Arc 1: Moi, impératrice (p6)

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Je saluais le peu de servantes dans mon sillage, alors qu’une délicate odeur attaquait mon cerveau, mon estomac se fit entendre aussi fort que le cri d’un nouveau-né. Mon visage devait concurrencer les pétales du jardin, mon embarras fut total. Probablement par respect à mon égard, aucun son ne se fit entendre dans mon dos. Quelques instants de silence entrecoupé de bruits de talons furent dévorés par le bruit produit par des ventres affamés.

Le brouhaha de leurs propriétaires était encore plus audible, mes idées de recettes attendraient de sustenter un de nos besoins primaires.

Le grincement de la vielle porte en face de moi, produit la fin du vacarme. En face de moi se trouvait un garçon habillé de laine épaisse ainsi que son frère déjà installé qui agitait ses mains comme pour me presser à ses côtés.

Mes paroles avaient provoqué leurs effets, Nathan était non loin de mon siège et malgré le peu de temps en ma présence, Oscar semblait moins effrayé. Pour ma part, les tremblements de mon être pouvaient tous aussi être dus à la fraîcheur qui pénétrait les murs, il n’y a rien de mal à être optimiste.

Avant qu’une énième Salut ne bouche mes oreilles, je fis un sourire poli à mon fils et le pressait de se mettre à table.

Quand nous fûmes assis, les œufs et pommes de terre nous firent oublier toutes interrogations.

Je devais remercier la faim pour me permettre d'apprécier le faible volume sonore provoqué par la mastication des mets à disposition. Ce calme avait l’avantage de me laisser remplir mon corps en me temps que celui de Jonathan.

Devrais-je toujours les faire attendre pour manger ainsi ?

Jonathan n’avait pas encore un an, il savait marcher sur ses pattes et baragouiner des mots que seul son frère se croyait à comprendre. Leur croissance avait l’air bonne, une santé était signe de paix financière, car même si le médecin impérial était payé par l’État, si les garçons étaient souffrants, une embauche de salarié habilité pourrait être nécessaire. Aucune infirmière ne comptait dans mes rangs.

Le plus jeune de la salle finit son repas par lui-même, une récompense pour son attitude.

Après un dernier coup de fourchette, je regardais l’aîné essuyer son assiette.

« Oscar, as-tu encore faim ? »

Je fis attention au ton employé, je ne voulais pas gâcher l'humeur de celui qui tenait mon destin. Le gain de force qui coulait me donnait une chaleur qui diminuait mes frissons.

« Amélia… Ça va, j’ai bien mangé. »

Un plissement discret de mes lèvres s'installa alors que je regardais toujours l’enfant en face de moi. Était-ce par peur de demander où par connaissance de notre situation qu’il refusait de se plaindre ?

Malgré ma méconnaissance de ces créatures, devrais-je juste les voir comme des humains ?

« Est-ce le cas ? Je pensais me faire une douceur et le proposer à mes fils. Il semble que je vais le manger seule… »

Je feins ma tristesse, mon jeu d’acteur a tout de même leurré un enfant de 3 ans, car il faillit briser son assiette à mes paroles.

« Non ! Si, si Amélia veut partager… Je ne refuserais pas. »

Comment un bébé pouvait-il utiliser des mots si compliqués ?

« Vraiment ? Oscar, nous sommes une famille, si tu veux quelque chose, dis-le-moi. Sinon comment suis-je censé savoir ce qui se cache dans ton cœur ? »

Oui, comment savoir quand ta haine pour moi apparaitra ?

Alors qu’il touchait timidement son assiette vide, des rougeurs apparues. C’est à cet instant que je me rendus compte que son acolyte avait aussi fini.

« Allez-vous nettoyer, je vous ferai appeler quand cela sera prêt. »

Les servantes emmenaient les garçons pendant que je pris la petite porte attenante à la salle à manger.

Je n’avais aucune envie d’être là, cette colère qui grignotait mon âme était le carburant de ma survie. Les servantes n’étaient pas présentes, elles devaient faire elles aussi le plein. Sophia et une servante du matin étaient dans mon dos, j’ai pris le torchon le plus propre de la pièce et j’ai retiré la souillure de mes doigts. Pendant que mes yeux fixaient ses membres, la blancheur ne pouvait cacher le vieillissement précoce. Comment pouvais-tu avoir des mains de travailleurs, toi qui es né béni par la richesse, Amélia…

Je pris les pétales que les suivantes avaient emportés, certes malgré le silence, leurs yeux s’exprimaient. Malgré leur adoration, mon brusque changement d’état troublait la quiétude du jardin.

Il fait froid, j’ai envie d’occuper mon corps, le travail est le meilleur feu un sourire glissait à l’évaporation de mes mots

Je suis une femme faible, mais j’ai toujours travaillé pour gagner mon pain. Mes ongles cassés prouvaient mes actions. Sophia m’a fait un sourire, le genre de sourire mignon qui attire les autres abeilles.

Tant que Sophia était avec moi, personne ne poserait de questions. Avec une casserole fraîchement nettoyée, j’ai mélangé du lait, un fin filet de miel avec mes feuilles tombé.

Il n’y avait pas de frigo, pour garder les aliments, la solution première, le sel. Ma préparation, un dessert sucré serait gâté. La salle arrière où des blocs de glace remplaçaient le froid électrique.

Préparation finie, pour la suite je fis bouillir de l’eau avec quelques roses, si la filtration était efficace j'économiserais des mets. Rien de tel qu’un thé à la rose pour réchauffer ses os, un soupir de plaisir me prit quand l’odeur envahissait la zone. But chaud, la température de mes organes remettait et le froid c’était une hydratation maximale.

Quand j’ai voulu récupérer le nectar chaud, c’est un cri qui me saisit, chaud, beaucoup trop chaud. Ma main a été toute de suite prise en charge par Sophia pendant que la suivante s’occupait du reste.

« Votre Majesté, s’il vous plaît, ne faites pas ce genre de chose, nous sommes là pour vous aider. »

La panique empêchait Sophia de rester zen, ses doigts pressaient une serviette sur ma main et son visage n’était pas bon. Elle m’avait laissé envahir la cuisine, mais une petite brûlure suffisait à lui faire perdre ses moyens. Sera m’aurait probablement sermonné, un petit rire me vient.

« Ça va, j’ai été trop téméraire… c’est une petite égratignure, dans quelques heures, mon erreur n’existera plus »

Sophia m'écoutait à peine, mais parce que je voulais boire une boisson chaude, je n’étais pas pressé par ses états d’âme.

« Buvons la boisson chaude, il serait dommage que j’aie fait tout cela pour rien. N’est-ce pas ? »

Sophia me lâcha enfin, et la servante prit l’outil encore fumant et rougi par le feu. Mes sourcils se tordirent quand elle ne prit qu’une tasse.

« Les garçons pourraient avoir besoin de se réchauffer, j’ai aussi besoin de travailler. Allons dans ma salle de travail. »

Nul besoin de me retourner pour savoir que de nouvelles porcelaines apparurent sur le plateau, ce n’est la petite travailleuse qui faisait la porteuse. Sophia avait disparu de ma vue, boire seule était bien trop triste.

Mon Bureau avait été rangé, le froid avait pris place. Pas de repos pour les braves, malgré mon manque de souplesse, je m’assis sur mon trône. Une tasse dans les mains, cette chaleur qui rappelait le plaisir de vivre alors que la fumée plaisante tentait de chasser ce squatteur indésirable.

J'humectais mes lèvres, bien que la douceur du miel manquât, le plaisir lui était intact.

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