II

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La pièce où il se trouve à présent est petite, sobre, sans fenêtre mais pourtant chaleureuse. Un bureau dans un dressing ?

Assis sur un fauteuil design et à coup sûr hors de prix, Kévin se sent pris au piège. La sensation devrait être désagréable, mais étrangement il n’est pas stressé, il peut même se vanter d’être à l’aise avec ça. Il y a vraiment un truc qui ne tourne pas rond chez lui.

En face, séparée de lui par une console en verre noir, Mandy Lopez le regarde intensément. Ces yeux ne le quittent pas, comme un rapace sur sa proie, un rapace beau à mourir !

Kévin est un peu déçu car le tableau ne représente pas le cliché qu’il se faisait d’un tel entretien. Mandy (oui, il peut l’appeler Mandy dans ses rêves), ne pose pas dans un fauteuil en cuir avec un stylo dans la bouche et un bloc sur les genoux. Non. En fait, c’est elle qui est sur le divan (pourquoi cette pensée le rend tout chose ? Kévin, reprends-toi !) Elle est presque allongée, confortablement installée, elle ne le lâche pas du regard, mais n’a pas de quoi écrire avec elle.

Sa jupe sage est légèrement remontée sur ses cuisses. Son corps est un délice.

_ « Alors, vous êtes satisfait ? »

Kévin est prix en faute comme un vilain garnement.

_ « Quoi ? Je, non, pardon. Vous dites ? »

_ « Ne soyez pas perturbé Kévin, je peux vous appeler Kévin ? »

Elle peut l’appeler comme elle veut en réalité.

_ « Bien-sûr oui. Et je suis désolé. »

_ « Désolé de quoi ? De me manger des yeux sans retenue ou de ne pas assumer vos désirs ? »

Mince, on est dedans là, c’est parti ! La thérapie commence directement, pas d’introduction, pas de mise en bouche.

Kévin bafouille des mots incompréhensibles, ne sachant quoi faire, quoi dire, ni comment se tenir dans ce fauteuil étrange.

_ « Redressez-vous, cessez de faire l’enfant. Vous n’êtes pas un enfant Kévin ? »

Elle dit ça d’un ton jovial, pourtant Kévin sent qu’elle n’attend pas de réponse de sa part. C’est une injonction, Kévin est obligé de reprendre constance, de se tenir droit. Il y a chez cette femme une sorte d’aura assez terrifiante mais pourtant envoutante. Kévin se redresse, pose les mains sur ses cuisses et s’oblige à respirer profondément.

Madame Lopez, satisfaite, change légèrement de posture, elle prend une profonde inspiration et épouse un peu plus les contours de son divan.

_ « Voilà qui est mieux monsieur Delarchant, vous voyez, je ne mords pas. Vous devez cesser de penser que vous ne valez rien. Certes, mes mots ne vont pas soigner vos maux si simplement, toutefois, j’aime à croire que je possède un don avec les gens. Vous voyez, je n’échoue jamais. Cette information n’a pas pour but de m’auto-congratuler, non, cette information va vous stimuler, vous conforter dans le choix que vous avez fait de venir me voir. Votre choix Kévin, votre action, votre première victoire. Vous avez ce potentiel, je le sens. Vous ne le sentez pas encore, mais je peux vous dire que votre aura est puissante. Vous n’êtes pas une fragrance bon marché, comprenez-vous ? Vous êtes un Chanel, un Dior, un grand cru. Quand vous l’aurez compris, et vous y parviendrez je vous l’assure, alors le monde prendra une nouvelle teinte sous votre regard.

Un Chanel ? Un Dior ? Elle s’emballe la thérapeute. Kévin ne crois pas un seul mot de ce qu’il vient d’entendre.

_ « Vous ne me croyez pas encore. Cela viendra. »

_ « Madame Lopez, n’allez-vous pas vite en conclusion ? Vous ne me connaissez pas, je ne suis pas la personne que vous venez de décrire. Ce n’est pas moi. Désolé. »

D’un geste de la main, madame Lopez coupe court à l’intervention de Kévin.

_ « Taisez-vous maintenant. C’est assez. J’ai raison. Je le sais, vous le saurez en temps voulu. » Lui assène-t-elle brutalement.

Kévin reste muet devant cette réponse.

Mandy s’étire telle une chatte et avant que Kévin ne comprenne ce qui lui arrive, elle est dans son dos, les mains sur ses épaules, la bouche à son oreille.

_ « On se revoit la semaine prochaine. » lui chuchote-t-elle. « Faites les exercices que je vous ai demandé, vous verrez, la prochaine séance sera encore meilleure. »

Et voici que Kévin se retrouve dans la rue. Dans une rue, quelque-part.

Cet entretien était invraisemblable.

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