Héros

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Edmond préparait le déjeuner pour un ami et lui : une omelette aux champignons avec de la salade. Il avait sorti quelques bouteilles pour l’apéro et vérifié que le bac à glaçons était plein. La sonnette sursauta et il se hâta de la soulager en ouvrant la porte d’entrée.

Félix s’engouffra dans l’appartement et saisit son ami par les épaules. Il avait une grande nouvelle à lui annoncer, tellement grande qu’elle ne pouvait attendre que les verres soient remplis pour un toast. Il allait partir en expédition avec son laboratoire d’archéologie à Macha-chose, en Amérique latine. Il espérait y découvrir les ruines d’un temple inca, maya ou quelque chose comme ça.

Après la visite de son ami, la vie d’Edmond continua ainsi : lever vers huit heures, petit-déjeuner accompagné du journal, travail, plateau-télé et petite toilette avant d’aller se coucher avec un bon bouquin. Un événement vint légèrement troubler la surface de son existence : une lettre de Félix lui racontant les difficultés de la mission, la perte de ses papiers et de son argent, la chaleur étouffante, les recherches infructueuses… Il n’y avait pas d’adresse à laquelle répondre donc il poursuivit son aventure à lui.

Une aventure qui, parfois, se déroulait hors des murs de son appartement. Il lui arrivait de sortir se promener : au parc, le plus souvent, mais aussi, de temps à autre, dans les rues du centre-ville. Il se rendit même un jour au cinéma.

Un soir, alors qu’il regardait les infos pendant que l’eau bouillait pour les pâtes, il reconnut Félix à l’écran. La voix off expliquait qu’il était pris en otage et que les ravisseurs demandaient une rançon au gouvernement français. Il fut chagriné de cette nouvelle et ajouta du pesto à son plat pour se remonter le moral.

Plusieurs jours s’écoulèrent. Edmond but 3 litres 5 de café, mangea 7 tartines beurrées et 2 cuisses de poulet. Il passa 28 heures à travailler et 22 à dormir. Il discuta trois fois avec sa voisine, marcha dans une crotte de chien et coinça un bout de salade entre deux incisives.

De grands coups à la porte. La sonnette était-elle cassée ? Edmond alla ouvrir. C’était Félix, le visage marqué, envahi par la barbe, et les vêtements trempés. S’agitant sur le perron, il éructa : « J’ai traversé le globe pour aller chercher un trésor enfoui depuis des millénaires. Je me suis battu contre des contrebandiers, contre des moustiques. J’ai été kidnappé, roué de coups, séquestré et je me suis échappé. Je suis venu ici malgré la tempête. Tu ne crois pas qu’il serait temps que je devienne le héros de cette histoire ? »

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