Renforts

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Mulholland Highway, Santa Monica Mountains

Les Giordano, père et fils, avaient coutume, comme leurs employés, d’appeler Le Ranch, la propriété qu’ils possédaient sur les hauteurs au-dessus de Malibu. L’endroit avait sans doute autrefois abrité du bétail, mais ne subsistait de cette époque que les lisses peintes en blanc et le portail d’entrée. Le bâtiment d’habitation avait été construit dans la deuxième moitié du XXe siècle et faisait la part belle au béton, même si quelques bardages de bois essayaient de lui donner un aspect rustique. Un gros SUV Ford et une berline Fusion, immatriculés dans le Nevada, étaient garés à proximité de l’entrée. Malgré la température clémente, un feu brulait dans la cheminée, autour duquel un homme et une femme devisaient un verre à la main. La nuit était tombée lorsque Marco fit son entrée.

« Je vois que vous avez trouvé le chemin du bar. Vous avez raison. Vous avez fait bonne route ?

— Comme toujours, le trafic au passage du col sur la I-15, répondit l’homme.

— Moi, je suis passée par Santa Clarita, c’est un peu plus long en distance, mais moins encombré. On est arrivé presque en même temps. C’est sympa ici.

— Vous n’étiez jamais venus ? demanda Marco.

— Non, répondit la femme. C’est la première fois.

— Moi, je suis déjà venu ici, il y a quelques années, avec Angelo. Quand j’étais son chauffeur.

— Antonio vous a montré vos chambres ?

— Oui, c’est très confortable, déclara la femme. On va rester longtemps ?

— Je ne sais pas encore, ça dépendra un peu de ce qu’on va découvrir.

— Pourquoi avez-vous besoin de nous ? demanda l’homme, Leonardo a déjà une équipe.

— Leonardo avait une équipe. Je les ai remerciés. »

Marco alla se servir un verre de bourbon avant de revenir s’installer dans un profond fauteuil de cuir fauve. Il regarda ses deux assistants. L’homme, Bruno Argentino, était un ancien militaire italien, il avait servi dans les forces spéciales au Moyen-Orient, où il avait pu collaborer avec ses homologues américains. À la fin de son engagement, un officier de l’US Army l’avait mis en relation avec une société qui recherchait des anciens militaires pour gérer la sécurité et la logistique. C’est ainsi qu’il avait intégré l’organisation d’Angelo Giordano. Bruno n’avait pas une corpulence particulièrement remarquable, mais il maitrisait les sports de combats et c’était un tireur d’élite. C’était par ailleurs un très bon gestionnaire. Sa partenaire, Emily Powell, n’avait pour sa part pas une goutte de sang italien. Elle avait grandi dans une ferme du Middle West, à proximité du parc de Yellowstone, dans le Wyoming. Dès son plus jeune âge, son père lui avait appris à monter à cheval et à utiliser un fusil. À treize ans, elle avait tué son premier ours et à seize, son premier homme, un imbécile ivre qui avait essayé d’abuser d’elle dans les toilettes d’un bar. Quelques temps plus tard, elle avait quitté la ferme familiale dans un vieux pick-up, à destination de Chicago. Les subsides allouées par son père ainsi que des petits boulots alimentaires lui avaient permis de payer ses études dans une université publique. En parallèle, elle avait fréquenté les dojos et les salles où elle avait appris plusieurs arts martiaux dont le Krav Maga. Emily avait trente-cinq ans, elle était célibataire et avait farouchement le souhait de le rester. Les hommes qui entraient dans son lit n’y passaient jamais plus de deux ou trois nuits. Elle avait un peu le physique de Pamela Anderson dans Barb Wire, et comme elle, ne supportait pas qu’on la traite comme une poupée. Marco avait expliqué à Angelo qu’il prenait avec lui Mr and Mrs Smith. Son patron lui avait souhaité qu’ils ne finissent pas par s’entre-tuer.

« Ce n’est pas la raison principale pour laquelle je vous ai demandé de m’accompagner, déclara Marco, mais j’ai une première mission pour vous. Je tiens à ce que ça se fasse en toute discrétion et sans aucune trace qui puisse permettre de remonter jusqu’à nous.

— Je crois qu’on peut nous faire confiance pour ça, répondit Bruno.

— De qui s’agit-il ? demanda Emily. »

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