Andei : la force de l'habitude

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Andei s’éveilla dans le lit de Nimrod. La veille, l’ældien était rentré tôt, et il l’avait baisé toute la nuit, le plongeant dans des abimes de délices et de souffrances, et remplissant de nouveau son ventre désormais plein à en éclater. Il avait fini par s’endormir au petit matin, lorsque les volets automatiques de la baie avaient occulté les premiers rayons de l’étoile d’un système inconnu dans lequel le vaisseau venait de pénétrer. Une nouvelle journée à jouer les animaux de luxe dans un coin perdu de la galaxie, aux mains d’une créature millénaire dont il ignorait les desseins.

Le jeune humain lui jeta un regard machinal. Cela faisait longtemps qu’il n’était plus étonné par l’aspect de son amant et geôlier : il s’était habitué. Après tout, l’ældien ne ressemblait qu’à une sorte d’hybride d’humain immense et très musclé — avec une spectaculaire chevelure — et de gros félin. Comme une sorte de mutant de compétition, fantasmé par un démiurge prométhéen. Si on se disait cela, ça passait mieux. Il contempla le visage à la perfection de statue, le coin effilé de paupières fermées. Seul le troisième œil, une entaille horizontale qui se situait sur le front, était ouvert. Andei avait appris que c’était parce qu’il était synchronisé avec le vaisseau, en permanence fixé sur les profondeurs de l’espace.

La nature ne peut pas avoir inventé ces trucs, songea-t-il en détaillant le corps sculpté de l’ældien, ses lignes de dieu grec. Quelqu’un, quelque part dans l’espace, les a imaginés. Sciemment.

Andei finit par se caler à nouveau contre l’ældien, et ce dernier posa son bras sur lui, comme la protection qu’on rabat sur les passagers d’une barge de transport. Dedans, Andei était emprisonné, mais il se sentait également en sécurité, et étrangement bien. La faute aux hormones extraterrestres dont l’ældien lui avait empli le ventre, et qui courait désormais dans ses veines. Quel que puisse être le fabricant de ces créatures — démiurge alien ou processus aveugle —, il était sacrément vicieux.

— Nimrod ?

— Mhm.

— Tu dors ?

— Non.

Andei se retourna pour lui faire face. Les yeux de l’ældien étaient grand ouverts, immenses, et le sondaient de leur profondeur cosmique.

— Je veux que tu renvoies Brüder, lâcha-t-il sans cesser de fixer les couleurs et lueurs impossibles qui miroitaient devant lui. Tu pourrais faire ça pour moi ? Après tout, je vais bientôt te donner des petits...

Nimrod cala sa tête sur la paume de son bras replié, dans un geste étrangement humain.

— Pourquoi ? Brüder est un serviteur efficace.

Andei grimaça.

— Il me maltraite. Hier, il m’a imposé un sondage, au risque de me faire perdre la portée. Puis il m’a mis la plus grosse verge et a tiré mon lait, au prétexte que j’étais excité. Mais c’était toi dont j’avais besoin, pas de ces machineries qu’il emploie.

— Brüder sait ce qui est bon pour vous. Il possède de grandes connaissances médicales, et connait parfaitement l’anatomie humaine.

L’anatomie humaine ! Comme s’il était normal pour un homme d’être enceint d’une portée d’embryons extraterrestres.

— C’est un sadique qui prend plaisir à nous humilier, grinça Andei, les dents serrées. Rien de ce qu’il nous fait n’est pour notre bien.

— Sadique ? Je ne connais pas ce mot.

Andei soupira. C’était déjà une chance inouïe que Nimrod parle leur langue, et surtout, qu’il accepte de le faire. D’après ce qui se racontait, peu d’ældiens s’y abaissaient. Mais il avait quelques lacunes au niveau du vocabulaire.

— C’est quelqu’un qui prend plaisir à faire du mal aux autres.

— Du mal ?

— Oui. Comme... faire souffrir. Provoquer des blessures, la douleur.

— Un chasseur, alors. Comme moi.

— Non, répliqua Andei vivement, de plus en plus excédé. Il nous humilie !

— Humilier ?

— Il veut nous faire honte. C’est comme... si on t’enlevait ton prestige !

À force de fréquenter le lit de Nimrod, Andei avait eu un aperçu de sa culture. D’après ce que Sorj et lui avaient compris, le « prestige » d’un seigneur de la guerre était extrêmement important. Sorj lui avait raconté que, lors de l’une des réunions auxquelles Nimrod l’exhibait, on avait procédé à une cérémonie pour un sidhe qui avait préféré crasher son vaisseau sur l’ennemi que de perdre une bataille contre une station korridite.

Mais évidemment, toutes ces histoires d’honneur ne valaient pas pour eux.

— Tu n’as pas de prestige à perdre, répondit Nimrod en se penchant pour embrasser son front. Tu es une aslith.

Puis, comme pour mieux appuyer ses dires, il le poussa doucement sur le lit. Nimrod était devenu plus doux, avec le temps. Mais ses pénétrations faisaient toujours mal. Ça, on ne s’habituait pas.

Andei écarta les cuisses machinalement. Il laissa l’ældien le caresser et lui sucer le sexe — ce qu’il faisait malheureusement peu —, puis se laissa faire lorsqu’il introduisit sa longue langue dans son simili-vagin. Nimrod prenait un malin plaisir à le prendre par-là, alors que c’était le plus douloureux et le plus humiliant. Lui aussi était sadique, finalement.

Lorsqu’il se redressa de toute sa hauteur, Andei ne put s’empêcher de regarder avec une certaine impatience son membre monstrueux. Il savait que ce truc énorme et veineux allait le déchirer, mais malgré tout cela il n’avait qu’une hâte, en être rempli. C’était comme une drogue.

L’organe glissa lentement entre ses chairs, lui arrachant un râle rauque. À cause des embryons qui y étaient nichés, Nimrod n’allait pas jusque-là, mais les premiers temps, il enfonçait sa verge jusque dans le fond de son utérus. La sensation était indescriptible, probablement proche, de ce que pensait Andei, d’une éviscération. Maintenant, elle lui manquait. Mais il savait aussi que Nimrod, après avoir déversé une certaine dose de semence dans son ventre, allait le retourner et lui faire le cul. Cette fois, il le pénétrerait jusqu’à la garde, et Andei pourrait ressentir cette impression d’entrailles retournées qu’il avait appris à apprécier.

Malheureusement, l’ældien n’eut pas le temps d’arriver jusqu’à cette étape. Au bout de deux pénétrations à peine, le jeune humain sentit un spasme contracter tous ses muscles internes. La douleur le saisit de ses griffes froides, si fort qu’il enfonça ses ongles dans l’avant-bras de Nimrod qui s’était figé au-dessus de lui, reconnaissant probablement la compression autour de son pénis.

Le travail avait commencé.

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