Sorj : foutus ældiens

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En s’éveillant dans sa couche solitaire, Sorj constata quelque chose d’anormal. Il avait une érection — comme tous les matins — mais elle était plus dure encore que d’habitude. Le manque de sexe, probablement, après avoir été dressé à en recevoir tant. Il savait Nimrod accaparé par Andei. Pourtant, son odeur était partout dans la pièce.

Sorj se leva précipitamment. Nimrod était ici, dans le sérail où il ne venait jamais. Cela devait être pour voir le nouveau.

Mais ce dernier dormait en boule dans un sofa, les cheveux emmêlés, pelotonné comme un petit animal.

— Réveille-toi, le pressa Sorj en le poussant sur l’épaule.

À travers la manne presque blanche de sa chevelure désordonnée — qui ne lui avait pas paru si longue hier —, le nouveau darda un œil vert fluo sur lui. Sorj eut un choc : il avait oublié à quel point ce foutu gosse était beau.

— Quoi ? grogna-t-il. On ne réveille pas un homme comme ça...

— Un homme, non, mais un gamin, oui. Il est ici. Je te conseille de te lever, et vite.

Gerald parut émerger immédiatement de son sommeil. Il se redressa, soudain alerte.

Il ? Tu veux dire l’ældien ?

— Lui-même.

Le nouveau balaya les environs comme un animal inquiet.

— Il est où ? Tu l’as vu ?

— Non. Mais je l’ai senti. Tu te souviens du luith, ces phéromones dont je t’ai parlé ? Je les sens tout autour de moi. Et d’après l’intensité de leur odeur, je dirais qu’il est en rut, précisa Sorj en omettant de parler de la gaule douloureuse qu’il se trimbalait.

— En rut ? Tu veux dire qu’il est là pour s’accoupler ? Avec nous ? Je croyais qu’il était occupé à foutre ce pauvre Andei ?

Sorj aurait juré que les cheveux de Gerald s’étaient dressés sur sa tête. Il avait l’air tout hérissé, une véritable boule de nerfs, si nerveuse qu’il commença lui-même à se sentir mal à l’aise.

— Hé, calme-toi un peu, lui chuchota-t-il. Mieux vaut être calme devant Nimrod. Tu ne le sens pas ? Le luith devrait te détendre, normalement.

— Non, je ne le sens pas, répliqua Gerald en arpentant la pièce. Et je suis pas détendu. Pas du tout. Je laisserai pas un putain d’ældien me foutre ses œufs dégueu entre les fesses... plutôt crever. Ah, voilà.

Sorj le regarda farfouiller dans un coin.

— Je disais ça, moi aussi... commença-t-il avant d’abandonner.

Ce gosse n’écouterait rien. Mais lorsqu’il le vit brandir une de ces lampes à cristaux qui décoraient tout le sérail, il se précipita.

— Hé ! Lâche ça avant que Nimrod te voie !

— Je compte bien lui montrer, ouais, ricana le nouveau avec un rictus mauvais.

Sorj ne pouvait pas le laisser faire ça. Nimrod le désarmerait en une pichenette, bien sûr, mais après, il les punirait tous les deux.

Cependant, le petit con ne voulait pas lâcher. Sorj lutta avec lui. C’est qu’il avait de la force, le saligaud ! Il gagnait même du terrain. Finalement, il parvint à lui coller un coup de genou dans le ventre. Le nouveau glapit, et s’écroula sur le canapé, entrainant Sorj dans sa chute. Il avait peut-être frappé plus fort que prévu.

En se retrouvant au-dessus de lui, Sorj croisa à nouveau les yeux fluorescents du gamin, rivés sur lui. Leur couleur était vraiment incroyable : elle lui évoquait ces cristaux explosifs qu’on extrayait des carrières de l’astéroïde Ukbr – 72. C’était impossible de s’en détacher. Et cette bouche entrouverte... Sorj n’avait jamais vu de lèvres aussi sensuelles.

Argh ! hurla-t-il lorsque Gerald le mordit.

Il s’écarta précipitamment. Le nouveau s’était redressé, et il recula, tout hérissé, les yeux sauvages.

— T’avise pas de me toucher ! menaça-t-il.

— C’est toi qui m’as touché, imbécile, grogna Sorj. Tu m’as mordu, putain !

Sorj fixa sa main en sang, incrédule. Ce petit connard lui avait presque arraché l’oreille.

Lorsque le nouveau sourit, Sorj crut apercevoir deux longues canines pointer sur ses lèvres rougies. Mais la vision fut très fugitive.

— Mais t’es quoi, en fait ? Une nouvelle génération de mutant boosté avec des gènes congelés de puma ?

— Contente-toi de garder tes distances, au lieu de poser des questions, répondit Gerald en croisant ses bras sur son torse étroit.

Sorj le regarda. Les cheveux détachés — ils avaient dû être tirés en arrière la veille, c’était pas possible autrement — , tombant sur ses épaules, le nouveau le fixait, ses yeux verts rivés sur lui. Il avait l’air mal à l’aise. Mais putain, pourquoi sentait-il si bon ?

Soudain, Sorj comprit. Le luith. Ce n’était pas celui de Nimrod.

— Libra toute puissante, murmura-t-il. Tu es un... un...

— Un perædhel, répondit Gerald si rapidement que Sorj ne capta qu’une syllabe sur deux. Mais il comprit la suite : un semi-ældien.

Le rejeton d’une insémination forcée, comme celle qu’Andei subissait présentement.

