Chapitre 9

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— Je suis Feitan… murmura le garçon dans un état second.

Devant ses yeux pourtant ouverts défillaient des dizaines de visages, tous étaient une seule et même personne. Et cette personne était celle qui se tenait à côté de lui.

— Et tu es…

Il se tourna vers l’albinos, les yeux exorbités.

— Iska !

Il recula paniqué, tous ses souvenirs qui se bousculaient dans sa tête, s’en était trop pour lui. Beaucoup trop. C’était comme si la jeune fille avait brisé un barrage. Il perdit l’équilibre et se retrouva au pied du banc, dans la poussière mouillée.

— Je-je t’ai vu mourir. Des dizaines de fois ! Je-c’est impossible.

Le brun prit sa tête entre ses mains, il menaçait de s’arracher les cheveux.

— Peut-être que j’y suis allé un peu vite, grimaça Juliette en s’accroupissant près de Basil.

Ce dernier sentait une chaleur profonde pulser dans sa poitrine, comme lorsqu’il avait cogné Alex. Il commençait à avoir incroyablement chaud. Était-ce normal pour quelqu’un comme lui ? Un gardien comme lui disait ses souvenirs. Il n’en était pas certain.

— Juliette.

— Basil.

— Vas-t-en.

— Mais…

Elle ne s’était clairement pas attendue à cette réaction.

— Vas-t-en, répéta-t-il.

La pluie semblait fumer au contact de sa peau. Quelque chose clochait.

La gardienne se redressa et fit quelques pas en arrière. Elle sentait l’énergie dévastatrice du garçon grandir. Comment était-ce possible ? Un gardien n’était pas censé faire ça. C’était-elle trompé ? Non, elle l’avait entendu dire les noms “Feitan” et “Iska”.

Mais alors que se passait-il ? Une possession ? Elle n’en avait jamais vu, cela tenait plus de la légende que des faits. Mais alors quoi ? Il faisait de plus en plus chaud près de Basil.

— Basil ! Dis-moi ce qu’il t’arrive, je pourrais peut-être t’aider !

— Vas-t-en je t’ai dit !

Une onde de chaleur la fit vaciller, elle ne pouvait pas rester là. Il lui fallait des renforts.

— Merde ! A cause de toi, je vais devoir retourner voir les autres.

Juliette courut jusqu’au mur le plus proche et appuya son index gauche contre la pierre. La clef tatouée se détacha de la chair et se glissa dans une serrure invisible. Elle tourna trois fois avant de réapparaître sur la peau diaphane de la jeune fille. Cette dernière fonça droit dans le mur et le traversa.

§

Basil tentait en vain de contrôler le flux d’information qui fusait dans sa tête bien trop petite. Autour de lui, l’air crépitait, maintenant la pluie s'évaporait bien avant d’entrer à son contact.

Juliette avait disparu. Bien. Ainsi, il ne lui ferait pas de mal.

Tout à coup, le banc à ses côtés prit feu. Il eut un mouvement de recul avant de réaliser que c’était de sa faute. Les souvenirs de cette nuit tragique lui revinrent alors en mémoire.

L’odeur. Sa chambre. La veilleuse en forme d’étoile. La fumée. Le sol chaud sous ses pieds. Du feu, partout. Les pleurs de son père. Les cris de sa mère. Les flammes.

— Maman et papa t’aiment très fort, Basil.

Et si c’était de sa faute ? Si il était capable d’allumer ce banc, qu’est-ce qui aurait pu l’empêcher de brûler sa maison lorsqu’il avait trois ans ? Réalisant alors qu’il était probablement le meurtrier de ses parents, Basil laissa sortir toute sa colère et sa tristesse.

Alors qu’il hurlait, la chaleur se propagea d’un seul coup. Les arbres, les plantes, l’herbe, les gens, tout prit feu instantanément.

Seul lui restait intact, comme la dernière fois, il fut le seul survivant de l’incendie.

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