Adam

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Je sais ce que penserait n'importe qui ayant assisté à cette scène avec ma femme, Clémence. Il ne verrait en moi qu'un putain de salopard et sans doute aurait-il raison de me juger aussi sévèrement. Mais pour ma défense, mon mariage ne jouit d'aucune promesse d'amour. J'ai été parfaitement sincère avec ma femme dès le début. Notre vie n'est qu'un arrangement et un mal nécessaire, en tout cas en ce qui me concerne.

Si, je n'avais pas été obligé de demeurer l'héritier de la famille Authier cette histoire n'aurait pas lieu d'être. Et le chemin emprunté pour garantir la respectabilité de mon rang aurait pu être divergent de ce qu'il est. Or, malgré de réelles avancées, les mentalités n'ont pas tellement évolué dans le milieu que je côtoie depuis ma plus tendre enfance. Être ouvertement bi et polygame, n'aurait pavé mon cheminement que de haine et de mépris.

Alors, j'ai fait avec que ce je possédais et Clémence représentait sans conteste pour mon entourage la meilleure option. Bien qu'elle n'est pas celle que j'aurais choisi pour ce rôle. Grand-père Charles n'avait que son prénom à la bouche et ma mère bien-aimée le considérait comme la femme parfaite. De mon côté, l'unique chose que je souhaitais, c'était de me débarrasser de la pression familiale qui m'asphyxiait un peu plus chaque jour.

La seule personne étonnement de mon côté était mon père, mais j'ai bien vite compris ces raisons lorsque j'ai enfin rencontré Vincent. Le meilleur individu que l'on m'ait présenté cela dit, en tout cas bien plus admirable que l'était Stéphania ma mère. Beaucoup diraient que je reproduisais inconsciemment le comportement décadent de mon paternel. Or, je n'en aurais rien eu à foutre si cela me permettait d'être aussi heureux que l'est mon père grâce à Vincent.

Peu m'importait, que soit, il, elle ou eux. Depuis que j'avais pu voir évoluer le couple que formaient Vincent et mon père Nollan, malgré le refus catégorique de Stéphania de divorcer ; j'avais eu la certitude de désirer la même chose. Et cela me rongeait parce que j'avais conscience que rester avec Clémence ne ferrait qu'aggraver ma frustration et mon amertume. Je savais surtout avoir commis une belle erreur en l'épousant, car je me doutais qu'elle fût déjà amoureuse de moi à l'époque.

Pendant, longtemps, j'ai feint d'ignorer sa jalousie, mais depuis quelque temps l'atmosphère entre nous est étouffante. Lors de la discussion que nous avons eue pour l'accord prénuptial, je l'ai supplié de ne jamais tomber amoureuse moi, car j'étais sûre de ne jamais être capable de lui accorder plus que de l'affection. Au cours des préparatifs, en examinant le regard qu'elle posait sur moi, j'ai voulu tout arrêté et je lui ai même confié mes doutes ; mais elle m'a assuré qu'elle n'éprouvait aucun sentiment à mon égard et qu'il en serait inéluctablement ainsi.

Pauvre naïf, je l'ai cru, j'aurais dû me douter que ce n'était que des mensonges destinés à me rassurer. À présent, je paye cette naïveté, car ma femme semble vouloir s'accrocher à ces foutus sentiments qui ne seront jamais payés de retour.

Alors que je fuis ce désastre d'un pas vif, j'attrape un verre de champagne sur le plateau d'un des serveurs en passant et converge vers la sortie. Je dois me tirer d'ici et vite, car être près de Clémence est au-dessus de mes forces. Après la révélation que je viens tout juste de lui asséner, elle exigera certainement quelques explications et je ne suis pas près d'en discuter. Ma bisexualité est en quelque sorte un secret de Polichinelle, non que je veuille le cacher, mais c'est quelque chose que je n'ai partagé qu'avec deux personnes de confiance.

En arrivant au-dehors, je sors mon IPhone et contact Andy notre chauffeur qui décroche immédiatement.

_ Monsieur Authier, dois-je avancer la voiture ?

Je soupire et réponds avec lassitude.

_ Non, merci. Je veux que tu contactes simplement madame pour savoir si elle veut rentrer.

_ Et vous, monsieur ?

_ Je dois me rendre ailleurs, ne t'inquiète pas pour moi je te prie. Raccompagne seulement ; Clémence à la maison quand elle souhaite. Merci Andy.

Je m'apprête à raccrocher quand je me souviens de quelque chose.

_ Andy, s'il te plaît ?

_ Oui, monsieur.