— Ok... déclara Sorj en reculant, une main tendue devant lui. C’est toi qui vas garder tes distances, mon gars.

— Je te veux pas de mal ! se défendit le nouveau d’une voix choquée. J’ai pas demandé à être là.

Ni à être à moitié ældien, crut entendre Sorj dans sa voix.

— M’en fous. T’es en chaleur. Tu produis du luith. Tu mords et t’as des crocs de prédateur. T’es une menace exomorphe. C’est tout ce que je vois.

— Non ! Je suis humain, comme toi !

Un rire nerveux secoua les larges épaules de Sorj.

— La bonne blague ! T’as l’air aussi humain qu’un xenolithe sur une planète inconnue.

Le nouveau rugit, puis il chargea. Sorj encaissa le choc et jeta le nouveau au sol avec une bonne balayette.

— T’es peut-être semi-ældien, mais moi, je suis un vieux bidasse qui n’a plus rien à perdre. Alors fais pas chier, gamin !

Mais Gerald lui avait saisi les jambes. Ce fut au tour de Sorj de s’écrouler, et de subir une prise du nouveau qui, vif comme l’éclair, lui avait grimpé dessus.

— Je suis humain ! lui hurla-t-il dans les oreilles en le secouant par les épaules. Et on est dans le même bateau. T’as dit qu’on devait se serrer les coudes, qu’il fallait avoir l’esprit d’équipe dans c’te merde intersidérale !

— C’est vrai. J’ai dit ça. Mais c’est quand je croyais que t’étais comme nous.

— Je suis comme vous ! Nimrod veut me niquer. Comme vous ! C’est toi qui l’a dit ! Regarde : Andei est différent, et tu l’acceptes, lui !

Sorj ne trouva rien à répliquer. Il cessa de se débattre, et le nouveau le lâcha. Tous les deux se relevèrent et reculèrent, gênés.

— D’accord, concéda Sorj. Mais garde tes distances, ok ? Je te veux toujours dans ma ligne de tir, et pas d’entourloupes.

— Ta ligne de tir... t’es même pas armé !

— Tu sais très bien ce que je veux dire. Je veux pas te voir dans mon dos, ou camouflé dans le décor, à apparaitre de nulle part comme tes congénères savent si bien le faire.

— Alors ouvre les yeux, ducon, grinça Gerald. T’as bien vu que je porte un banal uniforme technique. Pas d’armement exo sophistiqué.

— Si tu le dis. Et viens pas t’introduire dans ma chambre la nuit, chaleurs ou pas. J’ai déjà assez à faire avec un seul ældien.

— Parce que tu crois que j’ai envie de me faire baiser par un mec comme toi ? aboya Gerald. Et arrête de parler de chaleurs, je suis pas une femelle !

L’idée frappa Sorj comme un coup de poignard. Gerald se voyait comme un passif... ce qui contredisait complètement son comportement. Qu’est-ce que ça faisait de pénétrer un mec aussi beau, un semi-ældien qui produisait du luith ? De se perdre dans ce regard surnaturel, dans cette chevelure brillante et odorante ?

Sorj, qui sentait à nouveau son esprit s’embrumer, chassa cette question de son esprit. Et, prudemment, il rompit le contact visuel. C’était dangereux. Dès qu’il baissait sa garde, l’autre l’empêtrait dans ses filets.

— On va se partager les lieux. Ici, ce sera ton territoire. Les deux pièces suivantes, les nôtres.

— Les nôtres ? Parce que t’inclus Andei dans ta team ?

— T’avise pas de le toucher, menaça Sorj en plissant les yeux. C’est clair ?

— Tu veux te la garder pour toi tout seul, vieux cochon ! l’invectiva Gerald avec un sourire acéré. Je te vois bien venir ! Quand elle sera bien traumatisée par la grosse bite alien et excitée par les phéromones, c’est dans tes bras qu’elle viendra trouver du réconfort. Et là, paf ! Embryons ou pas, tu lui mettras ton braquemart !

Sorj serra les poings.

Du calme. Ça ne sert à rien de s’énerver. C’est exactement ça qu’il veut.

— Andei est un homme, le corrigea-t-il calmement. Je te conseille de pas de l’oublier.

— Ouais. Il est aussi homme que moi humain, c’est ça ?

Sorj étouffa un grognement, puis il lui tourna le dos.

— Ton territoire. Le mien ! N’oublie pas.

— Ça risque pas.

Une fois bien à l’abri dans sa chambre, Sorj se laissa tomber sur son lit. Sa queue était dure à en exploser.

Putain de semi-ældien, grogna-t-il en saisissant son sexe engorgé.

Il se masturba avec fureur, imaginant indistinctement le membre massif de Nimrod et les lèvres gonflées du perædhel.

Putain de semi-ældien, continua-t-il en râlant. Putain d’ældiens.

Trois allers et retours le long de sa hampe furent suffisants pour le faire éjaculer. Il roula sur le ventre, et, les mains encore poisseuses de sperme, saisit le phallus d’entrainement que lui avait laissé Brüder. Il l’humecta de salive et le glissa rapidement dans son anus, déjà prêt à le recevoir.

Foutu luith, siffla-t-il entre ses dents serrées, sentant venir son second orgasme.

Cela allait durer toute la journée, il le sentait. Avec cette odeur qui s’insinuait partout... et ce serait ainsi tous les jours, tant que Nimrod ne le convoquerait pas.

Foutus ældiens.

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