avec votre amoureux. Je vous propose de venir tous les jours ici, et...

-Vous plaisantez, Elbrelax. Votre gentillesse mérite au moins que je vous loge dans une chambre d'ami au palais royal. (Vous vous sentez soudain très intimidé d'être ainsi invité, comme tel ou tel seigneur ou ministre du roi lui-même.)

-Eh bien soit, ô princesse. Je n'ose pas refuser une si noble invitation.

Rendez-vous au paragraphe 57.

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