Consternation

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Main Street North, Los Angeles

La nouvelle m’a surpris comme un direct au foie. Lorsque Lucy m’a appelé pour me dire qu’elle pensait avoir été suivie par un homme de Giordano, je suis resté un moment sans pouvoir réagir. Nash m’avait expliqué que grâce au nouveau boss de Chance, le problème était réglé. Je dois revenir sur Terre. Cet enfoiré de Leonardo n’a pas joué le jeu. Il espère me retrouver en passant par Lucy. Je suis vraiment en colère. Il est hors de question que Lucy se retrouve en danger à cause de moi. Je lui demande de passer me chercher pour aller retrouver Saka et Nash à leur bureau. Il faut qu’on envisage quelque chose de sérieux et que nous puissions retrouver notre sérénité, sans être toujours à surveiller nos arrières.

Nous nous retrouvons en fin de journée au Rising Sun Building. Lucy est elle aussi très remontée. En même temps, elle a la satisfaction d’avoir flairé le piège et de l’avoir démonté avec les détectives.

« Lucy a eu le bon réflexe en appelant Mary hier, déclare Nash. Giordano n’a visiblement pas lâché l’affaire. Je reparlerai à Marco Riccio, mais je pense que ce ne sera pas suffisant. Ce gars est un chien fou, qui n’obéit qu’à ses pulsions.

— Qu’est-ce qu’on peut faire ? demande Lucy. On ne devrait pas parler à la police ?

— Pour leur dire quoi ? Que tu as l’impression qu’un gars t’a suivie en voiture ? réplique Mary gentiment. Je comprends ta réaction, mais ce serait une perte de temps, tu peux nous croire, on en a l’habitude. C’est même notre raison de vivre.

— La bonne nouvelle, reprend Nash, c’est que Leonardo n’a pas le feu vert de son organisation. Il joue en franc-tireur, avec peu de ressources. Nous, on a la possibilité de reprendre l’initiative et on sait où les trouver. Mary a déjà fait passer l’immatriculation du pick-up à son ami Steve. On connait le nom et l’adresse du conducteur, Lino Marconi, domicilié à Buena Park. La fille, Wendy Lord n’a même pas pris la peine de donner un nom bidon. Elle figure dans les fichiers du personnel de Chance. Ne me demandez pas comment on le sait.

— Et donc ce Carpenter, lui n’existe pas, je présume, ajoute Lucy.

— Pas plus de Carpenter que de fête d’anniversaire, répond Mary.

— De toute façon, on ne fait pas ce genre de choses, répliqué-je pour exister un peu dans la conversation.

— Dans les écoles de management, énonce Nash, on apprend qu’il y a trois stratégies commerciales, l’approche directe, si on sait qu’on est le plus fort, l’approche indirecte, pour contourner l’adversaire, ou le désengagement. Je suppose qu’on ne retient pas la troisième.

— Tu as fait une école de management ? dis-je surpris.

— Non, mais c’est aussi valable pour les militaires, répond l’Indien. C’est comme ça que mes ancêtres ont résisté aux tuniques bleues.

— On va voir tout ce qu’on peut trouver sur Leonardo Giordano, il y a peut-être une faille qui sera suffisante pour le faire tomber, nous explique Mary. Les Fédéraux ont eu Al Capone par le biais du fisc.

— Moi, je vais m’intéresser à ce Lino et j’essaierai de voir si son acolyte est toujours dans le jeu, complète Nash.

— Et moi, dans tout ça ? Je continue à me planquer ? J’aimerais participer à la chasse. Après tout, je suis le premier concerné. »

Mes trois amis me regardent, surpris. Je me demande si j’ai dit une grosse connerie. Et puis ils éclatent de rire. J’écarte les bras, l’air interrogatif.

« Ben quoi ? S’il faut quelqu’un pour jouer la chèvre, c’est à moi de le faire. Ce n’est pas à Lucy de prendre les risques.

— Oui, je te comprends, répond Nash et c’est tout à ton honneur. Pour le moment, on n’en est pas là, et ce n’est pas le type de chasse que je préfère. La chèvre a finalement assez peu de chances. Le problème, c’est qu’on ne peut pas être là pour te protéger tout le temps. Laisse-nous encore un jour ou deux. On fait notre travail de recherche et on se retrouve pour arrêter une stratégie. Ça te convient ? »

Nash sort une bouteille d’un tiroir de son bureau, pour sceller notre accord. Sur le chemin du retour, Lucy se confie.

« J’ai beaucoup apprécié ta réaction. Loin de moi l’idée de vouloir t’exposer, mais j'admire ta volonté de participer à la traque.

— Ça fait un moment qu’on se connait, toi et moi, et on a passé de bons moments ensemble, mais depuis le début de cette histoire, j’ai envie d’être plus proche de toi.

— Moi aussi, j’en ai envie, avoue Lucy. On va chez moi ou chez toi, finalement ? »

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