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Jackson Street, Los Angeles

Mary connaissait le capitaine Marcer depuis une quinzaine d’années. Leurs chemins s’étaient croisés pour la première fois lorsque le policier, alors simple inspecteur, était intervenu pour conclure une des premières enquêtes de Saka et Nash. Le duo de privés n'était pas encore spécialisé dans les investigations financières et traquaient encore les individus réfractaires au versement des pensions alimentaires. Frank Marcer avait arrêté un ex violent et un peu proxénète qui ne supportait pas le départ de sa source de revenus, accessoirement mère de ses deux enfants. Mary avait apprécié le caractère compréhensif et attentionné de l’agent du LAPD, qui détonnait un peu sur les méthodes des flics de cette époque. Promu lieutenant puis capitaine, Frank dirigeait maintenant une unité dédiée à la résolution des affaires anciennes. Leurs spécialités respectives ne leur donnaient plus l’occasion de collaborer, mais il était resté une solide amitié assortie de services mutuels.

Mary avait proposé qu’ils se retrouvent dans un restaurant du quartier japonais, mais le policier avait préféré la brasserie Boomtown, sur Jackson Street. L’établissement proposait des bières aux noms parfois étranges, produites sur place. Le lieu disposait d’une petite terrasse où les deux amis étaient installés. Le capitaine trempa les lèvres dans son verre, une pinte de bière brune curieusement baptisée ingénue. Mary avait préféré rester sur une pils plus classique. Après avoir pris le temps de goûter leurs breuvages, Saka commença à expliquer la raison de son appel. Elle ne souhaitait pas citer nommément Mike Benton, mais elle comprit vite qu’il était préférable de dévoiler une partie de son jeu. Sans surprise, Marcer n’avait jamais eu affaire aux Giordano, père ou fils. Il n’en était pas moins au courant que de nombreuses entreprises opérant dans le port servaient de couverture à toutes sortes de trafic. La première réaction du policier fut de mettre en garde son amie contre la dangerosité des organisations qui géraient ces flux prohibés.

« On retrouve toutes les mafias sur les docks. Les Italiens bien sûr, mais aussi des triades chinoises ou les Yakusa japonais. Les cartels ont bien entendu également leurs représentations.

— On sait que Chance fait partie d’une organisation pilotée depuis Las Vegas, mais l’individu qui nous intéresse est plutôt en rupture de ban. Giordano père a évincé son rejeton et remplacé ses principaux hommes de main.

— Ce n’est pas meilleur pour toi. Sans personne pour le contrôler, l’homme peut être enclin à faire n’importe quoi.

— C’est bien pour ça qu’on veut le mettre hors circuit.

— Tu sais ce que trafique cette boîte ? demanda le flic.

— Les médocs. Benzédrine, Oxycodone, Méthadone… On pense qu’ils reçoivent les produits prohibés au milieu de marchandises anodines et qu’ils redistribuent en demi-gros. On a remarqué qu’il entre des containers et qu’il ressort des camionnettes. Leurs comptes sont clean et ils payent régulièrement les taxes sur les produits légaux. Les cargaisons arrivent pratiquement toujours d’Asie, Chine ou Viêt-Nam.

— Vous n’arriverez pas à les coincer de ce côté-là, à moins d’avoir un informateur dans la place et de les prendre en flag.

— De toute façon, ce n’est plus Leonardo qui est aux commandes.

— Il a des faiblesses ce type ?

— Il a du se faire sérieusement rappeler à l’ordre par Papa. Depuis quelque temps, il s’est sérieusement calmé.

— Et avant ? demanda Frank.

— La vie de play-boy, jolies filles d’un soir, fêtes arrosées, voitures de sport et aussi poker. C’est d’ailleurs ça qui a été le déclencheur. Il joue mal et il est mauvais perdant.

— Je ne devrais pas dire cela, et je jurerai, si besoin, que cette conversation n’a pas eu lieu, déclara Marcer en riant, mais je crois que ce dont ce gars a besoin, c’est d’une bonne correction.

— C’est à peu près ce que pense Nash, valida Mary.

— Si en plus vous pouviez trouver un truc pour le compromettre, ils vous ficherait la paix un moment. »

Mary prit le temps laisser cette pensée faire son chemin. Giordano n’était pas un enfant de chœur, mais ce n’était pas non plus un parfait imbécile. Elle n’imaginait pas cacher un kilo de poudre dans sa voiture ou l’impliquer dans le viol d’une fille mineure. Elle décida de remettre cette option à plus tard.

« Si on voulait que le LAPD s’intéresse subitement à notre homme, tu me recommanderais qui ?

— Tu n’auras pas le droit à l’erreur. Passe par moi. Je ferai circuler le tuyau, c’est plus sûr. »

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