Chapitre 3

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Les jours passent sans qu'aucune attaque n’ait lieu. Je continue à m'entraîner, ils construisent une salle où je pourrais me transformer. Je me suis achetée des vêtements, j'en avais bien besoin. Nous n'avons pas encore essayé la fusion, le premier essai débute dans quelques heures. En attendant, je ne sais pas trop quoi faire, alors je me balade dans la base. Je n'arrête pas de repenser à tout ce qui s'est passé l'autre jour.

L'heure arrive, et je vais me préparer. Je me dirige vers l'endroit où doit avoir lieu la fusion. Lorsque j'arrive, je peux voir Alex portant une combinaison noire. Il se met à côté de moi, prend ma main et me dis qu'il est prêt. Alors nous essayons de nous transformer en fusionnant, cela marche plutôt bien. Nos deux alliages de métaux se rassemblent et se solidifient pour former une arme. Nous sommes surélevés lorsque le liquide commence à former les jambes de l'arme. J'ai l'impression d'être plus forte et en même temps de le protéger, je me demande s’il ressent la même chose que moi ou si c'est à cause de mon niveau plus élevé. Nous restons concentrés pour être sûr que tout se passe bien, nous ne nous jetons que quelques regards furtifs. Mais lorsque j'ai l'impression que mon arme le dévore, je décide de tout arrêter.

- Pourquoi tu t'arrêtes d'un coup ? crie Riley.

À côté de moi, Alex a l'air terrifié. Il me regarde avec peur et fini par tomber. Je me précipite pour l'aider. Il a les pupilles dilatées, il ne doit plus rien voir. Son alliage peine à retourner dans son corps alors que le mien n'est déjà plus visible. Nous n'aurions jamais dû faire cette expérience. Je n'aurais jamais dû le laisser accepter une chose pareil, c'était bien trop risqué.

Je ne bouge plus, toujours agenouillé là où il était tombé. Je vois Alex se faire emmener par le médecin suivi de Riley et d’Emma. Je sens les larmes couler sur mes joues, pourtant ce n'est pas de la tristesse, c'est de la haine envers moi-même. Je n'ai pas réussi à me contrôler jusqu'au bout, ma force et la quantité de métaux que j'ai sont bien trop importants pour fonctionner avec quelqu'un lors d'une fusion. Il faudrait une équivalence que personne d'autre ne possède.

Quelques heures plus tard, il se réveille enfin. Je suis restée à l'infirmerie en attendant son réveil. Pourtant quand je le vois ouvrir les yeux, je pars. Je m'en veux trop pour pouvoir rester, et le pire c'est que je ne supporte pas qu'il ait peur de moi parce que cela me fait penser à ma personne.

--- Alex ---

Je vois Wendy s’en aller, je me sens mieux mais une part de moi est triste. Je ne comprends pas vraiment pourquoi. Il y a trop de sentiments se mélangeant pour que je puisse les expliquer.

Riley arrive en me demandant si je vais mieux. Je ne sais pas trop quoi répondre, je me souviens avoir eu un sentiment de peur, que j'étais terrifié mais sans vraiment savoir pourquoi.

- Que s’est-il passé ?

- Tu ne te rappelles pas ?

- Non, j'ai un vague souvenir, mais c'est tout.

- Je ne peux probablement pas t'en dire plus. Mais il semblerait juste que l'arme de Wendy est voulue te détruire ou te dévorer, on ne comprend pas encore ce phénomène. Enfin, j’imagine que tu vois là où je veux en venir.

- C'est pour ça, dis-je pensif.

- Tu sais, elle s'en veut beaucoup, et pourtant ce n'est pas de sa faute, elle a dû avoir des difficultés à tout contrôler.

- Je sais, mais de la même façon, je ne contrôle pas mes sentiments.

- Écoute, si tu veux, j'irai lui expliquer, dit Riley.

- Non ! Ce n'est pas à toi de faire ça, j'irai. Il faut que je lui parle, même si ça va être dur.

Il se lève et me fait un signe de la main avant de partir refermant la porte derrière lui.