_ Combien de fois vais-je devoir te demander de m'appeler Adam ?

Mon chauffeur se met à rire et rétorque.

_ Je vais vous faire la même réponse que les autres jours, monsieur. Autant de fois que vous le voulez, mais cela ; changera absolument rien quant à ma réponse.

Je ris également, mais pas aussi enthousiaste que d'habitude, raccroche et décide dans la foulée de ma rendre chez ma meilleure amie. Après un trajet en taxi parisien plus que rapide, je me retrouve sur le seuil de Stacy. Je sonne à peine, que celle-ci m'ouvre toute souriante en peignoir de satin bleu nuit.

_ Bordel mon ange, on devait se voir aujourd'hui ? J'avoue avoir complètement oublié.

Je ricane en me rendant compte que Stacy sera toujours aussi tête en l'air.

_ Non ma belle, nous ne devions pas nous voir, c'est une visite complètement impromptue.

Merde ! Je n'y avais même pas pensé ?

_ Tu n'es pas seule ?

_ Bien sûr que je le suis. dit-elle en souriant coquine. De toute façon, même si je ne l'étais pas, tu seras toujours le numéro un dans ma vie.

J'éclate rire enfin et réplique.

_ Mais bien sûr ! Tant qu'il n'a pas une grosse queue.

_ Adam ! me reproche-t-elle faussement sévère en m'assénant une tape sur le torse. Je ne te savais pas si vulgaire, je suis certaine que cette chère Stéphania et vieux dragon coincé de Charles serait ravis de t'entendre parler ainsi.

Ma mine devient toute suite sombre et le sourire de Stacy se fige. Elle m'observe davantage et m'invite rapidement à entrer avant de fermer la porte derrière nous.

_ Putain, Adam ! Tu es en costard, ne me dis pas que tu sors encore d'une de ces dîners préhistoriques dont ta matrone à le secret.

En parlant, elle nous conduit vers le canapé de son vaste salon sur lequel on s'affale tous les deux.

_ Non, en fait, j'étais à une exposition d'Alex Gournelle avec Clémence.

Elle soupire, avant de m'interroger.

_ Encore une Adam. Où est ta femme ?

Je l'imite, soupire de lassitude et lui réponds perdu.

_ Je n'en sais rien, elle est sûrement rentré à l'heure qu'il est.

Suspicieuse, elle plisse les yeux.

_ Que s'est-il passé entre vous ?

Je réfléchis un moments et Stacy me laisse y penser, puis les vannes s'ouvrent alors je lui raconte tous.

_ Je ne le sais pas réellement Stays, nous étions là depuis un moment quand je suis tombé sur un type. Je ne sais pas ce qui m'a pris, la minute d'avant j'étais fasciné par une installation d'Alex de Gournelle et la minute d'après je me suis senti attiré comme un aimant par un mec qui observait la sculpture. Un superbe brun, avec des yeux vert renversant, une musculature de dieu Grec, un sex-appeal de malade qui te donnerait envie de le baiser juste pour apercevoir son regard quand il jouit.

_ Whouah ! Bordel, Adam, quand tu l'as bouffé des yeux, tu ne faisais pas semblant dit donc.

Je repousse une mèche de cheveux qui me tombe sur les yeux, et continue en essayant d'ignorer la remarque de ma meilleure amie.

_ En fait, on a juste discuté quelques minutes avant que Clémence ne débarque. Elle était furieuse Stays, je sentais la tempête alors je l'ai présenté comme ce qu'elle est, ma femme. Du coup, le type a complètement paniqué et s'est barré.

Ma copine, me balance.

_ Bon sang, Adam, remarque, j'aurais fait pareil à sa place.

_ Clémence était jalouse, Stays. Enfin pas seulement jalouse en réalité, j'ai senti qu'elle était vraiment en pétard cette fois, mais elle continuait à se contenir. Je n'en pouvais plus, je lui ai dit pour moi.

En campant les yeux sur Stacy, je me rends compte qu'elle secoue la tête.

_ Je t'avais bien dit de ne pas épouser cette femme.

Je ricane, lorsqu'elle m'affirme cela.

_ Tu l'a jamais apprécié, Stays.

_ Et avec raison, merde ! Elle savait dans quoi elle s'engageait, tu lui as même dit d'accueillir l'amant qu'elle voulait. Tu as été des plus honnêtes avec elle, Adam et elle a tout de même insisté pour que vous couchiez ensemble si vous n'aviez personne. Je savais que c'était une putain de mauvaise idée ; cette nana te veut et t'aime, Adam. Que vas-tu faire ?


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