Cela faisait depuis longtemps que je n’avais pas eu l’impression de servir à quelque chose. Toutes ces années passées dans un laboratoire à manipuler des cellules cancéreuses me donnaient l’impression d’être juste un de ces innombrables chercheurs qui épuisent leur vie sans résultat. Mais voilà : un résultat, j’en ai eu un.

Un nouveau traitement contre le cancer à partir d’une bactérie génétiquement modifiée. Au départ, personne n’y a vraiment cru. Puis, au fil des tests, il a bien fallu se rendre à l’évidence que ça marchait. La presse en a fait tout un ramdam à l’époque. Et aujourd’hui, après plusieurs mois obligatoires, le médicament va enfin être commercialisé. Les tests sur l’humain ont été concluants, nous confortant dans notre succès.

Je m’assois sur le bord du lit.

« Alors, c’est le grand jour ? » me demande ma femme, Annie.

« Et oui ! »

« Bonne journée, mon chéri. » conclut-elle en m’embrassant.

Je prends garde de ne pas réveiller Sophie en passant devant sa chambre, puis prends mon petit-déjeuner. Une fois dehors, je regarde le journal sur mon perron : « le remède contre le cancer enfin commercialisé ! ». Mon nom est dans l’article ! Je suis si fier de moi. Au boulot, mes collègues ont même organisé une fête pour célébrer l’événement. Le patron était d’autant plus d’accords que tout ça a fait augmenter la valeur des actions du laboratoire. Bref, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles.

J’arrive enfin dans le parking du boulot. Je me gare, et en descendant de ma voiture, j’aperçois une grande banderole rouge sur laquelle est marqué mon nom au-dessus de la porte. Je pénètre donc le bâtiment la tête haute. Après tout, c’est moi qui suis à l’ origine de cette bactérie. Je mérite bien tout ça.

Patrick, mon collègue, m’attendant avec un grand sourire.

« Tu viens boire un verre ? »

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