chapitre 12

4 minutes de lecture

Hadrien Toll affichait une mine sombre lorsqu’elle le rejoignit au restaurant de l’hôtel. Concentré sur un carnet, il ne remarqua pas sa présence avant qu’elle ne tire la chaise en face de lui. De plus en plus étrange.

— La prochaine fois, prévenez-moi lorsque vous décidez de partir en vadrouille.

Son ton bourru fit ravaler son sourire à Alyson qui décida de patienter avant de lui apprendre ce qu’elle avait découvert lors de sa « vadrouille » comme il l’avait qualifiée.

— Un problème, hasarda-t-elle.

— Non, mise à part le fait que je n’ai rien.

— Comment ça ?

— Votre fiancé m’a échappé.

Voilà qui expliquait pourquoi elle n’avait pas vu le détective plus tôt. Savoir qu’elle avait réussi là où il avait échoué la remplissait d’une fierté futile, consciente que sa réussite était avant tout due au hasard.

— Oh, figurez-vous que je l’ai retrouvé.

— Pardon ?

Le détective la regarda d’un œil mauvais comme s’il pensait qu’elle se moquait de lui, ce qu’il n’appréciait pas du tout. Le problème des personnes comme elle était qu’elle se pensait supérieure à lui et prenait plaisir à le lui signifier. Pourtant jusqu’à présent, la jeune femme n’avait pas usé d’un tel comportement avec lui, au point qu’il en avait oublié à quelle société elle appartenait, celle des grandes familles qui revendiquaient haut et fort leur légitimité et puissance. Sa cliente faisait partie d’un cercle très privé auquel il n’accédait que brièvement lorsque ses compétences étaient requises comme présentement.

— J’étais sagement attablée quand je l’ai aperçu sur le trottoir d’en face.

— Est-ce qu’il vous a vu ?

— Je ne crois pas.

Elle n’en était pas certaine, il y avait donc toujours un risque que ce soit le cas. Aussi bien sa cliente que lui, aucun n’avait fait preuve de suffisamment de prudence aujourd’hui. Hadrien n’aimait pas. Le détective la bombarda de questions, confirmant qu’elle avait suscité son intérêt.

Avec patience, Alyson répondit à chacune de ses interrogations, fouillant sa mémoire pour lui donner le plus de détails possible.

— Que pouvez-vous me dire sur l’homme qui l’accompagnait ? Pouvez-vous me le décrire ?

— Je peux faire mieux, commenta-t-elle en lui montrant l’écran de son portable.

Hadrien n’en revenait pas. Sa cliente avait réalisé un meilleur travail que lui. Il serait inspiré de se ressaisir où elle se passerait de ses services. Certes, la photo qu’elle lui présenta manquait cruellement de netteté, mais au moins, elle avait eu l’intelligence de garder ses distances, tout n’était donc pas perdu. Il transféra la photo afin de l’examiner avec plus d’attention à son retour. Le matériel dont il disposait et qui coûtait une fortune devrait lui permettre d’améliorer la photo, de sorte d’en tirer quelque chose.

À première vue, il ne reconnaissait pas l’homme, mais une vérification dans les clichés pris de l’entourage du fiancé de sa cliente, il découvrirait éventuellement son identité. Il regarderait également parmi les partenaires et clients de son entreprise afin d’éliminer une relation professionnelle même s’il pouvait tremper dans une magouille en lien avec son travail. L’instinct d’Hadrien l’exhortait à mettre de côté cette option.

Enfin un début de piste, ce voyage n’aura donc pas été vain. Avec de la chance, le lendemain leur apporterait davantage d’éléments de compréhension.

Le jour suivant, Hadrien partit tôt pour suivre Guillaume. Cette fois Alyson ne lui demanda pas de l’emmener avec lui. Elle préférait retourner dans le même quartier que la veille en quête d’indices ou mieux dans l’espoir de revoir son ex-fiancé. Elle assurerait ainsi leurs arrières dans l’éventualité où le détective reviendrait à nouveau bredouille. Elle avait conscience de la faible probabilité que son entreprise paye, mais cela ne coûtait rien d’essayer. Et puis, elle aurait au moins le mérite d’occuper son temps.

Toute cette histoire l’exaltait. Elle ne s’était pas autant investie dans une activité depuis belle lurette. Avec les années, Guillaume et elle s’étaient laissés ensevelir sous le quotidien.

En outre, elle se trouverait non loin du musée consacré à l’histoire de l’Écosse, elle pourrait donc se cultiver par la même occasion.

Alyson déambula dans les rues d’Édimbourg jusqu’à ne plus sentir ses pieds. Elle fit une halte dans le même salon de thé que la veille. Même si ses recherches s’étaient révélées infructueuses, elle avait néanmoins trouvé le cadeau idéal pour son amie, un calendrier d’écossais arborant leur kilt. Élodie allait adorer. Pour l’avoir feuilleté attentivement, Alyson ne doutait pas que son amie apprécierait la majorité des spécimens représentaient dessus.

Le regard d’Alyson erra un moment avant de se poser sur un couple installé en terrasse devant elle. Il partageait une telle intimité non sans lui rappeler celle qu’elle partageait autrefois avec Guillaume au tout début de leur relation. C’était d’ailleurs ce qui avait incité la jeune femme à opter pour une relation sérieuse avec le mariage en optique. Une nostalgie la gagna lui procurant un vague à l’âme désagréable que l’excellent café qu’elle dégustait ne parvint pas à atténuer. Qu’est-ce qui lui manquait le plus ? Une question difficile à laquelle Alyson ne pouvait pas répondre. Jusqu’alors, elle s’était refusée de se la poser. Mais depuis qu’elle avait aperçu Guillaume, son sentiment de manque était incontestable. Il ne restait plus qu’à en identifier la cause. Mais le voulait-elle ?

La journée ne touchant pas à sa fin, la jeune femme repartit deux heures plus tard en direction du musée qu’elle avait repéré. Elle découvrait pour la première fois la plupart des tableaux présentés, ce qui la fascinait. Elle prit quelques notes pour accompagner les photos prises de certaines œuvres particulièrement remarquables. Dans la dernière galerie, un tableau attira son attention. Elle s’approcha pour l’observer plus en détail sans toutefois franchir la distance de sécurité instaurée par le musée. Elle prit en note les informations de la légende indiquant que la peinture remontait à trois siècles. Il s’agit d’un portrait de l’héritier d’une famille qu’elle supposait écossaise : McClavish. Ce non ne lui inspirait rien. Pourtant elle ne pouvait détacher son regard de l’œuvre. Un élément retenait son attention, mais lequel ? Elle scruta chaque centimètre, examina les couleurs, le trait, la texture, le tout sans le moindre succès. Pourquoi ne réussissait-elle pas à rompre la connexion ?

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire lorelei l. lamy ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0