8 - Frères

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Le duo ne resta pas bien longtemps au Club 42. Au bout de deux verres chacun, s’échauffant mutuellement avec certains regards et certaines paroles, ils avaient très envie de rentrer à l’appartement afin de laisser libre court à leurs instincts primaire. Ronan paya les consommations avant d'entraîner sa comparse en direction de l’appartement. Fébrile, il avait mis quelques minutes avant de réussir à tourner la clé dans la serrure et d’ouvrir la porte.

A peine cette dernière refermée derrière Lorelai qu’il se jeta amoureusement sur elle. Pendant qu’il lui couvrait le cou de baisers, ses mains se glissèrent sous ses vêtements. Elle avait la peau fraîche, et c’était agréable, pour elle comme pour lui. La nu-man n’était pas en reste, s’attelant à répondre aux avances de son propriétaire, l’embrassant dès que ses lèvres passaient à portée, laissant ses doigts courir le long des bras de son amant. Car il était son amant, et ce, quoi que puissent dire les autres…

Les yeux de Ronan se posèrent sur le bleu qui maculait le cou de sa compagne, et fit une petite moue. S’il avait réagi plus rapidement, alors cette petite blessure ne serait pas là à le narguer. Au moins, il n’y avait rien de plus. Car il savait pertinemment que cela aurait pu être bien plus grave qu’un simple bleu. Éloignant ces pensées sombres de son esprit, il se replongea dans les caresses sur la nu-man qui frissonnait entre ses doigts experts.

  • Ronan…

C’était agréable de l’entendre murmurer son prénom entre deux gémissements. Les doigts de l’humain glissèrent au bas du dos de sa comparse, bien décidé à la titiller un peu.

  • Ronan…

Il sentait le souffle chaud de Lorelai au creux de son oreille, ce qui fut suivit presque immédiatement d’un tressaillement le long de sa colonne vertébrale.

  • Ronan.

La voix de Lorelai se fit moins douce, plus autoritaire. Le jeune homme cessa ce qu’il faisait pour relever la tête vers cette dernière. Elle le fixait avec un air désolé.

  • Attends au moins qu’on ait prit une douche avant d’aller plus loin.

Ronan grogna, mais ne fit pas d’objections car il savait qu’elle avait raison. Avec un sourire amusé, il lui lança alors qu’elle s’éloignait de son étreinte.

  • Très bien… Mais ne t’étonne pas si je ne trouve pas la force d’attendre et si je te rejoins !

Le reste de la soirée fut épuisant pour les deux tourtereaux. Vers minuit, la fatigue accumulée les avait tous les deux emportés au pays des rêves. Puis vint le matin.

Sept heures tapantes. Le bruit du réveil, toujours aussi entêtant, avait retenti dans la chambre. Ronan bougonna, sa compagne s’était collée contre lui dans la nuit, et il avait du mal à bouger. Remuant doucement, il avait finalement réussit à attraper le réveil pour l’arrêter. Son regard s’était ensuite posé sur Lorelai. Est-ce qu’il devait la réveiller, ou au contraire, la laisser dormir un peu ? La seconde solution lui semblait la meilleure, et il se leva du lit, faisant tout son possible pour ne pas la sortir de ses rêves. Ronan s’habilla avec les vêtements de la veille puis se dirigea vers la cuisine pour prendre son petit déjeuner.

Le bruit de la machine et l’odeur de la boisson chaude envahit rapidement ses oreilles et ses narines. Il s’installa à la table avec son café, puis s’empara de son téléphone pour voir quelles étaient les dernières nouvelles. Il aurait pu mettre la radio mais n’avait vraiment pas envie de réveiller son amante.

Rien de neuf. Les sites d’informations qu’il vérifiait quand il n’avait pas accès à la radio ou au journal n’avaient rien de bien intéressant à raconter. Tant mieux. Au moins, il n’aurait pas besoin de partir en urgence au bureau aujourd’hui. Buvant une gorgée de café encore brûlant, il leva la tête vers l’horloge murale. Il était presque sept heures et demie. Son frère allait débarquer dans une demi-heure. Rien n’était rangé, et c’était toujours un peu le bazar dans l’appartement. Mais Ronan s’en fichait un peu. Ce n’était pas ce qui lui importait le plus.

Morgan Lirio s’était levé de bonne heure. Le rituel du matin se passa comme tous les jours. Levé, lavé, habillé, petit déjeuner. Le tout en moins de vingt minutes. Il avait pris l’habitude, n’ayant plus autant de temps pour lui ces derniers temps. Il passa un appel à ses gardes du corps, qui débarquèrent en moins d’un quart d’heure au bas de chez lui. La journée allait commencer plus tôt que d’habitude, mais au moins, il verrait son grand frère.

Ses gardes du corps, un homme taillé comme une armoire à glace et un nu-man aux airs de requins du même acabit, l’accueillir en le saluant avec respect. Le premier lui ouvrit la porte de la voiture, tandis que le second s’installa à la place du conducteur. Le chemin ne serait pas long jusqu’à l’appartement de Ronan, mais il valait mieux voyager incognito.

Ronan s’était perdu sur quelques sites internet amusant, cherchant à se changer les idées, quand quelqu’un toqua à la porte. Il regarda l’horloge. Huit heures. Le jeune homme étouffa un petit rire. Décidément, Morgan mettait un point d’honneur à arriver à l’heure. Jamais en avance, jamais en retard. Toujours à l’heure. L’agent se dirigea vers la porte d’entrée qu’il déverrouilla avant d’ouvrir. Un léger sourire aux lèvres, il accueillit son cadet.

