Léa

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Bertrand raconte :

Et puis, j’ai rencontré Léa.

Je la connais depuis trois mois. Cela a commencé par un incident qui aurait pu en effet mal se terminer. Lors d’une manifestation politique à Marseille, l’avenue du Prado était occupée par des manifestants, et les issues bloquées par la police. J’avais un rendez-vous avec un client qui souhaitait me confier l’animation et les photos de son mariage. Je ne pouvais en aucun cas laisser passer cette importante commande. Je me suis donc infiltré avec ma voiture, au risque de me prendre un PV, ou de la voir embarquée par la fourrière. Ce qui ne manqua pas d’arriver. Une policière me demanda d’arrêter mon véhicule et de lui présenter mes papiers. Elle me conduisit dans un fourgon de police, pour enregistrer son procès-verbal.

Elle semblait faire ce travail avec plaisir :

— Profession ?

— Photographe ?

— De presse ?

— Non, artistiques, je photographie les mariages.

— Vous portez toujours un costard et un nœud de papillon ? Il fait chaud aujourd’hui.

— J’ai un rendez-vous à l’heure qu’il est pour préparer un mariage qui aura lieu dimanche, et je ne peux pas traverser le boulevard pour m’y rendre.

— Pourquoi ne téléphonez-vous pas ?

— J’ai le nom et l’adresse, mais pas le numéro.

Je lui tendis le papier sur lequel j’avais tout noté.

Elle hocha la tête, et pianota sur l’ordinateur portable situé devant elle.

Elle me le rendit après y avoir inscrit le renseignement qui me manquait.

— Téléphonez maintenant.

Je m’exécutai.

Mon interlocuteur m’indiqua qu’il avait compris que je ne pouvais pas le joindre et il déplaça le rendez-vous au lendemain.

— Lisez et signez.

Elle me tendit le procès-verbal.

Je signai.

Elle récupéra son imprimé, et avec un grand sourire elle ajouta :

— Bon, c’est mon jour de chance, je distribue un PV, et je rencontre un photographe professionnel.

Ma sœur se marie dans quelques semaines, et je me suis mise en tête de lui offrir le reportage de la cérémonie. Pouvons-nous nous rencontrer ?

Après avoir vérifié si je n’étais pas occupé à la date du mariage de sa sœur, nous primes rendez-vous chez elle pour le surlendemain. Elle me pria de laisser mon costume et mon nœud papillon à la maison.

Elle s'appelle Léa. Elle représenta un grand changement dans mon existence. Ce fut la première fois que la barrière des dix jours de liaison continue avec une nana fut franchie. Elle sort avec moi depuis maintenant plus de trois mois, elle dans son appartement, et moi dans le mien.

On ne s’aime pas, mais on se convient.

Léa est extraordinaire, elle va sur ses vingt-six ans, et je suis le premier mec de sa vie. N’en tirez aucune déduction, car il semble qu’elle n’apprécie pas les hommes, et que par un heureux hasard, je sois l’exception.

En fait, elle pratique depuis toujours l’amour avec des femmes, uniquement des femmes. Elle y trouve son plaisir, et ne semble pas incitée à modifier quoi que ce soit.

J’en suis le principal bénéficiaire, car elle se conduit avec moi comme elle se conduirait avec une femme. Si vous avez un doute, rassurez-vous, elle a parfaitement compris la distinction existante entre les deux sexes. Mais une femme qui ne pratique qu’avec des femmes, et qui s’occupe soudain d’un homme, croyez-moi, vous voyez la différence.

Je lui laisse le plus souvent la conduite des affaires. Elle excelle dans l’art d’introduire de la variété dans nos rapports, et elle sait me repasser le volant quand il le faut.

Enfin, elle dévoile dans l’intimité quelques tatouages agréablement placés.

La préparation du mariage.

J’avais préparé un scénario pour couvrir le reportage photo du mariage d’Alexandra, la grande sœur de Léa. Ce dernier devait se dérouler dans un restaurant à Gémenos, dans les environs de Marseille. Je connais bien le lieu pour y avoir travaillé plusieurs fois.

Je m’étais rendu chez Léa pour ébaucher les modalités du contrat.

Je lui demandai donc de m’indiquer le nombre de personnes invitées, s’il s’agissait tous de la famille proche…

À quels moments devais-je prendre les photos, pendant l’apéritif, le repas…

Elle me déclara qu’elle me faisait confiance pour tout.

Je l’interrogeai pour savoir ce qu’elle avait prévu en cas de mauvais temps. Elle me demanda de ne pas lui porter la poisse.

Bon, dans ce cas-là, j’improviserai.

Je l’embrassai sur les joues avant de partir, et elle me dit « à bientôt ».

Elle me plaisait. Elle ne me l’avait pas confirmé, mais elle ne semblait pas vivre en couple.

Je le verrais bien, j’aviserai sur place.

Le mariage.

Le matin du mariage, les invités se dispersèrent dans le parc. Le soleil brillait, il faisait chaud, et je me démenai pour trouver les meilleurs angles pour les photos, les meilleurs endroits pour placer les mariés et leurs invités. À vrai dire, j’avais repris le parcours photo d’une ancienne prestation que j’avais réalisé un an auparavant, et pour lequel on m’avait félicité.

J’eus du mal à cadrer Léa, qui semblait répugner à se positionner au premier plan. Et je la comprenais, car elle était la plus jolie des femmes présentes, et elle ne voulait sans doute pas faire de l’ombrage à sa sœur.

Je fus invité au buffet. Chacun se servait et allait s’asseoir à sa place. J’eus l’agréable surprise de constater que Léa m’avait retenu un siège à côté du sien. Nous passâmes le temps du repas à papoter, les sujets futiles ne manquant pas.

Nous nous levâmes ensemble pour accéder à la piste de danse. Je ne sais plus qui a invité l’autre. Elle portait une robe dos nu, bleue moulante, et très suggestive.

Nous dansâmes tout ce qui se présenta, car il y en avait pour tous les âges, slows, rocks, valses, tangos, et nous avons même eu droit à la danse des canards. Nous nous amusâmes comme de petits fous. Elle se collait à moi lors des slows, et c’était très agréable.

La température était encore montée de quelques degrés.

À la fin d’un rock endiablé et éprouvant, j’interrogeai Léa :

— Si tu es fatiguée, on peut se retirer quelque part.

Elle appela la serveuse et lui demanda :

— Vous ne m’avez pas dit que vous disposez d’une chambre pour que les invités puissent se reposer en cas de besoins ?

Celle-ci répondit en souriant :

— Chambre 3 au premier étage. Je referai le lit quand vous serez partis.

Nous montâmes jusqu’à l’endroit indiqué. La chambre était coquette, les oreillers bien garnis.

Nous étions à peine entrés, et j’avais juste eu le temps de tourner la clef dans la serrure qu’elle me dit :

— C’est moi qui fais.

Et elle entreprit de me déshabiller.

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