Ressources Humaines

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Chance International Overseas, Long Beach Harbour

Après le rendez-vous avec Nash, Marco Riccio était passé par le ranch des Giordano pour y déposer ses bagages. Il n’y avait trouvé personne, hormis Antonio, un vieil italien, le gardien de la propriété. Ce dernier avait déjà été averti de l’arrivée de Marco et il l’accompagna à la chambre préparée à son attention. Une demi-heure plus tard, il roulait sur l’I-405 en direction du sud. Il lui fallut près d’une heure pour atteindre le port. Arrivé à destination, il se rendit directement à l’étage, vers le bureau de direction. Leonardo s’y trouvait, en compagnie de ses deux lieutenants. Marco les congédia en leur recommandant de ne pas trop s’éloigner. Une fois seul avec Leonardo, il prit le temps de s’asseoir confortablement.

« Je présume que tu sais pourquoi je suis de retour, commença l’homme de Vegas. Ton père pense que les affaires ne sont pas correctement menées ces temps-ci. Il désapprouve des méthodes un peu trop brutales.

— C’est à cause de cet imbécile de Big Joe ?

— Tu aurais voulu qu’il se fasse tuer pour un camion dont il ne connaissait même pas la valeur ?

— J’attends de mes employés une loyauté totale.

— Cet homme ne faisait qu’assurer des livraisons, la plupart du temps des gadgets sans valeur. Ce n’est pas un soldat. Que pouvait-il faire contre une dizaine de gars armés ?

— Il aurait au moins pu essayer quelque chose ! Au lieu de ça, il s’est arrêté et a détalé comme un lapin.

— Tu aurais préféré qu’il se prenne une balle ? demanda Marco.

— Non, je ne sais pas…

— Pourquoi as-tu envoyé ton homme de main pour le liquider ?

— Jack devait juste le secouer un peu, lui donner une leçon, pas le tuer.

— Donc, il est allé au-delà de tes instructions. Ça lui arrive souvent ?

— Et merde ! s’emporta Leonardo, c’est des affranchis, pas des putains d’enfants de chœur.

— C’est bien ça le problème, Leonardo. Nous voulons que notre organisation fonctionne comme une société moderne, pas comme au siècle dernier. Si un employé de Google ou de Tesla commet une erreur, son patron n’envoie pas ses gros bras pour lui casser la gueule. On le convoque, on écoute ses explications et le cas échéant, on le licencie, sans faire de vagues.

— On est sur les docks, là, pas au pays des Bisounours !

— Ferme-là ! Ton père m’a donné tous les pouvoirs pour réorganiser Chance. Officiellement, tu restes le numéro 1, mais tu ne prends aucune décision sans m’en parler auparavant. Quel que soit le sujet. Je vais parler avec tes gars, et je verrai ce que l’on fait d’eux. Comment s’appellent-ils déjà ?

— Le grand c’est Jack Russo, le petit c’est Lino Marconi.

— Au fait, le responsable des expéditions, c’est qui ?

— Tony Fenollo, pourquoi ?

— À part toi, c’était bien le seul à connaître le contenu du camion et son itinéraire ?

— Euh, oui, je suppose, bredouilla Leonardo.

— C’est donc l’un de vous deux qui est à l’origine de la fuite !

— Tu n’insinues quand même pas…

— Je n’insinue rien, j’analyse, c’est tout. Si tu as une autre explication, je suis prêt à l’entendre. J’aurai aussi une discussion avec Tony, mais pas tout de suite. Ce n’est pas ma priorité. Au fait, une dernière chose, j’attends deux personnes de Vegas pour m’assister ici. On va s’installer au ranch. Donc, plus de partouzes ni de beuveries pour le moment. Capisce ? Tu peux me laisser un moment et m’envoyer Marconi ? »


Leonardo quitta la pièce la tête basse, comme un élève sortant du bureau du proviseur, avec l’envie de casser quelque chose ou de taper du pied dans les portes. La secrétaire qui était occupée à classer des documents le regarda d’un air interrogateur.

« Appelle Lino et dis-lui que le toutou de mon père veut lui parler ! s’emporta Leonardo.

— Bien Monsieur Giordano, tout de suite. »

Lino arriva quelques minutes plus tard. Marco avait pris la place du patron, dans le grand fauteuil de bureau.

« Vous m’avez fait demander ?

— C’est toi Lino Marconi ? On s’est déjà croisés, non ? Il y a quelques jours dans ce bureau. Tu étais en train de dérouiller un pauvre type assis à ta place.

— Oui, c’est vrai. Il l’avait mérité.

— Qu’est-ce qu’il aurait pu faire ? Il n’était pour rien dans le braquage. Tu as trouvé l’origine de la fuite ? Tu as interrogé Tony ?

— Non, Leonardo a dit qu’il s’en chargeait.

— Ça t’arrive souvent de rosser des types de cette façon ?

— Quand Leonardo le demande, on est payés pour ça.

— Et tu aimes ça comme job ? demanda Marco.

— Pourquoi vous me demandez ça ? Il en faut, pour s’occuper des mauvais payeurs.

— Ou d’un inconnu sur un trottoir ?

— Vous voulez parler de ce pianiste ? Moi, je ne l’ai même pas touché. C’est Jack qui l’a frappé, pour être sûr d’être bien compris.

— Qu’est-ce qu’il y avait de si compliqué à comprendre ?

— Leonardo nous a dit qu’il avait triché au poker et qu’il lui avait piqué trente mille.

— Et ça ne suffisait pas, alors vous y êtes retournés !

— Leonardo voulait lui faire peur. D’ailleurs, on ne l’a pas revu depuis. Il a dû aller se planquer quelque part.

— On en reparlera peut-être, pour le moment vous laissez tomber cette affaire. Je m’en charge personnellement.

— Bien, comme vous voulez.

— Dans l’immédiat, tu es mis à pied, tu restes chez toi jusqu’à ce je te fasse signe.

— Vous me virez ?

— Non, mais je vais un peu changer l’organisation ici. Je ne sais pas encore ce que je vais faire de toi. Allez, envoie-moi Russo et fout le camp. »

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