  • Salut Morgan.
  • Ronan… Je ne te dérange pas ?
  • Non, bien sûr, entre…

Les deux hommes, car les gardes du corps étaient restés dans la voiture au bas de l’immeuble, s’étaient installés dans la cuisine. Morgan n’avait qu’une heure devant lui. C’était peu, mais ce serait suffisant pour le moment. Il remercia son frère quand ce dernier posa une tasse de café à son intention. Se réchauffant les mains avec, il entama alors la discussion.

  • Ça va, ce n’est pas trop dur le boulot ces derniers temps ?

Ronan secoua la tête.

  • Comme d’habitude. Il y a des jours tranquilles, d’autres un peu moins.
  • Hier faisait partie de la seconde catégorie.

Ce n’était pas une question de la part du gouverneur, mais une affirmation. L’aîné haussa un sourcil, attendant une explication qui arriva rapidement.

  • J’ai reçu un rapport hier soir. Concernant ta mission. Si les choses avaient mal tournées, tu aurais pu y passer.

L’agent soupira. Il n’aimait pas vraiment quand son petit frère faisait ce genre de choses. Etre surveillé ainsi, c’était très désagréable. Morgan avait sûrement demandé à sa supérieur les rapports de mission le concernant. Ronan fronça les sourcils, et sa voix se fit un peu plus sèche.

  • Je m’en suis sorti. Lorelai et moi-même nous en sommes sortis. Il n’y a que quelques bleus à déplorer.

Il marqua une légère pause avant de reprendre sur le même ton :

  • Morgan, je suis assez grand pour savoir ce que je fais, je n’ai pas besoin que tu me surveille.

Ce fut au tour du jeune gouverneur de pousser un soupir à fendre l’âme. Ce dernier reprit quelques gorgées de café avant de lever la tête au plafond. Il savait pertinemment que ce n’était pas la meilleure chose à faire que de surveiller les faits et gestes de son frère. Mais il n’avait pas trouvé d’alternatives pour garder un œil sur lui. Il était sa seule famille, et il ne voulait pas le perdre. Il regarda alors autour de lui avant de fixer de nouveau son grand frère.

  • Lorelai… n’est pas là ?
  • Elle dort encore.
  • Lorelai… Comme ta mère…

Ronan sentit un frisson remonter le long de sa colonne vertébrale quand Morgan mentionna sa mère. Il ne voulait pas en parler, mais il fut incapable de le dire à son demi-frère qui continua sur le même ton.

  • Je ne sais ce qui t’as pris de la nommer ainsi…
  • Je n’avais pas d’autres noms en tête.
  • Vraiment ?
  • Ouais…

Le gouverneur haussa un sourcil, fixant toujours son frère. Il n’arrivait pas à comprendre. La mère de Morgan était morte alors qu’il était tout petit, et les souvenirs qu’il avait d'elle, ce n'étaient que des photos. Il n’avait pas eu le temps de véritablement s'attacher à elle. Au contraire de Ronan. Il savait que ce dernier avait perdu la sienne dans un accident. Un adolescent de seize ans à qui le destin avait volé la seule personne qui comptait pour lui, et son bras gauche au passage. Morgan soupira doucement.

  • Je ne comprends pas pourquoi tu t’attaches autant à cette nu-man.
  • Je ne te demande pas de comprendre.
  • Tu devrais savoir que ce genre d’union est contre nature.

Ronan étouffa un rire avant de répondre sur un ton sarcastique.

  • Oh, je sais. Je ne le sais que trop bien. Tout comme je sais qu’il y a un paquet d’endroit dans cette ville où certains payent des sommes dérisoires pour baiser toute la nuit avec.

Il s'arrêta quelques instants, le temps d'apprécier la gêne poindre sur le visage de son petit frère, avant de continuer sur le même ton.

  • Donc tu comprends bien que cette histoire d’union contre nature ça me fait doucement rigoler…

Morgan poussa un petit grognement énervé avant de soupirer.

  • Fais ce que tu veux. Mais ne t’attends pas à faire un mariage ou avoir des gosses avec cette… Nu-man.

Ronan le savait. Il le savait pertinemment. Certes, l’idée de mariage et d’enfants lui avait effleuré l’esprit. Mais il savait aussi que c’était une chose impossible avec Lorelai. De toutes manières, tout ce qu’il voulait, c’était qu’elle reste à ses côtés. L’aimer. La chérir. Le reste n’avait pas d’importance.

Le gouverneur leva la tête vers l’horloge murale. Huit heure vingt. Il poussa un petit soupir contrarié.

  • Déjà… Le temps passe bien trop vite à mon goût.

Il avait rendez-vous à neuf heures, ce qui lui laissait peu de temps devant lui. Le jeune homme se leva de table, rajustant sa cravate pourpre. Ronan, sa tasse toujours en main, jouait avec le reste de café.

  • Tu t’en va déjà… Une journée chargée en perspective ?
  • Exactement. Plusieurs rendez-vous importants que je ne peux pas manquer sous aucun prétexte pour rester et passer un peu plus de temps avec toi.

L’agent haussa les épaules, reposant sa tasse sur la table. Il se leva à son tour avant d’accompagner son petit frère jusqu’à la porte d’entrée.

  • Bon courage Morgan…

Ce dernier se contenta d’un simple geste de la main avant de s’éloigner.

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