CHAPITRE 10

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La poitrine de Gurvan se soulevait au rythme rapide de sa respiration.

Il avait beau écarquiller les yeux, rien ne filtrait dans la nuit soudaine. Il faisait aussi noir que dans le ventre d’un corbeau.

Gurvan avait toujours craint l’obscurité. Comme tous les Bretons, il pensait que le crépuscule ouvrait la porte aux âmes tourmentées et qu’il ne faisait pas bon traîner dehors la nuit tombée. Même lorsqu’il se reposait bien à l’abri dans son lit-clos, il peinait à fermer l’oeil, rongé par l'idée qu’à l’extérieur, des âmes damnées cherchaient à s’introduire dans sa maison, dans sa chambre, dans son lit, dans son esprit.

La nuit était le royaume de la Mort et voilà qu’il se trouvait plongé en son coeur. “Peut-être que je suis mort, en réalité ? Peut-être que l’Ankoù va bientôt venir me chercher ? Peut-être même que c’est l’Ankoù qui m’a tiré jusqu’ici ? “ se demanda-t-il tandis que les larmes coulaient le long de ses joues.

Gurvan tremblait de peur autant que de froid. Sa maman lui manquait. Sa petite maison lui manquait. Ses amis lui manquaient. Sa vie d’avant lui manquait. Même le maître d’école et son air sévère lui manquaient.

Soudain, un grondement sourd retentit, la terre trembla et l’air vibra furieusement au point de devenir flou. Gurvan sentit les feuilles tourbillonner autour de lui. Il se releva aussitôt, affolé. Instinctivement, ses mains cherchèrent à tâtons le tronc du Hêtre de Ponthus. Dès que ses doigts entrèrent en contact avec l’écorce couverte de mousse, Gurvan poussa un soupir de soulagement et gratifia l’arbre d’un vigoureux câlin. Aussitôt, la chaleur de l’arbre l’inonda, sa peur se dissipa et ses larmes cessèrent de couler.

Il n’était plus seul.

Un nouveau grondement retentit, encore plus fort que le premier. Gurvan resserra son étreinte.

“Je vous en supplie, parlez-moi. Que se passe-t-il, mon arbre-ami ?” demanda Gurvan d’une voix angoissée.

Il se passa un instant pendant lequel Gurvan crut percevoir une hésitation dans les vibrations de l’écorce, puis la voix grave du Hêtre murmura : “Je sens de la colère. Une grande colère… ”

A ces mots, un éclair déchira le ciel, la foudre frappa un arbre voisin qui s’embrasa en poussant des cris déchirants.

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