Remontée de bretelles

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East Carson Avenue, Las Vegas

Marco et Leonardo avaient atteint Las Vegas à trois heures du matin. Les deux hommes avaient dormi quelques heures au domicile de Marco et pris un rapide petit-déjeuner dans un café sur le Strip. À huit heures, Leonardo se retrouvait face à son père, dans le bureau de ce dernier. Angelo ne lui avait rien proposé. Il avait attendu un moment avant de le faire asseoir, comme le dernier de ses employés. Leonardo pouvait sentir la rage contenue par son père dans son regard glacial.

« Tu sais pourquoi tu es là ?

— Marco m’a dit que tu voulais parler de ce camion.

— Parler d’un camion ? Qu’est-ce que j’ai à foutre d’un camion ? explosa Angelo. Je veux parler de la honte que tu fais rejaillir sur moi. J’ai déjà dû répondre trois fois à des questions, des demandes d’explications. Trois fois j’ai dû admettre que je n’étais pas au courant des détails.

— Je ne sais pas ce qui a pu se passer, mes gars ont interrogé les convoyeurs…

— Je sais ! Tu crois que c’est en tabassant tes mecs que tu vas te faire respecter ? Ou en les forçant à avaler une dose mortelle de came ? Oui, je suis au courant pour le chauffeur, il a eu de la chance d’ailleurs, les secours sont arrivés à temps. Tu te comportes comme un capo minable. On ne fait pas dans le racket de rue. On fait du business à grande échelle, et on reste sous les radars.

— Personne ne savait que ce camion contenait des médocs, ni quelle route il allait prendre, en dehors de Tony et moi.

— Alors c’est que l’un de vous deux à trop parlé. Les bikers ont des oreilles partout.

— J’ai confiance en Tony, il travaille pour nous depuis dix ans.

— Tout homme a un prix, même toi !

— Tu ne vas pas imaginer…

— Non, pour le moment, mais je n’aime pas la vie que tu mènes. Les filles, les belles bagnoles, l’alcool, de la came et on raconte sa vie, pour se vanter. Non, ne cherche pas à dire le contraire, je sais où Marco t’a trouvé hier, alors que tu aurais dû venir me parler spontanément. C’est fini la période des gangsters qui avaient pignon sur rue. Aujourd’hui, l’organisation est une entreprise respectable, pas un ramassis de voyous tirés du ruisseau et on se comporte comme des dirigeants modernes.

— Et je fais quoi pour le camion ?

— Pour commencer, tu vas dédommager le commanditaire. C’est la moindre des choses pour minimiser ta connerie.

— Où est-ce que je vais trouver cette somme ?

— Tu vas revendre cette horreur jaune, ça devrait pas être loin du compte et pour le reste, on te fera crédit, si tu évites de claquer ton pognon en jouant au poker, ça devrait aller assez vite.

— D’accord, répondit Leonardo abattu, je vais le faire.

— Bien, Marco va t’accompagner à l’aéroport, il a autre chose à faire que de te servir de chauffeur. »

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