Je commence à réfléchir à ce que je pourrais dire à Wendy, elle n'est pas coupable. En revanche, je le suis, et je sais quel me dira la même chose. Je me souviens m'être senti bien et protéger, d'une puissance jamais vécue, mais c'était avant d'avoir peur, et que tout s'arrête. Je ne me rappelle pas de ce qui se passe entre-temps, de ce qui m’a terrifié à ce point.

Je me lève et pars sans réfléchir, je suis devant sa porte et je m'apprête à frapper. Je m’arrête net, je ne suis pas sûr de ce que je fais. Puis je frappe mais personne ne répond. Alors je vais me balader, histoire de penser à tout ça ou de la croiser. En faites, je ne sais plus trop, peut-être que je pense à quelque chose, mais je ne suis plus sûr de rien. Quand je la vois, je ressens un sentiment de peur et en même temps de bien être. Je ne comprends pas vraiment pourquoi, peut-être qu'elle est si impressionnante que j'en ai peur, ou peut-être est-ce à cause des événements qui viennent d'avoir lieu. Pourtant, quand je repense à comment elle a pu me faire confiance l'autre jour, ou quand je pense à ce sentiment de bonheur quand elle m'a aidé pour l'externalisation partielle, cela m'énerve de ne pas réussir à savoir si je l’apprécie ou si j'ai peur d'elle. Peut-être les deux, mais cela me parait dur à concevoir. Je réfléchis peut-être trop à cela, après tout, elle s'est arrêtée tout de suite quand elle a compris que j'étais en danger. Je ne m'étais jamais senti aussi mal, je n'avais jamais eu peur à ce point, j'étais vraiment terrifié.

Elle est partie en pensant à moi, mais sans m'adresser un mot, peut-être qu'elle a peur de me parler. J'ai été bête, je n'ai pas pensé à cela, j'ai été égoïste même. Il faut que je la retrouve et qu'on se parle. Je retourne à l'endroit où nous nous étions parlés. J'ai eu raison, elle est là, observant l'océan. Elle a l'air perdu dans ses pensées, elle ne me remarque pas tout de suite. Quand c’est finalement le cas elle veut partir mais je l'en empêche en attrapant son bras. Je refoule un frisson et lui demande de rester. Elle s'arrête et me prend dans ses bras, avant de pleurer à chaudes larmes. Je ne me rendais pas compte qu'elle avait été touchée à ce point :

- J'ai eu si peur de t’avoir fait du mal, me dit-elle, mon alliage a commencé à entourer le tien pour le ronger comme le ferait de la rouille. Tu aurais pu en mourir s'il avait atteint ton corps.

- Je vais bien, ne t'en fais pas.

- Tu es sûr ? dit-elle en me regardant.

- Oui, j'ai eu peur, mais je ne suis pas blessé.

Elle me lâche et recule d'un ou deux pas. Soudain retenti une alarme, celle qui annonce un monstre.

---Wendy---

Je sors mon arme mais Alex est trop près de moi, il se retrouve dans celle-ci. Je lui ouvre une brèche pour qu'il puisse sortir mais il n'en fait rien. Je suis attachée par le dos pour rester en lévitation dans l'arme mais ce n'est pas son cas. Alors je décide de l'attacher avec une sangle en acier. Puis, je saute dans l'eau et cours vers la ville. Le monstre est toujours dans l'eau. Je veille à ce qu'Alex ne bouge pas trop mais il n'a pas l'air d'avoir peur, bien au contraire. Je commence à attaquer le monstre avec les poings, cela n'est pas suffisant alors je matérialise une épée et je lui tranche le flanc, je finis par l'égorger. C'est souvent la façon la plus facile de les tuer car la peau de leur cou est plus fine. Je fais venir Alex jusqu'à moi pour lui demander la raison de sa "présence", il me répond que c’est un bon moyen de me comprendre. Il me dit également que cela ne lui faisait pas peur et qu'il avait confiance en moi. Alors nous rentrons tranquillement. Ensuite je fais mon rapport à Riley avant de retourner dans ma chambre pour me reposer.

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